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ethnie vaincue

Je remonte dos à la mer, cette île quadrillée de rues : Manhattan, et je crois descendre du même coup les nuances du pigment humain. Ayant commencé avec les Suédois et continué avec des Latins, je finis, à partir de la 25ème rue, par les noirs.

La ligne de démarcation entre les quartiers blancs et noirs n'a pas le flou ondoyant des pays à sang métis ; aux Etats-unis, elle saute aux yeux, autant que le spectacle nocturne des nègres patinant en plein air, les soirs d'hiver, sous les globes électriques, quand jeunes gens et fillettes s'élancent sur ces glaciers horizontaux, comme les corbeaux sur les plaines de Russie. 

Les noirs ont gagné du terrain ; peu à peu, ils grignotent les Blancs, comme l'océan ronge la falaise. Ils s'infiltrent rue par rue, bloc par bloc, maison par maison. Un immeuble où une famille noire a réussi à s'installer est perdu pour la race blanche.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.423)

[ nouveau monde ] [ processus de destruction ] [ méfaits ] [ affrontement racial ] [ mélange nocif ]

 

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fable oecuménique

Sur une île verdoyante, une vache vivait dans la solitude. Elle y paissait jusqu’à la tombée de la nuit et engraissait ainsi chaque jour. La nuit, ne voyant plus l’herbe, elle s’inquiétait de ce qu’elle allait manger le lendemain et cette inquiétude la rendait aussi maigre qu’une plume. A l’aube, la prairie reverdissait et elle se remettait à paître avec son appétit bovin jusqu’au coucher du soleil. Elle était de nouveau grasse et pleine de force. Mais, la nuit suivante, elle recommençait à se lamenter et à maigrir.

Le temps avait beau s’écouler, jamais il ne lui venait à l’esprit que, la prairie ne diminuant pas, il n’y avait guère lieu de s’inquiéter de la sorte.

Ton ego est cette vache et l’île, c’est l'univers. La crainte du lendemain rend la vache maigre. Ne t’occupe pas du futur. Mieux vaut regarder le présent. Tu manges depuis des années et les dons de Dieu n’ont jamais pour autant diminué.

Auteur: Djalâl ad-Dîn Rûmî

Info: Le Mesnevi : 150 contes soufis, pp. 153-154

[ monothéisme ] [ généreuse gaïa ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

routine

Il se réveillait à neuf heures, et restait au lit jusqu’à dix heures et demie, lisant, tripotant les chats, et se farfouillant dans le nez. A honze heures, il faisait un tour dans le quartier jusqu’à l’heure du déjeuner, et alors rentrait. Après le déjeuner, il lisait un peu, puis se promenait dans Paris de trois à sept, bouquinant chez les revendeurs, et allant de café en café. Jamais il ne prenait un repas au restaurant, malgré l’envie qu’il en avait parfois, parce que sa pension était payée à la maison. Jamais il ne fit un voyage de huit jours. Jamais il ne sortait le soir, et jamais n’était invité. Par sauvagerie et horreur de se contraindre, il avait quitté le monde, n’avait plus été voir les gens qu’aux heures où il savait ne les trouver pas ; ensuite, comme il arrive, le monde le quitta, et tandis qu’au début il n’y allait pas par fantaisie d’humeur, un temps vint où s’y ajouta cette raison, qu’il craignait d’y être humilié.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 51

[ isolement ] [ emploi du temps ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

saisons

... j’aime l’automne éperdument. Il est un éloge de la tristesse, et non du désespoir. Il m’est une paix sereine une fois l’an. Septembre, octobre et parfois novembre n’ont pas d’autre ambition que d’en finir posément. Cela aussi convenait beaucoup au flegme des hommes là-bas (extrême-orient russe). Je ne supporte pas le neuf, les images glacées du développement, les régions qui ont tout réussi, les attributs postmodernes et les paysages aménagés. L’automne est avant tout un charme d’hier, un décor poli par le temps.
Il m’a toujours semblé que l’été est un dessin d’enfant colorié à l’aide d’une boîte de crayons de six couleurs. Ses teintes sont primaires, le ciel est trop bleu, les nuages immaculés, l’herbe grassement verte et le soleil, une pépite aveuglante. Le spectre des pigments est utilisé sans art. C’est un monde sans nuances où les feuilles sont gorgées de chlorophylle, la mer est azur et les couchants pareils à ceux des cartes postales. Cela empeste les vacances et la canicule. Le voyage doit avoir un autre éclat.

Auteur: Gras Cédric

Info: L'hiver aux trousses

[ crépuscule ]

 

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intellectuels

Quand ils se réunissent pour protester contre la hausse des taxes, les chauffeurs routiers, les petits patrons artisans et commerçants, les retraités, les chômeurs, les salariés pauvres, etc., qui forment les rangs des gilets jaunes, mettent en sourdine leur détestation réciproque le temps de la reporter sur la figure du pouvoir. Il suffit de les observer, de prêter attention à leurs discours, pour comprendre que dans ces bacchanales de la frustration et de la revendication où personne ne sait rester sobre, s’exprime une méfiance de tous à l’égard de tous. Entre eux surgissent des querelles de ronds-points comme on parle de querelles de clochers. Dans leurs élans de fraternité, ces rebelles citoyens se menacent même de mort. Mais, pour Michel Onfray, Jean-Claude Michéa, Alain Finkielkraut, Frédéric Lordon, Emmanuel Todd, qu’importe la fiction sociologique du peuple dès lors qu’elle leur permet de s’adonner, en dehors de leur magistère grassement rémunéré par d’injustes taxes, à la critique sociale — genre littéraire prisé par les cadres semi-cultivés, mais dont les subtilités théoriques demeurent inaccessibles aux mal-lotis du concept.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: https://lephilosophesansqualits.blogspot.com/2018/12/la-bandaison-des-clercs.html?m=1&fbclid=IwAR2gZXy3HHHPXkpgbRkM5gkeGc839sI73LupmbKw6-CrCy_SihshrZzED2I

[ appropriation ] [ démagogie ] [ révolte ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

étiologie

Le corps d’un jumeau mono-amniotique mort peut évoluer différemment selon son âge. Jusqu’à la 12e semaine de gestation, sa dégradation par dissolution dans le liquide amniotique est complète. Il est courant, en effet, après avoir détecté l’existence de jumeaux par une échographie précoce, de ne retrouver aucune trace de l’un des deux fœtus lors de l’échographie suivante. Ce processus commence par le glissement du fœtus dans le bas de la poche amniotique et se poursuit par la décomposition de ses parties molles : tissus cutanés et musculaires, viscères et cordon ombilical. Des paillettes fines et luisantes se détachent, suivies par des bulles gélatineuses jaunes ou vert fluo de plus en plus consistantes. Ces déchets gluants et répugnants flottent dans le liquide amniotique et viennent se coller sur la peau du jumeau vivant en occasionnant des picotements, des irritations ou des brûlures. Ce contact, souvent insupportable, peut se traduire par de l’eczéma ou divers problèmes cutanés mais aussi par une répulsion aux matières molles, sales, trop grasses ou gélatineuses. Il prédispose également à de l’irritabilité chronique.

Auteur: Nicon Luc

Info: Dans "Tipi" pages 42-43

[ vie intra-utérine ] [ dé-gémellation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

néolibéralisme

Lorsqu'elle quitte le pouvoir, le monde a changé. Le mur de Berlin est tombé. L'Empire soviétique s'est effondré. Le bloc capitaliste triomphe de la guerre froide. C'est un véritable rouleau compresseur. Il exulte. S'étend. Démultiplie ses gains. S'est affranchi du dernier frein: l'Etat et sa régulation.

Et puis Microsoft a commercialisé sa première souris.

Le charbon est fini.

Des métiers disparaissent. Des vieux quartiers aussi.

C'est l'apparition du management.

D'un nouveau langage. Les mots fondent au profit d'obscurs sigles.

Les chiffres triomphent. Courbes d'audience à la télé. Élevage intensif dans les campagnes. Rendement imposé à l'hopital.

La Bourse n'est plus la criée des hommes. Mais le produit de froides transactions électroniques.

Les punks se sont tus. Les Stranglers font des tubes dans des studios en pleine révolution digitale. L'Histoire a connu une accélération technologique. Thatcher n'a rien inventé. Elle a été le bras armé d'un changement d'époque. Le thatchérisme n'existe pas, assure son ancien ministre Kenneth Clarke. 

Auteur: Perrignon Judith

Info: Le jour où le monde a tourné, pp 16-17, Grasset.

[ vingtième siècle ] [ capitalisme nomade ] [ pouvoir financier ] [ public-privé ] [ bascule numérique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

détachement feint

Dans la mesure où travailler ne représente guère plus qu'une agitation sans grande signification, et où les habitudes sociales, jadis honorées en tant que rituel, dégénèrent en rôles à jouer, le salarié – qu’il travaille à la chaîne ou occupe un poste grassement payé dans une vaste bureaucratie – cherche à échapper au sentiment d'inauthenticité qui en résulte en créant une distanciation ironique par rapport à sa routine journalière. Il tente de transformer le rôle qu'il joue en une évaluation symbolique de la vie quotidienne, et se réfugie dans la plaisanterie, la moquerie, le cynisme. Si on lui demande d’exécuter une tâche désagréable, il établit clairement qu’il ne croit pas aux objectifs de l’organisation qui tendent vers une efficacité et un rendement accrus. S’il se rend à une réception, son comportement tend à montrer que tout n’est qu’un jeu, faux, artificiel, dénué de sincérité, une mascarade grotesque de la sociabilité. Il tente, de cette manière, de se rendre invulnérable aux pressions de la situation. En refusant de prendre au sérieux ses occupations, il nie leur pouvoir de le blesser.

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, page 159

[ mécanisme de défense ] [ sujet passif ]

 

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jugement dernier

A cette heure, il y avait aussi, partout, des hommes qui arrivaient en vue de la mort. Ceux qui s’étaient gouvernés par des principes, et ceux qui, mollement, s’étaient abandonnés aux hasards, ceux qui s’étaient torturés pour rien et ceux qui n’avaient eu d’autre souci que jouir, ceux qui avaient fait le mal et ceux qui ne l’avaient pas fait, tous, quand ils arrivaient en vue de la Grande Muraille, prenaient entre eux une ressemblance qui était un aveu. On ne voyait plus bien en quoi ils différaient et avaient différé les uns des autres. On voyait moins encore à quoi il leur avait servi de chercher à différer, de chercher à dépasser, de vouloir ceci plutôt que cela, de croire ceci plutôt que cela ; tout cela, en fin de compte, était la même chose ; cela n’avait été, pour les uns comme pour les autres, qu’une façon de passer le temps, et maintenant ces hommes, qui avaient marché disséminés et hostiles, se rapprochaient et se groupaient comme font des hommes qui sont obligés de passer par la même porte.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 295-296

[ absurdité ] [ indifférenciation ]

 

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embrouille

Interceptant mon regard, le type du fond agita sa main et me cria :

- C’ment que tu t’portes, Eddie ?

- Je ne suis pas Eddie, répliquai-je.

- Tu lui ressembles, dit-il.

- Je m’en tamponne.

- Ca ne va pas ?

- Impeccable. A présent, tu me lâches. Vu ?

Le barman revint avec ma commande, ramassa le fric que j’avais posé sur le comptoir, et me dit :

- Réflexion faite, je ne pense pas que vous soyez un type sympa.

- Qui t’a demandé de penser ? aboyai-je.

- Je pourrais très bien ne pas vous servir.

- Si mon argent te débecte, inutile d’y toucher !

- J’ai un mauvais feeling, je pressens le pire…

- Le pire ? Tu le veux sous quelle forme ? Vas-y, dis-le-moi.

- NE LE SERVEZ PLUS, gueula l’autre enviandé.

- Un mot de plus, toi, là-bas, et je te dérouille si salement qu’après tu pourras toujours jouer aux osselets avec tes belles quenottes.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Pulp", trad. Gérard Guégan, éd. Grasset & Fasquelle, 1995, pages 105-106

[ conversation ] [ inconnus ] [ tension ] [ dialogue ]

 

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