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archétypes narratifs

Si tous les contes merveilleux sont aussi uniformes, cela ne signifie-t-il pas qu’ils proviennent tous de la même source ? […] il semble en effet qu’il en soit ainsi. Cependant, le problème des sources ne doit pas être posé de façon étroitement géographique. Dire "une source unique" ne signifie pas forcément que les contes ont pour origine, par exemple, l’Inde, et qu’à partir de là ils se sont répandus dans le monde entier, prenant au cours de leurs voyages des formes différentes, – selon ce que certains admettent. La source unique peut-être, aussi bien, psychologique, sous un aspect historico-social. […]

Enfin, la source unique peut se trouver dans la réalité. Entre la réalité et le conte, il existe certains points de passage : la réalité se reflète indirectement dans les contes. Un de ces points de passage est constitué par les croyances qui se sont développées à un certain niveau de l’évolution culturelle ; il est très possible qu’il y ait un lien, régi par des lois, entre les formes archaïques de la culture et la religion d’une part, et entre la religion et les contes d’autre part. Une culture meurt, une religion meurt, et leur contenu se transforme en conte. Les traces des représentations religieuses archaïques que conservent les contes sont si évidentes qu’on peut les isoler avant toute étude historique, comme nous l’avons déjà indiqué plus haut. Mais étant donné qu’il est plus facile d’expliquer une telle hypothèse historiquement, nous établirons, en guise d’exemple, un bref parallèle entre contes et croyances. Les contes présentent les transporteurs aériens d’Ivan sous trois formes fondamentales : le cheval volant, les oiseaux, le bateau volant. Ces formes représentent justement les porteurs de l’âme des morts, le cheval dominant chez les peuples pasteurs et agriculteurs, l’aigle chez les peuples chasseurs, et le bateau chez ceux qui vivent au bord de la mer. On peut donc penser qu’un des principaux fondements structurels des contes, le voyage, est le reflet de certaines représentations sur les voyages de l’âme dans l’autre monde.

Auteur: Propp Vadimir

Info: Morphologie du conte, À l'origine des contes, p. 131

[ réel-imaginaire ] [ historique ] [ psychopompes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inexprimable

POLOZOV. Je veux te raconter quelque chose. En fait, je n'en ai jamais parlé à personne. C'est pourquoi il m'est difficile de parler. Très difficile. Cela vient de se produire. Cela vient même tout juste de se produire. Il y a trois ou quatre minutes. Bien que j'y pense depuis très longtemps, depuis environ seize ans. Mais c'est aujourd'hui que j'en ai eu la révélation. Maintenant. Juste au moment où tu te tenais au milieu du salon et que tu énumérais les objets qui s'y trouvent. Tu ne les énumérais même pas : tu les nommais - un vase de Chine, un requin empaillé, une vitrine avec les verres en cristal, une collection de couteaux, un piano. Tu étais là avec une allure désinvolte, tu parlais sur un ton assez moqueur, à peine certes, comme cela t'arrivait fréquemment, mais... (Silence.) Tu n'imagines pas à quel point ce que tu faisais à cet instant-là était grave. Tu attribuais un nom aux objets. Et toutes ces choses correspondaient à leur nom. Et cela m'a secoué comme le tonnerre. Oui ! Tous les objets correspondent à leur nom. Le vase de Chine était, est et sera un vase de Chine. Le cristal restera à jamais du cristal et il demeurera quand la Lune tombera sur la Terre. Tu te tenais au milieu de ces choses mortes, tel un homme vivant, au sang chaud, et tu étais le seul à ne pas correspondre à son nom. Et il ne s'agit absolument pas des particularités de ton âme ni de ton honnêteté ou de ton immoralité, de ton honneur ou de ta fourberie, pas plus que du bien et du mal qui emplissent ta personne. Simplement, tu n'avais pas de nom. Comme nous tous. L'homme n'a pas de nom. Serguéï Léonidovitch Stange, monsieur le docteur, homo sapiens, un animal pensant, à l'image et à l'imitation de Dieu, tout cela ce ne sont pas des noms. Ce ne sont que des désignations. Mais il n'y a pas de nom.

Auteur: Sorokine Vladimir Georgievic

Info: Le lard bleu

[ vocabulaire ] [ illumination ] [ littérature ]

 

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défauts de la théorie newtonienne

1. On remarque constamment l’effort de Newton de présenter son système de pensées comme nécessairement conditionné par l’expérience. On remarque aussi qu’il utilise le moins possible de concepts non directement rattachables aux objets de l’expérience. Et pourtant il pose les concepts : espace absolu, temps absolu ! A notre époque, on lui en fait souvent grief. Mais, justement, dans cette affirmation, Newton se reconnaît particulièrement conséquent avec lui-même. Car il a découvert expérimentalement que les grandeurs géométriques observables (distances des points matériels entre eux) et leur cours dans le temps ne définissent pas complètement les mouvements au point de vue physique. Il a démontré ce fait par la célèbre expérience du seau. Donc il existe, en dehors des masses et de leurs distances variables dans le temps, encore quelque chose de déterminant pour les événements. Ce "quelque chose", il l’imagine comme le rapport à l’ "espace absolu". Il avoue que l’espace doit posséder une espèce de réalité pour que ses lois du mouvement puissent avoir un sens, une réalité de même nature que celle des points matériels et de leurs distances.

Cette connaissance lucide de Newton souligne évidemment sa sagesse mais aussi la faiblesse de sa théorie. Car la construction logique de cette architecture s’imposerait certainement beaucoup mieux sans ce concept obscur. Car alors, dans les lois, nous ne trouverions que des objets (points matériels, distances) dont les relations avec les perceptions resteraient parfaitement transparentes.

2. Introduire des forces directes, agissant à distance et instantanément pour représenter les effets de gravitation, ne concorde pas avec le caractère de la plupart des phénomènes connus par l’expérience quotidienne. Newton répond à cette objection. Il déclare que sa loi de l’action réciproque de la pesanteur n’ambitionne pas d’être une explication définitive, mais plutôt une règle déduite de l’expérience. 

3. Au fait particulièrement remarquable que le poids et l’inertie d’un corps restent déterminés par la même grandeur (la masse), Newton n’offre en sa théorie aucune explication ; mais la singularité du fait ne lui échappe pas.

Auteur: Einstein Albert

Info: "Comment je vois le monde", traduction de l’allemand par Maurice Solovine et Régis Hanrion, Flammarion, 2017, pages 225-226

[ science ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

critique philosophique

En premier lieu, il est reproché [par Antoine Faivre] à R. Guénon son désintérêt pour les "courants théosophiques" qu’il aurait ignorés de même que ses lecteurs, ce qui manifestement n’est pas exact puisque, non seulement, R. Guénon a reconnu la valeur initiatique d’une œuvre comme celle de J. Bœhme mais certains à sa suite ont écrit qu’il s’agissait d’une "métaphysique complète", recevant "son inspiration directement du Saint Esprit". D’autre part, les guénoniens sont accusés de manquer de curiosité à l’égard des "divers modes d’émergence de la Tradition ou des traditions", ce qui semble être en totale opposition avec l’esprit d’universalité rare qui pénètre tout l’enseignement de R. Guénon, même si celui-ci a privilégié certaines formes orientales en raison de l’absolue rigueur de leur expression doctrinale, sans parler des structures initiatiques institutionnelles dont elles sont encore porteuses et qui véhiculent un fonds traditionnel ancestral difficilement comparable du point de vue de sa richesse. Après une mise en cause implicite de l’adhésion à la théorie hindoue des cycles, présentée à tort comme pessimiste, l’attitude de R. Guénon est qualifiée de "dualiste", compte tenu de sa dimension "identitaire" et par trop "métaphysique". Le refus de son objectif, défini comme "fusion dans le Même", fait dire à A. Faivre, en des termes particulièrement impropres et péjoratifs, qu’il s’agit de déboucher "comme dans la tradition védique, sur une vision atonique, plate, amorphe du Monde", ce qui, du seul point de vue scientifique, semble insoutenable. Le souci de discréditer cette première voie se termine enfin par la critique de la position guénonienne relative à l’Art Royal. Comme le dit justement A. Faivre, il est vrai que pour celui-ci, la tradition hermétique ne dépasse pas le domaine cosmologique et l’initiation aux petits mystères, de telle sorte qu’ils se placent au second plan à l’égard des grands mystères et de l’Art Sacerdotal. Cela dit, bien loin d’être une invention de R. Guénon, cette réalité hiérarchique correspond jusque dans la terminologie utilisée à un fait traditionnel que seul un préjugé anti-métaphysique pourrait remettre en question.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 80

[ objections ] [ réfutations ]

 

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hommes-femmes

À Éléments, depuis des décennies, nous avons toujours soutenu l’essentiel des revendications féministes. La plupart ont fort heureusement abouti. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de féminisme, il n’y a plus qu’un discours sur le sexe ou les sexes ne comptent pour rien. […]

Faire croire aux femmes, tantôt que les hommes sont leurs ennemis, tantôt qu’elles sont elles aussi des “hommes comme les autres” est évidemment contradictoire. On ne peut à la fois dire que les sexes n’existent pas, mais que le sexe masculin existe quand même assez pour être voué aux gémonies, dénoncer la distinction biologique entre hommes et femmes et dénoncer les hommes comme habités par la “culture du viol” et le désir de “féminicide” – ou bien encore cultiver la misandrie féministe tout en excusant la misogynie islamiste. Les deux théories sont inconciliables, leur seul point commun étant l’incapacité des unes comme des autres à envisager les relations entre les sexes sous un angle autre que le rapport dominants/dominés, l’accusé en dernière instance étant toujours l’homme hétérosexuel blanc. […]

Neuf femmes sur dix préfèrent encore aujourd’hui que l’homme fasse “le premier pas”. Or, en supprimant ce premier pas pour cause de harcèlement, on met un terme à la relation avant même qu’elle n’ait commencé. L’idée générale est que la séduction, c’est déjà du viol – alors que le viol, c’est au contraire justement le refus de la séduction, alors que le violeur ne veut pas séduire, mais faire subir. On ne peut imaginer plus grand contresens. […]

Soumettre la vie sexuelle à une réglementation de tous les instants, c’est considérer plus que jamais le sexe comme peccamineux. Les relations sexuelles sont codifiées par les nouveaux puritains comme elles l’étaient autrefois par les bons pères : il y a le licite et l’interdit. Le string a remplacé la soutane, mais la confession et la repentance sont toujours à l’ordre du jour : le libertin doit plus que jamais faire son mea culpa. Le néoféminisme a tout simplement ressuscité l’ordre moral.

Auteur: Benoist Alain de

Info: Revue Éléments n°192 septembre 2021

[ guerre ] [ haine ]

 

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beaux-arts

On ne comprit point, non plus, pourquoi le prestige des hommes politiques et des gouvernants s’en allait diminuant chaque jour ; c’est qu’en réalité, eux aussi, n’étaient plus des chefs, mais de simples cellules différenciées d’un même organisme homogène.

La production dramatique qui reflète toujours exactement les mœurs du temps suivit ce mouvement général. On ne se soucia plus, comme autrefois, de construire une pièce exposant une idée générale ou décrivant un caractère humain éternel ; on écrivit de petites scènes successives, divertissantes, chacune dans le moment où on la jouait, mais sans lien nécessaire, sans idée d’ensemble. On les écrivit pour tel théâtre, pour tel public, pour tel interprète, pour telle saison, pour les nuances de la mode d’un jour. On souhaita le succès dans une minute déterminée et personne, dans ce temps de relativité, ne songea plus, comme autrefois, à l’immortalité.

À côté du théâtre proprement dit, une indication non moins précieuse fut donnée, à cette époque, par l’évolution caractéristique de la musique.

Au lieu d’une musique individuelle où l’art personnel du chanteur était seul en jeu, on préconisa, petit à petit, une orchestration symphonique où le chanteur ne jouait plus que le rôle d’un instrument secondaire. De même que, dans le spectre solaire, au-dessus des rayons colorés, visibles pour l’œil, se trouvent des rayons chimiques dont on constate indirectement la présence, il y eut, dans la musique comme dans la composition dramatique, une sorte de symphonie supérieure à la parole, inaccessible directement à l’être humain, dont l’existence était bien constatée scientifiquement mais dont on ne pouvait plus donner de définition directe, exacte et purement sensuelle.

Ce fut une sorte d’harmonie sociale ne correspondant plus au rythme individuel, dominant l’homme en l’enveloppant, une nouvelle "Marseillaise" scientifique sans charme, sans inspiration, sans harmonie mais harmoniquement juste suivant les lois de l’acoustique et qui appartenait en propre — on ne le comprit que bien plus tard — au colossal Léviathan, qui, peu à peu, développait sa formidable et complexe personnalité.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, pages 99-100

[ dépersonnalisation ] [ totalitarisme ] [ égalitarisme ]

 

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éloge

- Et puis alors, à un certain moment, il y a eu évidemment une sorte de bouleversement, je dirais presque d’illumination incendiaire. Nous avons assisté, je dis nous parce que il s’agissait surtout de Bernard Dort et de moi, nous avons assisté à la représentation que le Berliner Ensemble, le théâtre de Brecht et d’Hélène Weigel a donné dans le cadre du festival international du théâtre à Paris, au théâtre Sarah Bernhardt ; nous avons assisté à une représentation de Mère courage par la troupe de Brecht. Et alors là, ça a été, pour ma part, quelque chose que je qualifie vraiment d’une sorte d’incendie. Ça a illuminé entièrement, non seulement ma conception du théâtre, ça a révélé, ça a donné une assise théorique à ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas dans le théâtre. Mais, de plus, alors, j’ai découvert avec passion, concernant le théâtre, une pensée qui ne craignait pas la théorie. C’est ça qui m’a touché dans Brecht. Et, aussi, dans Brecht, un marxiste qui ne craignait pas de se poser des problèmes esthétiques de goût, de non vulgarité, de sens moral, et cetera.

(Jean-José Marchand) - Mais l’exemplarité de Brecht, selon vous, était liée à sa base marxiste ?

- Oui, mais, comme toujours, pas seulement. C’est-à-dire que justement, il ne suffit pas d’être marxiste pour faire du bon théâtre, c’est bien évident, et même, c’est souvent un obstacle. Et alors, justement, Brecht, pour moi, c’était l’exemple de quelqu’un qui avait assimilé profondément l’essence même du marxisme que maintenant, on perd beaucoup de vue, à ce qui est, à savoir la dialectique. Brecht était tout de même un grand dialecticien, au sens vraiment fort du terme, et au sens que le mot dialectique a dans le marxisme. Brecht était un grand dialecticien, et ce qu’il y avait d’admirable, c’est que ce dialecticien se posait sur la scène des problèmes techniques de dramaturgie d’une extrême finesse. Et il n’adoptait jamais des solutions, disons, vulgaires, de type réaliste. C’est ça qui me plaisait dans Brecht.

Auteur: Barthes Roland

Info:

[ engouement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

climatosceptiques

Ils savent, ils entendent, mais au fond, ils n'y croient pas. C'est là, je crois, qu'il faut aller chercher l'origine profonde du climato-scepticisme. Ce n'est pas un scepticisme qui porte sur la solidité des connaissances mais un scepticisme sur la position dans l'existence. S'ils doutent ou s'ils dénient, c'est parce qu'ils prennent ceux qui crient à temps et à contre temps qu'il faut changer totalement et radicalement de mode de vie pour des zozos dans plus de crédit que Philippus le Prophète qui effraie Tintin dans l'Etoile Mystérieuse avec son gong et son drap blanc. "Le changement de vie total et radical", mais ils l'ont déjà accompli, justement, en devenant résolument modernes ! Si la modernité n'était pas si profondément religieuse, l'appel à s'ajuster à la Terre serait facilement entendu. Mais comme elle a hérité de l'Apocalypse simplement décalée d'un cran dans le futur, elle ne suscite qu'un haussement d'épaules ou qu'une réponse indignée. "Comment pouvez-vous venir nous prêcher encore une fois l'Apocalypse. Où est-il écrit dans les Livres qu'il y aura une apocalypse après la première ? La modernité est ce qu'on nous a promis, ce que nous avons conquis, parfois par la violence, et vous prétendez nous l'arracher ? Nous dire que nous nous sommes trompés sur le sens de la promesse ? Que la Terre promise de la modernité devrait rester promise ! C'est insensé".

Et en effet, il n'est écrit nulle part que l'Apocalypse puisse être suivie d'une autre. D'où cette certitude indéracinable, ce calme total, cette froideur de marbre, de ceux qui lisent pourtant tous les jours l'annonce de catastrophes diverses. Il semble qu'ils aient droit à cett terre qu'on leur a en effet promise, mais cette terre n'a rien de terrestre, puisque ce qui est nié, justement, c'est qu'elle ait une histoire, une historicité, une rétroaction, des capacités, bref, des puissances d'agir. Tout tremble, mais pas eux, pas le sol sur lequel ils ont les pieds posés. Le cadre où se déroule leur histoire est forcément stable. La fin du monde n'est qu'une idée.

Auteur: Latour Bruno

Info: Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique

[ anthropocène ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gamins

L’enfant ne remonte pas à la plus haute Antiquité. En réalité, il est d’invention récente, guère plus de deux cent ans. L’enfance, avant, c’était le bas âge et on n’en parlait pas, on attendait que ça passe. Puis l’enfance est arrivée. Et, avec elle, l’enfant et ses sortilèges. Il fut alors convenu que l’enfant était le meilleur revers de la médaille humaine et l’enfance le stade le plus enviable de la vie. L’enfant devint l’avenir de l’homme. En se prosternant devant lui, tous ceux qui n’étaient plus des enfants commencèrent à désirer plus ou moins consciemment l’état d’innocence qu’ils lui prêtaient. Du moins appelaient-ils ainsi ce qu’un autre a nommé "principe de plaisir".

Il est à noter que ce néo-totémisme infantomaniaque n’est apparu qu’après la disparition de l’enfant comme future force de travail et assurance vieillesse : c’est depuis qu’il n’est plus indispensable à la survie matérielle de ses parents, comme aux âges farouches où ceux-ci attendaient qu’il pousse la charrue à leur place quand ils ne pourraient plus le faire eux-mêmes, qu’il est devenu vital non seulement comme fruit de la performance technique (à travers les méthodes d’engendrement artificiel et toute la sacrée gamme des acharnements procréatifs) mais surtout comme idole ou fétiche. [...]

Pour qui, même enfant, a pris l’habitude de considérer l’enfance comme une sorte d’infirmité de naissance pénible mais curable, la surprise est constante que tant d’autres y voient les éléments d’une poésie perdue à retrouver, le temps des rires et des chants dans l’île aux enfants où c’est tous les jours le printemps. D’autant que l’infanthéisme fait rage quand justement il n’y a plus d’enfants ni d’enfance. Plus d’adultes non plus, par la même occasion. La frontière entre les deux stades de la vie s’efface au profit du premier dont l’adulte infanthéiste épouse à toute allure les goûts, la façon de parler, de jouer, de croire ou de ne pas croire, de s’émouvoir, de réclamer des friandises et des divertissements mais aussi des lois qui le protègent des dangers du monde extérieur.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1597-1597

[ fétichisation ] [ indistinction ] [ abstraction ] [ infantilisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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Le monde est comme un manège dans un parc d'attractions, et quand vous choisissez d'y monter, vous pensez que c'est réel parce que telle est la puissance de notre esprit. Le carrousel monte et descend, tourne et tourne, il procure des sensations fortes, il est très coloré, très bruyant, et c'est amusant pendant un certain temps. Beaucoup de gens y ont passé beaucoup de temps, et puis, ils commencent à se demander, "Hé, c'est réel tout ça, ou est-ce juste un manège ?". Et d'autres personnes se souviennent, et elles reviennent vers nous en disant, "Hey, ne vous inquiétez pas ; n'ayez pas peur, jamais, ce n'est qu'un tour de manège". Et puis... on tue ces gens. "Faites-le taire ! J'ai beaucoup investi dans ce manège, faites-le taire ! Regarde mon inquiétude et les rides que ça me fait, regarde mon gros compte en banque, et ma famille. C'est donc bien réel tout ça."

Ce n'est qu'un tour en carrousel. Mais on tue toujours les gentils qui essaient de nous dire ça, vous avez remarqué ? Et on laisse les démons se déchaîner... Mais peu importe, vu que c'est juste un tour. Et on peut en changer quand on veut. C'est seulement un choix.

Pas d'effort, pas de travail, pas d'emploi, pas d'économies d'argent.

Juste un simple choix, en ce moment même, entre la peur et l'amour. Les yeux de la peur veulent que vous mettiez de plus gros verrous sur vos portes, que vous achetiez des armes, que vous vous enfermiez. Les yeux de l'amour, au contraire, nous voient tous comme un seul être. Voici ce que nous pouvons faire pour changer le monde, dès maintenant, en un meilleur moment. Prenez tout l'argent que nous dépensons en armes et en défense chaque année et dépensez-le plutôt pour nourrir, habiller et éduquer les pauvres du monde ; ça financerait le tout  de nombreuses fois, sans exclure aucun être humain, et nous pourrions explorer l'espace, ensemble, à la fois intérieur et extérieur, pour toujours, en paix. 

Auteur: Hicks Bill

Info: Hick terminait souvent ses spectacles avec ce genre de discours

[ utopie ] [ espérance ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste