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perdu

Tous disaient qu'il avait changé, mais il ne s'en rendait pas compte. Ce n'est pas lui qui avait changé, il lui était arrivé quelque chose. Il comprit soudain que son existence était fondée sur le malentendu et l'autotromperie. Cela au moins était clair. Ce qui rendait la situation insupportable était moins cette découverte que le fait qu'il n'y avait rien qui prît la place des idées fausses et des valeurs précédentes dont il s'était défait. Il y avait un vide là où auparavant il paraissait y avoir de la substance. Que cette substance n'ait jamais été qu'une illusion, il le savait, mais le savoir ne faisait qu'exaspérer davantage son angoisse quotidienne, et sa douleur n'en était que plus intense. Son intellect puissant, qui lui avait jusque-là continument servi dans son existence de guide et de fanal, avait montré ses limites : il était en la circonstance présente, inapproprié, insuffisant, incomplet. Et pourtant il n'y avait rien d'autre.

Auteur: Keve Tom

Info: Trois explications du monde

[ égaré ]

 

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femmes-par-hommes

Quand elle était petite, j'avais toujours peur qu'elle ne meure. C'est une idée que j'avais, tu vois. Parce qu'elle avait l'air si fragile et que moi, je ne l'avais pas aimée d'un coup. Ça m'avait pris le temps.
C'est quand elle a commencé à parler. Elle était toujours dans mes jambes. Elle venait à l'atelier; tiens, justement là où tu es, devant l'étal, c'était sa place. Elle me causait sans arrêt. Pourquoi ceci, pourquoi ça. Elle m'attrapait par les doigts. Tu l'aurais vue, Thérèse, en ce temps-là ! Ça ne devrait pas grandir.
(...)
Ça ne devrait pas grandir, mais forcément, ça grandit. Tout d'un coup, elle est devenue une femme. On ne s'y attend pas. Y a tout pour faire une femme, là, à côté de toi. Mais tu ne fais pas attention.
Jusqu'à ce que ça éclate. Tu es là avec quelqu'un d'autre. Un temps, tu te rassures : le corps a changé, mais dedans, c'est toujours ta petite fille, que tu t'imagines.
Jusqu'au jour où la femme a bouffé la gamine, de l'intérieur.

Auteur: Job Armel

Info: Baigneuse nue sur un rocher

[ grandir ]

 

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femmes-hommes

Est-ce que les femmes dans vos livres ne possèdent pas davantage ce noyau de volonté qui manque aux hommes ?

Si, elles l’ont beaucoup plus que les hommes.

Ça vient de votre observation ou de quelque chose qui est au-delà de notre époque et de l’évolution de la condition de la femme ?

C’est quelque chose de récent et de très étonnant : les femmes décident de tout. Elles décident du début d’une relation, elles décident de sa fin, elles décident d’avoir un enfant ou non. L’homme est étrangement inerte. Il y a une sorte d’évanouissement du point de vue masculin qui est quand même troublant. Le point de vue masculin, ayant si peu l’occasion de s’exprimer, est devenu inconnu. C’est une espèce de secret. C’est vrai que ce livre repose en partie sur une question : l’homme, qu’est-ce qu’il pense de tout cela au fond de lui-même ? Une hypothèse est qu’il n’a pas changé, pas du tout. La réformation de l’homme a été un échec total, mais c’est un échec dissimulé parce que les hommes ont compris qu’ils avaient intérêt à se taire.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Interventions 2020, entretien de 2015 pour la revue des deux mondes

[ femmes-par-homme ] [ supérieures ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

novation

(à propos du futur et ses perspectives négatives)

Depuis quelques décennies le terme innovation à remplacé le mot progrès, on dit : c'est normal, ça arrive... Mais quand on regarde la rhétorique sous-jacente de ce mot on s'aperçoit que la signification d'innovation ne rend pas justice à l'idée de progrès, tout simplement parce que l'idée de progrès s'appuie sur le concept que le temps qui passe est constructeur, qu'il est complice de notre liberté et de notre volonté. Il s'agit donc de configurer le futur de manière crédible, pas utopique, tout en lui conservant une certaine attractivité.

Alors que le terme d'innovation est tout autre historiquement parlant. Innovatio en latin c'est ce qu'il faut ajouter à un contrat pour qu'il demeure valide alors que quelque chose a changé, c'est un avenant. C'était donc à l'époque comment on légiférait pour que rien ne change. Ensuite le terme a été repris par Machiavel (Le Prince) dans ces termes : il ne faut rien changer sauf si le pouvoir du Prince est en danger - bref ici aussi le mot implique que rien ne doit changer. 

Auteur: Klein Étienne

Info: conférence "L'urgence du long terme", 25 octobre 2020

[ étymologie ] [ pouvoir sémantique ] [ conservatisme ] [ amélioration ] [ avenir ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

manifestation divine

Cette théologie de l’Incarnation mutation magique de l’être humain me paraît insoutenable. Théologie du "déjà accompli" sans tenir aucun compte du "pas encore" et que nous vivons sous la Promesse dont nous avons seulement des "arrhes"… […] Mais rien n’est encore réalisé, universellement. Nous ne sommes pas encore ressuscités, nous ne sommes pas encore saints et bienheureux, la réconciliation n’est pas visible, si elle est accomplie avec Dieu. L’homme n’est, en tant qu’homme et hors de la foi, ni assuré de son salut, ni pénétré de la vérité, ni libéré, ni juste dans ces entreprises. Autrement dit il n’y a pas le fameux coup de baguette magique car c’est exactement ce que représente la théologie triomphaliste que je combats […]. […] rien n’a changé, sinon la foi. Rien n’a changé ontologiquement, mais tout au niveau du sens, du signe, de l’évolution. Rien n’a changé du mal et du malheur de l’homme sinon en espérance et en vérité. Mais vérité cachée. […] La mutation produite est celle de l’entrée de la vérité de l’amour dans le monde qui l’a toujours exclu. Mais entrée aussi discrète que la parole de vérité.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 129-131

[ christianisme ] [ quête spirituelle inachevée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

star-système

Pourquoi le jazz ne fait-il plus partie de la scène pop ?

- Parce que ce n'est plus la musique qui compte. Les gens ne s'intéressent plus à la musique elle-même mais à ceux qui la font. Ils s'intéressent davantage aux célébrités et à la notoriété de tel ou tel artiste qu'à la musique. Les choses ont changé, il n'y'a plus de lien transcendantal avec la musique et sa qualité vraie puisque les gens sont en demande de glamour. Le jazz ne veut rien de tout ça. Vous savez pourquoi ? Et ce n'est pas une histoire d'humilité, ou d'arrogance, ni une position du genre "on veut pas être célèbres, on est underground". Pas du tout. Le jazz concerne l'âme humaine, pas l'apparence. Le jazz a des valeurs, il nous apprend à vivre le moment présent, à travailler ensemble et surtout à respecter votre voisin. Lorsque des musiciens se réunissent pour jouer, il faut respecter et comprendre ce que l'autre fait. Le jazz en particulier est un langage international, qui représente la liberté, en raison de ses racines dans l'esclavage. Le jazz permet aux gens de se sentir bien dans leur peau.

Auteur: Hancock Herbie

Info: Revista prosa verso e arte

[ vedettariat ] [ starification ] [ fond-forme ] [ désaffection ] [ superficialisation ] [ culture de masse ] [ nivellement par le bas ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nord-sud

L’intervention de Zelensky au festival cannois va de soi si vous regardez ça sous l’angle de ce qu’on appelle "la mise en scène" : un mauvais acteur, un comédien professionnel, sous l’œil d’autres professionnels de leurs propres professions.

Je crois que j’avais dû dire quelque chose dans ce sens il y a longtemps. Il aura donc fallu la mise en scène d’une énième guerre mondiale et la menace d’une autre catastrophe pour qu’on sache que Cannes est un outil de propagande comme un autre. Ils propagent l’esthétique occidentale, quoi…

S’en rendre compte n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. La vérité des images avance lentement. Maintenant, imaginez que la guerre elle-même soit cette esthétique déployée lors d’un festival mondial, dont les parties prenantes sont les États en conflit, ou plutôt "en intérêts", diffusant des représentations dont on est tous spectateurs… vous comme moi.

J’entends qu’on dit souvent "conflit d’intérêt", ce qui est une tautologie. Il n’y a de conflit, petit ou grand, que s’il y a intérêt. Brutus, Néron, Biden, ou Poutine, Constantinople, l’Irak ou l’Ukraine, il n’y a pas grand-chose qui a changé, mise à part la massification du meurtre.

Auteur: Godard Jean-Luc

Info: 23 mai 2022

[ ukraine-russie ] [ géopolitique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-hommes

Georges était venu ; et, comme si la barre d’appui lui eût paru trop courte, il prit Nana par la taille, il appuya la tête à son épaule. Le temps avait brusquement changé, un ciel pur se creusait, tandis qu’une lune ronde éclairait la campagne d’une nappe d’or. C’était une paix souveraine, un élargissement du vallon s’ouvrant sur l’immensité de la plaine, où les arbres faisaient des îlots d’ombre, dans le lac immobile des clartés. Et Nana s’attendrissait, se sentait redevenir petite. Pour sûr, elle avait rêvé des nuits pareilles, à une époque de sa vie qu’elle ne se rappelait plus. Tout ce qui lui arrivait depuis sa descente de wagon, cette campagne si grande, ces herbes qui sentaient fort, cette maison, ces légumes, tout ça la bouleversait, au point qu’elle croyait avoir quitté Paris depuis vingt ans. Son existence d’hier était loin. Elle éprouvait des choses qu’elle ne savait pas. Georges, cependant, lui mettait sur le cou de petits baisers câlins, ce qui augmentait son trouble. D’une main hésitante, elle le repoussait comme un enfant dont la tendresse fatigue, et elle répétait qu’il fallait partir. Lui, ne disait pas non ; tout à l’heure, il partirait tout à l’heure.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 9 : Nana

[ femme-par-homme ] [ envoûtée ] [ dépaysée ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

grandir

"Les histoires ont changé, mon cher garçon", dit l'homme au costume gris, un fond de mélancolie dans la voix. "Il n'y a plus de batailles entre le bien et le mal, plus de monstres à tuer, plus de jeunes filles à sauver. Selon mon expérience, la plupart des jeunes filles sont parfaitement capables de se sauver elles-mêmes, du moins celles qui valent quelque chose. Oublie les contes simplistes avec des quêtes, des animaux et des fins heureuses. Les quêtes manquent de clarté quant au but ou au chemin. Les animaux y prennent des formes différentes et sont difficiles à reconnaître pour ce qu'ils sont. Et l'idée d'une fin, heureuse ou pas, est une illusion. Les choses ne cessent de se chevaucher et se confondre, ton histoire est une partie de l'histoire de ta sœur, et de beaucoup d'autres, et on ne sait où elles peuvent mener. Le bien et le mal sont bien plus complexes qu'une princesse et un dragon, ou qu'un loup et une petite fille vêtue de rouge. Le dragon n'est-il pas le héros de sa propre histoire finalement ? Et le loup, n'agit-il pas simplement comme un loup devrait agir ? Même s'il est un peu spécial puisque capable de se déguiser en grand-mère pour jouer avec sa proie".

Auteur: Morgenstern Erin

Info: The Night Circus

[ fables démystifiées ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exaltation

Dans "passion" nous ne sentons plus "ce qui souffre" mais "ce qui est passionnant". Et pourtant, la passion d'amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n'ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit l'amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l'adultère. Et j'entends bien que les amants invoqueront tous les cas d'exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie.
Vivons-nous dans une telle illusion, dans une telle "mystification" que nous ayons vraiment oublié ce malheur ? Ou faut-il croire qu'en secret nous préférons ce qui nous blesse et nous exalte à ce qui semblerait combler notre idéal de vie harmonieuse ?
Serrons de plus près cette contradiction, par un effort qui doit paraître déplaisant, puisqu'il tend à détruire une illusion. Affirmer que l'amour-passion signifie, de fait, l'adultère, c'est insister sur la réalité que notre culte de l'amour masque et transfigure à la fois ; c'est mettre au jour ce que ce culte dissimule, refoule, et refuse de nommer pour nous permettre un abandon ardent à ce que nous n'osons pas revendiquer. La résistance même qu'éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et adultère se confondent le plus souvent dans la société qui est la nôtre, n'est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant que tels ?

Auteur: Rougemont Denis de

Info: L'amour et l'Occident

[ autodestruction ] [ transgression ]

 

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Ajouté à la BD par miguel