Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 15
Temps de recherche: 0.0401s

crépuscule

Sur le lac s'est tissé la pourpre du couchant.

Les tétras dans les bois sanglotent en tintant.



Quelque part dans un tronc c'est un loriot qui pleure.

Moi seul ne pleure pas : il fait clair dans mon coeur.



Je sais que tu viendras par le sentier ce soir,

Dans les meules fraîches nous irons nous asseoir.



Je t'embrasserai et te froisserai comme une fleur.

Méprisant les ragots car grisé de bonheur.



Et ton voile de soie tombé sous mes caresses,

Tu vas dans les buissons partager mon ivresse.



Les tétras peuvent bien tinter en sanglotant,

Joyeuse est la tristesse pourpre du couchant.

Auteur: Essenine Sergei

Info: L'Homme noir 1910-1925

[ poème ] [ attente ] [ amour ] [ espérance ]

 

Commentaires: 0

déclarations d'amour

Je pense à vous. Mes yeux vont du buisson de roses
aux touffes du chaud seringa.
Je voudrais vous revoir quand les raisins muscats
dorment auprès des reines-claudes.
Depuis que je suis né, je sens au fond du coeur
je ne sais quoi d'inexplicable.
Je vous dis que la rose est tombée sur le sable,
que la carafe est sur la table,
que la fille a mis ses sandales
et que le scarabée est plus lourd que la fleur.
- Mais tous ces foins, les aura-t-on bientôt fanés?
- O mais, mon amie, tout se fane:
le foin tremblant, le pied de l'âne,
les chants du merle et les baisers.
- Mais nos baisers, ami, ne se faneront point?
Non certainement. Que le foin
se fane, disais-je, c'est bien.
Mais nos baisers, amie, ne se faneront point.

Auteur: Jammes Francis

Info: Clairières dans le Ciel, Je pense à vous... 1906

[ poésie ]

 

Commentaires: 0

guerre

Le matin, l'appel du muezzin invitait les maisons vides à la prière. Je sortis pour essayer de trouver de la farine et des œufs, car il n'y avait presque plus de pain. Je marchais dans la poussière. Elle était si dense qu'on avait la sensation de patauger dans la neige. Il y avait des voitures carbonisées, des cordes à linge avec des vêtements crasseux sur des terrasses abandonnées, des fils électriques qui pendouillaient dans les rues, des magasins éventrés, des immeubles au toit arraché, des tas d'ordures sur les trottoirs. Ça puait la mort et le caoutchouc brulé. Au loin, des serpentins de fumée s'élevaient dans le ciel. J'avais la bouche sèche, les mains crispées et tremblantes. Je me sentais prisonnier de ces rues distordues. Dans la campagne, les villages étaient incendiés et un flot humain se déversait sur les routes, les femmes terrorisées parce que personne ne contrôlait les milices et qu'elles craignaient d'être violées. Pourtant, ici, à côté de moi, il y avait un rosier de Damas en fleur. Je fermai les yeux, humant son parfum, et pendant un instant je pus faire comme si je n'avais pas vu ce que j'avais vu.


Auteur: Lefteri Christy

Info: L'Apiculteur d'Alep

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

contemplation

J'ai un ami qui est artiste et qui adopte parfois un point de vue avec lequel je ne suis pas très d'accord. Il désigne une fleur et dit "regarde comme elle est belle", et je suis d'accord. Puis il dit : "Moi, en tant qu'artiste, je peux voir à quel point c'est beau, mais toi, comme tout scientifique, tu démontes tout cela pour en faire une chose terne", je pense que c'est légèrement cinglé. Tout d'abord, la beauté qu'il voit est accessible à d'autres personnes et à moi aussi, je crois. Même si je ne suis pas aussi sensible que lui sur le plan esthétique... je peux apprécier la beauté d'une fleur. En même temps, j'y vois beaucoup plus de choses que lui. Je peux imaginer les cellules qui la composent, les processus compliqués à l'intérieur, qui ont aussi leur beauté. Je veux dire qu'il n'y a pas que la beauté à cette dimension de quelque centimètres ; il y a aussi celle des dimensions plus petites, la structure interne, les mécanismes. Le fait que les couleurs de la fleur aient évolué afin d'attirer les insectes pour la polliniser est intéressant ; ça signifie que les insectes perçoivent la couleur. Ce qui amène cette question : ce sens esthétique existe-t-il aussi dans les formes inférieures ? Pourquoi est-ce esthétique ? Toutes sortes d'interrogations intéressantes amenées par les connaissances scientifiques qui ajoutent une sorte de fascination, du mystère et de l'admiration pour une fleur. Elles ne font qu'ajouter. Je ne comprends pas comment cela pourrait soustraire quelque chose.

Auteur: Feynman Richard Phillips

Info: The Pleasure of Finding Things Out: The Best Short Works of RF

[ décorticage ] [ insatiable curiosité ] [ strates mémorielles ] [ points de vue ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

vocabulaire

Je nettoie les mots.
Je les ramasse la nuit, partout :
Le mot forêt, le mot maison, le mot fleur.
Je m’occupe d’eux pendant la journée
Quand je rêve éveillé.

Le mot solitude me tient compagnie.

Chaque mot a besoin d’être nettoyé et caressé :
Le mot ciel, le mot nuage, le mot mer.
Certains doivent être lavés,
Il faut même les gratter de la saleté des jours et des abus.
Beaucoup de mots arrivent malades,
D’autres arrivent tout simplement usés, déguisés,
Pliés sous le poids des choses qu’ils traînent derrière eux.

Le mot pierre pèse aussi lourd qu’une pierre.
Le mot rose répand son parfum dans l’air.
Le mot arbre a des feuilles, de grandes branches,
Et on peut se reposer à l’ombre de son feuillage.
Le mot chat enfonce ses ongles dans le tapis.
Le mot oiseau ouvre ses ailes pour s’envoler.
Le mot cœur n’arrête pas de battre.
On écoute le mot chanson.

Le mot vent fait voler les papiers et il faut l’enfermer dans la cave
À la fin tous les mots se tournent vers la lumière
Et s’envolent bien loin, légers, nés de ma main une fois de plus :

Le mot étoile, le mot île, le mot pain.

Le mot merci me remercie. Les autres ne le font pas.
Le mot au revoir fait ses adieux.
Les autres sont partis, mots à la surface lisse et lavée,
Comme les cailloux de la rivière :
Le mot jalousie, le mot colère, le mot froid.

Ils partent à la recherche de ceux qui souhaitent les prononcer.
Il suffit de tendre la main
Pour cueillir le mot bateau ou le mot amour.

Je nettoie les mots.
Le mot coquille, le mot lune, le mot mot.
Je les ramasse la nuit, je m’en occupe pendant la journée.
Le mot cuisinier cuisine mon dîner.
Le mot brise me rafraîchit.
Et le mot solitude me tient compagnie.

Auteur: Magalhaes Alvaro

Info:

[ poème ] [ termes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel