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gloire

Il rouvrit les yeux.
- Trouve-moi un héros qui ait été heureux.
Je réfléchis. Héraclès était devenu fou avant de tuer sa famille ; Thésée avait perdu son épouse et son père ; les enfants de Jason et sa nouvelle femme avaient été assassinés par la précédente ; et si Bellérophon avait tué la Chimère, il était resté estropié après être tombé du dos de Pégase.
- Tu vois, tu ne peux pas.
Il s'était rassis, penché en avant.
- C'est vrai.
- Je sais. On ne te laisse jamais être à la fois célèbre et heureux, constata-t-il en arquant un sourcil.

Auteur: Miller Madeline

Info: Le chant d'Achille

[ malheur ] [ Grèce antique ]

 

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humour

- Soldat Avramovich, es-tu heureux ici en Russie ? Demande le tsar.

- Majesté, je suis obligé d’habiter dans une zone de résidence (pour les Juifs) ; je n’ai pas le droit d’étudier ce que je veux...je ne peux pas devenir officier. Ma famille meurt de faim... Non, je ne peux pas dire que je sois heureux.

- Tu crois peut-être que ton tsar est heureux ? Mes ministres me dupent, je n’ai aucun ami... moi non plus je ne suis pas heureux !

- Avramovitch est très touché :

- Alors, Majesté, partons ensemble en Amérique !

Auteur: Kurc David

Info: L'humour yiddish, p 384

[ empathie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bonheur

- [...] L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Uniquement pour cela. Tout est là. Absolument tout. Celui qui le saura, deviendra aussitôt heureux, à l’instant même. La belle-fille va mourir, l’enfant vivra, tout est bien. Je l’ai découvert brusquement.

- Et si l’on meurt de faim, si l’on fait du mal à une petite fille, si on la déshonore, est-ce bien aussi ?

- Oui. Et si quelqu’un fend le crâne à celui qui a déshonoré l’enfant, c’est bien. Et si on ne le lui fend pas, c’est bien aussi. Tout est bien, tout. Et ceux-là sont heureux qui savent que tout est bien. S’ils savaient qu’ils sont heureux, ils seraient heureux ; mais tant qu’ils ne savent pas qu’ils sont heureux, ils ne sont pas heureux. Voilà toute l’idée, l’idée tout entière, et il n’y en a pas d’autre.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "Les démons", trauction de Boris de Schloezer, éditions Gallimard, 1955, page 359

[ performatif ] [ autoréalisé ] [ simplicité ] [ dire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

Nous attribuons généralement à nos idées sur l'inconnu la couleur de nos conceptions sur le contenu: si nous appelons la mort un sommeil, c'est qu'elle ressemble, du dehors, à un sommeil; si nous appelons la mort une vie nouvelle, c'est qu'elle paraît être une chose différente de la vie. C'est grâce à ces petits malentendus avec le réel que nous construisons nos croyances, nos espoirs - et nous vivons de croûtes de pain baptisées gâteaux, comme font les enfants pauvres qui jouent à être heureux.

Mais il en va ainsi de la vie entière; tout au moins de ce système de vie particulier qu'on appelle, en général, civilisation. La civilisation consiste à donner à quelque chose un nom qui ne lui convient pas, et à rêver ensuite sur le résultat. Et le nom, qui est faux, et le rêve, qui est vrai, créent réellement une réalité nouvelle.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ signifiant créateur ] [ imaginaire ] [ égarement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

deuil

Sur les murs de la chambre toutes ses dernières toiles étaient accrochées, formant comme un halo autour de lui et - par la luminosité ou le génie qu'elles irradiaient - rendaient sa mort encore plus lamentable pour nous artistes. ...Au dehors, le soleil était férocement chaud. Nous avons monté la colline d'Auvers en parlant de lui, de l'élan hardi qu'il avait donné à l'art, des grands projets qui l'avaient toujours préoccupé, du bien qu'il avait fait à chacun de nous. Nous sommes arrivés au cimetière, un petit cimetière tout neuf, semé de tombes fraîches. Il est sur la hauteur, face aux champs prêts pour la moisson, sous un immense ciel bleu qu'il aurait pu encore aimer - peut-être. Puis on le descendit dans la tombe. Qui n'aurait pleuré à ce moment-là - le jour était trop à sa ressemblance pour nous empêcher de penser qu'il aurait pu encore vivre heureux.

Auteur: Bernard Emile

Info: après la mort de Van Gogh

[ peinture ] [ été ]

 

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félicité

Je n'ai même pas trente ans, et je suis heureux.

Je ne pense pas à la fragilité de la vie ; cela fait sept ans que je n'ai pas pleuré - exactement depuis la minute où mon unique m'a dit qu'elle m'aimait, qu'elle m'aimait et qu'elle serait ma femme. Dès cet instant, je n'ai pas trouvé une seule minute pour les larmes, je ris au contraire très souvent et, plus souvent encore, je souris en pleine rue - à mes pensées, à mes amours, qui scandent à trois cœurs la mélodie de mon bonheur.

Et je caresse le dos de mon aimée, la tête de mes enfants, et je caresse aussi mes joues non rasées, et mes paumes sont tièdes, et derrière la vitre, c'est la neige et le printemps, la neige et l'hiver, la neige et l'automne. C'est mon pays, c'est là que nous vivons.

Auteur: Prilepine Zakhar

Info: Le péché

[ déclaration d'amour ] [ famille ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

chemin de fer

La draisine s'ébranle, les phares s'allument, arrachant aux ténèbres des signaux, des pare-neige, des traverses empilées en croix, des sapins nus et solitaires. Des aiguillages s'enfuient. La draisine vibre aux jointures des rails, prend de la vitesse, fonce dans l'obscurité avec un grondement sonore. Les rares voyageurs se taisent, regardant par les fenêtres, embuant les vitres de leur souffle. Ils filent à présent au milieu d'un hurlement sinistre et de grands cahots. La forêt court sous leurs yeux, pareille à un mur compact et noir. Quelquefois un projecteur éclaire des entrepôts tout en longueur ou des percées dans la forêt. Alors ressortent sur les vitres des gouttes obliques, sinueuses.

Parce qu'il va bientôt revoir sa mère, qu'il fait chaud dans la draisine, que cela sent légèrement l'essence et les valises, que la pluie s'arrête - des lambeaux étoilés et violets commencent à se montrer dans le ciel -, Vassili est parfaitement heureux. Il s'est étalé tout à son aise sur son siège, les jambes largement écartées. Il aime le vieux Stépane, il aime le chauffeur, les passagers, la vitesse avec laquelle ils filent, et l'air pur du pays natal qui s'engouffre par une fente...

La draisine file toujours, envoie parfois un coup d'avertisseur nasillard. A l'avant, pointe la lueur d'incendie allumée par l'éclairage du combinat du bois. Stépane remue, tend le cou, regarde en avant, par-dessus l'épaule du chauffeur. Lui aussi, il a les idées roses. Ils vont bientôt arriver, la maison des Pankov en sera toute révolutionnée, les voisins vont défiler, après on causera, on distribuera les cadeaux...

Auteur: Kazakov Iouri

Info: La belle vie

[ nocturne ] [ bien-être ] [ voyage de retour ] [ train ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

décor

Attelé à une charrette de livraison, un gaye mâchouillait son mors en attendant son cocher parti lever le coude. Au gré des fils électriques, des trams traversaient les avenues. Un receveur est descendu remettre la perche sur les câbles d'où elle avait sauté. Une moto au side-car plein de journaux nous a croisés en pétaradant. Au guidon, un gars à blouson de cuir et lunettes de soudeur avait l'air de vouloir tout bouffer sur sa route.
- On va rentrer, dit Leboeuf, le sac plus gonflé que celui du Père Noël.
- On a pas gagné un petit café ?
- Si. Au coin, on fait la pause.
La Civette levait son rideau de fer. Le patron tenait encore la manivelle à la main quand on a franchi le seuil. L'intérieur sentait la salle que l'on chauffe et le jus qui passe. Trois cantonniers qui nous avaient précédés se tapaient un calva. Leboeuf a commandé deux crèmes. J'ai épluché un oeuf dur à la coquille rougie par l'oignon de la cuisson. Le taulier a servi nos cafés brûlants et le miroir du bar s'est couvert de buée. Chacune des bouchées, chaque gorgée bue me procuraient une sensation de plénitude. Leboeuf avalait son jus avec l'air de s'en foutre, mais je n'étais pas dupe. Je lui ai tapé sur l'épaule. Il n'a pas moufté. Je voyais qu'il m'observait dans la glace du comptoir. Sa canadienne raidie par le froid faisait comme une carapace. Il a posé sa tasse dans la soucoupe et il a dit :
- Va falloir y aller, môme.
Je savais qu'il était heureux.

Auteur: Pécherot Patrick

Info: Les brouillards de la Butte

[ bistrot ] [ littérature ] [ ville ]

 

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littérature

... Je m'assis au milieu du potager - les serpents n'auraient guère pu s'approcher sans être vus - et j'appuyai le dos contre un potiron jaune, que le soleil avait tiédi. Quelques coquerets, chargés de fruits, poussaient le long des sillons. J'écartai les gaines triangulaires qui protégeaient les fruits - on aurait dit des enveloppes de papier - et je mangeai quatre ou cinq baies. Tout autour de moi, des sauterelles géantes, deux fois plus grosses que les sauterelles de Virginie, faisaient de l'acrobatie parmi les feuillages desséchés. Les rats à bourse couraient sur le sol labouré. Dans le fond du vallon, le vent ne soufflait pas très fort, mais je l'entendais bourdonner sa chanson là-haut, sur la plaine où ondoyaient les hautes herbes. Sous mes jambes, la terre était chaude ; elle était chaude aussi quand je l'écrasais entre mes doigts. D'étranges petits insectes rouges apparurent et tournèrent autour de moi en escadrons flâneurs. Ils avaient le dos laqué de vermillon et semé de taches noires. Je restais aussi immobile que possible. Il ne se passa rien. D'ailleurs, je n'attendais aucun événement. Semblable à un potiron, j'étais simplement quelque chose qui gisait sous le soleil et recevait ses rayons, et je n'en demandais pas davantage. Je me sentais parfaitement heureux. Peut-être est-ce là ce qu'on éprouve quand on meurt et qu'on devient partie d'un grand tout, que ce soit l'air et le soleil, ou la bonté et la connaissance. Je ne sais pas, mais le bonheur, c'est ça : se dissoudre dans un grand tout. Et quand le bonheur nous vient, il nous vient aussi naturellement que le sommeil...

Auteur: Cather Willa

Info: Mon Antonia

[ être ] [ nature ]

 

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torture

Avec le même soin que j’emploie à disposer mes arrosoirs pour les martins ou des mangeoires secrètes dans les fourrés pour les coqs des bois, je place la tortue sur le dos. Je la cale avec des pierres, longuement, de telle façon qu’elle ne puisse se retourner – pour un peu je maçonnerais. Je la cale et la regarde. Peut-être que je l’aime alors, d’un immonde amour ? Millimètre après millimètre, j’introduis mon canif dans la membrane assez molle qui lui recouvre le ventre. Je transpire lourd. Je suis heureux. J’enfonce la lame juste assez pour que ce soit une blessure mortelle mais lente. Ah, je sais m’arrêter ! Je connais ce moment à un degré de jouissance qui ne pourrait être dépassé. Deux jours maintenant, trois, la tortue agonisera. Elle mourra chaque jour, d'un jour de mort. Elle cuira - par sa plaie. Dans cette plaie le soleil se glissera et tout en même temps pesant et léger et abominable et tendre, ne faisant jamais plus que la tâche quotidienne, mesuré, caressant, il saccagera le corps, montant à mesure vers le cœur, vers les déserts de la soif de l'estomac, tous rayons pointés, tel un porc-épic d'or. Je sais cela. C’est presque comme si je le vivais. Quand ce n’est pas la saison des vanilliers, je reviens souvent au crépuscule pour contempler ma moribonde et j’ai d’admirables ruses pour exciter en elle un appétit d’espérance, avec des feuilles, de la mousse ou même de l’eau, afin qu’elle meure plus lentement et plus sombrement encore. Quand les vanilliers sont en leurs fleurs ou, parfois, au début de leurs fleurs, quelque chose m’en empêche – une sorte de honte... Une seule fois, j’ai manqué mon coup. C’était dans le haut de la colline. La tortue réussit à se libérer. Lorsque je montai le lendemain, elle avait disparu. J’en tombai malade.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, pages 28-29

[ agonie ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson