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puberté

- C'est quoi ce frigo d'ado attardée?
- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a, mon frigo?
- T'as plus 14 ans.
- Oh làlà, tout de suite, Madame la morale proutprout faut bien tout faire comme tout le monde et ne pas sortir du rang! Je sais que j'ai plus 14 ans, la preuve, j'ai du vin. Ha ha, tu fais moins la maligne, hein! T'as les boules, t'as les glandes, t'as les crottes de nez qui pendent!!!
- Elégant.
- Ohlàlà le sérieux de l'adulte! Mais, moi, Madame, j'ai pas séquestré mon âme d'enfant dans un tupperware Ikéa! J'ai su rester libre! Je suis connectée avec la gamine en moi! Celle qui donne des prénoms à ses crottes de nez et qui fait des châteaux avec sa purée! Je parle aux mouches, je ne contrôle pas mes prouts, je suis libre comme un poney... Je suis une artiste !!!

Auteur: Motin Margaux

Info: La tectonique des plaques

[ révolte ]

 

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songe

Après manger, il se changea, enfilant les vêtements secs rangés dans le placard, puis le sommeil de l'épuisement l'emporta, couché parmi les robes pourpres des officiants. Il rêva d'une arrière-cour traversée par un fil à linge, couverte d'une herbe épaisse, ornée de jardinières garnies de fleurs blanches ou roses. En son centre trônait une table de pique-nique en bois, entourée de ses proches et relations d'autrefois. Ses oncles, ses copains de lycée, sa mère, de vagues connaissances croisées à divers moments de sa vie. Ils se partageaient des plats débordant de poulet frit, de steaks hachés, de purée, de biscuits, de pastèque en tranches. Tout le monde avait beau manger à belles dents, les plats ne désemplissaient pas, mais chaque fois qu'il cherchait à se servir, quelqu'un l'attirait à l'écart pour lui parler ou insistait pour lui montrer quelque chose devant la maison - une nouvelle voiture, par exemple.

Auteur: Farris Smith Michael

Info: Une pluie sans fin

[ repas ]

 

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excès

J'écris et j'écris pas. Je passe mon temps à pas écrire aussi. Je suis plutôt dans le non-écrire que dans l'écriture. Je suis plutôt un non-écrivain, pense Jésus. J'écritue. Je tue l'écrit plus souvent que je le fais croûter. Mais c'est long. Comme c'est long ces phrases, ah j'en peux plus ! dit Jésus. Peux plus d'écrire des phrases à rallonge. J'ai jamais aimé qu'on rallonge la soupe. Déjà j'ai jamais aimé la soupe, alors ! Ma mère elle servait la soupe et en même temps les pommes de terre. Les patates les oeufs au plat et soupe par-dessus. On savait même pas où poser le bol ! On devait boire bouillant. On devait manger en se brûlant le gosier, pense-t-il. Et presque servi elle nous en resservait une louche tout en demandant si on en voulait encore. Juste au moment où elle nous balance la purée ou la soupe elle dit T'en veux encore ? Comme si on avait le temps de répondre.

Auteur: Pennequin Charles

Info: "Nuit", texte paru dans "Le lapin quotidien", n°14, août 2020

[ souvenirs ] [ famille ] [ nourriture ] [ contrainte ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

misère

Marilou a mal aux dents, elle a toujours eu mal aux dents. Dans ces cas-là, le dentiste lui semble la plus périlleuse des solutions. Trop compliqué, trop douloureux, trop cher, une idée d'un autre monde en somme. Elle se tient la joue et la contrariété rend son visage rond encore plus enfantin : "De toute façon, si un dentiste m'approche, je le frappe."
L'autre soir, en rentrant du ferry, elle a appelé SOS Médecins, on lui a donné des calmants, pour patienter. Elle attend que toutes ses dents soient pourries pour les faire arracher à l'hôpital, d'un coup, sous anesthésie générale. "Tout le monde fait ça, maintenant." Elle me regarde comme si je débarquais de la Lune. Son homme y est déjà passé. On se réveille après l'opération, tout est parti sans qu'on se rende compte de rien, on rentre chez soi très vite, on mange de la purée pendant un mois, puis on commande un appareil intégral, que la Sécurité sociale rembourse. On est tranquille pour la vie.

Auteur: Aubenas Florence

Info: Le quai de Ouistreham

[ débrouille ] [ France ]

 

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fellation

"Suce-moi doucement, bébé, suce-moi comme il faut... Je te préviendrai quand je serai prêt à balancer la purée, je te laisserai le temps de te retirer... "
Mensonge classique, s'il en est.
Et attention, hein... Plus ou moins accepté.
Quand la gonzesse crache, tu as le droit à la fameuse scène du : "Dégueulasse ! Tu t'es bien foutu de ma gueule !" Mais elles aiment ça. Elles aiment toutes ça, avaler le foutre.
Mais on pourrait dire que c'est des conneries, cette scène. Parce qu'elles savent que ça nous met dans des états pas possible, de leur gicler à la gueule.
Des mensonges. Les mensonges.
Les mensonges, c'est dangereux.
Parce que parfois on peut finir par y croire.
Tout ce que tu entreprends se construit sur du vide.
Si tes rêves ne reposent que sur des mirages, alors rien n'est réel.
Si tu brandis fièrement le mensonge, tu dois être porté jusqu'au bout.
Et il faut que tu saches.
Quand le mensonge tombe, que la vérité est découverte, il ne te reste plus rien après.

Auteur: Oyola Leonardo

Info: Chamamé

[ tromperie ]

 

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foyer

Certes, la pièce était exiguë, mais il suffisait d’y allumer le poêle pour qu’une douce chaleur se diffuse. A la fin du printemps, il n’était pas rare que dehors le vent souffle en furie, ciel et terre s’obscurcissaient alors, et dans cette purée de pois, on devinait à peine la silhouette des arbres qui ployaient follement. Graviers et grêlons soulevés par le vent s’abattaient sur les carreaux avec un claquement sec qui n’en finissait pas… Mais chez nous, il faisait si bon et l’atmosphère était si paisible que chacun éprouvait du bonheur : de la marmite où mijotait la viande de mouton séchée s’échappait un fumet qui déposait sur les murs comme une pellicule croustillante qui finirait par s’effriter. Le fumet de mouton couvrait le parfum des petits pains qui rôtissaient sur le poêle. Sans discerner leur odeur, on voyait l’éclat de leur jaune d’or, leur léger rougeoiement qui flattait l’œil. Dans le magnétophone tournait une cassette dont nous avions mille fois entendu les chansons. Les paroles avaient perdu leur sens d’origine, seul demeurait un sentiment de douceur.

Auteur: Li Juan

Info: Sous le ciel de l'Altaï

[ terrier ] [ douillet ] [ paix ] [ indicible ] [ nid ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désoeuvrement

Tantôt, il y restait à l’état végétatif, songeant : "A cette heure, les gens sont à leurs affaires, doivent faire des choses à heure fixe", et il gardait la bouche entr’ouverte, comme pour manifester mieux encore son relâchement. Mais à présent, ainsi étendu, il s’endormait, et c’était devenu son rêve : dormir le plus longtemps possible durant l’après-midi. Même il en vint à commander à Mélanie, de préférence, des plats lourds, des haricots, des purées, pour que la digestion sûrement l’endormît. Il s’éveillait vers les quatre heures, bâillant comme si le sommeil lui avait donné sommeil, les yeux pleins d’eau, les plis de l’oreiller imprimés sur ses joues, et se disant : "Eh ! bien, encore une de tirée !" Car, depuis la décision prise de quitter Arago, "tirer" les journées était devenu son grand bonheur. Chaque jour, il effaçait la journée sur son calendrier de portefeuille, dans sa hâte d’arriver à la date du départ. Parfois même si impatient que, vers midi, il effaçait la journée en cours comme si déjà elle était close. Et puis, vers six heures, il avait un renouveau de contentement, parce que la fin de la journée approchait. A neuf heures, il était au lit.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 162

[ ennui ] [ interminables ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

repas

Le riz devenu translucide, il ajouta une poignée de raisins de Corinthe et une autre de pignons, un morceau de sucre et une grosse pincée de sel. Il descendit un bocal de l'étagère et y préleva une cuillerée à purée de tomates à l'huile qu'il délaya dans un verre à thé d'eau. Il incorpora le contenu du verre au riz, ce qui provoqua un sifflement et un panache de vapeur. Il ajouta dans la casserole une pincée de menthe séchée et moulut un peu de poivre puis mélangea le riz, plaqua un couvercle sur le récipient et le déplaça à l'arrière du fourneau.
Il avait acheté des moules déjà nettoyées, les grandes moules d'environ sept centimètres en provenance de Tarabyaia au nord du Bosphore. Il les ouvrit une par une avec une lame plate et les jeta dans une cuvette remplie d'eau. Le riz était à moitié cuit. Il hacha très fin de l'aneth et l'incorpora au mélange puis mit le tout à refroidir dans un plat. Il égoutta les moules et les farcit avec une cuillère, refermant les coquilles avant de les disposer tête bêche en plusieurs couches dans une casserole. Il les aplatit avec une assiette, ajouta un peau d'eau chaude de la bouilloire, couvrit et fit glisser le récipient sur les braises.
Ensuite, il prit un poulet, le découpa, écrasa des noix sur le plat du couperet et prépara l'acem yahnisi avec du jus de grenade.

Auteur: Goodwin Jason

Info: Le complot des janissaires, 10/10, 2008, page 28

[ recette ] [ cuisine ]

 

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manger

De cette époque, je garde une recette que je n'ai jamais oubliée. Pour ma soeur et moi, il reste LE gâteau, la gâteau de mémé, le gâteau de notre enfance. [...] Je continue de le fabriquer pour les Noëls et anniversaires, une manière de célébrer un vestige, de perpétuer l'unique tradition familiale.
Une fois la fête passée, nous avons tout le loisir, ma soeur et moi, de déguster ce gâteau fabuleux au petit déjeuner, puis à tous les repas, puis au goûter, et ceci pendant plusieurs jours en mémoire de notre grand-mère, car sa teneur en calories défiant tous les records le rend indigeste pour d'autres estomacs que les nôtres... Voici de quoi se compose la chose:
Une purée de châtaignes mélangée de chocolat noir fondu, liés par une crème au beurre et de sucre à poids égal, puis de la poudre d'amande parfumée au kirsch. Le tout, décoré de cerneaux de noix, est mis au réfrigérateur une nuit (c'est le beurre qui fait prendre corps au bloc) et finalement nappé d'une crème anglaise (douze jaunes d'oeufs pour un litre de lait environ). Tout y est. C'est magnifique. Aucun être humain normal ne peut en ingurgiter plus de trois cuillères, nous, on vide un compotier sans problème. La nostalgie de l'enfance aurait-elle une influence sur les sucs gastriques ?
Ce gâteau, c'est tout le portrait de ma grand-mère, délicieux et lourd, rassurant à souhait et relativement dangereux pour les constitutions fragiles - gare au KO hépatique.

Auteur: Duperey Anny

Info: Le voile noir

[ recette ]

 

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paroles-de-bite

Vingt ans de silence vingt ans sans dire la pauvre pomme comprend rien à rien elle me sert elle m’use pige que pouic m’enfile sans comprendre que l’homme et la femme c’est la guerre la guerre oui pauvre pomme rampant se traînant de bonne femme en bonne femme sans rien comprendre à son corps à ce qui faut à ce qui doit que les corps les corps les corps corpent bien quittant pauvre pomme quittant des merveilles pour des femelles qui ne sont pas des corps seulement un peu de viande froide sans âme qui cachent tout ça dans des nuages de brouillards de mots qui mystifient cet âne oui des mal culées qui pensent plus haut que leur tête et baisent plus bas que leur cul quitter Lola pour cette Vera pauvre pomme à côté de sa vie à côté de ses pompes à côté de tout de la vie de l’homme de la femme car l’homme la femme c’est la guerre oui elle veut le tuer me couper depuis le début regarder voir crève les yeux les souvenirs de leur duo les premiers mois quand elle voulait bien quand elle ne lui châtrait pas sa folie quand il s’extasiait sur elle qui regardait cool cool dans l’œil son extase mais laissait faire faisait la galipette partout dans les parkings dans les toilettes des restaurants des trains au cinéma comme ce deutsche film au dernier rang contre le mur sa jupe bouffante sa culotte arrachée le bruit de zip dans l’enfer des deutsche mitrailleuses le vava le vavient Zob inondé inondé et après la mairie la mariée la marade triste triste triste pauvre pomme la peur de son corps elle reprise par la peur l’enfance zwingli eau de javel l’a reprise à la gorge plus jamais son cul plus la prendre par-derrière oh que ça fait mal la colonne là oui là mal au dos fragile puis pas permis verboten forbidden lécher chatte la belle juteuse poilue chatte pas bon goût pas propre pas giénique dégueu non pas ça pas ça pas ça puis plus titiller le cli pas énerver oh énerver le bonbon nerfs à vif nerfs en pelote puis plus caresses plus gouzigouzi du tout du tout oui fini interdit ça chatouille touille touille beaucoup trop alors vieux couple pas copule non couple ménage amour calme calme chiant bientôt visiter son cra seulement quand elle n’aura pas la barre là la tête qui fume là oh là là là migraine bientôt presque plus dans sa touffe sèche qui corche qui trompe personne oui lui mais pas moi quand elle vibre comme un transformateur quand elle brr quand elle brr quand elle joue au parkinson pour faire semblant d’avoir des orgasmes faire comme si ooorgaasme manman monman pour que Zob frétille plus tôt pour que Zob crache plus tôt encore plus tôt sa purée yerk qu’elle puisse s’arrêter de remuer sa croupe son cul son cra c’était bien monchéri ouiii et moi hypragénial mais maintenant fatiguée oh que fatiguée si tant morte morte morte rrron qu’il perde encore plus de terrain pauvre pomme que dans six mois que dans un an dans cinq ans qu’il reste avec cette entrecôté devra s’aplatir paillasson prier supplier à genoux pour qu’elle le laisser adorer le diamant qu’elle a entre les jambes elle sera la forte lui le faible et Zob le mort mort comme un fruit mort sec sec sec tombera boum de son entrejambe elle fera de lui ce qu’elle voudra il ne sera plus un homme plus un homme plus un homme n’ira pas bien pauvre pomme et Zob sera mal c’est tout il sera tellement malheureux, triste triste triste qu’il attrapera le cancer qu’il mourira mort tout mort qu’il aura l’air malin dans son trou au fond de son trou là en bas malin oui basta. JETTE-LA !!!

Auteur: Zufferey Jean-Gabriel

Info: Dans "Le livre de Zob" pages 24-26

[ castration ] [ éloignement sexuel ] [ verge ] [ phallus ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson