morale individuelle
Mais la foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas de l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : "Ne jugez pas !" J’avoue que je comprends mal, ou plutôt que je réprouve, ces discussions sur la croyance ou non d’un homme connu, multipliées et prolongées après sa mort, dans notre siècle. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. "Le Seigneur seul connaît les siens", dit l’Écriture : si l’on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux incroyants le droit de mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du Juge, ou mêler vanités et salut.
Si Gide a refusé totalement quelque chose, c’est justement le totalitarisme, qui est l’esprit de parti logiquement développé. Et d’abord dans la religion. Le vrai croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera dire : "Je ne crois pas !" quand l’État contre l’homme invoquera les Nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est de lumière sans ombre. Et je n’entends pas dire que Gide fut un croyant, mais il reste un douteur exemplaire.
Auteur:
Rougemont Denis de
Années: 1906 - 1985
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
fin de "Un complot de protestants", portrait de Gide publié dans le numéro de novembre 1951 de la NRF
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indiscrétion
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références bibliques
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perplexité
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rejet des dogmes
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protestantisme
Rappelons que Jean Calvin, s’appuyant sur une exégèse pour le moins étroite de l’Ancien Testament [...], réduit les préceptes bibliques concernant le statut des images à une condamnation pure et simple. Les statues, peintures et autres figures sont à évacuer "sans exception", dit-il dans L’Institution chrétienne. Parce que les images sont "les livres des idiots" et conduisent à de "sottes dévotions", elles seraient à évacuer définitivement. Le concept de "révolution symbolique" qu’utilise O. Christin pour désigner ce mouvement iconoclaste est donc pleinement justifié. Le désir "d’abolition des images ou des reliques" chez Calvin, souligné par cet historien, correspond non seulement à la négation de la tradition architecturale occidentale, tant romane que gothique, mais aussi à la mise en cause d’une fonction symbolique majeure du Temple sacré : être le lieu où se manifeste la Présence divine parmi les hommes. D’où l’opposition logique des Réformateurs vis à vis de l’Eglise romaine, à propos de l’Eucharistie et des Corps saints. Certes, l’Occident avait connu dès les VIIIe et IXe siècles plusieurs controverses autour du culte des images. Les Libri carolini, le synode de Paris (825), avaient bien adopté une position assez réservée quant à leur vénération, mais la situation du christianisme était à cette époque totalement différente. Le "paganisme" n’était pas encore éteint et véhiculait toujours, par voie de sorcellerie, la lèpre tant redoutée de l’idolâtrie. Peut-être les Carolingiens ont-ils, pour cette raison, pris leurs distances avec les images, jusqu’à réprouver leur adoration chez les Byzantins. Il n’est pas non plus impossible qu’une métaphysique de l’image ait fait défaut dans certains milieux ecclésiastiques, sous le règne de Charlemagne.
Auteur:
Geay Patrick
Années: 196? -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: docteur en philosophie
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Hermès trahi", pages 112-113
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représentations du divin
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historique
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réforme iconoclaste
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