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simplicité
Posséder un idéal noble et élevé quant à ce que doivent être les hommes constitue toujours une tentation irrésistible de détruire tous ceux qui ne lui correspondent pas. Les dictateurs et les tyrans sont de grands idéalistes qui ont une très haute opinion de la "nature humaine". C'est pourquoi ils tuent, brûlent et détruisent des millions d'êtres humains.
Anatole France avait raison en disant :
"Seuls ceux qui possèdent une vision très modeste de la nature humaine peuvent faire preuve de bonté envers eux-mêmes et donc envers leur prochain."
Peu importe la personne qui possède une telle opinion de ce que devrait être originellement la nature humaine, il est toujours prêt à être intolérant et cruel. Celui qui en demande trop aux hommes finira par les haïr. Seuls ceux qui en attendent peu de l'humanité peuvent l'aimer.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
[
réalisme
]
[
idéalisation
]
[
inhumanité
]
[
mal au nom du bien
]
criminologie
En réalité, ce n’est que sous l’effet d’une pression excessive de son sentiment de culpabilité inconscient qu’une personne en arrive à se livrer à des actes criminels. Le crime, en tant qu’accomplissement substitutif des désirs inconscients tout-puissants propres à l’enfance, est ressenti comme un soulagement dans la mesure où il permet de relier la poussée pulsionnelle du sentiment de culpabilité à quelque chose de réel et d’actuel. Le méfait a pour fonction d’assigner une affectation à ce sentiment de culpabilité devenu trop envahissant. En d’autres termes, le crime sert à fournir une gratification substitutive aux pulsions proscrites et à donner un fondement au sentiment de culpabilité préexistant, tout en le soulageant. Dans ces conditions, le châtiment, qui est, selon l’opinion générale, l’arme de dissuasion la plus efficace contre le crime devient, dans certaines circonstances psychologiques extrêmement communes dans notre culture, la plus dangereuse des incitations inconscientes au crime, étant donné qu’il fournit une gratification au sentiment de culpabilité inconscient qui est à l’origine de l’infraction.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, page 401
[
point de vue psychanalytique
]
[
jouissance masochiste
]
provocation
On pourrait s’attendre à ce qu’une personne qui a mal agi envers une autre lui en témoigne du remords ou de l’humilité, à ce qu’elle soit plongée dans l’embarras ou à ce qu’elle fasse amende honorable. Un grand nombre de gens ont cependant une réaction bizarre et inattendue ; ils se comportent de manière insolente et agressive, voire ouvertement hostile, envers la personne qu’ils ont froissée ou blessée. [...]
Nous constatons que la première insulte ou la première méchanceté était dictée par le besoin de punition qui cherchait à se concrétiser et à obtenir une gratification, son auteur ayant en effet agi dans l’espoir d’être réprimandé et d’essuyer un outrage. La deuxième réaction, la répétition de l’insulte, montre l’échec de cette tentative. Tout se passe comme si l’offenseur se vengeait sur la personne de celui à qui il a fait un tort de ce que celui-ci ne lui a pas accordé le châtiment qu’il réclamait inconsciemment et comme s’il lui faisait payer l’intense sentiment de culpabilité auquel il ne peut échapper.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, pages 239-240
[
attitude paradoxale
]
parole
La gratification partielle du besoin de punition qui, dans notre hypothèse, est assurée par l’aveu, tient par conséquent à la souffrance qui découle de l’angoisse précédant l’aveu ainsi que de l’aveu lui-même, vécu comme une expérience pénible. Nous savons que ce qui est déplaisir pour un système psychique est plaisir pour un autre. Loin de moi par conséquent l’idée de contester la réalité du plaisir éprouvé lors de l’aveu grâce à la victoire remportée sur l’angoisse, victoire par elle-même source de déplaisir. [...] J’avais dit que la formulation verbale des motions réprimées leur fournissait une gratification partielle. Cependant, cette formulation représente en elle-même une partie du plaisir préliminaire apporté par la gratification. Je dirai par conséquent que la gratification partielle que l’aveu consent aux pulsions refoulées et au besoin de punition s’enracine dans le plaisir préliminaire qu’il apporte partiellement au sujet et que ce processus s’accompagne d’une victoire sur l’angoisse préliminaire. [...] l’aveu assouvit partiellement les motions et les désirs refoulés dans la mesure où il permet d’éprouver un plaisir préliminaire et de vaincre l’angoisse préliminaire. Grâce à son caractère de compromis, il est donc susceptible de remplacer le symptôme névrotique.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, pages 184-185
[
symbolisation
]
[
soulagement
]
[
ambivalent
]
hors-la-loi
A nos yeux, il est désormais hors de doute que les criminels, auxquels s’adresse la législation pénale, sont rongés par un sentiment de culpabilité inconscient fort puissant. Celui-ci n’est donc pas la conséquence du crime, mais bien au contraire son mobile. Ce n’est que lorsqu’il atteint un paroxysme que l’homme se livre à des actes criminels. Le crime est ressenti comme un soulagement affectif car il permet de rattacher le sentiment de culpabilité inconscient à quelque chose de réel et de concret. Il sert à trouver un accommodement avec le sentiment de culpabilité devenu insupportable. En d’autres termes, il fournit une gratification substitutive aux motions proscrites et il justifie et soulage à la fois le sentiment de culpabilité inconscient. Cette tension interne trouve pour ainsi dire en lui un piton où s’accrocher.
Les conclusions des recherches de Freud jettent les bases d’une interprétation psychologique nouvelle du châtiment, d’une théorie psychanalytique du droit criminel. Le châtiment sert à satisfaire le besoin de punition inconscient qui a poussé l’individu à commettre un acte interdit. Nous savons que ce sentiment de culpabilité préexistant plonge ses racines dans le complexe d’Œdipe. Compte tenu de la double fonction du châtiment, nous pouvons ajouter que celui-ci satisfait aussi le besoin de punition collectif par le biais d’une identification inconsciente de la société avec le criminel.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, page 254
[
délinquants
]
[
psychanalyse
]
[
origine
]
[
explication
]
bonification
[...] le surmoi desserre en général son étau à mesure que l’individu vieillit, selon une règle qui souffre, bien entendu, des exceptions. Les dispositions d’esprit à l’égard du père sont modifiées par la réalisation partielle des objectifs caressés lors de l’enfance. [...] La pression du ça et la tyrannie du surmoi cèdent la place à des attitudes moins extrémistes. La technique de la non-violence a fini par s’imposer dans le domaine de la vie affective.
Ce processus de l’assimilation progressive au père et de l’assouplissement du surmoi est parfois repérable dans l’analyse des cas de névrose. Un grand nombre de névrosés connaissent, à mesure qu’ils avancent en âge, quelque chose qui ressemble à une paix tardive, à une tranquillité dans laquelle tous les conflits et les crises perdent de leur intensité affective. Cette paix n’est pas la conséquence d’une victoire sur les motions pulsionnelles si longuement combattues mais bien le résultat d’une usure psychique. Elle représente un refuge plutôt qu’un foyer pour les sans-patrie de la vie affective. Pourtant il ne faut pas oublier que la cause essentielle de cette acceptation de soi-même et de cette résignation, qui le plus souvent interviennent après que l’alliance du surmoi et des motions implacables issues du ça a amené le moi au bord du désastre, c’est l’affaiblissement progressif des composantes morales du moi qui le vouaient à l’auto-destruction.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, pages 394-395
[
adoucissement
]
[
tranquillisation
]
[
paradoxal
]
[
renoncement
]
psychanalyse sauvage
Quant à la question de la formation du psychanalyste, Freud avait un avis divergent du mien.
Il trouvait que ma position était trop exigeante et il avait plus de respect que moi pour la valeur de l'enseignement.
Il a tout de même admis que les inclinaisons personnelles ainsi que le talent individuel étaient bien plus importants que ce qui est généralement concédé.
Lors d'une conversation au sujet de Dostoïevski, il a, d'un sourire, soutenu mon affirmation que ce poète avait plus de talent psychologique que toute l'Association Internationale de Psychanalyse.
Mais il trouvait que Dostoïevski était un véritable phénomène.
Je lui ai répondu que tout enseignement ainsi que toute analyse de contrôle étaient inutiles s'ils étaient destinés à des personnes qui n'avaient ni talent inné ni cette "sensibilité psychique", dont il avait parlé une fois.
Il a aquiescé à cela mais a insisté sur le fait que le talent de compréhension des procédés inconscients était bien plus répandu que ce que je voulais bien croire, et que l'auto-analyse ainsi que l'analyse de contrôle aidaient à augmenter et développer ce talent.
Nous nous sommes finalement mis d'accord sur le fait que l'idéal serait que ceux qui sont nés psychologues s'initient à la méthode analytique et puissent pratiquer l'analyse.
Nous nous sommes dit que nous devrions trouver ces "psychologues nés" mais pas uniquement dans les cercles des psychiatres et des neurologues.
À mon avis, ils seront aussi rares là-bas que partout ailleurs.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
[
défense
]
[
non-médecins
]
[
qualifications
]
[
éloge
]
progrès symbolique
Pour comprendre les conséquences psychologiques de l’aveu, nous devons songer qu’il s’agit d’une répétition de l’acte sous sa forme la plus anodine, celle de la parole. Il permet en quelque sorte d’annuler l’acte de façon magique. Toutefois, cette tentative d’annulation rétroactive par les mots et par les gestes n’est pas suffisante si elle ne s’accompagne pas d’une forte réaction émotionnelle. Elle n’en demeure pas moins une tentative pour maîtriser le méfait au niveau de l’intellect. Ce phénomène peut sembler étrange. Peut-être s’éclairera-t-il si nous décrivons ce qui se passe si une telle répétition, au sens magique, n’a pas lieu. Comme celle-ci consiste en la prise de conscience partielle de la genèse et de la signification du crime, elle constitue la condition sine qua non du repentir et de l’expiation. Il ne peut y avoir sentiment conscient de culpabilité et tendance réelle à l’expiation que si le sujet prend pleinement conscience du fait que le crime lui a permis de satisfaire ses pulsions. Pour cela, il est indispensable qu’il se remémore son geste et le traduise en paroles, et qu’en même temps il le revive sur le plan émotionnel. S’il n’éprouve pas à nouveau la satisfaction que son méfait lui a procurée, celui-ci lui devient mystérieux, tout comme les hiéroglyphes enfouis dans la terre d’Égypte. [...]
Si l’auteur d’un méfait ne revit pas son geste et la gratification qui y était attachée, il ne peut pas prendre conscience de sa culpabilité, alors que c’est là la condition indispensable de l’expiation, faute de quoi le terme d’ "expiation" ou de "châtiment" se vide de son sens pour ne garder qu’une valeur purement légale de type formel ou mécanique.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, page 107
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réel-symbolique-imaginaire
]
[
détachement pulsionnel
]
hommes-femmes
Il semblerait que les femmes aient davantage besoin d'être aimées que les hommes.
Ça n'a rien à voir avec une attitude narcissique, comme certains psychanalystes le pensent, mais plutôt avec le fait que les femmes se sentent plus en insécurité que les hommes, bien qu'elles savent le cacher bien mieux qu'eux.
Elles veulent l'assurance d'être désirées.
Beaucoup plus à la merci de leur insécurité-bien-cachée que les hommes, les femmes veulent entendre et entendre de façon répétitive, pourquoi et comment elles sont aimées.
C'est comme si un vieux doute devait être dissipé.
Elles savent beaucoup mieux que les hommes que ce qui compte n'est pas ce qu'elles sont mais ce qu'ils pensent qu'elles sont.
D'ailleurs, elles se modèlent fréquemment à l'image que les hommes se font d'elles.
Elles sont secrètement effrayées que leur homme bien aimé découvre soudainement à quel point elles sont vulnérables et faibles.
Elles savent bien qu'elles ne sont pas parfaites mais elles connaissent aussi toute l'importance de paraitre comme tel, pour ces messieurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Les dames ne sont pas inconstantes dans leur affection, contrairement aux hommes, puisque ceux-là placent vraiment très haut leur Idéal-du-Moi.
En général les femmes n'ont pas cette puissante urgence qui les pousse à idéaliser leur partenaire.
Elles peuvent aimer les hommes tout en connaissant leurs pires défauts et leurs failles ultimes.
Ce qui est beaucoup plus difficile pour un homme.
Voilà pourquoi elles sont moins enclines à avouer leurs fautes et leurs humaines faiblesses, bien qu'elles en soient conscientes la majeure partie du temps.
Elles perçoivent bien cette nécessité psychologique chez l'homme qui le pousse à vouloir rendre réel son idéal.
Les femmes se protègent à l'aide de leur fierté puisque leurs profondes vulnérabilité et insécurité rendent cette protection nécessaire.
Elles ont besoin, plus que les hommes, de se sentir rassurées sur le fait d'être aimées avant de pouvoir commencer à aimer.
Sensibles à la moindre inattention, négligence ainsi qu'au manque d'appréciation, elles craignent de ne céder trop facilement lorsque les hommes leur font la cour.
Cette peur, si souvent justifiée, les fait attendre et hésiter, suscite leurs résistances, et retarde leurs réponses aux tentatives de séduction.
Auteur:
Reik Theodor
Années: 1888 - 1969
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
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inquiétude
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[
regard de l'autre
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[
femmes-par-homme
]