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déprime

quand on est au plus mal, il n’y a rien à

faire, à part en rire, enfiler ses vêtements

une fois de plus, sortir, voir des visages, des machines,

des rues, des immeubles, le déploiement du

monde.



j’esquisse des gestes, échange des sommes d’argent, réponds

à des questions, en pose quelques-unes, tandis que les heures s’enlisent,

dans mon sillage, elles ne sont pas toujours continuellement

horribles – par moments je suis traversé par une joie

sauvage et je ris, en sachant à peine

pourquoi.

c’est peut-être le pire tour que j’aie appris :

endurer ; je dois apprendre à lâcher prise, ça n’est pas un

truc suspect.



on est bien trop sérieux, on doit apprendre à jongler

avec nos enfers et nos paradis – la vie s’amuse avec

nous, on doit lui renvoyer la balle.



nos chaussures battent le pavé, en nous

traînant derrière elles.



quand on est au plus mal, il faudrait ne rien

faire.



l’exactitude est la liberté : une centaine

de milliers de murs ou toujours

plus de néant, tes os en savent plus que ta

raison.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " être là"

[ remède ] [ action méditative ] [ s'en foutre ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

phénomène parapsychologique

Dans le cas de Mlle S. W., on n’a observé qu’une fois une glossolalie durant laquelle les seuls mots compréhensibles étaient parsemés, çà et là, des variations du mot "vena". L’origine de ce mot est claire : quelques jours auparavant, la malade s’était plongée dans l’examen d’un atlas anatomique et en particulier dans ce qui concernait les veines du visages où leurs noms étaient donnés en latin et le mot vena avait été employé par elle dans ses rêves, comme il arrive aussi chez les gens en bonne santé. Les autres mots et phrases en langue étrangère trahissent dès l’abord leur origine : le français, que la malade parle assez couramment. […] nous pouvons admettre qu’il s’agit d’un phénomène analogue à celui de la langue martienne de Mlle H. Smith. Flournoy démonter que cette langue martienne n’est pas autre chose qu’une traduction enfantine du français dans laquelle seuls les mots ont été modifiés tandis que la syntaxe est restée la même. Mais il est plus vraisemblable encore de supposer que le sujet mettait à la queue leu leu des sons dépourvus de sens mais d’allure étrangère, sans former proprement des mots en empruntant au français et à l’italien certaines intonations verbales qu’elle combinait à la façon d’une langue, un peu comme Hélène Smith remplissait les lacunes entre les mots sanscrits réels par un pseudo-langage qu’elle fabriquait elle-même. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "L'énergétique psychique", trad. Yves Le Lay, Librairie de l'Université, Genève, 1956, page 213

[ étude rationnelle ] [ explication ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

imagination

Il y a cinquante mille ans, trois hommes étaient dispersés dans la plaine et chacun d'eux a entendu quelque chose bruire dans l'herbe. Le premier a cru qu'il s'agissait d'un tigre et il a couru comme un diable, et c'était bien un tigre, mais il s'est enfui. Le deuxième pensa que le bruissement était celui d'un tigre et il courut comme un fou, mais ce n'était que le vent et ses amis se moquèrent tous de lui pour avoir été pareille poule mouillée. Mais le troisième a cru que ce n'était que le vent, il a fait comme si de rien n'était et le tigre l'a mangé. Et la même chose s'est produite un million de fois sur dix mille générations - et au bout d'un moment, tout le monde voyait des tigres dans l'herbe même quand il n'y avait pas de tigres, parce que même les poules mouillées ont plus d'enfants que les cadavres. Et depuis ces humbles débuts, nous apprenons à voir des visages dans les nuages et des présages dans les étoiles, à voir une agence dans le hasard, parce que la sélection naturelle favorise les paranoïaques. Même ici, au XXIe siècle, nous pouvons rendre les gens plus honnêtes simplement en griffonnant une paire d'yeux sur le mur avec un marqueur. Même aujourd'hui, nous sommes prêts à croire que des choses invisibles nous observent.

Auteur: Watts Peter

Info: Echopraxia

[ peur ] [ croyance ] [ superstition ] [ prévoyance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

durée

Voyez ! N'est-ce point écrit dans ce rouleau ? Lisez, vous qui le trouverez dans les jours à naître, si vos dieux vous ont donné l'intelligence ! Lisez, ô enfants de l'avenir, et apprenez les secrets de ce passé qui pour vous est si lointain, et qui est cependant, en vérité, si proche ! Les hommes ne vivent pas seulement une fois, partant ensuite pour toujours. Ils vivent de nombreuses fois en de nombreux endroits, quoique ce ne soit pas toujours dans ce monde ci. Entre deux vies, il y a un voile d'obscurité. La porte s'ouvrira à la fin, et nous montrera toutes les chambres que nos pas auront traversées depuis le commencement. Notre religion nous enseigne que nous vivons éternellement. Or, l'éternité, n'ayant point de fin, ne peut avoir de commencement ; c'est un cercle. C'est pourquoi si l'un est vrai, à savoir : que nous vivons à jamais, il semble que l'autre aussi soit vrai, à savoir : que nous avons toujours vécu. Dans les temps anciens, avant que les prêtres n'aient figé les pensées de l'homme en blocs de pierre et qu'ils en aient construit des temples à mille dieux, beaucoup tenaient ce raisonnement pour juste, comme ils tenaient alors qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Aux yeux de l'homme Dieu a beaucoup de visages, et chacun jure que celui qu'il voit est le seul vrai Dieu. Cependant ils ont tous tort, parce qu'ils ont tous raison.

Auteur: Séti II vizir

Info: Papyrus d'Anana

[ cycle ] [ répétition ] [ réincarnation ] [ inversion ] [ vie ]

 

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pensée-de-femme

Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.

J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie. Et lorsqu’on me pose la question – c’est-à-dire chaque fois que je rencontre une nouvelle personne (en particulier des femmes), chaque fois qu’après m’avoir demandé quel est mon métier (ou juste avant), on me demande si j’ai des enfants –, chaque fois donc que je dois me résigner à tracer sur le sol cette ligne à la craie blanche qui sépare le monde en deux (celles qui en ont, celles qui n’en ont pas), j’ai envie de dire : non je n’en ai pas, mais regarde dans mon ventre tous les enfants que je n’ai pas eus, regarde comme ils dansent au rythme de mes pas, ils ne demandent rien d’autre qu’à être bercés, regarde cet amour que j’ai retenu converti en lingots, regarde l’énergie que je n’ai pas dépensée et qu’il me reste à distribuer, regarde la curiosité naïve et sauvage qui est la mienne, et l’appétit de tout, regarde l’enfant que je suis restée moi-même faute d’être devenue mère, ou grâce à cela.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: Les loyautés

[ nullipare ] [ regrets ]

 

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médias

Les hommes du jour ont à peine fini leur geste que les actualités cinématographiques nous le restituent. Si promptement et si fidèlement que c'est comme si, dans un miroir grisâtre, l'instant se répétait. Et pourtant, entre les deux moments de l'image vécue et de l'image reproduite, quelle que soit la hâte du bélinogramme ou la vitesse de l'avion transporteur de pellicules, plusieurs heures se sont écoulées. Pendant ces heures-là, les premiers articles de journaux ont eu le temps d'émerger du flot des télégrammes d'agences; les premiers sourires et les premières colères ont eu le loisir d'apparaître sur les visages de l'opinion publique. Choc en retour, souvent plus stupéfiant que le choc initial lui-même. De sorte que, lorsque les actualités passent à l'écran devant nos yeux, elles sont déjà aussi inactuelles, aussi férocement immobiles, aussi définitives et sans merci que l'histoire qu'on écrira dans cent ans. Et pourtant l'image de ce qui fut hier nous attire, nous la recherchons. Elle a sur nos idées, sur nos sentiments qui commencent à se définir, une influence certaine. Nous lui demandons une preuve a posteriori de la validité de nos jugements. Le film d'actualité décongestionne la pensée; en remplaçant par l'image concrète tout ce qu'une passion peut avoir d'abstrait, de douloureux, d'insaisissable, il fait descendre la température. Le film d'actualité se situe quelque part entre l'action et l'histoire, là où s'asseyait jadis le journalisme ; il est le centre de la dépression météorologique de ces pot-au-noir qu'on nomme le cerveau du lecteur, la cervelle de l'électeur.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset)

[ société de l'urgence ] [ modernité ] [ immédiateté de l'information ]

 
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profondeur

Au fond c'est très simple... En parodiant un peu ce que l'on raconte en Inde, on peut écrire ceci : l'homme pense que les montagnes sont des montagnes et que les fleuves sont les fleuves. Le scientifique sait que les montagnes ne sont pas des montagnes et que les fleuves ne sont pas des fleuves (mais des phénomènes géologiques ou géographiques complexes). Le sage sait que les montagnes ne sont que les montagnes et que les fleuves ne sont que les fleuves.
Passer du simple au complexe [...] n'est qu'une étape, absolument indispensable. Mais au-delà de cette complexité apparaît une autre connaissance, d'une totale simplicité. Pour accéder à celle-ci, on ne peut pas faire l'impasse sur le travail et l'approfondissement. On ne passe pas du stade de l'apparence à celui de la légèreté. La simplicité que j'appellerai "paresseuse", appelons-la simpliste, laisse place peu à peu à une complexité de plus en plus grande, laquelle peut parfois déboucher sur une simplicité essentielle. Brancusi le disait ainsi : "La simplicité n'est pas un but, mais on arrive à la simplicité malgré soi, en s'approchant du sens réel des choses.
[...] Tous semblables dans notre humaine condition. C'est ce qu'écrit aussi Khalil Gibran (Le sable et l'écume) : Ouvre l'oeil et regarde, tu verras ton visage dans tous les visages. Tends l'oreille et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix."
[...] Réfléchir, pour finir, à cette phrase du Bouddha : "Le mal c'est l'inutile". Peut-on faire plus simple ?

Auteur: Bacus-Lindroth Anne

Info: Murmures sur l'essentiel, Anne Carrière/Essai, Diffusion Hachette, 1998, pp. 67-69

[ littérature ]

 

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religion

Elle m'a dit entre autres choses, qu'il y a plus de vingt ans que s'étant allé coucher dans le désir de savoir quelle était la plus parfaite de toutes les religions afin de s'y rendre religieuse, elle avait songé après s'être endormie qu'elle marchait dans un chemin fort étroit, au dessous duquel étaient des précipices où l'on courait fortune de tomber, et qu'un frère convers carme déchaussé qu'elle y rencontra et qu'elle a reconnu depuis à Veas être frère Jean de la misère, lorsqu'il y vint quand j'y étais, lui dit : Venez avec moi, ma soeur; qu'il la mena ensuite dans une maison où il y avait un grand nombre de religieuses qui n'étaient éclairées que des cierges qu'elles portaient en leurs mains ; et que leur ayant demandé de quel ordre elles étaient, elles ne lui répondirent point; mais levèrent leurs voiles en souriant avec des visages gais et contents, qu'elle m'assura être les mêmes que ceux des soeurs de cette fondation; que la prieure l'avait prise par la main et lui avait dit en lui montrant la règle et les constitutions : ma fille, c'est pour cela que je vous veux. Après quoi s'étant éveillée elle se trouva si contente qu'il lui semblait être dans le ciel, qu'elle écrivit tout ce qu'elle se souvenait d'avoir vu dans cette règle, qu'il se passa un long temps sans qu'elle en dît rien à son confesseur ni à qui que ce fût, et sans que personne lui pût rien apprendre de cette religion.

Auteur: Arnaud D'Andilly Robert

Info: Sainte Thérèse de Lisieux, Rêve de conversion

[ . ]

 

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dieu vivant

Gordon fut bien vite cerné par un rempart de visages d'hommes, de femmes et d'enfants, tous surexcités. Il en vit qui boitaient. D'autres étaient couturés de cicatrices livides ; leur voix avait les rauques inflexions de la tuberculose. Et pourtant, en cet instant, toutes les souffrances de l'existence paraissaient reculer dans l'ombre sous l'illumination soudaine d'une foi retrouvée. 

Transpercé par ces regards emplis d'espoir, Gordon garda son calme et, lentement, s'avança vers le portail. Il souriait et distribuait des saluts et des signes de tête, tout particulièrement à ceux qui se détachaient du cercle pour venir effleurer son coude ou toucher la panse rebondie de sa sacoche. Les plus jeunes arboraient une expression d'émerveillement superstitieux. Sur de nombreux vieux visages, des larmes ruisselaient. 

Les tremblements du choc en retour commencèrent de l'assaillir, mais il résista aux flots d'adrénaline en s'accrochant à la petite lueur de conscience qui clignotait en lui... teintée de honte à la pensée d'un tel mensonge. 

"Et puis merde ! Ce n'est pas ma faute s'ils veulent croire à la petite souris. J'ai fini par grandir, moi, et je suis décidé à prendre la vie comme elle vient. Quel ramassis de gogos !"

Il n'en continua pas moins de sourire à la ronde. Des mains se tendaient vers lui et il était le centre vers lequel convergeaient leurs élans d'amour. Il percevait ces sentiments confus comme une vague d'espoir extraordinaire et inattendu ; elle allait le hisser jusque sur les murs de la ville d'Oakridge.

Auteur: Brin David

Info: Le facteur

[ idole ] [ malentendu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

commerce

Les gens ne se rendent pas compte de la créativité qu'il faut pour être marchand d'art. Sur le marché actuel, c'est le galeriste, et non l'artiste, qui fait le plus gros du boulot. Sans nous, il n'y aurait ni modernisme, ni minimalisme, aucun de tous ces mouvements. Les plus grandes stars de l'art contemporain seraient peintres en bâtiment ou profs de dessin dans des cours du soir. Les collections des musées s'arrêteraient à la Renaissance ; les sculpteurs en seraient encore à modeler des dieux païens ; la vidéo serait le domaine exclusif de la pornographie ; le graffiti un délit mineur et non la base d'une industrie multimillionnaire. L'art, en somme, cesserait de prospérer. Et ce parce que, dans une société post-Église, post-mécénat, ce sont les marchands qui raffinent et canalisent le fuel qui fait tourner le moteur de l'art, qui l'a toujours et le fera toujours tourner : l'argent.
De nos jours, en particulier, il y a tout simplement trop d'oeuvres en circulation pour qu'une personne lambda puisse faire le tri entre les bonnes et les mauvaises. C'est le travail du galeriste. Nous sommes des créateurs aussi, sauf que nous créons des marchés et que notre production englobe les artistes eux-mêmes. Les marchés, à leur tour, créent des mouvements, et les mouvements des goûts, une culture, le canon de l'acceptabilité : en bref, ce que nous appelons l'Art avec un grand A. Une oeuvre d'art devient une oeuvre d'art - et un artiste un artiste - dès l'instant où je vous fais sortir votre chéquier.

Auteur: Kellerman Jesse

Info: Les visages

[ beaux-arts ] [ création ]

 

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