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sociologie politique

Pourtant, la modernité n’est pas la fausse conscience des modernes, et nous devons prendre bien soin de reconnaître à la Constitution, comme à l’idée de Révolution, son efficacité propre. Loin d’avoir éliminé le travail de médiation, elle en permit l’accroissement. De même que l’idée de Révolution poussa les révolutionnaires à prendre des décisions irréversibles qu’ils n’auraient pas osées sans elle, la Constitution procura aux modernes l’audace de mobiliser les choses et les gens à une échelle qu’ils s’interdiraient sans elle. Cette modification d’échelle ne fut pas obtenue, comme ils le croient, par la séparation des humains et des non-humains, mais, au contraire, par l’amplification de leur brassage. Cet accroissement est à son tour facilité par l’idée d’une nature transcendante — pourvu qu’elle reste mobilisable —, par l’idée d’une société libre — pourvu qu’elle demeure transcendante — et par l’absence de toute divinité — pourvu que Dieu parle au cœur. A condition que leurs contraires demeurent à la fois présents et impensables, et que le travail de médiation multiplie les hybrides, ces trois idées permettent de capitaliser à grande échelle. Les modernes pensent qu’ils n’ont réussi une telle expansion que parce qu’ils ont séparé soigneusement la nature et la société (et mis Dieu entre parenthèses), alors qu’ils n’y parvinrent que parce qu’ils mélangèrent de beaucoup plus grandes masses d’humains et de non-humains, sans rien mettre entre parenthèses et sans s’interdire aucune combinaison ! La liaison du travail de purification et du travail de médiation les a engendrés mais ils n’attribuent qu’au premier les raisons de leur succès.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 30

[ anthropologie diachronique ] [ triade ] [ Gaule ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

surpopulation

L’écologie humaine du dépassement : Pourquoi une importante "correction de population"est inévitable

Homo sapiens a évolué pour se reproduire de manière exponentielle, s’étendre géographiquement et consommer toutes les ressources disponibles. Pendant la majeure partie de l’histoire de l’évolution de l’humanité, ces tendances expansionnistes ont été contrées par des rétroactions négatives. Cependant, la révolution scientifique et l’utilisation des combustibles fossiles ont réduit de nombreuses formes de rétroaction négative, ce qui nous a permis de réaliser notre plein potentiel de croissance exponentielle. Cette capacité naturelle est renforcée par l’économie néolibérale axée sur la croissance – la culture complète la nature. Problème : l’entreprise humaine est une "structure dissipative" et un sous-système de l’écosphère – elle ne peut croître et se maintenir qu’en consommant et en dissipant l’énergie disponible et les ressources extraites de son système hôte, l’écosphère, et en rejetant ses déchets dans son système hôte. L’augmentation de la population de un à huit milliards d’habitants et la multiplication par plus de 100 du PRP réel en seulement deux siècles, sur une planète finie, a donc propulsé la société techno-industrielle moderne dans un état de dépassement avancé. Nous consommons et polluons la base biophysique de notre propre existence. Le changement climatique est le symptôme le plus connu du dépassement, mais les "solutions" courantes vont en fait accélérer le dérèglement climatique et aggraver le dépassement. L’humanité présente la dynamique caractéristique d’un cycle unique d’expansion et de régression de la population. L’économie mondiale se contractera inévitablement et l’humanité subira une "correction" démographique majeure au cours de ce siècle. 

Auteur: Rees William E.

Info: Traduction DeepL du résumé de "The Human Ecology of Overshoot: Why a Major ‘Population Correction’ Is Inevitable". Sur le blog de Paul Jorion. 27 août 2023

[ surconsommation ] [ changement climatique ] [ transition énergétique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

commerce

Les gens ne se rendent pas compte de la créativité qu'il faut pour être marchand d'art. Sur le marché actuel, c'est le galeriste, et non l'artiste, qui fait le plus gros du boulot. Sans nous, il n'y aurait ni modernisme, ni minimalisme, aucun de tous ces mouvements. Les plus grandes stars de l'art contemporain seraient peintres en bâtiment ou profs de dessin dans des cours du soir. Les collections des musées s'arrêteraient à la Renaissance ; les sculpteurs en seraient encore à modeler des dieux païens ; la vidéo serait le domaine exclusif de la pornographie ; le graffiti un délit mineur et non la base d'une industrie multimillionnaire. L'art, en somme, cesserait de prospérer. Et ce parce que, dans une société post-Église, post-mécénat, ce sont les marchands qui raffinent et canalisent le fuel qui fait tourner le moteur de l'art, qui l'a toujours et le fera toujours tourner : l'argent.
De nos jours, en particulier, il y a tout simplement trop d'oeuvres en circulation pour qu'une personne lambda puisse faire le tri entre les bonnes et les mauvaises. C'est le travail du galeriste. Nous sommes des créateurs aussi, sauf que nous créons des marchés et que notre production englobe les artistes eux-mêmes. Les marchés, à leur tour, créent des mouvements, et les mouvements des goûts, une culture, le canon de l'acceptabilité : en bref, ce que nous appelons l'Art avec un grand A. Une oeuvre d'art devient une oeuvre d'art - et un artiste un artiste - dès l'instant où je vous fais sortir votre chéquier.

Auteur: Kellerman Jesse

Info: Les visages

[ beaux-arts ] [ création ]

 

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ultraviolence

Jusqu’à peu, il a été possible à une majorité des habitants des villes d’aller et venir, de sortir au cinéma ou au restaurant sans jamais avoir à se battre physiquement, l’éducation agissant à transformer la bagarre des préaux en une violence plus symbolique. Parallèlement, le processus de civilisation et l’extension du contrat social avaient œuvré de sorte que les attaques, détroussements et égorgements caractéristiques du Moyen Âge avaient fini par disparaître, permettant le développement d’une sécurité indispensable à l’extension du marché : je n’étais pas certain que ces processus soient irréversibles. J’avais l’intuition que nous entrions dans un monde qui imposerait à nouveau de savoir jouer des poings et de la lame, nous allions en revenir à des rapports humains plus directs à mesure que la croissance économique ralentirait, exacerbant les tensions. Partout la civilisation reculait, le niveau d’éducation baissait, le mélange d’idéologie du vivre-ensemble et de prescriptions de neuroleptiques sur lequel repose le contrôle social parvenant de moins en moins à contenir l’agressivité latente et l’instinct de défense d’une société soumise à un stress de bas niveau permanent. Il suffit d’observer le comportement des automobilistes, hommes et femmes confondus : désormais, on peut mourir d’une balle de 22 Long Rifle pour une place de parc, se faire renverser par un SUV après un refus de priorité ou se faire attaquer à la batte de base-ball pour un freinage un peu sec. Ce sont des choses qu’on commence à voir : je crois qu’il faut s’y faire. Il faut, il est vrai, se faire à beaucoup de choses.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: "Septembre éternel", Éditions de l’Aire, 2021, p.122-123

[ régression ] [ involution ] [ goût du sang ] [ insécurité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fric

On peut dire que l'argent est un instrument neutre qui n'a comme tel un effet ni positif ni négatif. Il constitue un simple substitut du troc : une marchandise spécialement conçue pour l'échange. Une image tout à fait différente émerge cependant au plan historique. A l'origine, les sociétés féodales étaient dominées par la caste des guerriers qui s'appropriait les terres par la force. Ils sont ce que Hegel nomme les "Maîtres". En face d'eux se tient la majorité de la population, les "esclaves" devenus "serfs" par la suite. Les uns travaillent, les autres règnent sur eux. Pour pouvoir faire circuler les produits issus de cette division du travail, il fallait les marchands. Ils vont de pays en pays, vendent leurs marchandises et vivent de leur profit. Pour ce commerce, on a besoin de l'argent comme instrument de la circulation. Au moyen âge et surtout pendant la renaissance, les régnants font une découverte surprenante. Ils n'ont plus besoin de la violence comme base de leur règne. L'argent rend le même service. Avec lui, on peut amener quelqu'un à travailler pour soi, sans autre violence. La révolution française et sa nouvelle redistribution du pouvoir n'a rien changé à cela. Les aristocrates ont vite compris qu'il pouvaient renoncer à leurs privilèges seigneuriaux s'ils possédaient suffisamment d'argent. L'épée ou le sabre ne sont plus nécessaires, on peut arranger tout cela de la même manière avec de l'argent. Aristote avait reconnu cet aspect de l'argent comme l'héritier de la violence sociale. L'argent reflète le rapport de domination et remplace l'instrument de la violence.

Auteur: Jorion Paul

Info:

[ influence ] [ historique ] [ arme ]

 

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songe

Hervey de Saint-Denys a eu le mérite d'attirer l'attention sur la plasticité du processus onirique. Mais la technique qu'il avait imaginée pour maîtriser et diriger consciemment ses propres rêves s'avéra si difficile qu'il n'eut que fort peu d'imitateurs. L'un d'eux fut le psychiatre et poète hollandais Frederik Van Eeden, qui entreprit, en 1896, d'étudier ses rêves grâce à une technique voisine de celle d'Hervey. Comme Hervey, auquel il se réfère, Van Eeden dit qu'il a pris conscience de ses rêves avant d'être à même de les diriger à volonté. Il publia d'abord ses observations à travers un roman, La Fiancée de la nuit, car il hésitait à assumer la paternité de ses découvertes, en raison de leur caractère insolite. Il en rendit pourtant compte dans une communication à la Société de recherche psychique dans laquelle il distinguait différents types de rêves, entre autres les "rêves démoniaques" où il avait affaire à des êtres non humains, indépendants, capables d'agir et de parler. Il fit aussi l'expérience de "rêves lucides" où il se proposait de rencontrer des morts avec qui il avait été lié. Il affirmait aussi avoir pu transmettre un message subliminal à un medium, par l'intermédiaire d'un rêve lucide. Les expériences de Hervey ont peut-être bien inspiré le roman de George du Maurier, Peter Ibbetson, grand succès des années 1890, où deux amants qui se trouvent séparés découvrent un moyen pour se rencontrer chaque nuit dans leurs rêves, et se mettent à explorer ensemble le monde de leur enfance, celui de leurs ancêtres et celui des siècles passés.

Auteur: Ellenberger Henri-Frédéric

Info: Histoire de la découverte de l'inconscient

[ contrôle ] [ astral ]

 

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armée

Je ne sais pourquoi, je me suis rappelé un mot qu'on a prêté à Clemenceau quand il a pris en main les affaires de la guerre : "La guerre est une affaire trop sérieuse pour qu'on la confie à des militaires." Évidemment, cela ressemble à une boutade, peut passer pour un paradoxe. Pourtant, il semble bien qu'il y ait là l'expression d'un grand bon sens, d'un jugement clairvoyant à l'égard des capacités intellectuelles du monde des officiers en général.

Si on prend un garçon de vingt ans qui choisit la carrière militaire, qui entre aux Ecoles par lesquelles il faut passer pour devenir officier, on peut bien dire que ce qui l'attire, ce qui lui plaît, ce qui décide de son choix, c'est l'uniforme, c'est le sabre au côté, c'est le prestige, c'est l'idée d'autorité sur d'autres, le goût du commandement, la préséance qu'il y voit dans la société, toutes raisons assez enfantines, somme toute, et qui relèvent très peu de l'intelligence vraie, critique et profonde. Un attrait de gloriole, pour tout dire.

Ce n'est pas la vie militaire qui l'élèvera au-dessus de tout cela. Au contraire. Il est connu que le monde des officiers, dans son ensemble, est composé de bien pauvres bonshommes au point de vue intellectuel. Si on renonce aux considérations de bêtise civique et patriotique, ce ne sont jamais eux qui concourent à la grandeur spirituelle (la seule qui compte, en définitive) d'aucun pays. Je pose en fait qu'un homme véritablement intelligent ne s'avise pas de vouloir être officier ou prêtre.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire/Mercure de France 1986 9 novembre 1932 II p.1121

[ . ]

 

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front national

De lui-même, [Jean-Marie] Le Pen n’est rien. Rien d’autre que la structure gonflable qu’est venu emplir, le 21 avril dernier [2001], tout ce qui subsiste de réel. Le Pen est la figure que prend la réalité lorsque toute une société en mutation technoïde la chasse par la porte et qu’elle revient s’inviter au festin, sous le nom par exemple d’insécurité, en sautant par la fenêtre. Le Pen est la tête que revêt le réel lorsqu’on l’a laissé trop longtemps dehors, dans les ténèbres extérieures, et qu’il y a chopé la peste. C’est la baudruche enflée de tous les résidus du monde concret non encore transformés par les processus de cybermodernisation illimitée dont notre temps est la proie. […]

Le lepénisme souffre lui aussi d’irréalité, quoique le réel résiduel l’ait choisi comme trou noir. Il est inhabitable et il ne demande qu’à être battu. Dans cette perspective, il collabore avec ses ennemis, les anti-lepénistes. Mais c’est ceux-ci, alors, qui renâclent à ce travail de liquidation. Car Le Pen leur permet, en criant sans arrêt à la "lepénisation des esprits", de lepéniser tout ce qui leur déplaît, tout jugement non conforme, tout soupçon de lucidité un peu dissidente, tout ce qui pourrait entraver la marche en avant de leurs innombrables destructions encensées. Le Pen est une occupation. Le Pen occupe tous les RTTifiés au chômage de tout depuis l’RTTernité. Le Pen les justifie. Le Pen donne à ces demi-soldes de l’Histoire l’impression de vivre puisqu’ils sont vigilants et en état d’alerte. Le Pen est le metteur en scène de leur désoeuvrement.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 250-251

[ politique ] [ extrême droite ] [ symptôme ] [ retour du refoulé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

individu-société

C’est le manque de liberté individuelle qui caractérise l’opposition entre la société médiévale et la société moderne. Au cours de la période antérieure, l’individu était enchaîné à son rôle dans l’échelle sociale. Un homme avait très peu de chance de passer d’une classe sociale à une autre, de même était-il difficilement envisageable de se déplacer géographiquement, de changer de ville ou de pays. […]
Cependant, même si une personne n’était pas libre dans le sens moderne du terme, elle n’était pas non plus seule et isolée. En ayant dès sa naissance une place distincte, incontestable et immuable au sein du monde social, l’homme était enraciné dans un tout structuré, et cette vie avait un sens qui ne laissait aucune place, aucune nécessité, pour le doute. Une personne était définie par son rôle dans la société : c’était un paysan, un artisan, un chevalier, mais en aucun cas un individu qui avait par hasard telle ou telle occupation. […] Il y avait en comparaison peu de compétition. On naissait sous un certain statut économique qui garantissait un gagne-pain déterminé par la tradition, de la même façon qu’une position plus élevée dans l’échelle sociale impliquait des obligations économiques. Toutefois, dans les limites de sa sphère sociale, l’individu avait en réalité une certaine liberté de s’exprimer dans son travail et dans sa vie émotionnelle. Bien qu’il n’y eût pas d’individualisme – au sens moderne du choix sans restriction entre différentes manières de vivre (une liberté de choix qui est largement abstraite) – l’individualisme existait concrètement dans de nombreux domaines de la vie réelle.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 46-47

[ évolution historique ] [ castes sociales ]

 

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involution

[Christopher] Lasch concevait le progrès comme le chas d'aiguille par lequel la rationalité abstraite du capitalisme est venue envahir tous les aspects de notre existence pour nous placer en état de banqueroute émotionnelle. Selon lui, l'idée de progrès se caractérise par deux composantes appartenant indissolublement à la même séquence historique engagée depuis le XVIIIe siècle.

D'un côté, il implique la levée de la condamnation morale de l'insatiabilité des désirs humains en tant que garantie de l'émancipation des liens de dépendance étroits des communautés familiales, claniques, villageoises ou de quartier, qui corsetaient ces désirs.

De l'autre, cette offensive contre toutes les formes d'autorité traditionnelle, qui encourageait, tout au moins au début, l'esprit critique et l'émancipation individuelle, s'est trouvée accompagnée de la création d'un marché universel de marchandises censé garantir le développement d'un progrès technique sans horizon temporel limité et l'accès de tous à un éventail de choix jadis réservé aux privilégiés.

Mais, par une ruse de la raison, loin d'aboutir à un raffinement sans cesse croissant des goûts et des plaisirs, les effets de ce marché universel furent au contraire un rétrécissement de l'imaginaire émancipateur et une homogénéisation des modes de vie dans une société de plus en plus soumise au règne de l'abstraction capitaliste.

En conclusion, le progrès a produit une catastrophe anthropologique en sécrétant un type de personnalité, le Narcisse, un type d'être à la mentalité servile et foncièrement dépendant du marché - nourricier- à la consommation. En somme, c'est sur la pente d'une nouvelle société hétéronome que nous a conduits le progrès.

Auteur: Beauchard Renaud

Info:

[ analyse ] [ résumé ]

 

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