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apprentissage

Je vous assure qu'il n'y a pas une seule recherche dans Lola Montès, parce que j'ai véritablement été emporté par le sujet, et aujourd'hui encore... Je puis vous assurer que, lorsque je voyais les rushes et que les gens de la projection me disaient : "Ce bleu ! Ce rouge ! C'est trop osé !", je ne m'en rendais pas compte. Tout ce qu'il y a de bien dans Lola Montès m'est peut-être arrivé à cause de mon inexpérience de la couleur et du Cinémascope : quand je regardais dans le viseur de la caméra, c'est comme si j'étais né de la veille ; je faisais tout tel que cela se présentait devant moi. Il y a une chose qui m'a fait très peur : les enchaînés. J'avais commis une faute que j'ai tenté de corriger ; quand vous dites : "Ici, enchaîné", vous devriez savoir ce que cela va donner comme couleurs. Lorsqu'on enchaîne un ciel bleu sur une table jaune, il y a un moment où les couleurs se mélangent et il faut tenir compte de cet élément, sous peine d'avoir de grosses surprises. Tout en faisant le film, j'ai compris : alors j'ai amené les scènes à une couleur finale et commencé la suivante avec la même couleur ; mais on ne peut pas toujours le faire à volonté.

Auteur: Ophuls Max

Info: Entretien paru dans les "Cahiers du cinéma", n°72, juin 1957 - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansedonia, p. 230

[ composition chromatique ] [ cinéma ] [ teintes ] [ continuité ] [ montage ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

éclore

Avant même de naître, je crois que nous marchions. Nous étions déjà debout, la horde entière étalée en arc, déjà fermes sur fémurs et nous avancions avec nos carcasses raclées et nos côtes nues, les rotules rouillées de sable, à griffer le roc avec nos tarses. Nous avons marché longtemps ainsi, tous ensemble, à chercher la première de toutes nos prairies. Nous n’avons jamais eu de parents : c’est le vent qui nous a faits. Nous sommes apparus doucement au milieu de la friche armée des hauts plateaux, à grandes truellées de terre voltigée pris dans nos ossements, par l’accumulation des copeaux de fleurs, dit-on aussi, sur cette surface qui allait devenir notre peau. De cette terre sont faits nos yeux et de coquelicots nos lèvres, nos chevelures se teintent de l’orge cueilli tête nue et des graminées attirées par nos fronts. Si vous touchez les seins d’Oroshi, vous sentez qu’ils sortent du choc des fruits sur son torse, et mûrissent toute une vie. Ainsi en est-il des animaux et des arbres, de tout ce qui est : seuls naissent vraiment les squelettes, seuls ont une chance ceux qui se dressent au-dessus de leur paquet d’os et de bois, en quête d’une chair, en quête d’une écorce et d’un cuir, de leur pulpe, en quête d’une matière qui puisse, en les traversant, les remplir.

Auteur: Damasio Alain

Info: La Horde du Contrevent

[ effort ] [ survie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gastronomie

Ce deuxième fils d'un marchand de tissus en gros de Kyoto, qui avait étudié la cuisine Kaiseki auprès d'un grand maître, avait conçu pour ce soir-là le menu suivant. L'ensemble des hors-d'œuvre, appelés Hassun dans la cuisine Kaiseki, était composé de champignons dits "Rosée de pins", accompagnés d'aiguilles de pin, de bulbes de lys grillés à la sauce de jeunes pousses, de kakis dits "de Hachiya", qu'il avait fait venir de chez un ami de Gifu, de soja fermenté du temple de Daitoku, de crabes grillés à la Saraça. Il y avait ensuite une soupe de miso rouge teintée de moutarde avec des boulettes de viande de petits oiseaux hachée. De fines tranches transparentes de platycéphale étaient servies sur une grande assiette rouge élégante de l'époque des Song, décorée de dessins de pivoines. Le poisson grillé était un ayu d automne en sauce. Une salade de champignons hatsutaké était assaisonnée avec une sauce bleue et une salade de coques avec une sauce blanche. Du tôfu à la dorade était accompagné de fougères marinées. Enfin des garances bouillies étaient proposées dans un pot. Comme dessert, il proposait un "Petit Poucet" de chez Morihachi, gâteau en forme de petite poupée blanc et rose, enveloppée dans du papier de soie. Mais aucun de ces mets précieux ne flattait le jeune palais de Yûichi. Il voulait manger une omelette.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Dans "Les amours interdites"

[ repas ] [ description ] [ raffiné ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-animal

L’oiseau saute de la poitrine de Heathcote pour aller fureter dans ses draps, qui ont pris la teinte jaunâtre d’une carte au trésor à force de sueur séchée et de thé renversé. Heathcote observe, fasciné malgré l’heure indécente, cet oiseau affairé qui retourne les plis, creuse des sillons, enfonce son bec dans des crevasses. Qui agite la tête de haut en bas comme s’il psalmodiait une prière frénétique. Le choucas s’interrompt. Il a trouvé quelque chose de doux, rose et poilu. Il le pince violemment et Heathcote hurle. Ce n’est manifestement pas ce que cherchait l’oiseau, qui se dirige d’un pas déterminé vers la tête de Heathcote et hurle à son tour.

Heathcote marmonne et, telle une marionnette animée de vie, il rassemble ses jambes filiformes pour se lever. Il est nu – enfin, si l’on excepte le choucas perché sur son épaule. Quand il aperçoit son reflet dans la grande fenêtre incurvée dans le mur de sa chambre arrondie, il sourit. La vie ne s’est pas déroulée exactement comme dans ses rêves d’il y a une quarantaine d’années, mais elle s’en rapproche pas mal. Sans baisser les yeux, il ouvre sa vessie et expédie un jet de pisse dorée dans l’ouverture d’un grand vase. Le récipient est déjà plein aux trois quarts et cette nouvelle contribution fait monter son contenu repoussant jusqu’à ras bord.

Auteur: Gilmour Charlie

Info: Premières plumes

[ cohabitation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

oeuvre d'art

Celle que j'ai choisie s'intitule 11.03, un hommage, m'a dit l'Aleph, au tremblement de terre qui a touché le Japon, suivi du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima. A l'intérieur de la boule est enfermé une sorte de poisson-chat qui porte sur sa tête un rocher bien plus gros que lui, qui a la forme du Japon. Il y a longtemps, m'a-t-elle expliqué, les gens là-bas croyaient que les tremblements de terre étaient provoqués par des poissons-chats géants. L'eau, quant à elle, est vert fluorescent - du Gatorade. Cette couleur, censée évoquer des algues radioactives, se veut inquiétante, même si l'Aleph m'a confié que, dans la réalité, de l'eau radioactive aurait exactement la même teinte que de l'eau normale. Lorsqu'on attrape la boule, on ne voit d'abord que le poisson-chat et le rocher au milieu de l'eau verte mais, une fois secouée, une foule de minuscules objets se mettent à tourbillonner. Un pneu de voiture, une bouteille de Coca, un téléphone portable, un ordinateur portable, le tout emmêlé dans un morceau de filet de pêche. Il y a aussi une basket Nike, un canard en plastique, un sac à dos Hello Kitty et quelques morceaux de corps humains, des bras, des pieds coupés. Et puis des trucs plus gros - une moto, un camion, quelques maisons, tout cela dérivant au milieu de ce vert fluide.

Auteur: Ozeki Ruth L.

Info: Le fardeau tranquille des choses

[ boule à neige ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

amour

Allons, que je vous donne le signalement
De ce petit enfant :
Il est aisé à reconnaître, assurément.
Il n'a pas le teint blanc
Et, pareil à la flamme il est tout rougeoyant.
Sa voix est suave comme le miel
Mais sa pensée est pire que le fiel.
Ce terrible marmot ment et ment toujours :
Ne croyez en aucun de ses discours.
Tout le porte vers des jeux mauvais.
Oui, c'est un enfant cruel, en effet !
Certes, il a de beaux cheveux
Mais son front est des plus malicieux.
Ses mains sont petites, il est vrai,
Mais elles frappent fort au point de résonner
Jusque sur l'Achéron et l'infernal palais.
Il arbore une belle nudité
Mais son âme est fort enveloppée.
Vers nous il aime à s'envoler
Et sur les coeurs il vient se déposer.
Il a un arc et des traits fort menus
Mais sa flèche s'élance jusqu'aux nues.
Sur son dos vous verrez un carquois d'or
Dont les traits m'ont touché et me touchent encor.
Son feu peut sembler misérable
Mais à Hélios lui-même il est fort redoutable.
Si tu me l'attrapes, n'aie pas peur
De me l'amener pieds et poings liés,
Cet infâme sans-coeur.
Pour lui n'éprouve aucune pitié.
S'il veut t'embrasser, fais attention,
Car sa bouche distille un terrible poison.
S'il veut te confier son armement,
Pas touche, car de feu il est toujours fumant !

Auteur: Moschos de Syracuse

Info: Éros échappé, Idyll, IX, Eunica. 200 av. J.-C. env

[ poème ]

 

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septénaire

Dans la tradition islamique, La divinité se manifeste par la lumière, qui passe pour la source même de l'existence. Les attributs de la lumière sont beauté, pureté, éclat, grandeur, puissance et préséance, toutes notions subsumées dans le mot arabo-persan reng, qui désigne la couleur. Le système islamique des couleurs s'ordonne sur trois plans. Au premier niveau se trouvent le système des trois couleurs et celui des quatre couleurs. Le deuxième niveau compose un système qui tourne autour du chiffre sept, somme de trois et quatre. Le troisième niveau possède un système composé de vingt-huit couleurs, c'est-à-dire de la quadruple répétition du système des sept couleurs. Le système des sept couleurs naît de la réunion des deux systèmes. Comme le chiffre sept a une importance cosmologique primordiale, on peut affecter à chacune d'elles le symbole d'une des sept planètes visibles. En partant du système hiérarchique égyptien, on obtient la succession suivante : le noir ouvre la marche et correspond à Saturne, suivi du jaune affecté au Soleil ; viennent ensuite le vert pour la Lune (couleur préférée des drapeaux et oriflammes des Etats islamiques), le rouge pour Mars, le bleu pour Mercure, le santal pour Jupiter. Le cortège s'achève par le blanc, voué à Vénus. Sept prophètes correspondent aux sept planètes : Adam, Noé, Abraham, Moïse, David, Jésus et Mahomet. On peut également hiérarchiser sur le même principe les sept métaux principaux : plomb, fer, étain, or, cuivre, mercure et argent.

Auteur: Internet

Info: www.colorsystem.com

[ teintes ] [ islam ]

 

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peintre-sur-peintre

Rembrandt m'a profondément ému. Cette grande division entre lumière et obscurité, le mélange des tons secondaires dans les parties étendues, la fusion de leurs teintes, qui avait un effet d'antiphonie géante à toute distance, m'a immédiatement rappelé les trompettes de Wagner tout en me révélant des possibilités complètement nouvelles, pouvoirs surhumains de la couleur en tant que telle, particulièrement l'intensification de l'effet par les juxtapositions [Zusammenstellungen], c'est-à-dire les contrastes. J'ai constaté que chaque grande surface en soi ne présentait aucune qualité féerique, que chacune trahissait immédiatement sa dérivation de la palette, mais qu'elle acquérait de fait un effet féerique par l'intermédiaire de l'autre surface, contrastée, de sorte que son origine à partir de la palette semblait incroyable à première vue.

Cependant il n'était pas dans ma nature d'examiner un moyen observé sans autre forme de procès. Inconsciemment, j'approchais les images étranges comme j'approche maintenant la "nature" ; je les accueillais avec révérence et une joie profonde, mais je sentais néanmoins qu'il s'agissait d'un pouvoir qui m'était étranger. D'un autre côté, j'ai senti, un peu inconsciemment, que cette grande division donne aux tableaux de Rembrandt une qualité que je n'avais jamais vue auparavant. Je sentais que ses peintures "durent longtemps", et me dis à moi-même qu'il fallait d'abord épuiser une partie de manière suivie, puis l'autre. Plus tard, j'ai compris que cette division produit magiquement sur la toile un élément qui semble à l'origine étranger et inaccessible à la peinture : le temps.

Auteur: Kandinsky Vassili

Info: Réminiscences, 1913

[ analyse ] [ art pictural ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vieillard

J’ai connu un homme, un simple fermier, père de cinq fils,

A leur tour pères de fils, pères de fils à leur tour.



C’était un homme d’une vigueur, d’une beauté, d’une sérénité merveilleuses,

Le profil de son visage, le jaune pâlissant de ses cheveux, des poils de sa barbe, l’infinie profondeur de ses yeux noirs, la générosité affectueuse de son commerce

Etaient les buts de ma visite en allant le voir, et puis il avait la sagesse,

Cet homme de quatre-vingt ans, haut de six pieds, que ses fils costauds, barbus, soignés, hâlés, bien faits,

Ainsi que ses filles adoraient, d’ailleurs tout le monde l’adorait,

Ne l’adorait pas par obligeance mais d’un engagement personnel,

Il ne buvait que de l’eau, le sang pigmentait d’écarlate le cuivre clair de son teint,

Maniait fréquemment le fusil, la canne à pêche, il pilotait aussi son propre bateau, splendide voilier à lui offert en cadeau par un charpentier, et d’autres amis lui avaient fait présent de ses canardières,

Quand vous le voyiez partir chasser au milieu de ses cinq fils et sa horde de petits fils c’était sans conteste lui dont on remarquait en premier la beauté et la vigueur,

Ah quel immense plaisir de pouvoir marcher longtemps à ses côtés, de pouvoir s’asseoir dans le bateau et d’être en contact physique vous avec lui !

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Descendance d'Adam, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ portrait ] [ admiration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couleurs

Il y avait si longtemps qu'il avait quitté Venise, disait-il, qu'il ne se rappelait presque aucun nom. Il rêvait toujours des places et des canaux, mais ne se souvenait plus de leur nom. Il lut la déception sur le visage de Rodrigo et Jofre.
Il parut un moment découragé, puis il sembla avoir une idée, il se leva et s'enfonça dans l'obscurité. Il revint quelques minutes plus tard, tenant quelque chose de brillant dans sa main. C'était une petite fiole en forme de poire, du genre de celles dans lesquelles les femmes conservent des huiles parfumées. Dans sa main, elle était sombre et opaque, mais lorsqu'il la tint à la lumière d'une des torches, le verre laissa paraître de riches éclats bleus et pourpres, et de minuscules paillettes d'or scintillant sur toute sa surface.
"Vous voyez, voici ce dont je me souviens, la lumière de Venise est comme le verre. Je me souviens que le soleil de la fin d'après-midi faisait danser des étincelles dorées sur les eaux de la lagune. Je me souviens de la lumière nacrée de l'aube en hiver, et du rouge brûlant et âpre du soleil couchant en été, qui conférait au marbre une teinte rose vif. Je me souviens des nuits où les eaux des canaux étaient noires comme de la martre, du scintillement du clair de lune sur l'eau sombre, telle, une barrette d'argent dans les cheveux d'une belle femme. C'est la lumière de Venise que je capture dans mon verre."

Auteur: Maitland Karen

Info: La compagnie des menteurs

[ clarté ]

 

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