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exister

Autrefois, Luca avait eu un très grand amour-propre et il avait été au nombre des meilleurs élèves. A présent, au contraire, dès le premier mois de cours, il était parmi les derniers. Sous cette avalanche de reproches et de mauvaises notes, il éprouvait une particulière satisfaction, car il lui semblait que ces reproches étaient, en réalité, des éloges, et ces mauvaises notes de bonnes notes pour la conduite qu'il avait désormais décidé d'avoir. Mais, en même temps, il ne pouvait s'empêcher de se sentir envahi par une profonde amertume à la pensée que sa condition d'écolier empirait de jour en jour et allait bientôt devenir incurable. Souvent, il se demandait pourquoi diable il se comportait de la sorte, et il s'apercevait qu'il ne pouvait trouver d'autre motif qu'une sorte de point d'honneur obscur, aride, ingrat, entièrement négatif et pourtant presque insoutenable. "Pourquoi est-ce que je fais cela ?" se demandait-il. En attendant, au milieu de ces contradictions, le temps passait.

Auteur: Moravia Alberto

Info: La Désobéissance

[ révolte adolescente ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déresponsabilisation

Le mot honneur signifie devoir [...]. Quand dans un État domine une classe privilégiée, le pays est fort. La classe dominante a toujours son honneur et sa religion de l’honneur, qui peut d’ailleurs être fausse, mais sert de ciment et consolide la nation ; c’est utile moralement, et plus encore en politique. Mais les esclaves pâtissent, je veux dire tous ceux qui n’appartiennent pas à cette caste. Pour qu’ils ne pâtissent pas, on leur accorde l’égalité de droits. C’est ce qu’on a fait chez nous et c’est très bien. Mais toutes les expériences faites jusqu'ici, partout - c'est-à-dire en Europe - nous montrent que l'égalité des droits provoque un abaissement du sentiment de l'honneur et, par conséquent, du devoir. L'égoïsme a remplacé l'ancienne idée, qui cimentait la nation ; et tout y est dissous en liberté individuelle. Les hommes, libérés, restant sans idée pour les cimenter, ont finalement si bien perdu tout lien supérieur qu’ils ont même cessé de défendre leur liberté.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 236

[ hagards ] [ individualisme ] [ nivellement par le bas ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ambivalence

Mais je tourmentais surtout maman, c’était elle surtout qui m’irritait. J’avais été pris d’un appétit féroce et je grognais fort que mon repas était toujours en retard (ce qui n’arrivait jamais). Maman ne savait qu’imaginer pour me plaire. Une fois, elle m’apporta de la soupe et, à son habitude, me la fit manger elle-même : moi, je grognais tout en l’avalant. Tout d’un coup, je fus honteux de grogner : "Elle est peut-être la seule que j’aime, et c’est elle que je tourmente !" Mais ma méchanceté ne passait pas et tout à coup cette méchanceté me fit fondre en larmes. Elle, la pauvrette, se figura que je pleurais d’attendrissement ; elle se pencha sur moi et m’embrassa longuement. Je me raidis, je laissai passer l’orage, mas en réalité, à cette minute-là, je la détestais. Pourtant, j’ai toujours aimé maman, alors aussi je l’aimai, ce n’est pas vrai que je la détestais, seulement il se passait ce qui arrive toujours : le plus aimé est le premier offensé.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 378

[ mère-par-fils ] [ amour-haine ] [ mère-fils ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

personnage

Tibère était gros, robuste, et d'une taille dépassant la moyenne ; large d'épaules et de poitrine, il avait, de la tête aux pieds, tous les membres bien faits et heureusement proportionnés ; sa main gauche était plus souple et plus forte que l'autre ; les articulations en étaient si fermes, qu'il pouvait percer du doigt une pomme récemment cueillie et sans tare, et d'une chiquenaude blesser la tête d'un enfant ou même d'un adolescent. Il avait le teint blanc, les cheveux plantés assez bas derrière la tête, de sorte qu'ils lui couvraient même la nuque, ce qui paraissait être chez lui un trait de famille ; un visage noble, quoique souvent parsemé tout à coup de boutons ; des yeux très grands, qui, chose extraordinaire, voyaient même la nuit et dans les ténèbres. [...] Il marchait le cou raide et dressé fièrement, le visage d'ordinaire contracté, en général sans rien dire ou en n'adressant que de très rares paroles même à ceux qui l'entouraient.

Auteur: Suétone

Info: Vies des douze Césars, tome 2, Tibère, Caligula, Claude, Néron, livre 3 Tibère, LXVIII

[ historique ]

 

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puberté

Romain et Anaïs étaient devenus de longs adolescents dégingandés et mutiques, fuyant mes baisers et se soustrayant à mes étreintes comme à mes questions, s'enfermant dans leurs chambres dès que je rentrais du travail, je les regardais interdite, me demandant où avaient bien pu passer mes enfants et leurs yeux dévorants, suspendus au moindre de mes gestes à la moindre de mes paroles, me couvrant de leurs lèvres me répétant qu'ils m'aimaient à longueur de journée. J'avais beau les regarder et tenter d'établir une continuité entre mes tout-petits lovés contre moi sur la plage, dans le lit ou le canapé et ces étrangers qui vivaient dans ma maison et n'attendaient plus de moi que des repas chaud, du linge propre, de l'argent de poche et des autorisations de sortie les plus larges possibles je n'y parvenais pas, c'était une chose déchirante et secrète, un sentiment d'une perte impossible à partager, un deuil sans objet qui laissait en moi une nostalgie glacée, un froid polaire, un désert.

Auteur: Adam Olivier

Info: Le coeur régulier

[ métamorphose ]

 

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réseaux sociaux déprimants

On commença à déceler de nouvelles formes de dépression chez les adolescents et certains sujets adultes ayant grandi avec les écrans, loin des Pueblos et des Guarani. Une détresse psychologique affectait désormais des individus à la vie ordinaire et équilibrée. Ils avaient souvent un chien ou une femme, parfois les deux. Ils étaient quelquefois propriétaires, cadres supérieurs, détenteurs d’un pavillon avec jardin ou d’un bac à douche avec porte coulissante. Ils aimaient la cuisine et le sexe, prendre des photos, faire des barbecues. C’était de bons citoyens sans histoires. Quant aux étudiants, ce n’était pas toujours les moins brillants ou les plus marginaux. Ils jouaient aux jeux vidéo, utilisaient des contraceptifs efficaces, faisaient des comas éthyliques. C’était des individus intégrés. Voilà qui fut un point marquant : la dépression ne sembla pas être la conséquence d’une perte de repères ou d’un déséquilibre profond. Du moins, elle n’en portait pas le nom. Toutes les personnes concernées par le mal en question étaient seulement d’inconditionnels utilisateurs du réseau ShowYou.

Auteur: Bied-Charreton Solange

Info: Dans "Enjoy", éditions Stock, 2012, pages 138-139

[ comparaison ] [ spectacularisation de soi ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vengeance

Il y a deux jours, les miliciens ont pendu trois adolescents réfugiés qui se sont aventurés en dehors des camps. Pourquoi les miliciens ont-ils pendu les trois adolescents ? Parce-que deux réfugiés du camp avaient violé et tué une fille de Kfar Samira. Pourquoi ces deux types ont-ils violé cette fille ? Parce que les miliciens avaient lapidé une famille de réfugiés ? Pourquoi les miliciens l'ont-ils lapidée ? Parce que les réfugiés avaient brûlé une maison près de la colline du thym. Pourquoi les réfugiés ont-ils brûlé la maison ? Pour se venger des miliciens qui avaient détruit un puits d'eau foré par eux. Pourquoi les miliciens ont détruit le puits ? Parce que des réfugiés avaient brûlé une récolte du côté du fleuve au chien. Pourquoi ont-ils brûlé la récolte ? Il y a certainement une raison, ma mémoire s'arrête là, je ne peux pas monter plus haut, mais l'histoire peut se poursuivre encore longtemps, de fil en aiguille, de colère en colère, de peine en tristesse, de viol en meurtre, jusqu'au début du monde.

Auteur: Wajdi Mouawad

Info: Le Sang des promesses : Tome 2, Incendies

[ escalade ] [ progression ] [ moteur ]

 

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onanisme

Les premières mentions d'un interdit de la masturbation se rencontrent au tout début du XVIIIe siècle dans l'Europe du Nord. Sous l'influence d'un prédicateur luthérien, qui professe ensuite en Angleterre, c'est d'abord un interdit protestant.
Le message apocalyptique passe des mains des naturalistes à celles des réformistes, particulièrement stricts en ce qui concerne la morale sexuelle. La nouvelle se propage ainsi de Hollande en Angleterre puis en Suisse calviniste. L'oeil strict de la Réforme se penche sur le sexe en solitaire.
[...]
Ce tableau apocalyptique va servir pendant plusieurs siècles à effrayer les adolescents et leur interdire l'outil naturel d'initiation sexuelle.
[...]
[Ce n'est que] dans la deuxième moitié du XXe siècle que la sexologie moderne en montrera toutes les vertus. La masturbation est un élément central de la construction érotique, elle permet la maturation sexuelle et l'entretien du désir au cours de la vie. Elle est indispensable aux femmes comme aux hommes. C'est certainement par une prescience de son importance que la masturbation a été autant persécutée.

Auteur: Brenot Philippe

Info: Sex story, p. 119-124

[ historique ]

 

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poète

Qu'est-ce qu'il y avait derrière le front pur de l'adolescent Rimbaud ? Derrière ces yeux, ces extraordinaires yeux bleus qu'il avait, des yeux bleu pervenche avec une bague bleu sombre autour de l'iris. Ce qu'il y avait, on le sait par les brouillons D'une Saison en enfer : la rage. Un tremblement de rage ! Il écrit dans le brouillon : "La rage du désespoir m'emporte contre tout : la nature, les objets, moi, que je voudrais déchirer !"

Pourquoi cette rage ? Tâchons de comprendre. Voyez-vous, c'est un garçon qui dit : puisque c'est comme ça ce qu'on appelle les réalités de la vie, puisque c'est d'une part fétide et d'autre part atroce, alors il faut jouer le jeu à fond ! Faut pas faire semblant ! Faut pas tricher cette abjection qui est la nôtre, il faut l'assumer à plein, il faut s'y rouler avec une espèce de défi, de passion noire et de provocation, et que le langage même s'emplisse de ce stupre à quoi se réduit notre condition.

Auteur: Guillemin Henri

Info: https://www.youtube.com/watch?v=uM7CQ65F6TU

[ vision du monde ] [ exaltation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

comprendre

Ce n'est qu'homme mûr que je suis devenu mortel. L'aperçu viscéral de ma fin a brusquement surgi il y a plus d'une douzaine d'années. J'avais gaspillé toute une soirée à jouer à un jeu vidéo addictif et violent appartenant à mon fils adolescent, passant mon temps à traverser des salles étrangement vides, des couloirs inondés, des tunnels tordus cauchemardesques ou des places désertes sous un soleil étranger, tout en vidant mes armes sur des hordes d’ennemis me poursuivant sans relâche. Je me suis couché tard et, comme d'habitude, me suis endormi facilement. Pour me réveiller brusquement quelques heures plus tard. La connaissance était devenue certitude. - Je vais mourir ! Pas ici et maintenant, mais un jour. ... Mon interprétation de cet événement très particulier est que tout les meurtres du jeu vidéo déclenchèrent des pensées inconscientes sur l'anéantissement de soi. Ces processus produisirent une anxiété suffisante pour que mon complexe cortico-thalamique se réveille de lui-même, sans déclencheur externe. À ce moment-là, la conscience de soi s'est illuminée et s'est trouvée confrontée à la mortalité.

Auteur: Koch Christof

Info: Consciousness: Confessions of a Romantic Reductionist

[ seconde vie ] [ réaliser ] [ initiatique ] [ révélation ]

 

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