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contrastes

Kazan, 6 mai, midi. – Longue marche sur les bords de la Kazanka – qui se jette plus loin dans la Volga. L’esplanade est flambant neuve, qui s’étire sur plusieurs kilomètres, avec jardins d’enfants, terrasses de snacks et de restaurants. Alentour, des propriétés mitoyennes pour parvenus et apparatchiks, bâties dans un style approximatif : mélange de parpaings rouges, de verre et de béton. De l’autre côté de la berge se dressent des buildings, évidemment à perte de vue.
En ville, place de la Liberté, trône une gigantesque statue du guide du coup d’Etat d’Octobre, tête haute, majestueux dans son long manteau de prophète du malheur. Face à lui, de l’autre côté de la place, s’élève l’Opéra, surmonté d’une sculpture de Terpsichore, la main droite appuyée sur une harpe, la gauche brandissant une couronne de lauriers ; on dirait qu’elle nargue Lénine. Assurément, sa statue survivra à la sienne.
Sur l’allée évasée bordant la large rivière, des haut-parleurs hissés sur des mâts crachent la chanson interchangeable d’un crooner américain probablement méconnu chez lui. Tout comme la musique, l’architecture ne ressemble à rien : des pâtés de béton et de verre que défient des pâtes staliniens, raillés à leur tour par de vieilles viennoiseries. Ce qui se bâtit aujourd’hui est une mixtion de clinquant monumental et de Legoland.

Auteur: Pajak Frédéric

Info: Dans "Manifeste incertain", volume 7, pages 66-67

[ urbanisme ] [ strates ] [ décor ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

racines

Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes : c'est une présence dans le coeur, ineffaçable, comme une fille qu'on aime : on connaît la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence. Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes : c'est une présence dans le coeur, ineffaçable, comme une fille qu'on aime : on connaît la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence.

Auteur: Roumain Jacques

Info: Gouverneurs de la rosée

[ nostalgie ] [ patrie ]

 

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lenteur

Notre ville a été envahie par des papillons. Ils sont grands, beaux, carnivores. On n'a jamais vu tant de papillons dans la ville. Ils ont tout couvert : les rues, les toits, les voitures, les arbres. Les gens qui se trouvaient dans la rue pendant l'invasion ont été mangés. De ma fenêtre, je vois trois squelettes d'hommes et un squelette de chien parfaitement nettoyés. [...]
Pour l'instant, toute la ville est paralysée. Les gens se sont retranchés chez eux et regardent la rue couverte de papillons, par leurs fenêtres couvertes de papillons. Les bestioles semblent s'installer définitivement chez nous. Elles continuent même d'y affluer. La couche de papillons est de plus en plus épaisse, on dirait de la neige colorée.
Notre armée n'a rien pu faire contre les papillons. On a dû s'habituer à eux. On s'est finalement rendu compte que les papillons ne dévorent que les êtres vivants qui font des gestes brusques. Si on bouge très lentement, les papillons ne réagissent pas. On peut même les écraser sous les pieds, ils restent tranquilles et meurent en silence. D'ailleurs, on ne peut avancer dans la rue qu'en les écrasant. [...]
À cause de tout cela et de notre pensée ralentie, on se parle au rythme d'un mot par jour. Et quand nous faisons l'amour, tout va tout aussi lentement.

Auteur: Visniec Matéi

Info: Théâtre décomposé, ou, L'homme-poubelle: Textes pour un spectacle-dialogue de monologues, extrait de La Folle Tranquille

[ littérature ]

 

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fleurs

– Je te dérange ?
– Tout va bien. Je m’occupais de mes pivoines. Je leur soignais les ailes.
– Les ailes ?
– Et oui. La pivoine, c’est la seule fleur qui aurait pu être un oiseau. Qui aurait dû. "Pivoines", tu ne trouves pas que ça fait nom d’oiseau ? On aurait pu dire : tiens, regarde, un vol de pivoines…
– Jamais remarqué.
– Et puis, quand tu observes une pivoine de près, tu sais, on dirait ces plumes contrariées qu’il y a sur le cou des cygnes, ou le jabot mouillé d’un flamand rose dans le vent. Un bouquet de pivoines, c’est une volée d’oiseaux qui se blottissent les uns contre les autres, qui tremblent de ne pouvoir voler.
(...)
– Et puis, surtout, j’en ai marre des roses. C’est snob les roses. C’est tout droit, tout raide, trop bien peigné. Les roses, ça a un côté petite-bourgeoise endimanchée qui m’agace. Un côté collet monté qui ne veut pas se salir. Un peu trop net pour être vrai. Alors que la pivoine… La pivoine, c’est une fleur décoiffée, une fleur ébouriffée. Tu as déjà vu une pivoine blanche ? On dirait une mariée au petit matin, qui a dansé et bu toute la nuit et dont la robe s’est froissée à force de tournoyer. Un froissement de froufrou et la belle se volatilise…

Auteur: François d'Épenoux

Info: Le réveil du coeur de

[ comparées ]

 

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rapports humains

Vous voulez deviner à travers les fenêtres des autres consciences leurs lumières et leurs ombres, si possible être invités dans les profondeurs de leurs âmes, vous enivrer de leur vitalité, être accueilli dans leur intimité, là où la vie se fait lumière et silence.



Mais celui qui essaie de vous dire son authenticité, qui écrit pour vous une page de lui-même, il vous invite à ne pas faire de lui une identité. Il vous invite à le laisser autre que son récit, à le distinguer de ces mots-là afin qu'il puisse vous dire demain ces mots-ci. Ce qu'il vous dit, peut-être que ce n'est pas lui, déjà plus lui, pas tout à fait lui. Parce qu'il n'est pas possible de le mettre en mots et en jugements.



Et ce n'est pas là vous mentir. Il ne serait pas plus fiable ou davantage "lui-même" parce qu'il vous dirait toujours la même chose. Laissez-le être une âme, un passage, un moment, une hésitation, la joie ou la tristesse d'un instant. Laissez l'autre être poème.



Si vous pouvez lui accorder cette liberté, il préfèrera.

Il faut aimer l'autre libre de son identité mouvante, lui laisser son indéfinissable folie, son inadéquation à lui-même, son imprévisibilité.



Une identité? Une personnalité? Non, son souffle, son esprit. Et vous aussi, soyez cela pour l'autre.

Auteur: Rivella Frédéric pseudo

Info:

[ altérité ] [ rencontrer l'autre ]

 
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Ajouté à la BD par Kadubol

rapports humains

Lundi. Comme chaque lundi, je descends l’escalier pour partir travailler. Au rez-de-chaussée, Bernard, le concierge, m’attend comme d’habitude de pied ferme. Des choses immuables rythment notre vie et c’est rassurant. "Alors Bernard, comment ça va ce matin ? Et votre dos ? Toujours pareil… mais que dit votre médecin ? Ah, il vous a changé d’anti-inflammatoires. Bon je vais vous redonner les coordonnées de mon acupunctrice, Véronique, mais cette fois vous y allez, je vous jure qu’elle fait des miracles."

Mardi. Même rituel. Bernard guette mon passage, prêt à dégainer son "ça va ?", Comme s’il attendait vraiment des informations sur ma santé. Ce matin, il n’aura de moi qu’un "ça va, ça va…" supersonique : on dirait que j’ai un rendez-vous capital.

Mercredi. Je m’arrête au premier étage, en entendant Dupont, du troisième, ouvrir la porte. Il s’arrête tous les jours pour discuter avec Bernard. Faisant semblant de chercher je ne sais quoi dans mon sac, j’attends qu’il passe et je me glisse derrière lui pour sortir de l’immeuble sans parler à personne.

Jeudi. Je n’en reviens pas, ma fille Yasmin a eu 17 en politique internationale. Heureusement, Bernard est à son poste, il faut vraiment que je le dise à quelqu’un. Échanger avec lui quelques mots le matin, c’est bien agréable. Si les concierges n’existaient pas, il faudrait les inventer.

Auteur: Piazza Piervi

Info: Homo biologicus

[ nécessaires ] [ naturels ] [ essentiels ] [ routine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rencontre

"Quel est votre prénom demanda Thérèse.

- Carol. Surtout ne dîtes pas Carôle, comme les Américains prononcent ce qu'ils croient être français.

- Eh bien ne m'appelez pas Thiriise, à l'américaine.

- Comment dois-je dire ? Thérèse ?

- Oui. Comme ça." Carol avait accentué à la française. Thérèse avait l'habitude d'entendre son prénom écorché de toutes les manières et elle-même ne savait pas toujours comment le présenter. Elle aimait la façon dont Carol le prononçait, elle aimait voir les lèvres de Carol dire son nom. Un désir ancien, dont elle n'avait que vaguement conscience par moments, se réveilla, un désir si embarrassant qu'elle l'écarta de son esprit.

"Que faîtes-vous le dimanche ? demanda Carol.

- Je ne sais pas toujours quoi faire. Rien de particulier. Et vous ?

- Récemment, rien. Si vous voulez venir me voir, à l'occasion, vous êtes la bienvenue. Au moins, c'est la campagne, là où je vis. Aimeriez-vous venir dimanche ?" Les yeux gris la regardèrent en face, et pour la première fois Thérèse soutint leur regard. Elle y vit une pointe d'humour. Et encore : de la curiosité. Et peut-être du défi.

"Oui, dit Thérèse.

- Vous êtes une drôle de fille.

- Pourquoi ?

- Tombée d'une autre planète, on dirait ", dit Carol.

Auteur: Highsmith Patricia

Info: Carol - Les Eaux dérobées

[ femmes-entre-elles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nuées animales

Il y a quelque chose de fascinant dans la façon dont bouge une colonie d'oiseaux dans le ciel ou un banc de poissons dans l'océan, dit Cillian. Il existe une telle harmonie, un tel synchronisme lorsqu'ils se déplacent au gré des vents et des courants que l'on dirait que tous, ils ne font qu'un. J'ai lu un jour que le plus fascinant dans tout ça, c'est qu'il n'y a pas besoin pour l'individu d'avoir une vue d'ensemble du tout pour savoir comment réagir, échapper à tel prédateur ou attraper tel courant porteur. Il suffit à l'individu de n'être conscient que des mouvements de ses proches voisins pour coordonner les siens propres. C'est ainsi que naît le parfait accord dans le déplacement et qu'apparaissent ces soudains changements de direction, ces ruptures instantanées de cap, comme si tous ils étaient aiguillés par le même esprit. Imagines-tu ce que l'Homme serait capable de faire s'il s'efforçait de prêter attention à ses prochains et de se comporter en harmonie avec eux ? Imagines-tu les grandes choses dont serait capable l'humanité ? Au lieu de ça, chaque individu, chaque nation, recherche son propre intérêt sans se soucier de ceux et celles qui les entourent. C'est pour ça que tous ils se heurtent et se cognent, s'assomment en plein vol, perdent des plumes et finissent tous un jour par tomber en chute libre, et par s'écraser au sol.

Auteur: Vall David

Info: De chair et de marbre

[ auto-organisation ] [ systèmes critiques ] [ inharmonie terrestre ] [ groupes autonomes coordonnés ] [ essaims ] [ murmurations mathématiques ] [ formes modulaires ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

torture

Le voilà enfin attaché. Le bourreau prend un fouet à trois lanières et le démêle sans hâte. "Tiens-toi!" dit-il à mi-voix en lui envoyant le premier coup, sans prendre d'élan comme pour s'ajuster. "Une!" dit l'inspecteur d'une voix de sacristain. Au premier moment, Prokhorov se tait et son expression ne change même pas, puis un frisson le parcourt et ce qu'il laisse échapper n'est pas un cri mais un hurlement. "Deux!" crie l'inspecteur. Le bourreau se tient de côté et frappe de telle sorte que les coups tombent en travers du tronc de sa victime. Tous les cinq coups il change de côté et lui laisse une demi-minute de répit. Les cheveux de Prokhorov sont collés à son crâne, son cou s'est gonflé; au bout de cinq à dix coups, son corps, déjà couvert de vieilles balafres, est devenu violacé, presque bleu; à chaque coup, l'épiderme craque. "Votre haute noblesse! entend-on à travers les sanglots et les hurlements, Votre haute noblesse! Pitié, Votre haute noblesse!" Au bout de vingt à trente coups, Prokhorov gémit comme un homme ivre ou délirant. Puis le cou se tend d'une manière étrange, on entend des haut-le-coeur... Prokhorov ne dit plus un mot, ne sait plus que geindre et râler; on dirait que depuis le début du supplice une éternité entière s'est écoulée, mais l'inspecteur n'en est qu'à: "Quarante-deux! Quarante-trois!" Jusqu'à quatre-vingt-dix, il y a loin. Je sors.

Auteur: Tchekhov Anton Pavlovitch

Info: L'Île de Sakhaline

[ littérature ]

 

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paranormal

Télépathie : du grec "têle" loin, et "pathos" souffrance, passion, affect. Comme souvent on dirait que les grecs anciens ont fixé les choses. On pourrait arguer qu'il y a là un "verrouillage de la pensée ?". Tel n'est pas mon propos ici.

Cette notion peu claire, télé psychique, (qui semble néanmoins exister même si c'est sans aucun contrôle) sous laquelle on pourra trouver des termes comme "synchronicité", "coïncidence", "hasard", "chance", "destin", "sérendipité", "prémonition", "transmission de pensée", etc... est-elle liée à l'"émotion" ? Etat dont l'importance centrale semble avoir été mise de côté par nos civilisations guerrières hiérarchisées et rationnelles. Alors que l'émoi semble être au coeur de notre fonctionnement depuis qu'on a montré que tout épisode émotionnel est un profond bouleversement dont la fonction est l’adaptation du cerveau.

Ma belle mère a perdu son époux il a quelques années. Il adorait les violettes.

Grande champignonneuse - au contraire de son mari -, elle se retrouva dans les bois un dimanche matin peu après les obsèques. Alors en lisière de forêt lors de sa routinière et attentive ballade elle vint à repérer une violette, puis d'autres... toujours plus nombreuses.

De fil en aiguille belle-maman se retrouva avec un un bon gros panier plein de morilles.

Une histoire que ses enfants rapportent volontiers.

Je crois qu'il en existe de semblables dans toutes les vraies familles.

Auteur: Mg

Info: 30 juillet 2018

[ question ]

 

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