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souvenirs

Quand je serai vieille, je m'allongerai sur mon lit ou me calerai les reins dans un fauteuil et j'écouterai la musique que j'écoute aujourd'hui, celle qui passe à la radio ou dans les boîtes de nuit. Je fermerai les yeux pour retrouver la sensation de mon corps en train de danser. Mon corps délié, souple, obéissant, mon corps au milieu des autres corps, mon corps affranchi de tout regard, quand je danse seule au milieu de mon salon. Quand je serai vieille, je passerai des heures ainsi, attentive à chaque son, à chaque note, à chaque impulsion. Oui, je fermerai les yeux et je me projetterai mentalement dans la danse, dans la transe, je retrouverai un à un les mouvements, les ruptures, et mon corps épousera de nouveau le rythme, la mesure, au plus près de sa pulsation.

Quand je serai vieille, si je le suis un jour, il me restera ça. Le souvenir de la danse, les basses qui cognent dans le ventre, et l'ondulation de mes hanches.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: Les gratitude, Les gratitude Page 96, JCLattès, 2019

[ futur antérieur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Ah, je me le demande parfois : que se serait-il passé si elles avaient vraiment été les filles de Kali ? Imaginez un seul instant que cette déesse toute-puissante se manifeste à chaque fois que les femmes sont abusées des mille façons inventées dans ce pays d’excès et de dérives, dans ce pays où l’homme est la seule vraie religion et les femmes ses adoratrices subjuguées ! Il suffit qu’une femme soit seule sur un chemin mal éclairé, un soir, pour qu’elle soit plus qu’un corps offert. Ministre, femme d’affaires, médecin, enseignante, millionnaire ou villageoise intouchable, peu importe ce que tu es : la nuit, toutes les femmes sont chair. Corps offert en pâture.

(…) Personne n’érige de temples à la seule gloire du vagin. Mais le sexe de Shiva, lui, se dresse, triomphal, dans toute l’Inde, des plus grands temps aux coins paumés de la campagne, où il suffit d’une pierre judicieusement formée ou taillée, dressée, haute et phallique, pour que toute l’Inde se prosterne devant elle.

Auteur: Nirsimloo Ananda Devi

Info: Le rire des déesses

[ hindous ] [ hindoues ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

corps-esprit

Comment pourrait naître, de l’équivalence de deux hypothèses opposées, autre chose qu’une indécision oscillant sans force dans le vague ? Cette situation fait bien ressortir l’avantage d’un principe explicatif unique, celui-ci permettant de prendre un parti nettement défini. Nous nous heurtons ici indubitablement à un problème fort ardu. Il nous faut une réalité, un fondement explicatif réel sur lequel nous puissions nous appuyer, et il est pourtant impossible au psychologue moderne de se cantonner dans le recours à l’ordre physique après qu’il a pris conscience de ce que l’interprétation spiritualiste a de justifié. Mais il ne pourra pas davantage adopter totalement celle-ci, car ce serait perdre de vue les motifs de la validité relative du point de vue physique. A quel saint alors se vouer ?

[…] Le conflit entre la Nature et l’Esprit n’est que la traduction de l’essence paradoxale de l’âme : elle possède un aspect physique et un aspect spirituel qui ne paraissent se contredire que parce qu’en dernière analyse nous ne saisissons pas son essence.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: L'Homme à la découverte de son âme

[ limitation ] [ inconnaissable ] [ indécision ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nostalgie

Le croira-t-on, nous avons été nourris dans un peuple gai. Dans ce temps-là un chantier était un lieu de la terre où des hommes étaient heureux. Aujourd’hui un chantier est un lieu de la terre où des hommes récriminent, s’en veulent, se battent ; se tuent.

De mon temps tout le monde chantait. (Excepté moi, mais j’étais déjà indigne d’être de ce temps-là.) Dans la plupart des corps de métiers on chantait. Aujourd’hui on renâcle. Dans ce temps-là on ne gagnait pour ainsi dire rien. Les salaires étaient d’une bassesse dont on n’a pas idée. Et pourtant tout le monde bouffait. Il y avait dans les plus humbles maisons une sorte d’aisance dont on a perdu le souvenir. Au fond on ne comptait pas. Et on n’avait pas à compter. Et on pouvait élever des enfants. Et on en élevait. Il n’y avait pas cette espèce d’affreuse strangulation économique qui à présent d’année en année nous donne un tour de plus. On ne gagnait rien ; on ne dépensait rien ; et tout le monde vivait.

Auteur: Péguy Charles

Info: L’Argent, Les Cahiers de la Quinzaine, 1913, Éditions des Équateurs, coll. Parallèles, 2008

[ simplicité joyeuse ] [ musique spontanée ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

science

Tout au contraire [d’Aristote], renonçant à saisir le sens du mouvement, Galilée le considère comme un état (il n’a donc plus besoin d’explication) et le déploie dans un système abstrait de coordonnées spatio-temporelles dépourvues de toute organisation hiérarchique. Le biais par lequel s’opère la fermeture épistémique du concept de corps (qui se trouve réduit à son centre de gravité et défini désormais par la notion de "point matériel") n’est donc pas tant un processus d’abstraction qui ne retiendrait que certains caractères de l’objet empirique et en rejetterait d’autres, qu’un processus de construction, par lequel Galilée définit un "corps idéel". Il y a ainsi identité de nature entre le concept et son objet puisque celui-ci est aussi un concept, alors que dans la connaissance philosophique le concept n’est que le moyen par lequel l’objet est connu : essentiellement transitif, il demeure ainsi ontologiquement ouvert. L’univers galiléen est donc un univers d’objets-concepts qui se meuvent eux-mêmes dans un espace-temps conçu. La géométrisation de l’espace entraîne la déchéance de toute distinction qualitative.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Histoire et théorie du symbole", éd. L'Harmattan, Paris, 2015, pages 103-104

[ réalisme-idéalisme ] [ méthode ] [ résumé ] [ mathématisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

animal domestique

Quelle tristesse de jeter cette première pelletée de terre sur sa tête, de voir cette découpure effectuée dans ce corps qui avait si souvent couru après des jouets que j'avais lancés ou frissonné sur le sol au cours de rêves dans lesquels il galopait en aboyant.
La pelle entrait et sortait du faisceau lumineux tandis que la terre heurtait son ventre, son dos, pénétrait dans ses oreilles, dans ses yeux, et que je l'ensevelissais, ainsi que tout ce qui avait contribué à faire de lui ce qu'il était : ses promenades, ses moments de repos, ses repas quand il avait faim, les étoiles qu'il contemplait parfois, le jour où je l'avais amené à la maison, la première fois où il avait vu la neige, et chaque seconde de son amitié, tout ce qu'il a emporté avec lui dans le silence et l'immobilité.
J'ai jeté sur mon ami le monde entier à coups de pelle et en ai ressenti le poids, comme si j'étais étendu à ses côtés dans ces ténèbres.

Auteur: Donovan Gerard

Info: Julius Winsome

[ enterrement ] [ deuil ] [ au revoir ]

 

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raz de marée

Une grosse bouffée blanche, qu'elle prend d'abord pour de la fumée, s'élève le long des maisons et des pins qui délimitent la côte. Mais ce n'est pas de la fumée, c'est une longue masse d'eau qui explose par-dessus la digue, fracassant tout sur son passage. Un instant plus tard arrive le bruit : sourd et menaçant, comme un roulement de tonnerre emplissant l'air, tandis que l'eau pulvérise le rivage et commence à attaquer la plaine, s'engouffre dans les maisons et les submerge. Son corps noir et massif couronné d'écume bouillonnante s'écrase contre l'école élémentaire et l'engloutit en l'espace de quelques secondes. Yuki aperçoit une petite voiture blanche happée par la vague, puis quelque chose d'autre, de carré, en forme de boîte. Une cabane ? Non, quelque chose de plus grand : une petite maison – une maison ! – qui se brise en mille morceaux sous ses yeux. Et toute cette eau sombre semble prendre de la vitesse, en même temps que son rugissement se fait de plus en plus effroyable.

Auteur: Sedgwick Julian

Info: Tsunami Girl

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

fuite

Je croyais que mon âme m'avait quitté pour jouir des beautés du monde, de la lumière de la lune sur la crête orange d'un nuage, et de la goutte de rosée qui tremble au-dessus d'une rose. Mais quand j'étais petit je croyais toujours que la vie me réservait un événement sublime et beau. Cependant, à mesure que j'examinais la vie des autres hommes, je découvrais qu'ils vivaient dans l'ennui, comme s'ils avaient habité un pays toujours pluvieux où les filets de la pluie leur laissaient au fond des pupilles des cloisons d'eau déformant leur vision des choses. Et je compris que les âmes s'agitaient sur la terre comme les poissons prisonniers dans un aquarium. De l'autre côté des vitres verdâtres, il y avait la belle vie chantante et très haute où tout aurait été différent, multiple et fort, et où les êtres nouveaux d'une création plus parfaite auraient bondi avec leurs beaux corps dans une atmosphère élastique. Alors je me disais : "C'est inutile, je dois fuir la terre."

Auteur: Arlt Roberto

Info: Les Sept fous

[ libération ] [ élévation ] [ littérature ]

 

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intelligence collective

Comment s'étonner alors que les comètes, spectacle si rare dans l'univers, ne soient pas connues, alors que leur récurrence est très grande ? ... Le temps viendra où des recherches assidues sur de longues périodes mettront en lumière des choses aujourd'hui cachées. Une seule vie, même entièrement consacrée au ciel, ne suffirait pas à l'étude d'un sujet aussi vaste... Aussi cette connaissance ne se dévoilera-t-elle qu'à travers de longs âges successifs. Il viendra un temps où nos descendants s'étonneront que nous n'ayons pas su des choses qui leur paraissent si évidentes .... De nombreuses découvertes sont réservées pour des âges encore à venir, lorsque notre mémoire aura été effacée. Notre univers est une bien piètre affaire s'il ne contient pas quelque chose à découvrir à chaque époque... La nature ne révèle pas ses mystères une fois pour toutes. Un jour, il y aura un homme qui montrera dans quelles régions les comètes ont leur orbite, pourquoi elles voyagent si loin des autres corps célestes, quelle est leur taille et quelle est leur nature.

Auteur: Sénèque

Info: Questions naturelles, livre 7. Traduit par Thomas H. Corcoran dans Seneca in Ten Volumes : Naturales Quaestiones II (1972), 279 et 293.

[ trans-époque ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cirque

Être en apesanteur dans la pesanteur, je peux.
Je peux. Je vole.
Je ne peux pas léviter. Je peux.
Je peux léviter peu de temps.
Ce calembour, je ne peux pas l'éviter.
Me pendre à une corde par le cou et rester comme ça, sans y rester, je ne peux pas.
Je veux faire des phrases qui se contorsionnent et qui tordent la logique.
Des phrases de Gugusse, des phrases de clown blanc.
Ceux qui me regardent ne peuvent pas tout cela que je peux, même en amateurs volontaires.
Je ne peux pas pincer mon nez avec mon cul. Je peux.
Bondir comme un pneu, je peux mon n'veu.
Je suis sur la plante de mes pieds qui sont sur la selle qui est sur le cheval au galop sur la piste. Je tiens, je le veux.
Plus vite ! Je peux.
Mon corps est malléable, très.
Je ne peux pas marcher sur le fil tendu de mes boyaux. Je ne peux pas. Je ne suis pas sûr de le vouloir.

Auteur: Jouet Jacques

Info: "Pensées du cirque", in "Sac à dos, une anthologie de poésie contemporaine pour lecteurs en herbe", éd. Le Mot et le Reste, p. 152-153

[ expériences de pensée ] [ imagination ] [ potentialités ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama