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égalité

Après tout, si l'ascenseur social est la carotte des classes moyennes et populaires, pourquoi le toboggan social ne serait-il pas le bâton des classes supérieures ? De la sorte, le processus de circulation sociale serait maîtrisé dans sa totalité. Et puisque l'école détermine, par des méthodes proactives, les individus qui s'élèvent, pourquoi pas aussi ceux qui chutent ? On aimerait ainsi que le gouvernement nous présente ses mesures pour nous assurer que les rejetons de bonne famille finissent bien dans la misère s'ils sont nuls en classe. Y a pas de raison ! Pourquoi ne pas se fixer des objectifs ambitieux, du type "30 % de fils de Polytechniciens chez les non-diplômés" ? Une telle n'annonce n'aurait rien de démagogique, pourvu qu'elle soit correctement expliquée à l'opinion : il faudrait la présenter comme le pendant de l'"égalité des chances".

Auteur: Quilgars Emmanuel

Info:

[ société ] [ humour ]

 

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animal domestique

Je fis le tour de la pièce. De son oeil vert un chat me guettait. Il était couché sur l'appui d'un castelet, parmi des marionnettes, la patte droite en avant, la peau des doigts d'un joli cuir noir et je me souvins qu'au Japon, au cimetière pour chats de Go-To-Ku-Ji, j'avais vu la fresque des matous sur la façade du temple, la patte levée pour un mystérieux salut. Selon les légendes chinoises et japonaises l'âme d'une personne morte de mort violente pouvait être recueillie dans le corps d'un chat et même parler par sa bouche.

"Maneki Neko", dis-je doucement, en lui caressant l'échine.

C'était la formule magique qu'on m'avait apprise à Tokyo pour faire parler un chat dont le maître avait été tué. Mais celui-ci se contenta de frissonner sous ma main.

Auteur: Roblès Emmanuel

Info: Un printemps d'Italie

[ psychopompe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

moteur

La seule indulgence que je pourrai avoir sur ma vie me conduirait au suicide. Mais ce serait beaucoup trop simple. Je resterai accroché par les ongles à cette vie de merde. Par pur esprit de contradiction. Parce que la contradiction c'est la vie. Tant que je haïrai cette vie je serai vivant, pour en souffrir. C'est le Non qui tient debout. C'est la haine que j'aime. Les pierres n'ont pas la haine, les animaux n'ont pas la haine, les arbres n'ont pas la haine. Les hommes ont la haine. Je suis un homme parce que j'ai la haine. Peu importe contre qui ou quoi. Alors pourquoi pas contre moi. Je me hais et ça me tient debout. Haïr la vie c'est encore la vivre. Je vivrai cette vie que je hais. Je vivrai cette haine, parce qu'elle vit.

Auteur: Mano Solo Emmanuel Cabu

Info: Joseph sous la pluie : Romans, poèmes, dessins

[ survie ] [ refus ] [ ressentiment ]

 

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relations humaines

"J’aime quelqu’un", m’a-t-elle dit. Je ne sais pourquoi ces mots quelconques ont subitement fait naître en moi une grande pitié pour elle. Je ne sais pourquoi cette façon de m’annoncer une nouvelle aussi importante m’a montré une Madeleine sans défense. J’ai eu le pressentiment qu’elle allait être dominée, qu’elle allait souffrir encore davantage, parce que je ne serais plus là pour la comprendre. Ce dernier mot me dévoile tout à coup une vérité à laquelle je n’avais pas encore songé. La compréhension la plus profonde, la compréhension qui aujourd’hui m’était apparue comme la base de tout amour, est inutile. Il ne sert à rien de comprendre ses semblables. La compréhension profonde n’ajoute rien à l’amour. Oui, la lassitude qui pèse sur moi est quelque chose d’effrayant. J’ai passé la quarantaine, et me voilà comme au début de l’existence.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 191

[ altérité radicale ] [ stagnation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déconstruction

Il est très difficile de casser une phrase. La grammaire est une sorte de procédure "qui n'a de compte à rendre à aucune réalité", disait Wittgenstein. De ce point de vue, je ne suis pas sûr que - sous les allures d'une plus grande souplesse - le langage ordinaire soit moins formel que le langage mathématique. Mais pour le voir, il convient d'analyser cet autre noeud de langage : le couple (infernal-infernal) sujet/objet. Si l'on parvient un jour à clarifier la question, il se pourrait que la face du monde en soit changée. Pour le moment, la seule chose que je vous demande d'essayer d'avoir présente à l'esprit est que lorsque vous écrivez, lorsque vous coulez vos pensées dans une phrase, il n'y a là rien de naturel. Vous ne faites qu'appliquer aveuglément des règles que vous avez apprises.

Auteur: Hocquard Emmanuel

Info: In "Le Cours de Pise", éd. P.O.L, p. 178

[ philosophie ] [ fins et moyens ] [ verrouillage linguistique ] [ préconception ] [ carcans idiomatiques ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

cercle vicieux consumériste

Nous périssons parce que le premier commandement de notre civilisation mercantile (...) est qu’on ne peut manger que la marchandise qu’on a achetée pour de l’argent, après avoir vendu ce qu’on produit pour avoir cet argent. Il en résulte un cercle vicieux absolument inouï. Les uns souffrent de la faim parce qu’ils ne trouvent pas à vendre leur travail pour de l’argent et avec cet argent acheter ensuite leur nourriture. D’autres détruisent leurs stocks de nourriture parce qu’ils ne trouvent pas à les vendre pour avoir de l’argent et acheter aux premiers le travail afin que ceux-ci avec cet argent, puissent acheter leur nourriture. Il est interdit de vivre autrement que par l’argent et il est interdit de produire ce qu’il faut pour vivre autrement que pour l’argent. Et jamais consigne n’a été plus rigoureusement suivie ni jamais convention n’a été plus scrupuleusement observée.

Auteur: Malynski Emmanuel

Info: Dans "La guerre occulte", éd. édition électronique, 1940, p. 38, coécrit avec Léon de Poncins

[ privation d'autonomie ] [ absurde ] [ coercition ] [ pouvoir financier ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

enfance

Le soir, je mets consciencieusement ma dent sous l'oreiller, je m'endors en espérant que la petite souris, sera fidèle au rendez-vous. Pas du tout effrayée à l'idée qu'elle va se glisser dans mon lit. Le lendemain à mon réveil, je trouve une pièce de cinq francs, avec un dessin qui représente la souris. Elle est donc venue me voir, réellement. Très excitée par l'évènement, je décide de recommencer le soir même, puisque j'ai gardé ma dent. Avec, je crois l'idée de vérifier si la petite souris est bien une petite souris.
Le lendemain, je trouve effectivement une nouvelle pièce, mais plus de dent! Je cours demander à mes grands-parents ce qu'elle est devenue. Ils m'expliquent que la petite souris l'a emportée avec elle tout simplement.
Je suis furieuse. D'abord par ce que c'est MA dent. Ensuite parce que j'avais l'intention de répéter l'expérience.
Vraiment furieuse. MA dent!

Auteur: Laborit Emmanuelle

Info: Le cri de la mouette

[ profit ] [ déception ] [ propriété ]

 

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tristesse

Je ne suis pas neurasthénique, ni sentimental. Je ne suis rien de particulier. D’où vient alors que je ressemble à ce point à une épave ? Si on était entré en coup de vent au moment où je pleurais, je me serais dressé comme si rien n’était et j’eusse fait ce qu’on m’aurait proposé avec la gaieté nécessaire, comme si jamais je n’avais souffert. Ce n’est pourtant pas de la comédie tout cela. Je ne me trompe pas. Je pleure. Je souffre et je ne peux rien contre moi-même, et je vis comme tout le monde. Je suis incapable d’envisager une autre existence. C’est surtout cela qui m’étonne, de pleurer ainsi et tout de suite après de ressembler au premier venu. J’ai les occupations de tout le monde, je vais au théâtre, je suis gai, et au fond de moi-même, il y a toujours quelque chose qui n’est pas heureux, quelque chose d’insatisfait.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 43

[ apparences ] [ masque ] [ division subjective ] [ simultanéité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

inégalités

...je suis terriblement choqué par les gens qui vous disent qu'on est libre, que le bonheur se décide, que c'est un choix moral. Les professeurs d'allégresse pour qui la tristesse est une faute de goût, la dépression une marque de paresse, la mélancolie un péché. Je suis d'accord, c'est un péché, c'est même le péché mortel, mais il y a des gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n'arracheront pas à leur condition. Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c'est comme entre les pauvres et les riches, c'est comme la lutte des classes, on sait qu'il y a des pauvres qui s'en sortent mais la plupart, non, ne s'en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c'est comme dire à un affamé qu'il n'a qu'à manger de la brioche.

Auteur: Carrère Emmanuel

Info: D'autres vies que la mienne, p 156

[ disparités ] [ donneurs de leçons ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

surdité

Un mois entier seule avec des entendants, c'est dur.
L'effort est constant. On se demande jusqu'où on va pouvoir tenir. La différence est là, inévitable. On a vraiment besoin de voir des sourds J'ai fait l'expérience une fois, en Espagne, avec mes parents. A la fin du mois, c'était l'angoisse, le sentiment d'étouffer. J'avais atteint la dernière limite. Plusieurs mois sans les sourds, seule dans un milieu d'entendants, c'est inimaginable. Je me demande comment je supporterais. Est-ce que je crierais à nouveau comme une mouette? Est-ce que je m'énerverais? Est-ce que je les supplierais de me regarder, de ne pas m'oublier?
Retrouver le monde des sourds, c'est un soulagement. Ne plus faire d'efforts. Ne plus se fatiguer à s'exprimer oralement. Retrouver ses amis, son aisance, les signes qui volent, qui disent sans effort, sans contrainte. Le corps qui bouge, les yeux qui parlent. Les frustrations qui disparaissent d'un seul coup.
Communication velours.

Auteur: Laborit Emmanuelle

Info: Le cri de la mouette

 

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