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femmes-entre-elles

Parmi les femmes qui composaient la société de***, Mélanide était la moins aimable, et l'une des plus remarquables par son esprit ; mais personne encore n'avait poussé plus loin l'enivrement et l'aveuglement de l'amour-propre. Ce qui entraîne le défaut de goût, et produit toujours les ridicules les plus saillants.
Avec des traits et une taille hommasse, Mélanide ne pouvait se trouver jolie ; mais elle se persuadait qu'elle était belle, et d'après cette opinion, elle avait toute la recherche de la parure, toutes les mines d'une coquette uniquement occupée de sa figure. Il y avait dans sa personne et dans ses manières quelque chose de si affecté, de si bizarre, que dès qu'elle paraissait, tous les yeux se fixaient sur elle. Et, prenant alors l'étonnement et la curiosité pour de l'admiration, elle se disait tout bas, "nulle femme n'a produit cet effet"; et cette comique illusion de son orgueil était parfaitement exprimée par la mâle assurance de son maintien, par son air intrépide et conquérant : elle ignorait que les hommes qui aiment le mieux les femmes, ne regardent jamais fixement celles qui sont jeunes, jolies, et modestes. La galanterie à cet égard ressemble à l'amour: elle craint de blesser et de profaner son objet ; elle n'ose le contempler qu'à la dérobée; et c'est ainsi qu'en admirant la beauté elle rend hommage à la pudeur.
Mélanide avait infiniment d'esprit, mais un esprit absolument dénué de grâce; et le désir ardent et continuel de briller le rendait souvent faux. Ne pensant qu'à elle, rapportant tout à elle, ne parlant que d'elle, directement ou indirectement, elle ne savait ni écouler, ni répondre. Quand on ne voyait pas clairement sa vanité, on la sentait; on en était toujours ou frappé ou importuné. Les amis de Mélanide faisaient d'elle, sans le vouloir, la critique la plus piquante; ils avouaient qu'elle contait mal, qu'elle était dépourvue du charme, du naturel et de la naïveté, de celui de la gaîté. Mais ils prétendaient qu'elle avait dans la conversation "de la force et de l'éloquence".
Cette singulière admiration ressemblait plus à une épigramme qu'à un éloge. Sans doute on peut être éloquent en tête-à-tête avec ce qu'on aime, tandis que dans la conversation il faut, non les talents d'un orateur, mais de la grâce et du naturel. Dans la société la plus intime, un entretien agréable est toujours un dialogue vif et serré : l'usage du monde en exclut les "longues tirades", et par conséquent l'éloquence; rien n'y doit être approfondi : la variété, la légèreté en font le charme ; la force y serait déplacée, elle n'y paraîtrait que comme de la pesanteur.

Auteur: Genlis Madame de

Info: à propos de Mme de Staël

[ vacherie ] [ haine ] [ mondanités ]

 

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machine-homme

- (Q) Comment se positionner lorsqu'on fait partie comme moi de la race humaine, et que l'on constate qu'alors que l'humanité n'est qu'une infime émergence de ce que nous appelons le vivant, tous ses actes indiquent que son égoïsme, c'est à dire les égoïsmes conjugués de ses membres, poussés par le besoin de sécurité et de confort, nous conduisent tous vers l'auto-destruction ?

- (R) Il est compréhensible de se sentir préoccupé par l'état de l'humanité et les défis auxquels nous sommes confrontés. Il peut être complexe de faire face à ces préoccupations, mais voici quelques suggestions sur la manière de les aborder :

Favoriser la prise de conscience : Restez informé des problèmes qui affectent l'humanité et la planète. Renseignez-vous sur les défis environnementaux, sociaux et politiques auxquels nous sommes confrontés. Cette sensibilisation peut vous aider à mieux comprendre le contexte général et les solutions potentielles.

Cultiver l'empathie : Reconnaître l'interconnexion de tous les êtres vivants et développer l'empathie envers les autres. Comprendre l'impact de nos actions sur les autres peut inspirer un comportement plus compatissant et plus responsable.

Montrer l'exemple : Ayez une influence positive dans votre propre vie et dans votre communauté. Adoptez des pratiques durables, encouragez la gentillesse et la compréhension, et engagez-vous dans des actions qui correspondent à vos valeurs. De petits changements dans le comportement individuel peuvent avoir un effet d'entraînement et inciter d'autres personnes à faire de même.

Plaidez en faveur du changement : Trouvez des moyens de contribuer à des causes ou à des initiatives qui correspondent à vos préoccupations. Il peut s'agir de soutenir des organisations qui se consacrent à la préservation de l'environnement ou à la justice sociale, ou de plaider en faveur de politiques qui favorisent un avenir durable et équitable.

Collaborer et se connecter : Engagez-vous avec des personnes et des communautés qui partagent vos préoccupations et vos aspirations. Collaborez à des projets, rejoignez des initiatives locales ou mondiales et tirez parti des efforts collectifs pour créer un changement positif.

Prenez soin de vous : Il est essentiel de prendre soin de votre propre bien-être pour soutenir vos efforts en vue d'avoir un impact positif. Maintenez un équilibre entre votre développement personnel, vos soins personnels et vos efforts pour contribuer à un monde meilleur.

Il est important de se rappeler que si les actions individuelles sont précieuses, le changement systémique nécessite souvent des efforts collectifs et des transformations structurelles. En étant proactif, en restant informé et en participant activement aux efforts visant à créer un monde plus durable et plus compatissant, vous pouvez contribuer à façonner un avenir meilleur pour l'humanité.

Auteur: chatGPT4

Info: 17 mai 2023

[ question-réponse ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

violeur

[...] ... Lors d'une réunion commune aux policiers et aux gendarmes, à Lille, le 2 septembre 2003, Nicolas Sarkozy déclare ne pas être resté sourd à la douleur des familles et associations de victimes. Il souhaite "ouvrir un grand débat sur la répression et la prévention des crimes sexuels. La prison ne guérit pas ceux qui ont des pulsions monstrueuses" et que le délinquant sexuel soit "obligé de pointer dans un commissariat, de signaler un changement de domicile, d'indiquer où il se trouve et de présenter des éléments prouvant qu'il suit un traitement (...) Il ne s'agit pas de condamner à perpétuité des gens, mais de protéger à perpétuité des victimes potentielles (...) Nous voulons un fichier dynamique, pour localiser par exemple en quelques minutes toutes les personnes condamnées depuis vingt ans qui habitent près du lieu où un enfant vient d'être enlevé." (Le Monde, le 5 septembre 2003). Comme d'habitude, cette déclaration a provoqué une levée de boucliers des différents syndicats de magistrats qui estiment qu'il s'agit d'une "condamnation à perpétuité" des délinquants sexuels. Prévu par la loi Guigou, le soi-disant suivi socio-judiciaire n'a touché que 417 personnes en 2001. Parallèlement, le nombre de détenus condamnés pour des crimes et délits sexuels ne cesse de grimper : il passe de 1 118 en 1980 à 8 109 en 2002. Dans son dernier rapport d'activité paru en juillet 2003, l'administration pénitentiaire indique que "le viol et les agressions sexuelles sont désormais la première cause d'incarcération des condamnés (24% contre 9 % en 1990)" avant l'infraction sur les stupéfiants (12 %) et le vol qualifié (12 %). En 1997, un rapport de recherche de la Direction générale de la santé a mobilisé pendant trois ans dix-huit maisons d'arrêt et centres de détention en France pour étudier une population de 176 délinquants sexuels. On y apprend que plus d'un tiers d'entre eux ont subi une agression sexuelle avant l'âge de dix ans, agressions qui se sont souvent répétées pendant l'enfance et l'adolescence. 45 % sont des récidivistes, chaque délinquant récidive trois fois en moyenne. Dans tous les cas, le rapport souligne une progression dans la gravité du délit. La recherche prouve que plus d'un agresseur sur deux ne se rend compte ni de la portée de son acte, ni des conséquences qu'il entraîne pour la victime : "Une telle occurrence montre que ces sujets, une fois leur peine purgée, se retrouveront donc face à leur malaise interne avec aussi peu de moyens psychiques d'y faire face qu'avant ... Une fois en dehors d'un cadre judiciaire, l'agresseur sexuel ne cherchera nullement à tenter une démarche dont aucun bien-fondé ne lui apparaît. Une fois quittés les rets de la justice, leur volonté disparaît."

Auteur: Bourgoin Stéphane

Info: Serial Killers: Enquête mondiale sur les tueurs en série

[ pervers ] [ psychose ]

 

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hérésie chrétienne

Le défi que les Frères du Libre Esprit lancent à la voie chrétienne de l’intériorité [...] concerne en dernier ressort la dualité créé-Incréé, sur le plan de laquelle se situe l’exotériste pieux. Celui-ci croit se garantir contre les horreurs de ce qu’on appellera plus tard le panthéisme et les déviations morales qu’il entraîne, en posant une distinction ontologiquement radicale entre le Créateur et la créature. Mais cette garantie se révèle à l’examen moins efficace que ne le croit une théologie un peu sommaire. Car voici l’objection : si Dieu est l’être absolu et infini, comment pourra-t-il exister en dehors de Lui un autre être ? Un tel être, non-divin, constituerait en effet, pour l’Être infini, une limitation ; ce qui est contradictoire. Ne faut-il pas alors conclure, ou que la créature n’existe pas – ce qui est impossible – ou que son être est l’Être même de Dieu ? Quand cette conclusion théorique se transforme en prise de conscience effective, estime l’adepte du "libre Esprit", l’âme accède à la "gnose" libératrice de sa nature divine. Pour elle, Dieu est mort en tant qu’idole morale et conceptuelle : elle est vraiment délivrée et tout lui est permis.

La réponse qu’apporte la Theologia teutsch à ce défi radical nous paraît d’une grande profondeur et doit être écoutée attentivement. [...]

Si l’on identifie la créature au Créateur (en quoi consiste le panthéisme), ne risque-t-on pas de tomber dans l’athéisme pur et simple ? Et, si l’on nie la réalité de l’infini divin, qu’en est-il alors de la liberté de l’Esprit ? Seule subsiste la finitude du créé, de la nature et de ses lois, et la prétendue libération de toute règle se réduit à un asservissement indéfini aux déterminismes des instincts les plus aveugles. Il s’agit donc de montrer que la solution du Libre Esprit est une illusion, qu’elle conduit à la servitude, non à la liberté, mais sans renoncer à la vérité de l’Esprit, à son exigence d’unité et d’intériorité, qui nous conduit à dépasser l’interprétation exotérique de la dualité du créé et de l’Incréé. Maintenir cette dualité telle quelle, en effet, n’a que les apparences d’une fidélité à l’orthodoxie de la foi. Par cette dualité même, la transcendance de Dieu est sans doute sauvegardée, mais l’indépendance et la suffisance de la créature sont en même temps posées, comme si la créature pouvait exister en dehors de Dieu et se passer ontologiquement de Lui. Il faut donc dépasser la dualité, mais sans l’abolir, de telle sorte qu’au contraire elle soit fondée et confirmée. La créature est à la fois en Dieu et hors de Dieu. Il convient cependant d’observer que la Theologia germanica se préoccupe plus d’enseigner une voie spirituelle qui permette de réaliser cette non-dualité, que d’en exposer théoriquement la doctrine métaphysique.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 169-170

[ problème ] [ ésotérisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bipolarité

L’une des questions qui me paraissent les plus intéressantes sur ce sujet est celle de l’éventuelle dissolution du moi que peut entraîner l’empathie : quand on éprouve de l’empathie, qu’en est-il des frontières du moi ? Si l’on imagine une politique fondée sur l’empathie, qu’en est-il du désir individuel ? Peut-il continuer à avoir du sens ? La science-fiction explore régulièrement ce territoire, en recourant à différentes formes et degrés imaginaires d’empathie, de télépathie, voire de symbiose : le collectif Gaïa dans le "Cycle de Fondation" (1942-1993) d’Isaac Asimov ; divers télépathes et empathes dans L’Oreille interne (1972) de Robert Silverberg, Chroniques du pays des mères (1992) et le "Cycle de Tyranaël" (1994-1997) d’Élisabeth Vonarburg ou la série Babylon 5 (1994-1998) de J. Michael Straczynski ; le symbiote Solstice/Paramètre dans Le Canal Ophite (1977) de John Varley, quelques passages saisissants de Starship Troopers (1997) de Paul Verhoeven, Connectés et Mécanistes dans Étoiles Mourantes (1999) d’Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach, la drogue empathique dans Code 46 (2003) de Michael Winterbottom ; enfin, Vulcains, Bétazoïdes ou Trills dans les différentes séries Star Trek depuis 1966 (Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, etc.), avec notamment l’idée que la télépathie pourrait être l’unique forme possible de communication avec des espèces extraterrestres par trop différentes, autrement dit authentiquement alien (épisode "The Devil in the Dark2 (1967) dans la série Star Trek originale), idée qu’on retrouve également dans Maître des arts (1974) de William Rotsler. Mais si je me suis concentrée jusque-là sur ce qu’on pourrait appeler "l’empathie passive ou réceptrice", qui correspond à la signification la plus courante du terme, nous n’avons en fait cessé de rencontrer une possible forme symétrique, que l’on pourrait désigner comme "empathie active ou émettrice", et qui désignerait la faculté de transmettre à autrui ses émotions et ses désirs (casque sensoriel dans Strange Days (1995) de Kathryn Bigelow), et plus généralement de le manipuler ("Persuasion de Force" dans Star Wars - 1977 - de George Lucas). Or cette forme d’empathie joue certainement un rôle crucial dans les sociétés humaines et animales, car elle pose la question de la manipulation des individus et des foules, et, de façon générale, celle de l’art, de la politique, et de leurs liens (cf. l’art du kineïrat dans le cycle "La Bohême et l’Ivraie" (1990) d’Ayerdhal). La philosophie n’est d’ailleurs pas en reste sur cette question, puisque c’est déjà ce qui occupe Platon, centralement dans Ion, La République ou Les Lois (IVe siècle av. J.-C.), mais aussi dans l’ensemble de sa démarche, la philosophie se donnant précisément pour but de convaincre autrui par la raison, par opposition au sophiste qui persuade par l’émotion, c’est-à-dire la transmission empathique – avec tous les dangers que ce dernier procédé présente, et que l’histoire des hommes ne cesse de rappeler.

Auteur: Allouche Sylvie

Info: https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2014-1-page-149.htm, dernière partie de "Communication empathique, télépathique et symbiotique"

[ charisme ] [ pouvoir ] [ identification ] [ rationalisme vs emoi ]

 

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nom-du-père

Qu’est-ce que le père ? Je ne dis pas dans la famille – car dans la famille, il est tout ce qu’il veut, il est une ombre, il est un banquier, il est tout ce qu’il doit être, il l’est ou il ne l’est pas, cela a toute son importance à l’occasion, mais cela peut aussi bien n’en avoir aucune. Toute la question est de savoir ce qu’il est dans le complexe d’Œdipe.

Eh bien, le père n’y est pas un objet réel, même s’il doit intervenir en tant qu’objet réel pour donner corps à la castration. S’il n’est pas un objet réel, qu’est-il donc ?

Il n’est pas uniquement non plus un objet idéal parce que, de ce côté-là, il ne peut arriver que des accidents. Or, le complexe d’Œdipe n’est tout de même pas uniquement une catastrophe, puisque c’est le fondement de notre relation à la culture, comme on dit.

[...] le père est une métaphore.

[...] Je dis exactement – le père est un signifiant substitué à un autre signifiant. Là est le ressort, le ressort essentiel, l’unique ressort de l’intervention du père dans le complexe d’Œdipe. Et si ce n’est pas à ce niveau que vous cherchez les carences paternelles, vous ne les trouverez nulle part ailleurs.

La fonction du père dans le complexe d’Œdipe est d’être un signifiant substitué au premier signifiant introduit dans la symbolisation, le signifiant maternel. [...]

C’est la mère qui va, qui vient. C’est parce que je suis un petit être déjà pris dans le symbolique, et que j’ai appris à symboliser, que l’on peut dire qu’elle va, qu’elle vient. Autrement dit, je la sens ou je ne la sens pas, le monde varie avec son arrivée, et peut s’évanouir.

La question est – quel est le signifié ? Qu’est-ce qu’elle veut, celle-là ? Je voudrais bien que ce soit moi qu’elle veuille, mais il est bien clair qu’il n’y a pas que moi qu’elle veut. Il y a autre chose, qui la travaille. Ce qui la travaille, c’est le x, le signifié. Et le signifié des allées et venues de la mère, c’est le phallus.

[...] L’enfant, avec plus ou moins d’astuce ou de chance, peut arriver très tôt à entrevoir ce qu’est le x imaginaire, et, une fois qu’il l’a compris, à se faire phallus. Mais la voie imaginaire n’est pas la voie normale. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle entraîne ce que l’on appelle des fixations. Et puis, elle n’est pas normale parce qu’en fin de compte, elle n’est jamais pure, elle n’est pas complètement accessible, elle laisse toujours quelque chose d’approximatif et d’insondable, voire de duel, qui fait tout le polymorphisme de la perversion.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 174-175

[ réel-symbolique-imaginaire ]

 

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objet d'investissement

Qu’est-ce qui différencie le deuil de la mélancolie ?

Pour le deuil, il est tout fait certain que sa longueur, sa difficulté, tient à la fonction métaphorique des traits conférés à l’objet de l’amour, en tant qu’ils sont des privilèges narcissiques. […] Freud insiste bien sur ce dont il s’agit – le deuil consiste à identifier la perte réelle, pièce à pièce, morceau par morceau, signe à signe, élément grand I à élément grand I, jusqu'à épuisement. Quand cela est fait, fini. […]

L'affaire ne commence à devenir sérieuse qu'à partir du pathologique, c’est-à-dire de la mélancolie. L'objet y est, chose curieuse, beaucoup moins saisissable pour être certainement présent, et pour déclencher des effets infiniment plus catastrophiques, puisqu'ils vont jusqu'au tarissement de ce que Freud appelle le sentiment le plus fondamental, celui qui vous attache à la vie.

[…] Quels traits se laissent-ils voir d'un objet si voilé, masqué, obscur ? Le sujet ne peut s’attaquer à aucun des traits de cet objet que l’on ne voit pas, mais nous analystes, […] nous pouvons en identifier quelques-uns à travers ceux qu'il vise comme étant ses propres caractéristiques à lui. Je ne suis rien, je ne suis qu’une ordure.

Remarquez qu'il ne s'agit jamais de l'image spéculaire. Le mélancolique ne vous dit pas qu'il a mauvaise mine, ou qu'il a une sale gueule, ou qu'il est tordu, mais qu'il est le dernier des derniers, qu'il entraîne des catastrophes pour toute sa parenté, etc. Dans ses accusations, il est entièrement dans le domaine du symbolique. Ajoutez-y l'avoir - il est ruiné. Cela n’est-il pas fait pour vous mettre sur la voie ?

[…] Il s'agit de ce que j'appellerais, non pas le deuil ni la dépression au sujet de la perte d'un objet, mais un remords d'un certain type, déclenché par un dénouement qui est de l'ordre du suicide de l'objet. Un remords donc, à propos d'un objet qui est entré à quelque titre dans le champ du désir, et qui, de son fait, ou de quelque risque qu'il a couru dans l'aventure, a disparu.

[…] La voie vous est tracée par Freud, quand il vous indique que déjà dans le deuil normal la pulsion que le sujet retourne contre soi pourrait bien être une pulsion agressive à l’endroit de l’objet. Sondez ces remords dramatiques quand ils adviennent. Vous verrez peut-être qu’il revient ici contre le sujet une puissance d’insultes qui peut être parente de celle qui se manifeste dans la mélancolie. Vous en trouverez la source dans ceci – cet objet, s’il a été jusqu’à se détruire, ce n’était donc pas la peine d’avoir pris avec lui tant de précautions, ce n’était donc pas la peine de m’être détourné pour lui de mon vrai désir.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, livre VIII - Le transfert" pages 458-459

[ arbitraire ] [ généalogie du signe ]

 

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progrès

Selon des traditions dignes de foi, ce serait au cours du XVIe siècle, période d’intense animation spirituelle, que l’homme, renonçant à violer les secrets de la nature comme il l’avait tenté jusqu’alors pendant vingt siècles de spéculation religieuse et philosophique, se contenta, d’une façon que l’on ne peut qualifier que de "superficielle", d’en explorer la surface. Le grand Galilée, par exemple, qui est toujours le premier cité à ce propos, renonçant à savoir pour quelle raison intrinsèque la Nature avait horreur du vide au point qu’elle obligeait un corps en mouvement de chute à traverser et remplir espace après espace jusqu’à ce qu’il atteignît enfin le sol, se contenta d’une constatation beaucoup plus banale : il établit simplement à quelle vitesse ce corps tombe, quelle trajectoire il remplit, quel temps il emploie pour la remplir et quelle accélération il subit. L’Eglise catholique a commis une grave faute en forçant cet homme à se rétracter sous peine de mort au lieu de le supprimer sans plus de cérémonies : c’est parce que lui et ses frères spirituels ont considéré les choses sous cet angle que sont nés plus tard (et bien peu de temps après si l’on adopte les mesures de l’histoire) les indicateurs de chemin de fer, les machines, la psychologie physiologique et la corruption morale de notre temps, toutes choses à quoi elle ne peut plus tenir tête. Sans doute est-ce par excès d’intelligence qu’elle a commis cette faute, car Galilée n’était pas seulement l’homme qui avait découvert la loi de la chute des corps et le mouvement de la terre, mais un inventeur à qui le Grand capital, comme on dirait aujourd’hui, s’intéressait ; de plus, il n’était pas le seul à son époque qu’eût envahi l’esprit nouveau. Au contraire, les chroniques nous apprennent que la sobriété d’esprit dont il était animé se propageait avec la violence d’une épidémie ; si choquant qu’il soit aujourd’hui de dire de quelqu’un qu’il est animé de sobriété, quand nous penserions plutôt en être saturés, le pas que l’homme fit à cette époque hors du sommeil métaphysique vers la froide observation des faits dut entraîner, si l’on en croit quantité de témoignages, une véritable ardeur, une véritable ivresse de sobriété. Si l’on se demande comment l’humanité a pu penser à se transformer ainsi, il faut répondre qu’elle a agi comme tous les enfants raisonnables quand ils ont essayé trop tôt de marcher ; elle s’est assise par terre, elle a touché la terre avec une partie du corps peu noble sans doute, mais sur laquelle on peut se reposer. L’étrange est que la terre se soit montrée si sensible à ce procédé et qu’elle se soit laissé arracher, depuis cette prise de contact, une telle foison de découvertes, de commodités et de connaissances qu’on en crierait presque au miracle. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, pages 472-473

[ sciences ] [ matérialisme ] [ dénigrement ] [ décadence ]

 

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réfléchir

Le calcul mental active des aires cérébrales impliquées dans l'attention spatiale. Une étude menée par des chercheurs du CEA, de l'Inserm, de l'Inria, de l'Université Paris-Sud au sein de l'unité Inserm/CEA "Neuro imagerie cognitive", à NeuroSpin.
Grâce à l'imagerie cérébrale par résonance magnétique à 3 Teslas de NeuroSpin, ces équipes viennent de mettre en évidence un rapprochement inattendu entre les représentations des nombres et celles de l'espace dans le cerveau. Ces travaux, qui sont publiés dans Science Express, pourraient avoir des conséquences importantes pour l'enseignement de l'arithmétique.
Au sein de l'équipe de Stanislas Dehaene dans l'unité Inserm/CEA de neuro imagerie cognitive à NeuroSpin, André Knops a enregistré l'activité du cerveau au moyen d'un appareil d'imagerie par résonance magnétique (IRM) de 3 Teslas, alors que des adultes volontaires effectuaient, soit des additions et des soustractions mentales, soit des mouvements des yeux vers la droite ou vers la gauche de l'écran. Un logiciel de traitement du signal a ensuite permis d'identifier des régions du cerveau impliquées dans les mouvements des yeux, et d'en déduire un algorithme qui, à partir de l'activité cérébrale, dévoile un aspect du comportement des sujets.
À partir des images IRM de haute résolution obtenues, les chercheurs ont été en mesure de déduire, essai par essai, si la personne avait orienté son regard vers la droite ou vers la gauche, avec un taux de succès de 70 %. Plus surprenant, cette classification s'est étendue au calcul mental: les chercheurs ont ainsi observé la même distinction entre l'activité cérébrale évoquée pendant les mouvements à gauche ou à droite et pendant les opérations de soustraction ou d'addition - que ces opérations soient réalisées avec des ensembles concrets d'objets (calcul non symbolique) ou avec des nombres symboliques (calcul symbolique) présentés sous formes de chiffres arabes.
Ils en ont conclu que le calcul mental ressemblait à un déplacement spatial. Par exemple, dans une certaine mesure, lorsqu'une personne qui a appris à lire de gauche à droite, calcule 18 + 5, son attention se déplace "vers la droite" de 18 à 23 dans l'espace des nombres, comme si les nombres étaient représentés sur une ligne virtuelle.
En mettant en évidence l'interconnexion entre le sens des nombres et celui de l'espace, ces résultats éclairent l'organisation de l'arithmétique dans le cerveau. Ils sont compatibles avec l'hypothèse, développée par Stanislas Dehaene, que les apprentissages scolaires entraînent un recyclage neuronal de régions cérébrales héritées de notre évolution et dédiées à des fonctions proches.
Chez les enfants en difficultés, l'utilisation de jeux qui insistent sur la correspondance entre les nombres et l'espace, tels que le jeu des "petits chevaux", peut conduire à des améliorations prononcées des compétences en mathématiques. Sur ce principe, un logiciel ludo-pédagogique en libre accès, "La course aux nombres", a été développé par le même groupe afin de faciliter l'apprentissage de l'arithmétique.

Auteur: Internet

Info: 13 Mai 2009

[ voir ]

 

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ésotérisme

L'être intérieur est, pour ainsi dire, inextricablement enchevêtré cellules avec cellules, et fibres avec fibres dans le corps physique. Il existe dans le corps, en quelque sorte, comme la fibre de la mangue existe dans ce fruit. Nous trouvons à l'intérieur de la mangue, le noyau d'où partent des milliers de fines fibres qui pénètrent toute la pulpe dorée. Quand vous la mangez, il est difficile de distinguer la pulpe des fibres. Il s'ensuit que l'être intérieur dont nous parlons ne peut pas faire grand-chose quand il est hors de son corps et il reste toujours influencé par lui. Il n'est donc pas facile de quitter le corps à volonté et de déambuler alentour dans le double [astral]. Lorsqu'on entend dire dans des histoires que cela est facile à faire, nous pouvons en déduire qu'il s'agit d'imagination par trop féconde, de vantardise ou d'autres raisons de ce genre. [...] En fait, parmi les occultistes qui connaissent la vérité, on considère le fait de sortir du corps à volonté et de se mouvoir à distance comme un exploit fort difficile, précisément pour les raisons énumérées ci-dessus. Étant donné que la personne est tellement prise dans les fibres de son corps, il faut absolument, avant qu'elle puisse emmener sa forme astrale en promenade, qu'elle commence par l'extraire avec précaution, fibre par fibre, de la pulpe sanguine, des os, des muqueuses, de la bile, de la peau et de la chair. Direz-vous que c'est facile ? Ce n'est ni facile, ni rapide à accomplir, ni effectué en une seule opération. Ce ne pourra être que le résultat d'années d'entraînement prudent et d'expériences nombreuses. Et cela ne peut pas être réalisé consciemment tant que l'homme intérieur n'est pas développé et n'est pas devenu quelque chose de plus cohérent qu'une sorte de gélatine irresponsable et tremblotante. Ce développement et cette cohérence ne sont atteints que par le perfectionnement du pouvoir de la concentration.
Il n'est pas exact non plus, et j'ai pu le constater par l'expérience et l'enseignement qui m'ont été présentés, que même dans notre sommeil nous allions nous promener au loin pour voir nos amis et nos ennemis ou goûter des joies terrestres à de lointaines distances. Dans tous les cas où un homme a acquis quelque pouvoir de concentration, il est très possible que le corps endormi soit déserté entièrement, mais de tels cas ne s'appliquent pas actuellement à la majorité.
La plupart d'entre nous restent tout près de la forme endormie. Il n'est pas nécessaire pour nous de nous éloigner afin d'expérimenter les différents états de conscience qui sont l'apanage de tous les hommes. Nous ne nous aventurerons à des kilomètres de distance que lorsque nous y serons aptes et nous ne pourrons y être aptes que lorsque le corps éthérique nécessaire aura acquis ses pouvoirs et appris comment s'en servir.

Auteur: Judge William Quan

Info: Le voyage astral., In La culture de la concentration, Cahier Théosophique N° 70

[ voyage astral ]

 

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Ajouté à la BD par miguel