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programme

Ça pourrait être cela, en fin de compte, le propre de la critique : repérer ce qui tend à rendre le roman impossible. Il y a donc la poétification de la réalité. Et aussi, en vrac : l’interdiction de se moquer ou de caricaturer (tout le monde est respectable) ; la victimocratie ; le primat des larmes et de l’émotion, mélange radioactif de résidus de gauchisme et de puritanisme ; le terrorisme du cœur ; le chantage au moi comme authenticité, comme preuve (et finalement comme œuvre : "Il me suffit d’exhiber mes blessures et d’appeler ça de l’art. reconnaissez mes blessures comme de l’art et taisez-vous !") ; le rôle épurateur des émissions dites littéraires du type "Apostrophes", leur longue mission de nettoyage éthique et de formation de nouvelles générations d’ "auteurs" consensuels ; la confusion organisée des sexes (alors qu’un bon romancier est toujours un très ferme différenciateur des sexes) ; la propagande homophile acceptée lâchement comme style de vie général ("On est tous un peu homos") ; le devenir nursery-monde du monde, l’infantilisation généralisée (devant "l’intérêt de l’enfant", qui oserait ne pas s’agenouiller ?) ; la vitesse médiatique, la sinistre vitesse liquidatrice, en opposition avec la lenteur nécessaire aux arts (à leur profond instinct de conservation) ; le modèle du racisme à toutes les sauces (invention du "sexisme" sur le moule du racisme, fabrication plus récente du "spécisme", crime consistant à voir une distinction entre les espèces) ; le refus des gens eux-mêmes, des simples gens, de n’être que des gens, leur prétention à passer pour le gratin, pour le dessus du panier, pour l’élite, leur désir d’être pris pour des people, comme on dit dans les magazines people justement, donc à perdre toute consistance romanesque […] ; la culture englobant les différentes disciplines dites artistiques et les réorientant vers une finalité résolument touristique, à l’intérieur du nouvel ordre social lui-même touristique (on vient, on paie, on regarde, on photographie, on camescopise, on approuve, on s’évacue) ; le tourisme lui-même, bien sûr, forme ultime et destructrice de la transparence planétaire, avec son choix de sites, ses cadrages, ses ravages et son accompagnement de pâtisseries romanesques luberonnaises ou vénitiennes qui ne renseignent que sur l’endroit où les auteurs ont passé leurs derniers congés payés. Et il faudrait encore ajouter la prévention généralisée, la Sécurité sociale (pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la survie triomphant de la vie), la politique des sondages en lutte contre toute attitude anti-communautaire, contre toute échappée hors des "valeurs" de la classe moyenne, contre toute imprévisibilité (donc contre l’essence du romanesque). Et ainsi de suite.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 5-6

[ démolition ] [ dissection du discours ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

penseurs

Question : Gómez Dávila entretenait une méfiance vis-à-vis de la philosophie qu’il réduisait volontiers à une simple rhétorique. Pourquoi cette critique de la philosophie chez lui sachant que son œuvre n’est pas seulement un exercice littéraire mais bien la défense de vues proprement philosophiques ?

Réponse : En paphrasant Pascal, je dirai que se méfier de la philosophie, c’est vraiment philosopher. Cette méfiance, en dehors de son aspect proprement méthodologique, tient certainement à la fois à son scepticisme et à son fidéisme. Méfiant par tempérament des nouveautés philosophiques et des systèmes totalisants de la modernité ou post-modernité. Il s’agit là de la même défiance que l’on trouvait chez certains, dont il est l’héritier, à l’égard de ceux que l’on appelait les "Philosophes" au XVIIIe.

L’ "anti-philosophie", ou la critique des "philosophes" est une caractéristique des penseurs contre-révolutionnaires et réactionnaires – à commencer par Joseph de Maistre – mais aussi des penseurs non-systématiques, existentiaux pour ne pas dire "existentialistes" (Pascal encore une fois, Kierkegaard, Nietzsche, Wittgenstein, etc.). Sa méfiance dans les pouvoirs de la raison, ou du rationalisme, de parvenir, seuls, à une quelconque vérité également. Ici, c’est l’héritier du romantisme, allemand mais pas seulement si l’on se souvient des critiques de Rousseau contre le culte de la science et de la raison de ses contemporains, autre facette des anti-Lumières. À l’instar d’un Pascal et d’un Rousseau ou Novalis, Gómez Dávila place la foi d’une part, puis le sentiment, la sensibilité ou l’intuition d’autre part, au-dessus de la raison et surtout de la ratiocination. Mais par ailleurs et paradoxalement, c’est également un héritier des Lumières et surtout de Voltaire par la dimension critique et même sarcastique de son œuvre, la liberté de sa pensée et le "grand style" de son écriture.

Pour finir, justement à propos de style, ce n’est pas tant la rhétorique qu’il méprise chez certains philosophes que le "jargon" c’est-à-dire, "l’impureté", voire l’absence, de style propre à l’expression technique du spécialiste (je renvoie sur ce sujet au paragraphe 101 du Gai savoir de Nietzsche dédié à Voltaire). Or selon Gómez Dávila, ainsi qu’il l’exprime à plusieurs reprises, la philosophie a besoin, pour sortir de sa routine académique et se revivifier, d’amateurs, de non-spécialistes ou "aficionados" tels que Socrate, Descartes, Hume, Kierkegaard, Nietzsche, etc. Pour lui, ainsi que j’ai essayé de le démontrer dans l’ouvrage en suivant l’interprétation de Pierre Hadot, la philosophie est plus une manière de vivre qu’une profession ; ou, si elle était un métier, ce serait un "métier de vivre" pour reprendre la belle formule de Pavese. Il y a incontestablement une dimension existentielle de la philosophie qui échappe, par définition, aux universitaires.

Auteur: Rabier Michaël

Info: https://philitt.fr/2021/03/05/

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Usa

D'ailleurs si des gens ici travaillent dans la publicité ou la vente... qu'ils se tuent. Non, non, c'est juste une petite pensée. J'essaye juste de planter quelques graines. Peut-être qu'un jour elles prendront racine - je ne sais pas. On essaye, on fait ce qu'on peut. Suicidez vous. Si on y pense sérieusement... Aaah, pas vraiment vous dites... mais il n'y a aucune rationalité dans ce que vous faites, vous êtes les petits aides de Satan, Okay - foutez-vous en l'air - sérieusement. Vous êtes la ruine de toutes les bonnes choses, on peut le dire. Non, ce n'est pas une plaisanterie, et là vous vous dites : "Il y a une plaisanterie qui arrive" Il n'y a aucune putain de plaisanterie qui arrive. Vous êtes la ponte de Satan remplissant le monde de bile et d'ordures. Vous vous baisez vous-mêmes et nous baisez nous. Suicidez-vous, Foutez-vous en l'air... C'est la seule manière de sauver votre foutue âme, tuez vous. Je plante des graines. Je sais que toutes les personnes qui bossent dans la vente diront "il fait un gag..." mais là il n'y a aucune plaisanterie. Sucez un tuyau d'échappement, pendez vous, empruntez un pistolet à un ami - je ne m'en fous du comment, mais débarrassez le monde de vos foutues machinations négatives. Et je sais encore ce que les gens du marketing pensent en ce moment, "Oh, vous savez, ce que Bill est en train de faire, il essaye d'attraper les dollars de l'anti-marketing. Et ça c'est vraiment un bon plan, il est très futé." Eh bien non, je ne fais pas ça, foutus crétins, sac à merde sataniques ! "Et regardez ce que fait Bill maintenant, il va à la pêche de la vraie indignation contre le dollar. Ca c'est vraiment bien vu car beaucoup de gens ressentent vraiment cette indignation. On a fait des recherches la dessus, c'est un marché énorme. Il fait vraiment le bon truc." Mais merde, je ne fais pas ca, tronches de culs ! Arrêtez de mettre ce foutu symbole du dollar sur chaque objet de cette planète ! "Ah ah, le dollar colère maintenant. Enorme. Énorme en période de récession. Un marché géant, Bill est très fort...." Bon Dieu, me voilà pris dans une putain de toile d'araignée! "Ooh les dollar ramassés, le grand dollar, l'immense dollar. Quel beau marché - voyez nos recherches. Elles montrent que beaucoup de gens se sentent prisonniers. Si nous jouons bien avec ça, on pourra leur soutirer quelques billets..." Comment pouvez-vous vivre comme ça ? Et je parie que vous dormez comme des putains de bébés, sur vos deux oreille, toute la nuit, n'est-ce pas ?

Auteur: Hicks Bill

Info:

[ capitalisme ] [ fric ] [ question ] [ humour ]

 

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propagande

Le livre de Naomi Oreskes et Erik M. Conway vise à montrer comment l'industrie américaine a systématiquement financé des campagnes dont le but était d'invalider des conclusions scientifiques pourtant incontestables et accablantes dans des domaines parallèles : par exemple pour la rentabilité des producteurs de cigarettes quant à la nocivité du tabac, et pour la politique de défense stratégique menée par les Etats-Unis quant au danger militaire représenté par l'Union soviétique.
L'industrie du tabac
Le premier thème examiné systématiquement est celui de la cigarette. Depuis 1930, des découvertes nazies en avaient mis en évidence l'aspect dangereux. C'est ainsi qu'Adolf Hitler refusait que l'on fume autour de lui. Aux Etats-Unis, les premiers constats concernant la dangerosité du produit sont apparus dans les années 50, lorsque des chercheurs ont montré que du goudron de cigarette étalé sur la peau des souris produisait des cancers mortels. On appelle ce cancer aux États-Unis le "cancer de la cartouche".
Ce fut là un tournant pour l'industrie du tabac qui fit appel aux services d'une firme de relations publiques pour contrer les preuves scientifiques que fumer peut tuer. Cette firme suggéra d'inclure le mot "recherche" dans le titre de son nouveau comité parce qu'un message pro-cigarette aurait besoin du soutien de la science. Dès ce moment, l'industrie du tabac s'appuya sur celle-ci et finança des recherches extrêmement coûteuses pour émettre des doutes sur les liens entre tabagisme et cancer. Elle finança aussi de grands programmes de recherche sur des sujets annexes afin de détourner la suspicion.
Cette campagne de désinformation s'appuya sur l'aide de journalistes, chargés d'arbitrer le prétendu pour et contre et d'experts de plus en plus prestigieux, chargés de contrer les arguments pourtant indiscutables et de témoigner lors des procès. L'industrie du tabac n'hésita pas à engager un certain Frederick Seitz, dès 1979, comme directeur et recruteur. Seitz était un scientifique, président de l'Académie nationale des sciences, responsable de la recherche nucléaire, conseiller de la Maison Blanche, connu pour ses positions ultra-libérales, anti-communistes, critiques vis-à-vis des mouvements de révolte de ses pairs et des étudiants face au pouvoir.
L'argument principal des détracteurs du tabac était que celui-ci causait de nombreuses maladies et déficiences, en plus du cancer. L'industrie du tabac répondait qu'on ne pouvait jamais établir un lien sûr, clair, entre la maladie et l'usage du tabac, puisque d'autres facteurs pouvaient être incriminés, comme l'environnement, le stress, la génétique. À cette affirmation la science peut répondre qu'il s'agit d'un facteur adjuvant et que le caractère-même du vivant implique toujours des incertitudes.
Finalement l'Histoire donna raison à la science lors de fameux procès intentés par les consommateurs, où la responsabilité de certaines grandes firmes fut reconnue parce qu'elles avaient caché depuis les années 1950 certaines études financées par elles allant dans un sens contraire à leurs intérêts.

Auteur: Oreskes Naomi

Info: L'industrie du tabac, in Les marchands de doute, 2010, présenté sur le blog Jorion par Madeleine Théodore. Ecrit avec Erik M. Conway

[ mensonge ] [ consumérisme ] [ libéralisme ]

 

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réforme protestante

Peut-être est-ce en Suisse, comme nous disons aujourd’hui – qu’à cet égard la situation est la plus nette. Depuis 1529, date précoce, on peut dire que les Cantons confédérés forment deux groupes : Zurich, Berne, Bâle, Saint-Gall ont remplacé la messe par le prêche. Encore reste-t-il bien à faire aux novateurs, surtout en Suisse romande, cette dépendance de Berne, pour que la carte religieuse du pays soit mise à jour de façon à peu près définitive. Et ni catholiques ni réformés ne renoncent à faire prévaloir leur foi, au besoin, par des moyens violents. Le 11 octobre 1531, Zwingli laisse sur le champ de bataille de Cappel son corps sanglant, que les catholiques dépècent et brûlent...

En Allemagne ? Situation longtemps indécise, les princes protestants étant contraints à la prudence. L’empereur, au lendemain de Pavie, au lendemain du sac de Rome, était si puissant ! En 1527 seulement, à la diète de Spire, les princes ont obtenu une sorte e liberté provisoire d’organier les Eglises dans leurs Etats, suivant leurs idées et sans avoir à redouter ces éternels conflits avec la Chambre impériale qui jusqu’alors avait tout troublé. – En Angleterre ? C’est en 1532, l’année de Pantagruel, qu’Henri VIII commence à peser sur les décisions du clergé anglais ; mais nul ne sait encore ce que veut en matière de foi ni à quel point s’arrêtera ce prince à la fois anti-romain et anti-luthérien. L’acte de Suprématie ne date que de 1534, et le Gargantua paraît, après le Pantagruel, quand Thomas More est décapité ou quand, sous la vigoureuse impulsion de Thomas Cromwell, commence la suppression des monastères anglais. 

[...]

En France ? L’incertitude est extrême sur les desseins du roi. Il n’a pas rompu avec Rome ; mais il s’entend avec les princes luthériens : jeu de bascule perpétuel. Un jour, il sauve Berquin et le fait arracher, par les archers de sa garde, aux griffes croches des parlementaires. Un autre jour, il suit, cierge en main, les processions expiatoires de juin 1528. Il laisse périr ce Berquin qu’il a d’abord sauvé (17 avril 1529), puis, au début de 1530, institue les lecteurs royaux, et, en avril 1531, invite Zwingli à lui présenter une confession de Foi. – Cependant, en octobre 1533, il se rend à Marseille, rencontre le pape Clément et marie le Dauphin à une Médicis. Mais à la fin de novembre 33, il délibère à Avignon sur un projet d’alliance avec les luthériens ; en janvier 1534, il traite à Bar-le-Duc avec le Landgrave : il faut l’affaire des Placards (le 18 octobre 1534) qui éclate lorsque, selon toute probabilité, le Gargantua est mis en vente, pour que le roi se porte aux pires extrémités, contre les luthériens, sans doute, mais contre les lettres mêmes, l’imprimerie qu’un édit prétend supprimer, l’humanisme et les langues classiques.

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 251-253

[ historique ] [ diffusion européenne ] [ ambivalence ]

 

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épistémologie

- Passons au strong programme lui-même. Pourriez-vous expliquer aux lecteurs non initiés le type de relativisme qui caractérise votre analyse sociologique de la connaissance ? Quelles sont les théories relativistes que vous rejetez ?

- Je dirais que le trait essentiel de tout type de relativisme doit être le rejet de l’absolutisme. Être relativiste, c’est reconnaître que les prétentions de la science à la connaissance n’ont ni ne peuvent prendre le titre de connaissance absolue. Pour être absolue, la connaissance doit être vraie sans aucune restriction, elle doit être connue avec certitude, être une vérité complètement stable et éternelle : c’est le genre de connotations qui donnent son sens au mot "absolu". Et c’est précisément toutes ces connotations que le relativiste rejette.

Donc le relativiste peut dire : toute connaissance est conjecturale, partielle, susceptible d’être révisée ; les théories scientifiques finissent toujours par s’écrouler, elles ont presque toujours – peut-être toujours, mais certainement presque toujours – raison au sujet de certaines choses, et tort au sujet d’autres choses. Elles ont raison jusqu’à un certain degré d’approximation au sujet de certaines choses, et au sujet d’autres choses elles ont raison avec un meilleur degré d’approximation. Tout cela veut dire qu’on ne peut pas accoler le mot "absolu", avec tout son sens, à la prétention à la connaissance. Je dirais donc qu’en conséquence on doit nécessairement accepter ou adopter une certaine forme de relativisme. 

Maintenant, oui, il existe différents types de relativismes, bien que chacun de ces types doive rejeter l’absolutisme pour être une forme de relativisme. Mais bien sûr, il y a des façons idiotes de rejeter l’absolutisme. Par exemple, quelqu’un pourrait dire simplement : "Oh, nous ne connaissons rien, hein ?" ou encore : "Ouais, de toute façon c’est une question d’opinion", puis tenir des propos affligeants comme : "Bien, c’est peut-être vrai pour vous, mais ça ne l’est pas pour moi." Il y a évidemment un grand nombre de façons négligentes et idiotes de nier le caractère absolu de la connaissance, mais le faire n’oblige personne à exprimer des opinions idiotes. On peut nier le caractère absolu de la connaissance sans tomber dans le subjectivisme, sans invoquer sans réfléchir la simple opinion, ou d’autres choses de ce genre. Le lecteur non initié doit comprendre que pour être relativiste, il n’est pas nécessaire de penser "faites ce que vous voulez". C’est une forme de relativisme, mais c’est une forme stupide de relativisme, et ce n’est absolument pas nécessaire pour un relativiste d’être de ce genre-là. Je peux vous assurer que le relativisme associé à la Science Studies Unit n’est pas de ce genre-là. C’est la négation, formulée de manière beaucoup plus prudente, du caractère absolu de toute connaissance. Je rejette le relativisme du "faites ce que vous voulez", tout comme je rejette le relativisme subjectiviste, anti-scientifique, basé sur une conception très individualiste de la connaissance.

Auteur: Bloor David

Info: https://journals.openedition.org/. Entretien avec François Briatte. Traduction de Marc Lenormand

[ distanciation ]

 

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vaccin numérique

Le vaccin est structuré comme un code informatique. Quand vous échangez des données entre systèmes informatiques, vous le faites souvent sous forme de messages, qui sont structurés ainsi :

       - "Entête" sert par exemple à indiquer au récepteur du message qu’il s’agit bien d’un message à interpréter et qu’il s’agit par exemple de données provenant du système comptable qui lui sont bien destinées.

        - "Contenu" contiendra l’ensemble de ces données.

        - "Fin" lui indiquera que les données ont été transmises. Les données sont envoyées sous forme binaire (des "0" et des "1").

La structure du vaccin ARN de Pfizer est strictement identique à ce schéma. Il s’agit ni plus ni moins d’un bout de code contenant ces éléments. La principale différence est que ces données ne sont pas de nature binaire mais quaternaire : les éléments de base sont les briques du vivant, au nombre de 4 : les bases A, C, G et U.

Faire un vaccin ARN, c’est donc concevoir un message informatique. Ce message sera ensuite synthétisé très facilement à l’aide d’imprimantes à ADN.

L'entête

L’entête du vaccin contient différentes informations de type "métadonnées" qui vont indiquer à la cellule où, quand et comment les données génétiques (le contenu du message) doivent être utilisées. Une des prouesses techniques importante pour la réalisation du vaccin est la suivante : la base "U" est remplacée par une base de synthèse nommée Ψ. Cette astuce a pour conséquence principale d’inactiver le système immunitaire. Le message ne sera pas attaqué ni détruit et pourra pénétrer dans la cellule. Ensuite, cette base Ψ est une base de synthèse, qui n’appartient pas au "monde du vivant". Elle ne peut être synthétisée par l’organisme. Aucun virus connu ne peut l’incorporer pour se cacher. Cette molécule Ψ est donc à la fois une des clés de l’efficacité et de la sécurité du vaccin.

Le contenu du message

Le contenu du message contient environ 4 000 lettres représentant le code génétique de la protéine "Spike", caractéristique du COVID. L’ARN ayant pénétré dans la cellule, la protéine Spike" sera ainsi générée et le système immunitaire commencera à produire des anti-corps permettant à l’organisme de détruire le COVID 19, qui expose cette molécule. C’est le mécanisme classique des vaccins, à ceci près qu’ici ce n’est pas le vaccin affaibli qui est introduit dans l’organisme, mais sa signature (la protéine Spike). Là aussi, je passe rapidement sur les prouesses techniques. Pour augmenter le rendement du vaccin, pour optimiser la façon dont la protéine va se configurer, on modifie astucieusement quelques lettres du code génétique. Le vaccin de Pfizer ne fait pas que reproduire la nature, il est plus efficace que la nature.

Auteur: Internet

Info: https://itrmanager.com/articles/188191/pourquoi-le-vaccin-arn-pfizer-est-le-premier-vaccin-numerique.html

[ programme ] [ fabrication ] [ mode d'action ] [ tétravalence ]

 

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homme-machine

Illustrer l'apprentissage par renforcement à partir de commentaires humains (RLHF*)

Les modèles de langage ont montré des capacités impressionnantes au cours des dernières années en générant des textes variés et convaincants à partir d'entrées humaines. Cependant, il est difficile de définir ce qu'est un "bon" texte, car c'est subjectif et ça dépend du contexte. Il existe de nombreuses applications telles que l'écriture d'histoires où l'on recherche la créativité, des textes informatifs qui doivent être véridiques, ou des extraits de code que l'on veut exécutables.

Rédiger une fonction de perte** pour capturer ces attributs semble impossible et la plupart des modèles de langage sont encore entraînés avec une simple perte de prédiction du prochain jeton (par exemple, l'entropie croisée). Pour compenser les lacunes de la perte elle-même, les gens définissent des métriques conçues pour mieux capturer les tropismes humains, telles que BLEU ou ROUGE. Bien qu'elles soient mieux adaptées que la fonction de perte elle-même pour mesurer les performances, ces mesures comparent simplement le texte généré à des références avec des règles simples et sont donc également limitées. Ne serait-il pas formidable d'utiliser le retour d'information humain sur le texte généré comme mesure de la performance ou d'aller encore plus loin et d'utiliser ce retour d'information comme perte pour optimiser le modèle ? C'est l'idée de l'apprentissage par renforcement à partir du feedback humain (RLHF)

Le RLHF a permis aux modèles de langage de commencer à aligner un modèle formé sur un corpus général de données textuelles sur celui de valeurs humaines complexes.

Le succès le plus récent de RLHF a été son utilisation dans ChatGPT. Compte tenu des capacités impressionnantes de ChatGPT, nous lui avons demandé de nous expliquer la RLHF :  

- Peux-tu m'expliquer comment le RL (reinforcement learning) avec retour d'information humain usant un modèle linguistique comme si j'avais 5 ans.

- Bien sûr, imagine que j'ai un robot nommé Rufus qui veut apprendre à parler comme un humain.  Rufus a un modèle linguistique qui l'aide a comprendre les mots et les phrases.

Tout d'abord Rufus va dire quelque chose en usant d'un modèle de langage, par exemple en disant :  - je suis un robot

Ensuite un humain va écouter ce qu'il a dit et va donner un avis pour dire si la réponse ressemble à langage naturel d'humain. Il pourra dire, par exemple. C'est pas très bon Rufus, un humain ne dit pas de manière générale "je suis un robot" mais plutôt "j'suis un robot" ou "je suis une machine".

Rufus va prendre en compte ce retour et l'utuiliser pour améliorer son modèle de langage, il va essayer de redire la phrase en utilisant  cette correction et va dire "j'suis un robot".

Ensuite l'humain va continuer de donner des retours de ce genre et petit à petit Rufus va commencer à s'exprimer comme un humain le fait en général.

Ici Chatgtp se débrouille étonnamment bien, mais ne couvre pas tout. Nous nous chargeons de combler ces lacunes !  (La suite sur le site en Info)

Auteur: Internet

Info: Sur guithub : https://huggingface.co/blog/rlhf, Nathan Lambert, Louis Castricato guest , Leandro von Werra, Alex Havrilla guest. Le 9 décembre 2022 *Reinforcement Learning from Human Feedback ... **Courbe de perte ? (loss function) À la base, une fonction de perte est très simple : c'est une méthode permettant d'évaluer dans quelle mesure votre algorithme modélise votre ensemble de données. Si vos prédictions sont totalement erronées, votre fonction de perte affichera un chiffre élevé. Si elles sont assez bonnes, elle affichera un chiffre plus bas.  C'est une pénalité pour  mauvaise prédiction. En d'autres termes, la perte (loss) est un nombre qui indique à quel point la prédiction du modèle est mauvaise sur un seul exemple. Si la prédiction du modèle est parfaite, la perte est nulle ; elle affichera le chiffre zéro.

[ apprentissage automatique ] [ idiome consensuel ] [ anti-poésie ] [ objectivation linguistique ] [ polysémie contextualisée ] [ mathématisation ]

 

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révolution ratée

L'antilepéniste est un théologien du lepénisme, et il combat ce dernier avec lyrisme, mais aussi conserve-til avec lui des modes de raisonner communs et s'expose-t-il à des chocs en retour (celui du 21 avril par exemple). L'a-lepéniste, à l'opposé, considère le lepénisme comme vide de sens. C'est mon cas. Il n'entretient donc pas, même par l'exécration, cette ornière. L'anti-lepéniste, lui, dès le soir du premier tour, se précipite pour y déverser dans cette ornière, toutes ses protestations. Et la suite s'enchaîne. Pendant quinze jours, du haut de leurs rollers antifascistes, les jeunes au bord des larmes de crocodiles accusent "la connerie des adultes", lesquels ne sont pourtant guère plus que des jeunes un peu vieillis. La presse s'extasie de tous ces défilés et décrit, dans l'inimitable style de bergerie néo-stalinienne qui est le sien, ces merveilleuses coulées de foules, ces "débats ambulants nourris par des fanfares", ces "veillées citoyennes", ce "mouvement quasi festif qui déroule son cortège dans les rues de Paris", entre les cris de "No pasaran" et de "Nous sommes tous des enfants d'immigrés". On hurle aussi : "Le Pen crapaud, le peuple aura ta peau" ou encore : " Le Pen au zoo, libérez les animaux". (Slogan qui nous ramène à la monstruosité dont je parlais et qui mériterait de longues gloses fort instructives...). Les jeunes, qui ont toujours dit oui à tout, toujours tout approuvé, apprennent à dire NON, en grosses lettres, en capitales, pour la première fois de leur vie et sans doute aussi pour la dernière. La rave-party devient la résistance continuée par les moyens de la sono. Un battage de coulpe frénétique mais toujours "festif, créatif et imaginatif" ("Beaucoup de lycéens, confie un responsable de la Fédération lycéenne, nous appellent pour nous demander comment structurer leur action, comment rendre leur mouvement festif"), parcourt les rues de son frisson sacré. Avec, de temps en temps, une lueur d'intelligence : "Il faut qu'il y ait une suite sinon ça n'a pas de sens, charabiate ainsi un manifestant. Que les jeunes se bougent, qu'on organise une marche silencieuse sur l'Elysée pour plus d'impact. Le côté festif de ce soir c'est un peu bizarre parce qu'après, on ne sait plus pourquoi on est là". Des landaus surgissent dans tous les cortèges ("La Poussette, nous voici !"). Une génération se baptise passionnément et dévotement dans l'antilepénisme. Puis, la grande peur passée tous ces Pokémons pieux se demandent (d'après Le Monde) « comment transformer l'émotion en action ; faisant ainsi l'économie rentable du stade intermédiaire : celui où ils se seraient demandé où est le sens de tout cela. Mais, déjà, le durcissement en mythe de leur niaiserie bruyante est en cours. Et il ne faudra que quinze jours pour qu'ils se persuadent qu'ils ont vécu une épopée. Et qu'ils ont fait quelque chose, dans les rues, alors que personne ne leur demandait rien (à part les médias, c'est-à-dire personne au sens propre). Et qu'ils ressemblent, dès lors, à la souris de la vieille histoire drôle qui, courant à côté de l'éléphant, lui dit : "Qu'est-ce qu'on soulève comme poussière !..."

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Festivus festivus"

[ mutins de panurge ] [ récupération médiatique ] [ franco-français ]

 

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rhétorique

Mais enfin il faut bien en venir à l’événement qui se produit au cours du Ve siècle (av.J.-C.) et qui interrompt brutalement (ou progressivement, nous n’en savons rien) la tradition gnomique. Culturellement, cet événement est constitué par l’apparition des Sophistes. On peut sans doute hésiter sur la nature historique de ce phénomène culturel, sur le nombre et la fonction exacte de ces hommes qui, tels Protagoras ou Gorgias, parcouraient la Grèce en tous sens, et faisaient métier de la parole. On ne saurait, croyons-nous, hésiter sur sa signification métaphysique : il s’agit essentiellement d’une corruption de la parole, du logos (indissociablement raison et discours), qui de moyen devient fin en soi et s’enivre d’une puissance indéfinie. Ce qui le prouve, c’est évidemment la guerre que Socrate leur livre, dans les dialogues de Platon, parce que ces corrupteurs du verbe doivent être vaincus avec leurs propres armes, si bien qu’on pourrait définir tout le platonisme comme une anti-sophistique. Mais c’est aussi le fait irrécusable que la parole, qui était d’abord prophétie de l’Etre, devient

Source de profit. Parole à vendre au plus offrant …

Ainsi les mots sont-ils déliés du lien qui les unissait au choses ; leur amarre ontologique est rompue, ils peuvent flotter "librement " sur la mer des passions humaines ; la parole n’a plus de poids.

Pour rendre compte d’un tel bouleversement, il faut bien supposer une sorte de mutation de la pensée humaine, qui préfigure, deux mille ans avant, celle qui se produira avec l’apparition du monde moderne, et qui fut, elle aussi liée à une crise du langage et de la pensée, le nominalisme. Cette mutation peut être décrite de deux façons. C’est d’abord un changement dans l’orientation profonde de l’intelligence humaine, qui cesse d’être tournée activement vers la lumière de la Réalité divine, c’est-à-dire qui refuse d’être pure réceptivité à l’égard de l’acte illuminant du Soleil suprême, dans l’humilité parfaite et l’oubli de soi-même. Du même coup elle perd la connaissance des reflets cosmiques du Soleil principiel : elle ne sait plus parler le langage symbolique des choses. C’est ensuite la découverte de sa propre puissance, c’est-à-dire d’elle-même comme d’un instrument universel. En effet, l’intelligence est à la fois vision (ou audition) et relation (5), et relation au service d’une vision ou comme conséquence discursive d’une vision. Si l’intelligence distingue le réel de l’illusoire, c’est en fonction de la vision originelle de l’Etre. Si elle relie telle réalité à telle autre, c’est en vertu de la perception de leur commune essence. Tel est l’ordre naturel des choses. Toutefois, lorsque l’intelligence renonce à la réceptivité contemplative, elle ne perd pas pour autant sa puissance analytique (de distinction et de liaison). Tout au contraire, cette puissance n’étant plus soumise à la vision intellective, s’apparaît à elle-même comme pure capacité. N’étant plus déterminée par son objet transcendant, elle se découvre disponible pour toutes les tâches. Elle est à la fois maîtresse (illusoire) de l’univers, et maîtresse du vrai et du faux : le vrai n’est plus fonction de l’être mais du discours, et c’est là proprement ce qu’on appelle la sophistique.

Auteur: Borella Jean

Info: In : Platon ou la restauration de l'intellectualité occidentale, dans la revue "Etudes traditionnelles" no 471, 1981

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Ajouté à la BD par miguel