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inégalités

...je suis terriblement choqué par les gens qui vous disent qu'on est libre, que le bonheur se décide, que c'est un choix moral. Les professeurs d'allégresse pour qui la tristesse est une faute de goût, la dépression une marque de paresse, la mélancolie un péché. Je suis d'accord, c'est un péché, c'est même le péché mortel, mais il y a des gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n'arracheront pas à leur condition. Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c'est comme entre les pauvres et les riches, c'est comme la lutte des classes, on sait qu'il y a des pauvres qui s'en sortent mais la plupart, non, ne s'en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c'est comme dire à un affamé qu'il n'a qu'à manger de la brioche.

Auteur: Carrère Emmanuel

Info: D'autres vies que la mienne, p 156

[ disparités ] [ donneurs de leçons ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vivre

L'intelligence, dans la nature, ce n'était qu'une pauvre petite lueur qui devait nous guider dans l'accomplissement des actes quotidiens. Nous lui avons donné, peu à peu, trop d'importance.
Et nous sommes comme serait un homme qui porte une lampe dans un souterrain à la recherche d'un trésor. Soudain, la lampe fume, ou flamboie, ou ronfle, ou crépite. Alors, il s'arrête, il s'assied par terre, il fait monter ou descendre la mèche, il règle des éclairages. Et ce travail l'intéresse tant qu'il a oublié le trésor, qu'il finit par croire que le bonheur c'est de perfectionner une lampe et de faire danser des ombres sur un mur. Et il se contente de ces pauvres joies de lampiste, jusqu'au jour où il voit soudain que sa vie s'est passée à ce jeu puéril... Trop tard ! La mort déjà le tient à la gorge. L'intelligence, c'est la lampe. Le trésor, ce sont les joies de la vie.

Auteur: Pagnol Marcel

Info: Jazz, p.86, Éd. Le Livre de Paris, 1974

[ discernement ]

 

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déspiritualisation

L’homme moderne est un halluciné. L’hallucination a remplacé la croyance. L’homme moderne est un angoissé. L’angoisse s’est substituée à la foi. Tous ces gens-là se disent réalistes, pratiques, matérialistes, enragés à conquérir les biens de ce monde, et nous sommes très loin de soupçonner la nature du mal qui les ronge, car nous n’observons que leur activité délirante, sans penser qu’elle est précisément la forme dégradée, avilie, de leur angoisse métaphysique. Ils ont l’air de courir après la fortune, mais ce n’est pas après la fortune qu’ils courent, c’est eux-mêmes qu’ils fuient. Dans ces conditions, il est de jour en jour plus ridicule d’entendre de pauvres prêtres ignorants et paresseux tonner du haut de la chaire contre l’orgueil de ce perpétuel fuyard, l’appétit de jouissance de ce malade qui ne peut plus jouir qu’au prix des plus grands efforts, qui éprouve de la fringale pour tout, parce qu’il n’a plus réellement faim de rien.



 



   

Auteur: Bernanos Georges

Info: Dans "La liberté, pour quoi faire ?", éditions Gallimard, 1995, page 148

[ positivisme trompe-l'œil ] [ pauvreté intérieure ] [ pulsion de mort ] [ fuite ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

pauvres-riches

La vie est un immense bazar où les bourgeois pénètrent, circulent, se servent... et sortent sans payer... les pauvres seuls payent... la petit sonnette du tiroir-caisse... c'est leur émotion... Les bourgeois, les enfants petits bourgeois, n'ont jamais eu besoin de passer à la caisse... Ils n'ont jamais eu d'émotions... D'émotion directe, d'angoisse directe, de poésie directe, infligée dès les premières années par la condition de pauvre sur la terre... Ils n'ont jamais éprouvé que des émotions lycéennes, des émotions livresques ou familiales et puis plus tard, des émotions "distinguées"... voire "artistiques"... Tout ce qu'ils élaborent par la suite, au cours de leurs "œuvres" ne peut être que le rafistolage d'emprunts, de choses vues à travers un pare-brise... un pare-choc ou simplement volées au tréfonds des bibliothèques... traduites, arrangées, trafiquées du grec, des moutures classiques. Jamais, absolument jamais, d'humanité directe. Des phonos. Ils sont châtrés de toute émotion directe, voués aux infinis bavardages dès les premières heures de l'enfance...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Dans "Bagatelles pour un massacre"

[ anesthésiés ] [ émotions par procuration ] [ sensibilité feinte ] [ barbarie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

colonialisme

[...] les Etats-Unis, [...] serviront bel et bien de modèle à la France, qui sort à genoux de la Seconde Guerre mondiale. Tout y est neuf, tout y est en ordre, la moindre ferme -en apparence en tout cas- crache des céréales et de la viande, au point de connaître, déjà, des crises de surproduction. Dans le face-à-face entre un pays mécanisé, qui vient de triompher sur le champ de bataille, et un autre totalement ruiné, la partie ne pouvait être égale. Les habitants du premier étaient grands, riches, bien portants. Ceux du second se sentaient pauvres, chétifs et souffreteux. Et l'étaient. Les premiers s'apprêtaient à déverser sur l'Europe en ruine les milliards de dollars du plan de reconstruction dit Marshall, qui diffuserait non seulement des films et une manière de vivre, mais aussi un mode de production, industriel comme agricole. Les seconds avaient déjà la sébile en main. Les jeux étaient faits avant que d'avoir commencé.

Auteur: Nicolino Fabrice

Info: Bidoche. L'industrie de la viande menace le monde

[ usa ] [ Europe ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Jusqu’à l’année de la famine [1891], Tolstoï glorifiait l’amour du travail, du travail de la terre, allant jusqu’à nier le travail intellectuel, proposant une non-pensée qui serait, bien sûr, le triomphe de l’ignorance.

En revanche, après la famine, Tolstoï glorifie le non-agir ; en d’autres termes, il souhaite manifestement le triomphe du parasitisme. L’essai publié à Berlin sur la non-résistance au mal par la violence pourrait être tenu pour une explication du non-agir, s’il ne soulevait la question de l’essence du christianisme : est-ce une nouvelle conception de la vie, ainsi que le suggère le titre, ou, selon les derniers chapitres (10 et 11), une nouvelle superstition, fondée sur la confiance envers ceux qui pensent être les seuls à avoir compris le christianisme, sur la confiance envers une minorité, seule à soi-disant comprendre le Sermon sur la Montagne (ce sermon qui s’adressait précisément aux pauvres en esprit, non pas à une minorité, mais, par conséquent, à la majorité !) ?

Auteur: Fiodorov Nikolaï

Info: "Correspondance (1873-1903), traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard, éditions des Syrtes, Genève, 2021, Lettre à Vladimir Alexandrovitch Kojevnikov du 25 juillet 18944

[ critique ] [ nihilisme ] [ contre-sens ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

inspiration

Rouiller me suit des yeux.

"Avez-vous vu le passage où je demande que tous les enfants aient leur chopine dès quinze ans ? Eh bien, mon cher, voulez-vous que je vous dise ? … Si j’ai pu me faire quelques idées et les aligner en rangs d’oignons, c’est que j’ai toujours gagné assez pour boire mon litre, et prendre mon café avec la consolation ! On dit que j’ai tort de me piquer le nez ? Mais sacré nom ! c’est quand ce nez-là me chatouille que ma pensée se ravigote, c’est quand j’ai l’œil un peu allumé que j’y vois le plus clair ! … C’est pas pour la vertu,croyez-le bien, jeune homme, qu’on recommande aux pauvres de ne pas licher ; c’est parce qu’on a peur que cela leur débrouille un peu la cervelle, et leur graisse les muscle, et leur chauffe le cœur ! Êtes-vous content de ce que j’ai fait ? … Oui… Eh bien, j’ai écrit cela avec la suée de mes cuites !"

Auteur: Vallès jules

Info: Dans "L'Insurgé", Librairie générale française, 1986, page 267

[ alcool ] [ conseil d'écriture ]

 

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pauvreté moderne

Sans doute peut-on reconnaître les Nouveaux Pauvres, comme on les appelle. Le tout, c’est de savoir comment. Et il y a de quoi être déconcerté quand on voit qu’ils portent des vêtements propres et toute une quincaillerie, pratique, certes, et en abondance, mais qui sera dépassée l’année d’après. Et maintenant, vous voyez qui ils sont ?
On les reconnaît au fait qu’ils ne dépensent pas, qu’ils ne peuvent pas dépenser d’argent pour ce qui aide à tenir le coup. Ils mangent de la viande produite en masse par des animaux engraissés artificiellement. Vous aussi, mais vous prenez des comprimés de protéines et de vitamines B12. Ils boivent du lait pasteurisé-imputrescible. Vous aussi, mais vous prenez des comprimés de vitamine D. Ils mangent des œufs produits industriellement. Vous aussi, mais vous prenez de la vitamine A. En plus, vous prenez probablement de la Vigilone, des fortifiants, des tranquillisants, de l’acide nicotinique, de la riboflavine, de l’acide ascorbique ; j’ai visité l’armoire à pharmacie d’un ami, ils y sont tous.

Auteur: Brunner John

Info: Dans "Tous à Zanzibar", trad. Didier Merle, Librairie Générale Française, 1995, pages 399-400

[ forcenés ] [ société de consommation ] [ compléments alimentaires ] [ dévitalisation ]

 

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mariage

- C'est ta façon d'essayer de trouver le bon, répondit Stella. Je fais la même chose. La seule différence, c'est que je ne couche pas avec eux. J'ai trop peur. A la place, je tombe amoureuse. Pas d'un amour très profond. Je suis si désespérément romantique que la seule idée de l'amour me suffit presque, bien que je sache, au fond de mon coeur, que
l'essentiel n'est que chimères et que je serai déçue. Je le suis presque toujours. Mais cette fois, avec Philip, je crois que c'est différent.
- Moi, dit Prue, je ne marche pas dans tous ces romans fleur bleue. Surtout pas quand il y a une guerre - pas de temps à perdre. Se déshabiller aussi vite que possible, voilà ma devise, avant que ces pauvres diables ne soient tués. Un peu de plaisir rapide, puis au suivant. A la fin de la guerre, quand nous serons tous un peu plus vieux et plus sages - il sera temps de chercher un mari.

Auteur: Huth Angela

Info: Les Filles de Hallows Farm

[ femmes-entre-elles ] [ choisir ] [ profiter ]

 

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adipeux

J'en ai eu une qui avait un drôle de truc... Tous les matins, avant de passer sa chemise, tous les soirs, après l'avoir retirée, elle restait nue, à s'examiner des quarts d'heure, minutieusement, devant la psyché... Puis, elle tendait sa poitrine en avant, se renversait la nuque en arrière, levait d'un mouvement brusque ses bras en l'air, de façon que ses seins qui pendaient, pauvres loques de chair, remontassent un peu... Et elle me disait :
- Célestine... regardez donc !... N'est-ce pas qu'ils sont encore fermes ?
C'était à pouffer... D'autant que le corps de Madame... oh ! quelle ruine lamentable !... Quand, de la chemise tombée, il sortait débarrassé de ses blindages et de ses soutiens, on eût dit qu'il allait se répandre sur le tapis en liquide visqueux... Le ventre, la croupe, les seins, des outres dégonflées, des poches qui se vidaient et dont il ne restait plus que des plis gras et flottants... Ses fesses avaient l'inconsistance molle, la surface trouée des vieilles éponges...

Auteur: Mirbeau Octave

Info: Le journal d'une femme de chambre

[ obèse ] [ flasque ] [ littérature ]

 

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