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fumets

Il est dix heures du matin et il commence à faire chaud, les gens sont fatigués et montent dans l'omnibus du cimetière (ce sont les mêmes que ceux des gares, du football et des arènes), certains, les plus loyaux et les plus en vue, ont passé la nuit à veiller le cadavre, les gens quand ils sont fatigués dégagent une odeur spéciale, Madeleine Immaculée Mugica, elle, ne sentait pas la femme fatiguée mais la femme morte, par contre Belle Turquoise sent la femme fatiguée, très fatiguée, on le remarque difficilement mais c'est vrai, mesdames, pour votre santé utilisez les lotions parfumées "Perleucuterol", malheureusement le parfum des lotions n'efface pas l'odeur traîtresse de la fatigue. Rien ne se crée ni ne se détruit dans la nature, les choses se déguisent et le cycle du carbone est lui aussi très mystérieux et riche en enseignements.

Auteur: Cela Camilo José

Info: In "San Camilo 1936", éd. Albin Michel, p. 173

[ chimie ] [ publicité ] [ veille mortuaire ] [ courant de conscience ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

couchant

Rien n'est plus rare, mais rien n'est plus enchanteur qu'une belle nuit d'été à Saint-Pétersbourg... Le soleil qui, dans les zones tempérées, se précipite à l'occident, et ne laisse après lui qu'un crépuscule fugitif, rase lentement une terre dont il semble se détacher à regret. Son disque environné de vapeurs rougeâtres roule comme un char enflammé sur les sombres forêts qui couronnent l'horizon, et ses rayons, réfléchis dans le vitrage des palais, donnent au spectateur l'idée d'un vaste incendie. Les grands fleuves ont ordinairement un lit profond et des bords escarpés qui leur donnent un aspect sauvage. La Néva coule à pleins bords au sein d'une cité magnifique : ses eaux limpides touchent le gazon des îles qu'elle embrasse, et dans toute l'étendue de la ville, elle est contenue par deux quais de granit, alignés à perte de vue, espèce de magnificence répétée dans les trois grands canaux qui parcourent la capitale.

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Les Soirées de Saint-Petersbourg.

[ émerveillement ] [ Russie ] [ description ] [ jour polaire ]

 
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désillusion

La première chose que j'ai vu en arrivant en bateau de Hambourg, c'est la statue de la liberté, racontait toujours son père dans ses élucubrations d'ivrogne. C'était le soir et on ne voyait rien de la ville. Mais la silhouette de cette statue, cette escroquerie, se détachait sur le ciel. C'est la première chose que j'ai vue, et j'ai pas compris que c'était une foutue torche qu'elle tenait à la main : j'ai cru qu'elle montrait une liasse de billets ! J'ai cru que c'était mon fric, le fric que je voulais gagner dans le Nouveau Monde, l'unique raison pour laquelle j'avais quitter ma mère et mon père.... et non seulement j'ai trouvé ni fric ni liberté dans cette ville merdique... et chaque fois que je lève les yeux, au marché, je vois cette connasse de statue qui est là-bas et se fout de ma gueule. Avec sa torche, elle a brûlé tous mes rêves.

Auteur: Di Fulvio Luca

Info: Le gang des rêves

[ colère ] [ Usa ]

 

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commerce

Je dis que les choses sont utiles dès qu'elles peuvent servir à un usage quelconque, dès qu'elles répondent à un besoin quelconque et en permettent la satisfaction. Ainsi, il n'y a pas à s'occuper ici des nuances par lesquelles on classe, dans le langage de la conversation courante, l'utilité à côté de l'agréable entre le nécessaire et le superflu. Nécessaire, utile, agréable et superflu, tout cela, pour nous, est plus ou moins utile. Il n'y a pas davantage à tenir compte ici de la moralité ou de l'immoralité du besoin auquel répond la chose utile et qu'elle permet de satisfaire. Qu'une substance soit recherchée par un médecin pour guérir un malade ou pour un assassin pour empoisonner sa famille, c'est une question très importante à d'autres points de vue, mais tout à fait indifférente au nôtre. La substance est utile, pour nous, dans les deux cas, et peut l'être plus dans le second que dans le premier.

Auteur: Walras Léon

Info: définition amorale de l'utilité, troisième leçon, Éléments d'économie politique pure

[ indifférent ]

 

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deuil

Sous la terre, les racines la pleuraient sans l’avoir jamais vue, le teck blanc aussi, dont l’écorce se détachait en plaques de la taille d’une empreinte de pas, et le citronnier, qui produisait vingt cinq paniers de fruits chaque année. Tous, il en était certain, la pleuraient avec lui, les lézards vifs comme des éclairs ainsi que les libellules au bruissement sec, les abeilles charpentières aux ailes bleues, les processions noires des fourmis, les scarabées à la carapace dure et tous les escargots. Dans son chagrin il avait murmuré son nom en parcourant les sentiers de latérite qui serpentaient librement dans le jardin, et le mot avait circulé au milieu des luisances noires des corbeaux et des papillons qui dansaient dans la lumière du soleil -- azurés de l’Himalaya, satyres du Chitral, tigres bleus et léopards communs, machaons et paons du jour. Elle les avaient aimés, ainsi que le monde qu’ils habitaient, disant : "Dieu n’est qu’un nom pour dire notre émerveillement."

Auteur: Nadeem Aslam

Info: Le jardin de l'aveugle, p 51

[ souvenir ]

 

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interprétation

Pour arriver à voir ce tableau dans de bonnes conditions, il faut pouvoir considérer que la réalité vue, la réalité qui "se donne à voir", est toujours déjà a priori médiée par le langage, les mots, comme une trame invisible, distordent les formes qui la composent ; le Cri de Munch est "silence" non pas au sens où tous les tableaux sont silencieux — il y a plein de tableaux de Brueghel ou de Renoir par exemple qui peuvent laisser imaginer acoustiquement des sons qui accompagnent les scènes qu'ils représentent — le Cri de Munch est le silence en tant que silence, le silence où la parole elle-même se niche avant d'être une parole en tant que son, en tant que "le bruit qu'elle fait", ce silence là est le Réel de la parole, le silence terrifiant et assourdissant de la Chose elle-même qui fait vaciller tous les semblants…

C'est un cri d'horreur absolue. Le cri silencieux.

Un os coincé en travers de la gorge.

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 19.04.14, à propos du tableau d'Edvard Munch, "Le cri"

[ élément-alpha ] [ informe ] [ peinture ] [ limbes ] [ psychanalyse ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

mobilier

A part cette chaise, il n'y avait rien d'autre qu'une caisse en bois retournée sur laquelle trônaient un réchaud à alcool, une cafetière et une gargoulette contenant de l'eau potable. Gohar vivait dans la plus stricte économie de moyens matériels. La notion du plus élémentaire confort était depuis longtemps bannie de sa mémoire. Il détestait s'entourer d'objets; les objets recelaient les germes latents de la misère, la pire de toutes, la misère inanimée; celle qui engendre fatalement la mélancolie par sa présence sans issue. Non pas qu'il fût sensible aux apparences de la misère; il ne reconnaissait à celle-ci aucune valeur tangible, elle demeurait toujours pour lui une abstraction. Simplement il voulait protéger son regard d'une promiscuité déprimante. Le dénuement de cette chambre avait pour Gohar la beauté de l'insaisissable, il y respirait un air d'optimisme et de liberté. La plupart des meubles et des objets usuels outrageaient sa vue, car ils ne pouvaient offrir aucun aliment à son besoin de fantaisie humaine. Seuls les êtres dans leurs folies innombrables, avaient le don de le divertir.

Auteur: Cossery Albert

Info: Mendiants et orgueilleux

[ dénuement ] [ littérature ]

 

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femmes-par-hommes

Quand elle était petite, j'avais toujours peur qu'elle ne meure. C'est une idée que j'avais, tu vois. Parce qu'elle avait l'air si fragile et que moi, je ne l'avais pas aimée d'un coup. Ça m'avait pris le temps.
C'est quand elle a commencé à parler. Elle était toujours dans mes jambes. Elle venait à l'atelier; tiens, justement là où tu es, devant l'étal, c'était sa place. Elle me causait sans arrêt. Pourquoi ceci, pourquoi ça. Elle m'attrapait par les doigts. Tu l'aurais vue, Thérèse, en ce temps-là ! Ça ne devrait pas grandir.
(...)
Ça ne devrait pas grandir, mais forcément, ça grandit. Tout d'un coup, elle est devenue une femme. On ne s'y attend pas. Y a tout pour faire une femme, là, à côté de toi. Mais tu ne fais pas attention.
Jusqu'à ce que ça éclate. Tu es là avec quelqu'un d'autre. Un temps, tu te rassures : le corps a changé, mais dedans, c'est toujours ta petite fille, que tu t'imagines.
Jusqu'au jour où la femme a bouffé la gamine, de l'intérieur.

Auteur: Job Armel

Info: Baigneuse nue sur un rocher

[ grandir ]

 

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dialogue

- Sans vouloir vous choquer, Tom, la première fois que je l'ai vue, elle était en train de se couvrir de ses propres excréments.
- Je ne suis pas choqué.
- Pourquoi ?
- Je l'ai déjà vue se couvrir de merde. Ça choque la première fois. Eventuellement la deuxième. Ensuite on s'habitue et cela devient une composante du décor.
- Où l'avez-vous vue la première fois ?
- A San Francisco. Elle faisait une tournée de lectures. Elle s'est retrouvée dans un authentique asile de fous. L'endroit le plus sinistre que j'aie jamais vu. J'étais incapable de dire si se tartiner de merde relevait de l'expression de la haine de soi ou d'une façon personnelle de repeindre sa chambre.
- Vous faites de l'humour sur la psychose de votre soeur. Vous êtes vraiment quelqu'un de bizarre !
- C'est la manière sudiste, docteur.
- La manière sudiste ? dit-elle.
- L'immortelle expression chère à ma mère. Nous rions quand la douleur se fait trop forte. Nous rions quand la pitié de l'humaine condition devient trop pitoyable. Nous rions quand il n'y a rien d'autre à faire.
- Quand pleurez-vous ?
- Après avoir ri, docteur. Toujours. Toujours après avoir ri.

Auteur: Conroy Pat

Info: Le Prince des Marées

[ fiente ] [ folie ]

 

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esthétique

L’ornementation, ou le jeu des formes, est un besoin inné de l’homme et toute la question est de savoir où et quand on peut ou doit l’appliquer ; quant au point de vue purement utilitaire, condamnant par principe tout revêtement ornemental des objets ou des mots, il est profane par sa tendance et erroné par ses conclusions ; il revient en fait à une méconnaissance, non seulement du spirituel ou du sacré, mais même simplement de l’humain. La décoration, loin d’être un amusement vain comme le voudrait le dit point de vue, relève du pôle "musical" - non "mathématique" - de la Substance universelle : elle dérive du "jeu divin" (lila), et son rôle est de communiquer un rayonnement qui semble faire vibrer la matière et la rendre transparente. L’ornementation est un trait caractéristique du style sacral, qu’il s’agisse d’objets ou de paroles ; non que ce style ne comporte pas également, et même essentiellement, des modes de simplicité, mais il manifeste certainement, dans une partie importante de ses expressions, le souci de rendre sensibles les vibrations musicales que la vérité communique par surcroît et d’une manière implicite ; toute liturgie est censée rendre compte et de la majesté et de l’infinitude interne des choses sacrées.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 137

[ embellissement ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson