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capitale vivante

C'était à Paris, une ville qui était alors si belle que bien des gens ont préféré y être pauvres, plutôt que riches n'importe où ailleurs. Qui pourrait, à présent qu'il n'en reste rien, comprendre cela : hormis ceux qui se souviennent de cette gloire ? (...) On n'en avait pas encore chassé et dispersé les habitants. Il y restait un peuple, qui avait dix fois barricadé ses rues et mis en fuite des rois. C'était un peuple qui ne se payait pas d'images. Les maisons n'étaient pas désertes dans le centre. La marchandise moderne n'était pas encore venue nous montrer tout ce que l'on peut faire d'une rue. Personne, à cause des urbanistes, n'était obligé d'aller dormir au loin. Les arbres n'étaient pas morts étouffés; et les étoiles n'étaient pas éteintes par le progrès de l'aliénation. Les menteurs étaient, comme toujours, au pouvoir; mais le développement économique ne leur avait pas encore donné les moyens de mentir sur tous les sujets, ni de confirmer leurs mensonges en falsifiant le contenu effectif de toute la production.

Auteur: Debord Guy

Info: In girum imus nocte et consumimur igni éditions Gérard Lebovici, Paris, 1990

[ historique ] [ âge d'or ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

intellectuels

Quand ils se réunissent pour protester contre la hausse des taxes, les chauffeurs routiers, les petits patrons artisans et commerçants, les retraités, les chômeurs, les salariés pauvres, etc., qui forment les rangs des gilets jaunes, mettent en sourdine leur détestation réciproque le temps de la reporter sur la figure du pouvoir. Il suffit de les observer, de prêter attention à leurs discours, pour comprendre que dans ces bacchanales de la frustration et de la revendication où personne ne sait rester sobre, s’exprime une méfiance de tous à l’égard de tous. Entre eux surgissent des querelles de ronds-points comme on parle de querelles de clochers. Dans leurs élans de fraternité, ces rebelles citoyens se menacent même de mort. Mais, pour Michel Onfray, Jean-Claude Michéa, Alain Finkielkraut, Frédéric Lordon, Emmanuel Todd, qu’importe la fiction sociologique du peuple dès lors qu’elle leur permet de s’adonner, en dehors de leur magistère grassement rémunéré par d’injustes taxes, à la critique sociale — genre littéraire prisé par les cadres semi-cultivés, mais dont les subtilités théoriques demeurent inaccessibles aux mal-lotis du concept.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: https://lephilosophesansqualits.blogspot.com/2018/12/la-bandaison-des-clercs.html?m=1&fbclid=IwAR2gZXy3HHHPXkpgbRkM5gkeGc839sI73LupmbKw6-CrCy_SihshrZzED2I

[ appropriation ] [ démagogie ] [ révolte ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

musique

Etre réveillé à cinq heures du matin par la mélasse dévotionnelle d'Anup Jalota, Hari Om Sharan et autres confiseurs, tous issus simultanément de plusieurs lecteurs de cassette différents. Etre assailli sans relâche pour le reste de la journée et la plus grande partie de la nuit par les voix alternativement sérieuses ou insolentes de Kumar Sanu, Alisha Chinoy, Baba Sehgal chantant "Sexy, Sexy, Sexy", "Ladki hai kya re baba", "Sarkaye leyo khatiya" et autres chansons hideuses. Les laisser insidieusement imprégner votre mémoire et devenir d'imbéciles refrains qui se répètent encore et encore dans la tête; Avoir son environnement pollué et la journée détruite de cette façon c'était connaître une rage qui s'approfondissait, une incitation au meurtre, et, enfin, cette peur rampante quand au niveau dangereux de son propre déséquilibre. C'était comprendre ces gens parfaitement sains dont on parle dans les journaux, ceux qui un beau jour explosent soudainement dans la violence ; C'était concevoir une haine durable pour les auteurs, riches ou pauvres, de ces atrocités auditives. (Expliquant pourquoi il quitta Varanasi après quelques jours).

Auteur: Pankaj Mishra

Info: Butter Chicken in Ludhiana: Travels in Small Town India

[ abrutissement ]

 

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attente

La foi que j’aime le mieux dit Dieu, c’est l’espérance.

La foi, ça ne m’étonne pas ça n’est pas étonnant.

J’éclate tellement dans ma création.

La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas, ça n’est pas étonnant.

Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.

Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne moi-même, ça c’est étonnant.

Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin, ça c’est étonnant et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce.

Et j’en suis étonné moi-même.

Quel ne faut-il pas que soient ma grâce et la force de ma grâce pour que cette petite espérance, vacillante au souffle du péché, tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle, soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure, invincible, immortelle et impossible à éteindre. 



 

Auteur: Péguy Charles

Info: Le Porche du mystère de la deuxième vertu, Nouvelle Revue Française, 1916, p 270

[ source innée ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

argent

Et, sans doute - colonisés étonnés et bourgeois - les sous-développés, sots ingénieux asservis par leurs passions, seraient plus terribles encore s'ils devenaient riches. Ces gens-là, à vrai dire, perdent à gagner. Plus opulents, ils vivent plus inquiets, en pauvres Nègres indécrottables... Centupler ses besoins, faire tout pour l'ostentation, avoir cent ambassades à l'étranger parce que telle grande puissance en a cinquante, et, si elle en a soixante, en avoir vite deux cents, c'est s'empêtrer dans une pénurie encore plus effroyable que la gêne de jadis.
Mais se gouverner décemment, savoir s'arrêter quand bien même l'aide au Tiers-Monde serait centuple, employer le reste à développer le pays, à occuper les siens, sans Rolls ni Bentley, ou à tirer d'embarras des budgets déficitaires : tout cela vaut mieux que les insultes gauchement braillées par l'anticolonialisme de la négraille politique. Et c'est fausse sagesse, que de régner en mendiant ou en hâbleur.
Car c'est bien peu que de n'être point comme le commun des pauvres ; mais c'est être bien riche déjà, que de n'être plus comme le commun des riches...

Auteur: Ouologuem Yambo Utto Rodolph

Info: Lettre à la France nègre

[ conscience ] [ complexe ] [ afrique ]

 

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évolution

Durant ma vie, j’ai vu la globalisation détruisant des villes entières, et les réduisant en ruines. Parallèlement à la globalisation, un raz-de-marée de l’automatisation va bientôt frapper l’économie mondiale, conduisant vers le bas le coût des marchandises et des services au détriment de millions d’emplois, ce qui aura de multiples conséquences aux proportions catastrophiques dans le monde entier. La vague d’automatisation a la propension de dévaster l’économie américaine. Peut-être qu’aucune autre nation ne supporte autant le poids de l’automatisation que les Etats-Unis.
Beaucoup d’experts financiers pensent que la menace de l’automatisation est inévitable, et qu’elle peut détruire notre économie, notre système capitaliste et notre mode de vie.
Le fossé entre riches et pauvres va faire que s’accroître de façon astronomique, et les tensions vont augmenter à un niveau sans précédent.
Le capitalisme en Amérique a conduit à un succès monumental, mais en même temps à des échecs catastrophiques. La croissance de l’automatisation pourrait signifier la disparition du capitalisme, en causant l’effondrement de l’économie sur elle-même, et il n’y a pas de plan de remplacement pour s’en sortir ou pour survivre.

Auteur: Lawles Seph

Info: Autopsy of America 2017, commentaires à propos des image du livre présentant des centres commerciaux abandonnés et en ruine

[ sociologie ] [ inquiétude ]

 

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pouvoir

Quand je dis : - J’ai arrêté de croire à la culture", entendons-nous bien, c’est idiot comme phrase ! Non, j’ai arrêté de croire, pour être précis, en cette chose qu’on appelle chez nous "la démocratisation culturelle".

C’est l’idée qu’en balançant du fumier culturel sur la tête des pauvres, ça va les faire pousser, vous voyez ? Qu’ils vont donc rattraper les riches !

Voilà, c’est à ça que j’ai arrêté de croire.

Je faisais ça dans les banlieues, c’est là qu’ils sont souvent, les pauvres… Et donc, je leur balançais des charrettes d’engrais culturel. Essentiellement sous forme d’art contemporain. Et de "création". Il y a beaucoup de fumier dans l’art contemporain. De la danse contemporaine, du théâtre contemporain, de la musique contemporaine. L’idée, c’est que les pauvres vont pousser… et rattraper les riches. C’est l’idée de "l’ascension sociale" par la culture.

C’est à cela que j’ai arrêté de croire. […]

L’idée n’était pas bête, au début : "On va cultiver les pauvres !" oui, mais les riches, ils n’attendent pas pendant ce temps-là, si vous voyez ce que je veux dire.

Auteur: Lepage Franck

Info: 2006

[ conservation ] [ subversion ] [ beaux-arts ]

 

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jansénisme

Le Pape condamne cinq propositions hérétiques dans le livre de Jansénius. Moi qui suis votre Supérieur légitime, je vous affirme qu’elles y sont. Cependant vous n’en croyez rien. Vous préférez les lumières de vos Messieurs, et vous y brûler comme les papillons aux chandelles. Ceux que vous croyez, ce sont eux, qui vous disent que les propositions ne sont pas dans Jansénius ; que le Pape l’a condamné sans savoir ce qu’il faisait ; qu’il s’est laissé mener par le nez ; qu’il a été acheté par les Jésuites ; que cela leur a coûté bien cher. Voilà les sornettes qu’ils vous débitent, et vous croyez ces gens-là, qui n’ont ni caractère ni pouvoir dans l’Eglise, ni autorité sur vous ; vous optez pour leur jugement contre celui du Pape et de toute l’Eglise. Et pourquoi ? Il n’y a pas de raison, sinon qu’il faut jouer aux martyrs : oh ! que cela est beau, d’être un peu opprimé ! Et moi je vous dis que tout cela est pitoyable, et que vous êtes de pauvres filles, à l’esprit faux, vain et buté. (Un temps) Vous ne répondez rien ?

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Port-Royal, Editions Gallimard, 1954, pages 93-94

[ point de vue institutionnel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

néo libéralisme

Les plus riches ont décidé de nous faire une guerre (...) Je fréquente des riches à Paris et leur indifférence est totale. Si tu leur dis qu'en Espagne, à 60 ans, on peut être obligé de travailler pour 2,60 euros de l'heure, ils s'en foutent. Tu te rends compte qu'ils sont déjà prêts pour ce monde-là. Dans leur tête c'est réglé: pour les pauvres, ça va être très dur, et ils s'en tamponnent. J'ai eu longtemps l'impression que les riches ne se rendaient pas bien compte, mais là, je crois que c'est pire que ça: c'est concerté, c'est ce qu'ils veulent, que les gens s'enfoncent dans une misère noire. Ils ne voient pas le travailleur comme un être humain mais comme un problème à gérer. Mais ma colère est une colère de vaincu. Dans les années 1980 quand il aurait fallu durcir le propos, quand existaient encore des structures de résistance, on aurait dû lutter beaucoup plus, mais on n'a pas compris, à l'époque, que leur idée, c'était d'en finir avec nous. Ces gens sont au delà du cynisme.

Auteur: Despentes Virginie

Info:

[ inhumain ] [ ploutocrates ]

 

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portrait

Il y avait comme un pressentiment de vertige sur ce mufle de basse canaille couperosé par l’alcool et tordu au cabestan des concupiscences les plus ordurières.

Une gouaillerie morose et superbe s’étalait sur ce mascaron de gémonies, crispant la lèvre inférieure sous les créneaux empoisonnés d’une abominable gueule, abaissant les deux commissures jusqu’au plus profond des ornières argileuses ou crétacées dont la litharge et le rogomme avaient raviné la face.

Au centre s’acclimatait, depuis soixante ans, un nez judaïque d’usurier ponctuel où se fourvoyait le chiendent d’une séditieuse moustache qu’il eût été profitable d’utiliser pour l’étrillage des roussins galeux.

Les yeux au poinçon, d’une petitesse invraisemblable et d’une vivacité de gerboise ou de surmulot, suggéraient, par leur froide scintillation sans lumière, l’idée d’un nocturne spoliateur du tronc des pauvres, accoutumé à dévaliser les églises.

Enfin l’aspect de ce ruffian démantibulé donnait l’ensemble d’un avorton implacable, méticuleux et présent jusque dans l’ivresse, que d’anciennes aventures auraient échaudé et qui, dès longtemps, n’avivait plus son cœur de goujat qu’à l’assaut des faibles et des désarmés.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 28-29

[ dépréciatif ] [ dévalorisant ] [ bassesse morale ] [ corps-esprit ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson