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captivés

La télévision. Elle est entrée chez les géologues l'an passé et l'on imagine avec quelle impatience on attendait la prochaine visite à la base du vieux et de sa fille. "Le spectacle était double, se souvient Erofeï. Pour les Lykov, c'était la télévision; pour tous les autres c'étaient les Lykov devant la télévision". Ils s'intéressaient à tout : un train qui passe, des moissonneuses-batteuses dans un champ, les gens dans la rue ("Seigneur, qu'ils sont nombreux ! Comme un nuage de moustiques !"), de grands immeubles, un navire. Le cœur d'Agafia chavira à l'image d'un cheval. "Un cheval ! Petit papa, un cheval !" Elle n'en avait jamais vu et ne les imaginait que par les récits. Le vieux fut épaté par un hydroglisseur. "Comme c'est bien ! En voilà une barque!" En voyant sur une scène un ensemble amateur de vieilles danseuses cosaques du Kouban, Karp s'indigna :"Ah ! Les pécheresses ! Voilà qu'elles dansent quand il faut prier !" Des boxeurs en lice horrifièrent Agafia. Elle se leva d'un bond et se sauva. Et comme je la comprends : torses nus, deux mastocs se tapaient dessus avec leurs poings énormes sous les regards de tous.
"C'est un péché", dirent la fille et son père de la télévision. Mais ce péché-là se révéla pour eux d'un attrait insurmontable. En visite à la base ils ne manquaient jamais de prendre place devant le poste et de le regarder.

Auteur: Peskov Vassili

Info: Ermites dans la taïga

[ découverte ] [ progrès ]

 

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pensée-de-femme

Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.

J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie. Et lorsqu’on me pose la question – c’est-à-dire chaque fois que je rencontre une nouvelle personne (en particulier des femmes), chaque fois qu’après m’avoir demandé quel est mon métier (ou juste avant), on me demande si j’ai des enfants –, chaque fois donc que je dois me résigner à tracer sur le sol cette ligne à la craie blanche qui sépare le monde en deux (celles qui en ont, celles qui n’en ont pas), j’ai envie de dire : non je n’en ai pas, mais regarde dans mon ventre tous les enfants que je n’ai pas eus, regarde comme ils dansent au rythme de mes pas, ils ne demandent rien d’autre qu’à être bercés, regarde cet amour que j’ai retenu converti en lingots, regarde l’énergie que je n’ai pas dépensée et qu’il me reste à distribuer, regarde la curiosité naïve et sauvage qui est la mienne, et l’appétit de tout, regarde l’enfant que je suis restée moi-même faute d’être devenue mère, ou grâce à cela.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: Les loyautés

[ nullipare ] [ regrets ]

 

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rencontre

Une discothèque. La nuit. Nina danse avec Éli Hooker, un jeune homme.

NINA. – Tu es si léger.

ÉLI. – J'aime danser. J'aime aussi prendre un bon livre de temps en temps.

(Entre Zigui. Il va s'asseoir à l'écart, commence à manger des cacahouètes tout en les observant.)

ÉLI. – Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

NINA. – Rien de particulier. Je lis moi aussi. Et je sculpte.

ÉLI. – Tu auscultes ? Et qu'est-ce que tu auscultes ?

NINA. – Je sculpte. Je fais de la poterie.

ÉLI. – Ah.

NINA. – Je prends mon temps, je ne cours pas. Pourquoi me précipiter comme tout le monde ? À quoi bon cette fuite en avant, à quoi bon ? À quoi bon, je te le demande ?

ÉLI. – Tu as raison.

NINA. – Et toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

ÉLI. – Je lis un peu, j'écris un peu.

NINA. – Des poèmes ?

ÉLI. – Pour moi, la nuit.

NINA. – Et le matin ?

ÉLI. – Je suis médecin.

NINA. – Tu dis "médecin" avec un tel dédain. Tu n'es vraiment pas comme les autres, toi.

ÉLI. – Parce que c'est quoi un médecin ? Un mythe, rien de plus.

NINA. – Tu es vraiment différent.

Auteur: Hanokh Levin

Info: Théâtre choisi, tome 4 : Comédies grinçantes. Sur les valises, p 133

[ dialogue ] [ étonnement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

remettre en question

Nous avons grimpé cette colline. À chaque étape, nous pouvions voir plus loin, alors bien sûr, nous avons continué. Maintenant, nous sommes au sommet. La science est au sommet depuis quelques siècles. Nous regardons la plaine et nous voyons cette autre tribu qui danse au-dessus des nuages, encore plus haut que nous. Il s'agit peut-être d'un mirage, d'une supercherie. Ou peut-être qu'ils viennent d'escalader un sommet plus élevé que nous ne pouvons pas voir parce que les nuages bloquent la vue. Nous partons donc à sa recherche, mais chaque pas nous fait dégringoler. Quelle que soit la direction que nous prenons, nous ne pouvons pas nous éloigner de notre sommet sans perdre notre point de vue. Nous remontons donc à nouveau. Nous sommes coincés sur un maximum local. Mais qu'en est-il s'il existe un sommet plus élevé, de l'autre côté de la plaine ? Le seul moyen d'y parvenir est de prendre le taureau par les cornes, de descendre de notre piémont et de longer le lit de la rivière jusqu'à ce que nous commencions enfin à remonter la pente. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'on se rend compte que cette montagne est bien plus haute que le contrefort où l'on se trouvait auparavant, et que l'on voit tellement mieux d'ici. Mais vous ne pouvez pas y arriver si vous ne laissez pas derrière vous tous les outils qui vous ont permis de réussir. Il faut faire le premier pas dans la descente.

Auteur: Watts Peter

Info: Echopraxia

[ recommencer ] [ réexaminer ] [ repartir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Dans le bungalow, j'ai trouvé un dictionnaire anglais-indonésien, oublié par le précédent occupant Y découvrant des wagons de mots que j'ignorais, j'ai entrepris de composer mille et une façons de dire à Indra qu'elle est belle.
Belle comme un soleil qui a déployé ses feux au premier jour de la terre.
Comme l'éclat d'or qui se prélasse sur les flots à l'approche de certains crépuscules.
Comme un rire d'enfants qui, au détour d'une ruelle, se font offrir par une grande soeur des cornets de glace à la mangue.
Belle comme le chant de ce prince fameux qui renonça à son royaume pour rejoindre la couturière entraperçue dans l'obscurité d'une échoppe.
Comme la coulée de miel qu'une reine des abeilles a offert au gamin qui avait franchi trois précipices et cinq rivières pour trouver son essaim.
Comme la robe tissée de fils d'or et de fumée qu'un misérable et habile artisan offrit à la fille d'un roi pour s'en faire aimer.
Belle comme les tourbillons de sable qui dansent au-dessus des roches brunes, si loin dans le désert que nul homme ne les a jamais vus.
Comme la soie blanche des neiges qui recouvrent les villages en des contrées si loin au nord que celui qui les atteint n'en revient jamais...
Je rédige mes fadaises dans ma tête toute la journée. Le soir, je les lui murmure à l'oreille. Elle m'écoute avec passion, sourire qui tremble aux lèvres, paupières closes, les ailes de ses cils apaisées.

Auteur: Poncet Thierry

Info: Zykë l'aventure

[ transposition ]

 

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éléments biographiques

Pauli était le fils d’un grand professeur de chimie de l’université de Vienne dont les nombreuses liaisons avaient poussé son épouse à s’empoisonner. Le jeune homme en avait été très perturbé et il s’était précipité dans le mariage peu de temps après, en épousant une danseuse de cabaret. Très vite, il décida de fuir Vienne et sa femme pour se rendre en Allemagne où il commença à mener de front travail et aventures féminines. Ses travaux finirent par l’emporter, et entre 1923 et 1929, il devint le brillant théoricien qui formula le principe d’exclusion en mécanique quantique. La célébrité lui vint après sa collaboration avec Werner Heisenberg sur la théorie quantique des champs. En 1928, à l’âge de vingt-huit ans, il fut nommé professeur de physique théorique à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

En 1930, il était aussi tristement connu pour ce qu’on appelait alors l’ "effet Pauli" : d’après la rumeur véhiculée par ses collègues, il lui suffisait de mettre les pieds dans un laboratoire pour provoquer toutes sortes d’accidents. Il se mit à accumuler les disputes violentes avec tous les gens qu’il côtoyait à l’université, ce qui compromit quelque peu sa carrière. Mais ce furent surtout ses beuveries dans Zurich qui firent sa réputation : il se soûlait à en tomber ivre mort et se mêlait à toutes les querelles d’ivrogne. […]

La raison principale qui amena Pauli [à consulter Jung] était la série de cauchemars qui perturbait gravement son existence. 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, page 552

[ première partie de vie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

oppression

Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la corvée, l'intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. [...] J'entends la tempête. On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes. Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées. On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer. Moi, je parle de milliers d'hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l'heure où j'écris, sont en train de creuser à la main le port d'Abidjan. Je parle de millions d'hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse. Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme. On m'en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d'hectares d'oliviers ou de vignes plantés. Moi, je parle d'économies naturelles, d'économies harmonieuses et viables, d'économies à la mesure de l'homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières.

Auteur: Césaire Aimé

Info: Discours sur le colonialisme

[ colonialisme ]

 

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fascisme

C'était des mots qui l'avaient décidé (à rejoindre la poignée d'hommes décidés à trahir et tenter de renverser Hitler), de simples mots qui avaient résonné en lui plus fortement encore que le goût de la vengeance, des mots prononcés pendant la guerre civile espagnole, un jour d'octobre 1936, par le recteur de l'université de Salamanque. Karlheinz voyait encore la frêle silhouette de Miguel de Unamuno se dresser dans l'amphithéâtre bondé de nationalistes vociférant leur amour de la mort en conspuant cet esprit libre. -
Je viens d'entendre le cri nécrophile "Viva la muerte !" qui sonne à mes oreilles comme "À mort la vie !" s'était écrié le philosophe, avant d'ajouter : - Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat... Ses adversaires, fous de rage, avaient hurlé : "À mort l'intelligence !" À ce moment précis, Karlheinz avait choisi son camp. Comment peut-on insulter l'intelligence et rester vivant ? Il avait donc fait le choix de la vie, mais aussi de la raison et du droit, deux valeurs qu'il avait longtemps délaissées, tout entier consumé par sa haine du communisme et son mépris pour les démocraties corrompues. Des valeurs qui avait été celles de son père et qu'il lui avait fallu retrouver pour ne pas perdre son âme.

Auteur: Révay Theresa

Info: La vie ne danse qu'un instant, p 372

[ violence ] [ révolte ]

 
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corporalité

La nudité sacrée - qui joue un rôle important non seulement chez les Hindous mais aussi chez les Indiens d'Amérique - est fondée sur la correspondance analogique entre l' "extérieur" et l' "intérieur" : le corps est alors vu comme "cœur extériorisé" et le cœur pour sa part "absorbe" en quelque sorte la projection corporelle ; "les extrêmes se touchent". On dit en Inde que la nudité favorise l'irradiation des influences spirituelles mais aussi que la nudité féminine en particulier manifeste Lakshmi et par conséquent a un effet bénéfique sur l'environnement. D'une manière tout à fait générale, la nudité exprime et actualise virtuellement un retour à l'essence, à l'origine, à l'archétype, donc à l'état céleste. "Et c'est pour cela que nue, je danse" comme disait, après avoir découvert le divin Soi en son cœur, la grande sainte Kashmiri, Lalla Yogishvari. Assurément. il y a dans la nudité une ambiguïté de facto à cause de la nature passionnelle de l'humanité; mais il y a aussi le don de la contemplativité qui peut la neutraliser, comme c'est précisément le cas pour la"nudité sacrée". C'est ainsi qu'il n'y a pas seulement la séduction des apparences mais aussi la transparence métaphysique des phénomènes qui permet de percevoir l'essence archétypale à travers l'expérience sensorielle. Saint Nonnos, quand il vit Sainte Pélagie entrer nue dans la fontaine baptismale, rendit grâce à Dieu de n'avoir pas seulement mis dans la beauté humaine une occasion de chute mais aussi une occasion d'élévation vers Dieu.

Auteur: Schuon Frithjof

Info:

[ simultanéité ] [ analogie ] [ sublimation ] [ plaisir esthétique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couleurs

Il y avait si longtemps qu'il avait quitté Venise, disait-il, qu'il ne se rappelait presque aucun nom. Il rêvait toujours des places et des canaux, mais ne se souvenait plus de leur nom. Il lut la déception sur le visage de Rodrigo et Jofre.
Il parut un moment découragé, puis il sembla avoir une idée, il se leva et s'enfonça dans l'obscurité. Il revint quelques minutes plus tard, tenant quelque chose de brillant dans sa main. C'était une petite fiole en forme de poire, du genre de celles dans lesquelles les femmes conservent des huiles parfumées. Dans sa main, elle était sombre et opaque, mais lorsqu'il la tint à la lumière d'une des torches, le verre laissa paraître de riches éclats bleus et pourpres, et de minuscules paillettes d'or scintillant sur toute sa surface.
"Vous voyez, voici ce dont je me souviens, la lumière de Venise est comme le verre. Je me souviens que le soleil de la fin d'après-midi faisait danser des étincelles dorées sur les eaux de la lagune. Je me souviens de la lumière nacrée de l'aube en hiver, et du rouge brûlant et âpre du soleil couchant en été, qui conférait au marbre une teinte rose vif. Je me souviens des nuits où les eaux des canaux étaient noires comme de la martre, du scintillement du clair de lune sur l'eau sombre, telle, une barrette d'argent dans les cheveux d'une belle femme. C'est la lumière de Venise que je capture dans mon verre."

Auteur: Maitland Karen

Info: La compagnie des menteurs

[ clarté ]

 

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