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vocabulaire

J'aimais les signes, les lettres et les mots, voyez-vous. Je me souviens m'être dit qu'ils étaient le reflet de la réalité. Un chêne n'était plus seulement un arbre planté dans la terre qui se dressait vers les cimes, c'était aussi un mot que je mâchais et remâchais. L'arbre, le seau, la pompe à eau, le puits, la camionnette... Oui, tout avait une saveur différente pour moi : le goût des mots. (...)
(....) Je le lisais d'abord en distinguant chaque syllabe, puis de plus en plus vite. A la fin, j'avais le sentiment d'être l'inventeur de l'objet lui-même. Et quand j'apprenais un mot dont la référence visuelle me manquait -par exemple "paquebot"- j'avais l'impression de découvrir un trésor.

Auteur: Christophe Léon

Info: Argentina, Argentina

[ inversion ] [ langage ] [ vertical ]

 

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torture

Deux gardes m’ont conduite dans une grand pièce au bout du couloir. Avant le début de l’interrogatoire, ils m’ont braqué une puissante lampe sur les yeux. A toutes les questions, j’ai juste répondu : "je ne sais pas." L’un deux a déchiré l’arrière de ma robe et, quand le premier coup a cinglé mon dos, j’ai eu l’impression qu’une lame souple me tailladait la chair. Un cri m’a échappé mais, quand les autres coups se sont abattus à intervalles réguliers, j’ai pu me préparer. Le plus insupportable était l’indignité de tout cela. Je suis revenue à moi dans le silence de ma cellule sombre, la joue contre le sol dur, et j’ai roulé sur le dos pour laisser la fraîcheur du ciment apaiser ma douleur.

Auteur: Ghahremani Zohreh

Info: Un ciel de coquelicots

[ interrogatoire ]

 

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nocturne

Haut sur la cime

Tout le jardin est lune,

Est lune d’or.

Plus précieuse en l’ombre

Ta bouche qui me frôle.



La voix de l’oiseau

Que la pénombre cache

Est devenue muette.

Dans ton jardin tu marches.

Quelque chose te manque, je le sais.



Cette autre coupe,

Le sabre qui fut sabre,

En d’autres mains,

La lune de la rue,

Dis, ce n’est pas assez ?



Dessous la lune,

Le tigre d’or et d’ombre

Regarde ses griffes.

Il ne sait pas qu’à l’aube

Elle ont brisé un homme.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: L'or des tigres - TANKAS

[ poème ] [ couple ] [ chagrin du poète ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

protopensées

Pourquoi ne pouvons-nous demeurer enfermés en nous ? Pourquoi poursuivons-nous l’expression et la forme, cherchant à nous vider de tout contenu, à organiser un processus chaotique et rebelle ? Ne serait-il pas plus fécond de nous abandonner à notre fluidité intérieure, sans souci d’objectivation, nous bornant à jouir de tous nos bouillonnements, de toutes nos agitations intimes ? Des vécus multiples et différenciés fusionneraient ainsi pour engendrer une effervescence des plus fécondes, semblable à un raz de marée ou un paroxysme musical. Être plein de soi, non dans le sens de l’orgueil, mais de la richesse, être travaillé par une infinité intérieure et une tension extrême, cela signifie vivre intensément, jusqu’à se sentir mourir de vivre. Si rare est ce sentiment, et si étrange, que nous devrions le vivre avec des cris.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Sur les cimes du désespoir"

[ éléments-alpha ] [ régression ] [ question ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

humour

A mi-chemin, toutefois, quelqu'un s'aperçoit qu'ils n'ont pas enterré le bon mort. De plus, ils ne connaissent même pas celui-là. La personne qu'ils ont enterré n'était pas morte, ni même malade puisqu'elle chantait la tyrolienne. Ils retournent au cimetière et exhument le pauvre homme, qui les menace de leur faire un procès, aussi lui proposent-ils de faire nettoyer son costume et de leur envoyer la facture du teinturier. Pendant ce temps, plus personne ne sait qui est mort au juste. L'orchestre continue de jouer pendant que l'on enterre successivement tous les hommes présents selon le principe que le seul qui ne protestera pas sera le mort. Mais il apparaît très vite que personne n'est mort, et maintenant il est trop tard pour se procurer un défunt, à cause du départ en vacances.

Auteur: Allen Woody

Info: Destins tordus

[ absurde ] [ funérailles ]

 

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depuis l'au-delà

Depuis quand, je n'en ai pas la moindre idée. Depuis hier ou avant-hier ? Depuis plus de vingt ans ou, pourquoi-pas, plus d'un siècle ? Tout est possible. Tout est plausible. La seule chose dont je suis à peu près sûr, c'est qu'on m'a assassiné.
Qui a bien pu ? L'ombre d'un inconnu sans visage ? Pas la plus petite réminiscence. J'ignore aussi de quelle façon. A l'aide d'une arme à feu ou d'une arme blanche ? Aurais-je été exécuté ? Je ne saurais non plus l'affirmer.
J'ai encore un corps, voilà ce que je trouve bizarre. Il semble être le même, alors qu'il devrait pourrir au fond de quelque tombeau. Je ne sais pas non plus où on m'a enterré. Dommage, j'aurai aimé me porter des fleurs au cimetière, et puis voir en quelle année je suis mort. Un souhait des plus vains.

Auteur: Depland Daniel

Info: En voie de disparition, Denoel 2009

[ incipit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inaccessible

Mon chagrin est comme mon château, perché comme un nid d'aigles, à la cime des monts, parmi les nuages ; personne ne peut l'assaillir. C'est de là que je m'envole pour descendre dans la réalité et saisir ma proie. Mais je ne reste pas en bas, je rapporte ma proie chez moi, et cette proie, c'est un motif que j'insère dans les motifs des tapisseries de mon château. Alors, je vis comme un mort. Tout ce qui a été vécu, je le plonge dans le baptême de l'oubli pour l'éternité du souvenir. Tout ce qui est fini et accidentel est oublié et effacé. Alors, je demeure comme un vieillard grisonnant, pensif, et j'explique les motifs d'une voix douce, presque chuchotante, et à mes côtés siège un enfant qui écoute, bien qu'il se rappelle tout avant que je l'aie raconté.

Auteur: Kierkegaard Søren Aabye

Info: Ou bien... Ou bien, I

[ construction ] [ indicible ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

géopolitique

En 1966, après avoir appris que le président Charles De Gaulle retirait la France de l'OTAN et que toutes les troupes américaines devaient évacuer le sol français, le président Johnson demanda au secrétaire d'État Dean Rusk de l'interroger quant aux Américains enterrés en France. Dean lui laissa entendre qu'il ne pouvait pas vraiment demander cela au président français. Au point que le président Johnson ordonna au secrétaire d'État Dean Rusk :

"Interrogez-le sur les cimetières Dean !"

C'était donc un ordre présidentiel et il se devait de poser la question.

Ainsi, en fin de réunion, Dean demanda à De Gaulle si son ordre de retirer toutes les troupes américaines du sol français incluait également les plus de 60 000 soldats enterrés en France durant les Première et Seconde Guerres mondiales.

De Gaulle, embarrassé, se leva et est partit sans répondre.

Auteur: Johnson Lyndon

Info:

[ Etats-Unis ] [ impérialisme ] [ Gaule-Usa ] [ chantage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

éloge

Sa poésie est comme une incantation: la force n'est pas dans le sens évident des mots, mais dans leur pouvoir occulte. A première vue il ne semble pas qu'il y ait dans ces mots plus que dans d'autres mots, mais ce sont des mots d'enchantement. A peine sont-ils prononcés que le passé devient présent, et ce qui est loin est tout près. De nouvelles formes de beauté surgissent et tous les cimetières de la mémoire nous livrent leurs morts. Changez seulement la structure d'une phrase, substituez un synonyme à un autre, et rien ne reste de l'effet produit. Le charme a perdu son pouvoir, et qui voudrait en faire usage se trouverait dans la situation de Cassim, dans les Mille et une nuits, alors qu'il s'écriait: "Blé, ouvre-toi!" "Orge, ouvre-toi!" devant la porte qui n'obéissait à d'autre son que "Sésame, ouvre-toi!

Auteur: Macaulay Thomas Babington

Info: sur Milton, rapporté par J. Green qui ajoute. C'est là de la grande critique. Le passage entier est d'une singulière précision; on songe à Baudelaire

[ magie ]

 

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négociations commerciales

Du temps où je vous parle, les affaires, quelles qu’elles soient, étaient décorées. Pas de chemin de fer sans vins d’honneur. Pas de ciment sans apéritifs. Pour déplacer la moindre benne, il fallait son poids de vespétro*. Tout se faisait dans un décor de café, de bistrot et de cantine. Ne pas boire le coup c’était rater neuf affaires sur dix. De là d’ailleurs, et par des quantités d’autres choses, le billard, nous y viendrons. La matière première, à la base, c’était l’absinthe. Entendons-nous : les plans, les projets, les trucs sur le papier, c’était peut-être fait par des gens sobres ou de petits estomacs, c’est possible, quoique pas même certain, mais dès qu’on disait : exécution ! c’était en premier lieu le bistrot. Pour acheter, pour transporter, pour placer le matériel, pour embaucher, débaucher, payer, rectifier, organiser : c’était le bistrot en premier lieu.

Auteur: Giono Jean

Info: Les âmes fortes, Librairie Gallimard, 1949, page 149 *liqueur italienne d'origine savoyarde ancienne

[ alcool ] [ picole ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson