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avion

Le vice de tout comprendre, d'apercevoir la complexité des choses, qui rend les vieillards incapables d'action, l'amour du détail, du petit, où se perdait notre temps talmudique et féminin, est aboli et grâce à la vie aérienne, nous reviendrons aux grandes synthèses de pensée et d'art des hautes-époques.

(...) Simplicité des lignes, audace et instabilité des formes, originalité des conceptions et moyens bornés de l'exécution, il promène au-dessus de nos têtes son génie primitif.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.76, texte "réflexions en l'air"))

[ dimension qualitative ] [ retour en arrière ] [ anéantissement par les airs ]

 
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désignation idiomatique

Ce qui frappe d’abord l’homme "moderne", rompu à la théorie et à la science linguistique d’aujourd’hui, et pour lequel le langage est extérieur au réel, pellicule fine et sans consistance sinon conventionnelle, fictive, "symbolique", c’est que dans les sociétés "primitives", ou comme on dit "sans histoire", "pré-historiques", le langage est une substance et une force matérielle. Si l’homme primitif parle, symbolise, communique, c’est-à-dire établit une distance entre lui-même (comme sujet) et le dehors (le réel) pour le signifier dans un système de différences (le langage), il ne connaît pas cet acte comme un acte d’idéalisation ou d’abstraction, mais au contraire comme une participation à l’univers environnant. Si la pratique du langage suppose réellement pour l’homme primitif une distance par rapport aux choses, le langage n’est pas conçu comme un ailleurs mental, une démarche d’abstraction. Il participe comme un élément cosmique du corps et de la nature, confondu avec la force motrice du corps et de la nature. Son lien avec la réalité corporelle et naturelle n’est pas abstrait ou conventionnel, mais réel et matériel. L’homme primitif ne conçoit pas nettement de dichotomie entre matière et esprit, réel et langage, et par conséquent entre "réfèrent" et "signe linguistique", et encore moins entre "signifiant" et "signifié" : pour lui, ils participent tous au même titre d’un monde différencié.

Des systèmes magiques complexes, telle la magie assyrienne, reposent sur un traitement attentif de la parole conçue comme une force réelle. On sait que dans la langue akkadienne "être" et "nommer" sont synonymes. En akkadien, "quoi que ce soit" s’exprime par la locution "tout ce qui porte un nom". Cette synonymie n’est que le symptôme de l’équivalence généralement admise entre les mots et les choses, et qui sous-tend les pratiques magiques verbales. Elle transparaît aussi dans les exorcismes liés à l’interdiction de prononcer tel ou tel nom ou mot, aux incantations dont on exige la récitation à voix basse, etc.

Plusieurs mythes, pratiques et croyances révèlent cette vision du langage chez les primitifs. Frazer (the Golden Bough, 1911-1915) constate que dans plusieurs tribus primitives le nom, par exemple, considéré comme une réalité et non pas comme une convention artificielle, "peut servir d’intermédiaire — aussi bien que les cheveux, les ongles ou toute autre partie de la personne physique — pour faire agir la magie sur cette personne". Pour l’Indien d’Amérique du Nord, d’après ce même auteur, son nom n’est pas une étiquette, mais une partie distincte de son corps, comme l’œil, la dent, etc., et par conséquent un mauvais traitement de son nom le blessera comme une blessure physique. Pour sauvegarder le nom, on le fait entrer dans un système d’interdictions, ou de tabous.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Le langage, cet inconnu, pp. 56-57

[ réalité encodée ] [ vocable dagyde ] [ premier degré performatif ] [ philologie diachronique ] [ codage du réel ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

gêne

Je me sentis soudain timide. Timide, je n'avais pas l'habitude.

J'avais l'habitude de la honte.

La timidité c'est quand on détourne la tête de ce qu'on veut.

La honte c'est quand on détourne la tête de ce qu'on ne veut pas.


Auteur: Foer Jonathan Safran

Info: Extrêmement fort et incroyablement près

[ attirance ] [ rejet ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

tête-bêche

Voilà un soixante-neuf", ai-je dit en lui présentant le magazine. J'ai placé mes doigts - deux d'entre eux - sur l'action, pour bien la désigner. "Pourquoi l'appelle-t-on soixante-neuf ?" a-t-il demandé, toujours curieux des choses. "Ça a été inventé en 1969. Mon pote Grégoire connaît un copain du neveu de l'inventeur." "Mais que faisaient les gens avant 1969 ?" "Pipes et manducations diverses, mais jamais de concert".

Auteur: Foer Jonathan Safran

Info: Everything Is Illuminated

[ sexualité ] [ humour ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sentiment

Rien n’absorbe plus que l’amour. On n’est pas paresseux, parce que, étant amoureux, on paresse. L’amour sent confusément que son seul dérivatif réel est le travail. Aussi, le considère-t-il comme un rival. Et il n’en supporte aucun. Mais l’amour est paresse bienfaisante, comme la molle pluie qui féconde.

Auteur: Radiguet Raymond

Info: Le diable au corps (1923, 128 p.)

[ passion ] [ romantisme ] [ oisiveté ]

 

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prophétie

New-York est ce que seront demain toutes les villes, géométrique. Simplification des lignes, des idées, des sentiments, règne du direct.

Auteur: Morand Paul

Info: New-York (1930, 224p., Flammarion)

[ architecture urbaine ] [ nouveau monde ] [ modernité ]

 
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dédicace

à Hélène Morand

... mais dédie-t-on un livre à qui l'on dédia sa vie ?

P.M.

Auteur: Morand Paul

Info: l'homme pressé (1941, 350 p., Gallimard)

[ romantisme ] [ dimension sacrificielle ] [ passion ]

 

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univers

Le sens de la terre, mais c'est le sens de la marche du soleil, le sens d'une harmonie préétablie et d'une divine volonté, le sens de la vie inconsciente de cette vieille planète qui nous porte allègrement et pour qui nos atroces tumultes ne sont que de légères irritations de peau.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.593)

 

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architecture

Si la civilisation française fut durable, c'est à la pierre qu'elle le dut : le bois d'Europe nordique, le stuc italien, la brique anglaise ou flamande, le béton soviétique sont des matériaux fragiles dont la vieillesse sans patine est précoce et dont les ruines informes auront depuis longtemps disparu que nos édifices seront encore debout. Issus des carrières molles ou dures, roches, marbres, monolithes ou agglomérés forment de surprenantes variétés. Lorsqu'il est question d'une de nos villes, lorsqu'on nous parle d'une de nos provinces, nous pensons d'abord à leur visage de pierre. Truffeau des villages troglodytes de la Loire, murs tendres où la renaissance sculpta ses motifs italiens, murs de l'Anjou et de Touraine, verdâtres comme le teint des héroïnes Balzaciennes. Craies ponctuées de noirs silex, riverains de la Seine, plongeant sous la Manche pour reparaître à Douvres. Doux calcaires du Valois et du Soissonnais. Enfin les produits des vieux massifs cristallins, sombres villages de l'Armorique, noirs étables du Massif central, couleur de pierre à aiguiser. Plaques de schiste des toits d'Auvergne. Mica des entablements alpins scintillants au soleil, gâlets roulés des maisons du Rhône, orgues et tables de lave de la Limagne débités en murs d'enceinte, en donjons incurvés, en abbayes verticales. 

L'histoire de notre art ne s'explique que par là, depuis les maladroits alignements d'Armor jusqu'aux pierres de belle hache, débitées à la scie lisse, de cette île de France qui exportait sa chair pour bâtir les cathédrales anglaises ou les résidences américaines. (Les carrières Buttes Chaumont où les voyous d'Eugène Sue ne se nomment-elles pas les carrières d'Amérique ?) Les noms de leurs pierres sont bien de chez nous : le vergelet, la lamarde, le saint-leu, le conflans.

La France, coin de l'Europe. Pierre d'encoignure, pierre d'attente, pierre de touche. La France, ossature et squelette de l'extrême occident. C'est pourquoi notre fonds national est rude, avare, de grain serré, d'un génie enclin à la résistance et à la pétrification. Matériau résistant au feuilletage superficiel des gelées, pierre éprouvée qui a fait son unité, qui a jeté son eau, comme disent les carriers. Chair bien jointoyée et équarrie.

Profitons de la disette actuelle de ciment, de l'absence de cette hideuse boue durcie, de cette substance plastique sans forme, couleur ni nationalité qu'est le béton.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.371)

[ géographie hexagonale ] [ beauté ] [ type de construction ]

 
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écrivain

La réverbération des personnages ainsi que le silence inscrit tel quel, l’insistance sur le "rien" à dire comme manifestation ultime de la douleur, conduisent [Marguerite] Duras à une blancheur du sens. Joints à une maladresse rhétorique, ils constituent un univers de malaise troublant et contagieux.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 264

[ style ] [ analyse ] [ absurdité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson