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art pictural

J'ai fait trois versions de cette œuvre. Chacune présente un grand arbre nu dont les branches forment la silhouette d'une feuille. Ces tableaux sont conçus pour représenter différentes ambiances : l'une au crépuscule avec un soleil couchant, une autre le matin avec une sphère blanche à l'horizon, et la troisième sous un ciel étoilé. Je  suis assez satisfait quant à la pureté de ces images, je veux croire que vous les apprécierez.

Auteur: Magritte René

Info: Lettre à Claude Spaak datée du 5 janvier 1941, à propos de sa peinture "à la recherche de l'absolu" - compendium résumé : perplexity.ai et FLP

[ variations ] [ circadiennes ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

langage

Ne recevoir que la voix, sans les images, est en fait un immense privilège. Cela ajoute à la magie du moment, ouvrant l'esprit à l'imaginaire. On se construit ses propres images, ses propres vagues déferlantes, ses propres cieux, sa propre couleur de la mer. Avec l'écrit, la voix a cette puissance et cette saveur que les images n'auront jamais.

Auteur: Biette Jean-Marie

Info: Rhum amer

[ parlé ] [ écrit ] [ aveugle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art pictural

D’une matité scintillante, la blancheur de ces seins menus sans être maigres se perdait dans le voile bleuté, pleine de naturel ; elle était visiblement peinte avec âme et, en dépit d’une certaine suavité qui s’en dégageait, l’artiste avait su lui conférer une sorte de réalité scientifique et de précision vivante. Il s’était servi de l’aspect grenu de la toile en le faisant passer pour l’irrégularité naturelle de l’épiderme, sous la peinture à l’huile, notamment dans la région des clavicules légèrement saillantes. Un grain de beauté n’avait pas été omis à gauche, à la naissance des deux seins, et, entre leurs éminences, on croyait voir transparaître des veines à peine bleutées. On eût dit que, sous les yeux du spectateur, un imperceptible frisson de sensibilité passait sur cette nudité. Disons-le tout cru : on pouvait s’imaginer percevoir la transpiration, l’invisible exhalaison vivante de cette peau, et, en y appliquant les lèvres, sentir l’odeur du corps humain et non celle de la couleur et du vernis.


Auteur: Mann Thomas

Info: La Montagne magique

[ mis en texte ] [ peinture décrite ]

 

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lecture

- Ce qu'il y a de bien avec les histoires, c'est qu'on peut toujours revenir en arrière.

- Que veux-tu dire ?

- C'est l'avantage qu'ont les livres sur la vie réelle. Dans la vie réelle, quand un drame arrive, on se dit : "Comme j'aimerais retourner dans le passé, profiter du bonheur d'avant !" Lire nous donne cette possibilité : il suffit de reprendre les chapitres précédents, et on revit les moments que l'on aime chaque fois qu'on le désire."

Auteur: Gudule Anne Duguël Liger-Belair

Info: La Bibliothécaire

[ temps figé ] [ instants suspendus ]

 

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homme-animal

Les enfants et les bêtes se comprennent d'instinct. D'instinct, ils sont complices. Ce sont les préjugés adultes qui pervertissent leurs rapports. Les animosités absurdes qu'on leur inculque, ou qu'ils acquièrent en prenant de l'âge. Et dont le monde animal fait les frais.

Auteur: Gudule Anne Duguël Liger-Belair

Info: Le club des petites filles mortes

[ pragmatiques ] [ ouverts ]

 

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bourrasques

Rien n'était a priori plus difficile et plus contre-intuitif que de choisir l'image fixe pour transposer le plus mobile et le plus aérien de tous les éléments : le vent !


Auteur: Damasio Alain

Info: Extrait de sa préface dans l'adaptation BD de son roman : La Horde du Contrevent 1- Le Cosmos est mon campement - signée Henninot Eric

[ invisibles ] [ brise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

civilisation

Si la société entraîne par son effet de censure une forme de désagrégation qui s’appelle la névrose, c’est dans un sens contraire d’élaboration, de construction, de "sublimation", disons le mot, que peut se concevoir la perversion quand elle est produit de la culture. Et si vous voulez, le cercle se ferme : la perversion apportant des éléments qui travaillent la société, la névrose favorisant la création de nouveaux éléments de culture. Cela n’empêche pas - toute sublimation qu’elle soit - que l’amour grec reste une perversion. Nul point de vue culturaliste n’a ici à se faire valoir. Il n’y a pas à nous dire que sous prétexte que c’était une perversion reçue, approuvée, voire fêtée, que ce n’était pas une perversion. L’homosexualité n’en restait pas moins ce que c’était : une perversion.

Que vouloir nous dire - pour arranger les choses - que si nous, nous soignons l’homosexualité c’est que de notre temps l’homosexualité c’est tout à fait autre chose, ce n’est plus à la page, et qu’au temps des grecs par contre elle a joué sa fonction culturelle et comme telle est digne de tous nos égards, c’est vraiment éluder ce qui est à proprement parler le problème. La seule chose qui différencie l’homosexualité contemporaine à laquelle nous avons affaire et la perversion grecque - mon Dieu - je crois qu’on ne peut guère la trouver dans autre chose que dans la qualité des objets. Ici, les lycéens sont acnéiques et crétinisés par l’éducation qu’ils reçoivent.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 23 novembre 1960

[ individuel-collectif ] [ gay ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie antique

Il [Platon] le fait raconter [le Banquet] par quelqu’un qui s’appelle APOLLODORE. Nous connaissons l’existence de ce personnage. Il existe historiquement et il est censé […] venir dans un temps daté à environ un peu plus d’une trentaine d’années avant la parution du Banquet si on prend la date d’à peu près -370 pour la sortie du Banquet. C’est avant la mort de SOCRATE [- 399] que se place ce que PLATON nous dit être le moment où est recueilli par APOLLODORE ce compte-rendu, reçu d’ARISTODÈME, de ce qui s’est passé 15 ans encore avant ce moment où il est censé le recevoir, puisque nous avons des raisons de savoir que c’est en 416 que se serait tenu ce prétendu Συμπόσιον auquel il [Aristodème] a assisté.

C’est donc 16 ans après, qu’un personnage extrait de sa mémoire le texte littéral de ce qui se serait dit. Donc, le moins qu’on puisse dire, c’est que PLATON prend tous les procédés nécessaires à nous faire croire tout au moins, à ce qui se pratiquait couramment et ce qui s’est toujours pratiqué dans ces phases de la culture, à savoir ce que j’ai appelé : "l’enregistrement sur cervelle". Il souligne [178a] que le même personnage, ARISTODÈME "n’avait pas gardé un entier souvenir", qu’il y a des bouts de la bande abîmés, que sur certains points il peut y avoir des manques. Tout ceci évidemment ne tranche pas absolument la question de la véracité historique mais a pourtant une grande vraisemblance. Si c’est un mensonge, c’est un mensonge beau.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 23 novembre 1960

[ transmission ] [ narration indirecte ] [ datation ] [ origine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie antique

[…] l’histoire d’ALCIBIADE et de SOCRATE [dans le Banquet] a toujours été difficile à avaler. Je n’en veux pour témoin que ceci :

[1] c’est que Louis LE ROY, Ludovicus REJUS, qui est le premier traducteur en français de ces textes qui venaient d’émerger de l’Orient pour la culture occidentale, tout simplement s’est arrêté là : à l’entrée d’ALCIBIADE. Il n’a pas traduit après. Il lui a semblé qu’on avait fait d’assez beaux discours avant qu’ALCIBIADE rentre. Ce qui est bien le cas d’ailleurs. ALCIBIADE lui a paru quelque chose de surajouté, d’apocryphe, et il n’est pas le seul à se comporter ainsi. Je vous passe les détails.

[2] Mais RACINE un jour a reçu d’une dame, qui s’était employée à la traduction du Banquet, un manuscrit pour le revoir. RACINE qui était un homme sensible a considéré cela comme intraduisible et pas seulement l’histoire d’ALCIBIADE, mais tout le Banquet. Nous avons ses notes qui nous prouvent qu’il a regardé de très près le manuscrit qui lui était envoyé - mais pour ce qui est de le refaire, car il s’agissait de rien moins que de le refaire - il fallait quelqu’un comme RACINE pour traduire le grec, il a refusé. Très peu pour lui...

[3] Troisième référence. J’ai la chance d’avoir cueilli il y a bien longtemps, dans un coin, les notes manuscrites d’un cours de BROCHARD sur PLATON. C’est fort remarquable, ces notes sont remarquablement prises, l’écriture est exquise. À propos de la théorie de l’amour, BROCHARD bien sûr se réfère à tout ce qu’il convient : le Lysis, le Phèdre, le Banquet. C’est surtout le Banquet. Il y a un très joli jeu de substitution quand on arrive à l’affaire d’ALCIBIADE : il embraye, il aiguille les choses sur le Phèdre, qui à ce moment-là prend le relais. L’histoire d’ALCIBIADE, il ne s’en charge pas. Cette réserve après tout mérite plutôt notre respect. Je veux dire que c’est tout au moins le sentiment qu’il y a là quelque chose qui fait question. Et nous aimons mieux cela que de le voir résolu par des hypothèses singulières qui ne sont pas rares à se faire jour.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 23 novembre 1960

[ problématique ] [ mystérieuse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cogito

Vous m’avez obligé de m’avertir du passage de saint Augustin auquel mon Je pense, donc je suis a quelque rapport ; je l’ai été lire aujourd’hui en la bibliothèque de cette ville […]. Et c’est une chose qui de soi est si simple et si naturelle à inférer, qu’on est, de ce qu’on doute, qu’elle aurait pu tomber sous la plume de qui que ce soit ; mais je ne laisse pas d’être bien aise d’avoir rencontré avec saint Augustin […].

Auteur: Descartes René

Info: Lettre à Colvius du 14 novembre 1640

[ occurrence historique ] [ formulation antérieure ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson