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Ce que peut avoir chez moi ce besoin d’en rajouter que j’ai toujours et qui, bien entendu, est à chercher dans mon goût de faire beau - nous retombons sur nos pieds - c’est mon penchant pervers, donc ma sophistique peut être superflue.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 16 novembre 1960

[ autocritique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychanalyse

À la différence de BREUER - quelle qu’en soit la cause - FREUD prend pour démarche celle qui fait de lui le maître du redoutable petit dieu [Érôs]. Il choisit comme SOCRATE de le servir pour s’en servir. C’est bien là le point où vont commencer pour nous tous les problèmes. Encore s’agissait-il bien de le souligner ce s’en servir de l’Érôs. Et s’en servir pour quoi ? C’est bien là qu’il était nécessaire que je vous rappelle les points de référence de notre articulation de l’année dernière [séminaire sur l'éthique] : s’en servir pour le "bien". Nous savons que le domaine d’Érôs va infiniment plus loin qu’aucun champ que puisse couvrir ce "bien", tout au moins nous tenons pour acquis ceci.

Vous voyez que les problèmes que pose pour nous le transfert, ne vont ici que commencer. Et c’est d’ailleurs une chose perpétuellement présentifiée à votre esprit - c’est langage courant, discours commun concernant l’analyse, concernant le transfert - vous devez bien n’avoir d’aucune façon, ni préconçue ni permanente, comme premier terme de la fin de votre action, le "bien", prétendu ou pas, de votre patient, mais précisément son erôs. Je ne crois pas devoir manquer de rappeler - une fois de plus ici - ce qui conjoint au maximum du scabreux l’initiative socratique à l’initiative freudienne, en rapprochant leur issue dans la duplicité de ces termes où va s’exprimer d’une façon ramassée à peu près ceci : SOCRATE choisit de "servir erôs pour s’en servir" ou en s’en servant.

Cela l’a conduit très loin - remarquez-le - à un "très loin" qu’on s’efforce de camoufler en faisant un pur et simple "accident" de ce que j’appelai tout à l’heure : "le fond grouillant de l’infection sociale". Mais n’est-ce pas lui faire injustice, ne pas lui rendre raison, de le croire : de croire qu’il ne savait pas parfaitement qu’il allait proprement à contre-courant de tout cet ordre social au milieu duquel il inscrivait sa pratique quotidienne, ce comportement véritablement insensé, scandaleux, de quelque mérite que la dévotion de ses disciples ait entendu ensuite la revêtir, en mettant en valeur les faces héroïques du comportement de SOCRATE.

Il est clair qu’ils n’ont pas pu faire autrement qu’enregistrer ce qui est caractéristique majeur et que PLATON lui-même a qualifié d’un mot resté célèbre auprès de ceux qui se sont approchés du problème de SOCRATE, c’est son ἀτοπία [atopia]... dans l’ordre de la cité pas de croyances salubres si elles ne sont point vérifiées ...dans tout ce qui assure l’équilibre de la cité, non seulement SOCRATE n’a pas sa place, mais il n’est nulle part.

Et quoi d’étonnant si une action si vigoureuse, dans son caractère inclassable - si vigoureuse qu’elle vibre encore jusqu’à nous - a pris sa place. Quoi d’étonnant à ce qu’elle ait abouti à cette peine de mort, c’est-à-dire à la mort réelle de la façon la plus claire, en tant qu’infligée à une heure choisie à l’avance avec le consentement de tous et pour le bien de tous, et après tout sans que les siècles aient jamais pu trancher depuis si la sanction était juste ou injuste.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 16 novembre 1960

[ philosophie ] [ comparaison ] [ inacceptables ] [ condamnation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

concepts philosophiques

La philosophie appelle "substance" (ousia en grec) ce qui existe par soi-même ; par exemple l’eau, un arbre, un chat, un homme, un ange. Elle appelle "accident" ce qui n’existe que dans une substance, que par son inhérence dans une substance. Il y a donc deux sortes d’êtres, deux façons d’exister : l’être substantiel et l’être accidentel ; "accident" parce qu’il "arrive dans" la substance (accidens, en latin, signifie "qui arrive dans"). Les accidents sont de plusieurs sortes : quantité, qualité, relation, action, passion, temps, espace, etc. Ce sont toutes les manières d’être d’un être, tout ce qu’on peut en dire.

Auteur: Borella Jean

Info: Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, page 36

[ définitions ] [ étymologie ] [ attribut ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie

La doctrine classique de l’analogie dans la scolastique moderne se donne pour une systématisation achevée de la pensée d’Aristote sur le sujet, complétée et mise au point par saint Thomas d’Aquin. Elle nous apprend que, selon Aristote, il y a deux sortes d’analogie :

1° L’analogie de proportionnalité, dont la notion est empruntée aux mathématiciens. Elle se formule ainsi : a/b = c/d. Transposée hors de son domaine d’origine, elle devient : a est à b ce que c est à d. Autrement dit, le rapport de a à b  est identique au rapport de c à d. Il s’agit d’un rapport (d’égalité ou d’identité) entre des rapports. […]

2° L’analogie dite "d’attribution" parce qu’elle qualifie le mode selon lequel un même terme est "attribué" (à dessein et volontairement = a consilio et non par hasard = a casu) à deux entités différentes lorsque cette attribution n’est ni univoque, ni équivoque ; ici, ce ne sont plus les entités qui sont qualifiées d’analogues, mais l’attribution du terme qui est analogique. Qu’est-ce à dire ?

Il y a univocité lorsque le terme unique attribué à deux entités différentes garde le même sens : ainsi, "animal" se dit de l’homme exactement au sens où il se dit du chien. Il y a équivocité lorsque le terme attribué ne garde pas le même sens selon les entités auxquelles il est attribué : ainsi, "chien" se dit de l’animal et de la constellation de ce nom. […] On constate […] que le langage peut appliquer un même terme à des entités différentes d’une façon qui n’est ni vraiment univoque, ni simplement équivoque. L’exemple classique (repris d’Aristote) est, au Moyen Age, celui de l’adjectif "sain" qui est attribué à l’animal, au remède, à la boisson et à l’urine. A l’animal, "sain" est attribué au sens propre ; l’animal est l’être en qui se réalise proprement la santé ; au remède, à la boisson, à l’urine, "sain" est attribué analogiquement […]. Nous ne sommes pas condamnés à l’alternative : ou signification univoque, ou pas de signification (car la signification équivoque est en réalité une non-signification) ; mais il y a place pour un mode intermédiaire de signification, que l’on appellera "analogique". Cette façon de situer l’attribution analogique en intermédiaire entre l’attribution univoque et l’attribution équivoque est constatée dans toutes les doctrines médiévales et en constitue le point fondamental.

Maintenant, si nous scrutons ce mode analogique d’attribution, nous remarquerons qu’il se fait toujours en référence à une première entité (que l’on appellera, pour cette raison, le "principal analogué") dans laquelle le terme attribué a sa pleine signification réaliste […]. [les autres entités qui ne sont attribués que postérieurement ou secondairement sont appelés "analogués seconds"]

Une deuxième remarque s’imposera, qui jouera un rôle de plus en plus important dans l’évolution de la doctrine thomasienne. Si l’on considère l’analogie d’attribution dans les seconds analogués, on s’aperçoit qu’elle n’a pas exactement le même sens selon qu’il s’agit du rapport d’analogie que les seconds analogués soutiennent entre eux […] sur la base de leur commun rapport au premier analogué, ou selon qu’il s’agit du rapport que chaque second analogué, pris séparément, soutient avec ce premier analogué […]. Cette seconde relation (qui varie d’ailleurs selon les analogués) est le fondement déterminé de la première.

Cette première relation est définie "de plusieurs par rapport à un seul" (plurium ad unum) ou encore "de deux termes par rapport à un troisième" (duorum ad tertium) […]. [La] seconde analogie qui existe entre chaque analogué, pris séparément, et l’analogué premier (ou principal) se nomme analogie "de l’un par rapport à l’autre" (unius ad alterum). […] [si le terme caractérisant les analogués seconds n’est attribuée ni à l’un, ni à l’autre, il s’agit d’une analogie d’attribution extrinsèque]

En est-il toujours ainsi ? Non. Il y a des cas où un même terme s’attribue à des réalités différentes en gardant formellement, dans une certaine mesure, la même signification. Il s’agit bien d’une analogie d’attribution, soit "de l’un par rapport à l’autre", soit "de plusieurs par rapport à un seul", mais qui n’exclut pas que le terme attribué désigne une propriété intrinsèque à chacune des entités auxquelles il est attribué, qu’il s’agisse d’analogué premier ou d’analogués seconds. Ainsi, quand nous disons : la quantité est (existe), la qualité est (existe), nous attribuons bien l’être à deux "catégories" (la quantité et la qualité) comme une propriété intrinsèque à chacune d’elles, parce que ces catégories (ou "prédicaments") existent bien réellement ; l’être ainsi attribué est même le seul point que la quantité et la qualité possèdent en commun, et qui permet de les introduire dans une relation d’analogie. Cependant, ni la quantité, ni la qualité ne possèdent l’être par elles-mêmes. Considérons la quantité "trois" et la qualité "vert" : elles n’existent pas à l’état isolé et ne se rencontrent jamais en tant que telles, mais seulement comme, par exemple, le nombre et la couleur des feuilles du trèfle. Le trèfle, lui, existe par lui-même, c’est une substance individuelle ; "trois" et "vert" n’existent que de son existence, ce sont des accidents, et l’être ne leur est attribué que par référence à l’être de la substance. C’est l’analogie "de plusieurs par rapport à un seul", dite encore "de deux termes à un troisième". Maintenant, si on compare l’être de la quantité à l’être de la substance (analogie "de l’un par rapport à l’autre"), on voit que l’attribution de l’être à l’une est proportionnelle à l’attribution de l’être à l’autre : la quantité n’existe qu’à proportion de l’existence de la substance. Il y a donc un ordre d’attribution de l’être "par priorité et par dérivation" (per prius et posterius). Plus précisément, l’analogie d’attribution signifie cet ordre même et exprime cette loi ontologique que, dans la réalité, il n’y a pas une pure fusion du multiple dans l’unité d’un être monolithique, ni une pure diffusion ou dissémination de l’être dans une multiplicité d’entités isolées et sans rapport les unes avec les autres, mais une hiérarchie de rapports de participation à l’être.

Auteur: Borella Jean

Info: Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, pages 32 à 36

[ principe ] [ résumé ] [ types ] [ occidentale ]

 
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sénescence

Pour que la vieillesse ne soit pas une dérisoire parodie de notre existence antérieure, il n’y a qu’une solution, c’est de continuer à poursuivre des fins qui donnent un sens à notre vie : dévouement à des individus, des collectivités, des causes¸travail social ou politique, intellectuel, créateur…


Auteur: Beauvoir Simone de

Info: La Vieillesse

[ occupations ] [ activités ]

 

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altruisme

La vie garde un prix tant qu'on en accorde à celle des autres, à travers l'amour, l'amitié, l'indignation, la compassion. 


Auteur: Beauvoir Simone de

Info: La Vieillesse, p 567

[ motivation ]

 

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retraités

[...] à la fin du XIXème siècle, le vieux travailleur chassé de son emploi avait été dramatiquement abandonné à lui-même. Les collectivités se virent obligées de prendre en main le problème. Elles ne le firent pas sans résistance.

La pension fut d'abord conçue comme une récompense. Dès 1796, Tom Paine suggérait de récompenser par une pension les travailleurs de 50 ans. En Belgique, en Hollande, des pensions furent accordées dans le secteur public à partir de 1844. En France, au XIXème siècle, les militaires et les fonctionnaires furent aussi les premiers à recevoir des pensions ; le second Empire en attribua ensuite aux mineurs, aux marins, aux ouvriers des arsenaux, aux cheminots. On considérait qu'elles récompensaient, dans des professions dangereuses, une longue période de loyaux services. L'attribution en devint organisée et habituelle, sous deux conditions : de longues années de travail et un âge déterminé.

Auteur: Beauvoir Simone de

Info: La Vieillesse

[ retirement ] [ historique ]

 

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hindouisme

Il fermait les yeux. Lingam devait être quelque chose d’assez important, un dieu, le Dieu, l’Etre lui aussi. Il faisait une petite prière en pensant à ce Lingam. Je supposais, il remuait les lèvres. Je commençais, avec l’aide de mon modeste savoir, à me rendre compte que c’était du côté de l’Inde, des brahmanes, des mahatmas que ça carburait dans la crémerie. Au premier abord, on ne peut pas se faire une idée – Néron, Jésus, Gandhi, les fellagha sont à peu près fringués kif – mais les métiers à tisser, l’urne, les fleurs en guirlande m’orientaient insensiblement.

Auteur: Boudard Alphonse

Info: La métamorphose des cloportes, Librairie Plon, 1962, pages 57-58

[ moquerie ] [ humour ] [ décoration ]

 

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perdu

Laissez tomber la certitude. L'inverse n'est pas l'incertitude. C'est  l'ouverture, la curiosité et la volonté d'embrasser le paradoxe, plutôt que de choisir les bons côtés. Le défi ultime est de nous accepter exactement tels que nous sommes, mais sans jamais cesser d'essayer d'apprendre et de grandir.


Auteur: Schwartz Tony

Info:

[ affronter ]

 

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question

C'est pourquoi tous les remèdes qu'on propose pour pallier la détresse des vieillards sont si dérisoires : aucun d'eux ne saurait réparer la systématique destruction dont les hommes ont été victimes pendant toute leur existence. Même si on les soigne, on ne leur rendra pas la santé. Si on leur bâtit des résidences décentes, on ne leur inventera pas la culture, les intérêts, les responsabilités qui donneraient un sens à leur vie. Je ne dis pas qu'il soit tout à fait vain d'améliorer, au présent, leur condition : mais cela n'apporte aucune solution au véritable problème du dernier âge : que devrait être une société pour que dans sa vieillesse un homme demeure un homme ?


Auteur: Beauvoir Simone de

Info: La Vieillesse

[ sénescence ]

 

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