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revanche

Il est temps, vous conviendrez, dit-il (Guézo), d'aller venger nos amis les Blancs, massacrés à Kinglo. Je ferai expier ce crime à tous les Mahinous en commençant par ceux de Houndjroto que le rapport de boya alouvé, originaire de ce pays, rendait responsables du meurtre des Blancs. Je dois le trône, en partie, à un des leurs. Mes trois premières guerres ont été entreprises pour rendre hommage à mes ancêtres. La quatrième doit venger la mémoire de nos amis d'outre-mer si lâchement massacrés à Kinglo, afin de donner à nos peuples l'exemple de la reconnaissance envers nos bienfaiteurs. Je trouve même que nous avons trop tardé à accomplir ce devoir. Cette amitié entre les blancs et le peuple du roi Guézo est attestée par l'histoire. Dans une lettre adressée le 10 août 1850 au président de la république Française, nous disent les historiens, le roi Guézo écrit: J'aime les Français, et mes ancêtres m'ont appris que c'est avec eux qu'ils ont formé les premières liaisons d'amitié et de commerce et plus loin Guézo souligne l'intérêt qu'il y aurait à établir un traité d'alliance également profitable à la nation française et au peuple qu'il gouverne.

Auteur: Hazoumè Paul

Info: Traite négrière au Danhomê (actuel Bénin)

[ réparation ] [ carnage ] [ justice ] [ gratitude ] [ yovos (blancs) ]

 

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accueil

Je m'abandonnai à l'haleine chaude du poêle. Ses tentacules me libérèrent de la tension musculaire qui avait fait de mon corps un bouclier. La perspective obsédante d'une nuit dehors et l'anxiété du vagabond sous la pluie s'estompèrent. Je n'étais pas à même d'apprécier d'emblée l'aménité de mes hôtes - j'ignore si c'est la fatigue ou une émotion plus profonde qui me fit trembler quand on m'offrit un bol de thé. Toutefois, je compris que des inconnus sacrifiaient leur confort déjà mince pour mon intérêt, et je mesurai la valeur qu'ils donnaient à ma vie. Ces gens - éleveurs et passants retenus par la pluie - nous laissaient poliment nous remettre. La femme vaquait à ses occupations, le chef de famille craminait une peau de marmotte. Nulle impatience n'altérait le sourire de nos hôtes qui venaient de nous soustraire aux caprices de la steppe. Je levai les yeux vers le toono. Mon geste dérouta mes hôtes mais je pus ainsi ravir un peu de la quiétude du campement. Tous les regards suivirent le mien en respectant mon silence. Je profitai des chants de la yourte : le souffle de l'argal au coeur de l'âtre, le bruit de paille de la pluie sur le toit, le grincement de la charpente, le vent pris dans la cheminée.

Auteur: Alaux Marc

Info: Sous les yourtes de Mongolie

[ simplicité ] [ Asie ]

 

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quête

Si l'on veut tenter d'élargir les bases de notre connaissance de la nature, on est obligé de se risquer dans les recoins les plus obscurs et de trouver le courage de faire violence aux préventions de notre actuelle compréhension du monde. Quand Galilée découvrit à l'aide de sa lunette astronomique les satellites de Jupiter, il se heurta lui-même aussitôt violemment aux préjugés du monde savant de son temps. Personne ne savait ce qu'était cette lunette, ni quel en était le pouvoir. Jamais personne encore n'avait parlé de satellites de Jupiter. Bien entendu, chaque époque pense que toutes celles qui l'ont précédée avaient eu des préjugés, et aujourd'hui plus que jamais on pense la même chose avec tout aussi peu de raison que jamais. Que de fois a-t-on vu déjà condamner la vérité ! Il est triste mais vrai que l'homme n'apprend rien de l'histoire. Ce fait nous causera les pires difficultés, car si nous nous disposons à collecter un matériel empirique en vue de faire quelque lumière sur un sujet aussi ténébreux, nous pouvons être tout à faits sûrs de le trouver là où toutes les autorités nous ont assuré qu'il n'y avait rien à chercher.
Il est peu profitable de raconter quelques cas isolés et bizarres, si bien attestés soient-ils ; cela conduit tout au plus à faire prendre le narrateur pour un homme crédule.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Synchronicité et Paracelsica

[ ouverture ] [ obscurantisme ]

 

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femmes-hommes

Abdelkam, un des principaux seigneurs de Visapour, et général des troupes du royaume, s'étant lassé du métier des armes, avait pris le parti de se retirer dans son sérail, où ses grandes richesses lui avaient facilité les moyens de rassembler deux cents des plus belles femmes du monde. Dans cette situation, il reçut l'ordre de reprendre le commandement d'une armée contre le prince.
Sévagi, lorsqu'il se vit obligé de partir, sa jalousie s'alluma si furieusement, qu'elle lui inspira le plus noir de tous les desseins. Il s'enferma huit jours au milieu de ses femmes, et ce temps fut une suite continuelle de fêtes et de plaisirs.
Le dernier jour, pour s'épargner, dans l'absence, toutes les inquiétudes de l'amour, il fit égorger, à ses yeux, ses deux cents femmes... Visapour fut délivrée de ce monstre par la main de son ennemi. Sévagi conçut tant d'horreur pour cet abominable meurtrier, qu'il craignit de souiller sa gloire en s'exposant au sort des armes avec lui : il lui fit proposer une conférence sous prétexte d'accommodement. Abdelkam accepta l'offre. Ils devaient se trouver tous deux, sans suite, entre les deux armées. Lorsqu'ils se furent approchés l'un de l'autre, Sévagi tira son poignard, et, profitant de la surprise de son ennemi, il le lui enfonça dans le sein, en lui reprochant son crime, et lui déclarant que celui qui avait violé les lois de la nature devait être exclu du droit des gens.

Auteur: Carré

Info: Voyage dans l'Indoustan, in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ barbarie ] [ vengeance ]

 

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légistes américains

Pendant ces matinées d'oisiveté - elles étaient nombreuses -, Callahan savourait sa liberté. Il avait terminé ses études de droit depuis vingt ans et la plupart de ses anciens condisciples étaient astreints à des semaines de soixante-dix heures et à la pression continuelle des cabinets-usines juridiques.

Il n'avait tenu que deux ans dans le privé. Recruté dès qu'il avait eu son diplôme en poche par un énorme cabinet de Washington composé de deux cents juristes, il s'était retrouvé dans un réduit aménagé en bureau, où il avait passé les six premiers mois à rédiger des requêtes.

Puis on lui avait imposé un travail à la chaîne consistant à répondre douze heures par jour à des interrogatoires sur les dispositifs intra-utérins et à en facturer seize. On lui avait dit que, s'il parvenait à accomplir en dix ans le travail des vingt prochaines années, il pourrait être promu associé à l'âge de trente-cinq ans.

Comme il avait envie de vivre au-delà de cinquante ans, Callahan avait renoncé à ce travail de forçât du secleur privé. Après une maîtrise en droit, il était entré dans l’enseignement. Il se levait tard, travaillait cinq heures par jour, écrivait de loin en loin un article et profitait de la vie. Sans charges de famille, son salaire annuel de soixante-dix mille dollars suffisait amplement pour payer son duplex, sa Porsche et tout l'alcool dont il avait besoin.

Si la mort devait le prendre jeune, ce serait à cause du whisky, non du travail.

Auteur: Grisham John

Info: L'affaire Pélican

[ forçats judiciaires ] [ procéduriers professionnels ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

État-nation

Par économie-monde j'entends l'économie d'une portion seulement de notre planète, dans la mesure où elle forme un tout économique.
(...)
Il y a eu des économies-monde depuis toujours, du moins depuis très longtemps. De même qu'il y a eu des sociétés, des civilisations, des Etats, et même des empires.
(...)
Une économie nationale, c'est un espace politique transformé par l'Etat, en raison des nécessités et des innovations de la vie matérielle, en un espace économique cohérent, unifié, dont les activités peuvent se porter ensemble dans une même direction.
(...)
Une économie-monde peut se définir comme une triple réalité : elle occupe un espace géographique donné ; [...] une économie-monde accepte toujours un pôle, un centre [...] ; toute économie-monde se partage en zones successives. Le coeur, c'est à dire la région qui s'étend autour du centre [...] Puis viennent des zones intermédiaires autour du pivot central. Enfin, très larges, des marges, qui, dans la division du travail qui caractérise l'économie-monde, se trouvent subordonnées et dépendantes, plus que participantes.
(...)
La splendeur, la richesse, le bonheur de vivre se rassemblent au centre de l'économie-monde, en son coeur. C'est là que le soleil de l'histoire fait briller les plus vives couleurs, là que se manifestent les hauts prix, les hauts salaires, la banque, les marchandises "royales", les industries profitables, les agricultures capitalistes ; là que se situent le point de départ et le point d'arrivée des longs trafics, l'afflux des métaux précieux, des monnaies fortes et des titres de crédit.

Auteur: Braudel Fernand

Info: La dynamique du capitalisme, 1985

[ centralisation ] [ pouvoir ]

 

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sotériologie

En prononçant les parles de la consécration, le prêtre détermine la transsubstantiation et libère, par-là, les créatures que sont le pain et le vin de leur état d’éléments imparfaits. Cette conception n’est absolument pas chrétienne ; elle est alchimique. Alors que le catholique souligne la présence efficace du Christ, l’alchimiste s’intéresse au destin et à la rédemption manifeste des substances ; car l’âme divine est captive en elles et attend la rédemption qui lui est octroyée au moment de la libération. Elle apparaît alors sous la forme du "fils de Dieu". Pour l’alchimiste, ce n’est pas l’homme qui a, en premier lieu, besoin de rédemption, mais la divinité qui est perdue et sommeille dans la matière. Ce n’est qu’en second lieu qu’il espère que la substance transformée lui sera profitable, sous la forme de la medicina catholica (remède universel), à lui comme aux corpora imperfecta (corps imparfaits), comme par exemple les métaux vils, "malades", etc

Il ne vise donc pas à sa propre rédemption par la grâce de Dieu, mais à la libération de Dieu de l’obscurité de la matière.

En s'appliquant à cet œuvre miraculeux, il bénéficie de son action salutaire, mais secondairement. Il peut aborder l’œuvre en souffrant du besoin de rédemption, mais il sait que sa rédemption dépend du succès de son œuvre, c'est-à-dire de la libération, par ses soins, de l'âme divine. Dans ce but, il a besoin de la méditation, du jeûne et de la prière ; de plus, il a besoin de l'aide du Saint-Esprit comme πάρεδροζ.

Ce n'est pas l'homme qui doit être racheté, mais la matière.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie et alchimie", éd. Buchet-Chastel, 2014, trad. par Henry Pernet et Roland Cahen, pages 427-428

[ serviteur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cycle

Dans le cours de l'histoire, le moment de la conservation d'un peuple, d'un État, des sphères subordonnées de sa vie, est un moment essentiel. C'est ce qui est assuré par l'activité des individus qui participent à l'oeuvre commune et concrétisent ses différents aspects. Mais il existe un autre moment : c'est le moment où l'ordre existant est détruit parce qu'il a épuisé et complètement réalisé ses potentialités, parce que l'histoire et l'Esprit du Monde sont allés plus loin. Nous ne parlerons pas ici de la position de l'individu à l'intérieur de la communauté, de son comportement moral et de ses devoirs. Ce qui nous intéresse, c'est seulement l'Esprit avançant et s'élevant à un concept supérieur de lui-même. Mais ce progrès est intimement lié à la destruction et la dissolution de la forme précédente du réel, laquelle a complètement réalisé son concept. Ce processus se produit selon l'évolution interne de l'Idée, mais, d'autre part, il est lui-même produit par les individus qui l'accomplissent activement et qui assurent sa réalisation.
C'est le moment justement où se produisent les grands conflits entre les devoirs, les lois et les droits existants et reconnus, et les possibilités qui s'opposent à ce système, le lèsent, en détruisent le fondement et la réalité, et qui présentent aussi un contenu pouvant paraître également bon, profitable, essentiel et nécessaire. Ces possibilités deviennent dès lors historiques ; elles contiennent un universel d'une autre espèce que celui qui est à la base de l'existence du peuple ou de l'État. Cet universel est un moment de l'Idée créatrice, un moment de l'élan de la vérité vers elle-même.

Auteur: Hegel Georg Wilhelm

Info: La Raison dans l'histoire

[ bascule ] [ société ] [ décadence ]

 

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consumérisme

Malgré le froid, la veille de Noël obligeait les gens à sortir de chez eux et vers une heure, pendant qu'il [le commissaire Morvan] marchait lentement en direction du restaurant (...) - il s'aperçut que le Burger King de la place était bondé. Des familles entières, encombrées d'enfants et de paquets, faisaient la queue aux caisses ou bien, installées à des tables aux bancs inamovibles, vissés au sol, mangeaient des menus identiques dans des assiettes et des gobelets de carton, profitant d'un court répit dans leur pénible course entre la reproduction et la consommation. Rigoureusement programmés de longue date par quatre ou cinq institutions fossilisées qui se complètent l'une l'autre - Banque, Ecole, Religion, Justice, Télévision - comme l'est un robot par le perfectionnisme obsessionnel de son constructeur, le plus insignifiant de leurs actes et la plus secrète de leurs pensées, à travers lesquels tous sont convaincus d'exprimer un individualisme farouche, se retrouvent, identiques et prévisibles, en chacun des inconnus qu'ils croisent dans la rue et qui, comme eux, se sont endettés en une semaine pour toute l'année qui va commencer en achetant, dans les mêmes grands magasins ou les mêmes chaînes de boutiques, les mêmes cadeaux qu'ils installeront au pied des mêmes arbres décorés de petites lumières, de neige artificielle et de guirlandes dorées, pour aller s'asseoir à des tables identiques et manger les mêmes aliments supposés exceptionnels qu'on pourra retrouver au même moment sur toutes les tables de l'Occident, desquelles ils se lèveront, passé minuit, se croyant réconciliés avec le monde opaque qui les a modelés, et emportant avec eux jusqu'à la mort - la même pour tous -, octroyées par le monde extérieur, les mêmes expériences qu'ils croient uniques et incommunicables, après avoir vécu les mêmes émotions et emmagasiné dans leur mémoire les mêmes souvenirs.

Auteur: Saer Juan José

Info: L'enquête

 

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Ajouté à la BD par miguel

germes anti-métaphysiques

Avec Aristote, nous sommes beaucoup plus près de la terre, mais non au point de nous trouver retranchés du ciel. Si nous partons de l’idée que le rationalisme, c’est la réduction de l’intelligence à la seule logique et partant la négation de l’intuition intellectuelle, qui en réalité n’a que faire des béquilles mentales tout en devant s’en servir éventuellement pour la communication d’évidences en soi supra- mentales, — si nous partons de cette idée, nous verrons que l’aristotélisme est un rationalisme de principe, mais non absolument de fait puisque son théisme et son hylomorphisme relèvent d’une intellection et non d’un raisonnement pur et simple; ce qui est d’ailleurs vrai pour toute philosophie véhiculant des vérités métaphysiques , le rationalisme total n’étant possible qu’en l’absence de ces vérités ou de ces intellections. Au point de vue de ce rationalisme, on a reproché à Aristote de s’arrêter à mi-chemin et de se trouver en contradiction avec son propre principe de connaissance ; or cette impression ne résulte que d’une exploitation abusive de la logique aristotélicienne, en fonction d’une pensée factice jusqu’à la perversion ; aux évidences implicites d’Aristote, qu’on est incapable de percevoir, on oppose un automatisme logicien que le Stagirite aurait été le premier à récuser. Par contre, ce que nous pouvons reprocher à Aristote, c’est d’avoir énoncé la métaphysique en fonction d’une tendance à l’extériorisation, tendance qui est contraire à l’essence même de toute métaphysique ; l’aristotélisme est une science de l’Intérieur se déployant vers l’extérieur et profitant par conséquent surtout à l’extériorité, alors que toute métaphysique traditionnelle s’énonce en fonction de l’intériorisation et ne profite en rien au déploiement des sciences naturelles, ou du moins à l’excès de ce déploiement. C’est cette tare de l’aristotélisme qui explique la superficialité de sa méthode de connaissance, - héritée par le thomisme qui l’exploite pour pouvoir limiter religieusement la faculté intellective pourtant capable en principe d’absoluité et partant de surnaturel, - puis la médiocrité correspondante de la morale aristotélicienne, sans oublier le scientisme qui prouve la déviation, chez Aristote, du principe épistémologique.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, pages 50-51

[ critique ] [ dégénérescence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson