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couple

Que faire maintenant ? se demanda-t-il devant la vitre contre laquelle s’époumonait le vent. Que faire pour donner du bonheur à cette malheureuse qui, lestée de son demi-litre de thé, attendait sagement, respectant son silence ? Commander un second thé ? Scabreux. Les capacités d’absorption de cette anglomane n’étaient pas sans limites. Eh bien, parler. Mais de quoi ? Lui dire qu'il l'aimait ne lui apprendrait rien de nouveau. D'ailleurs, il le lui avait dit trois fois tout à l'heure, une fois avant le coït, une fois pendant, une fois après. Elle était au courant. Et puis parler d'amour ne prenait plus comme du temps de Genève. En ce temps-là, chaque fois qu'il lui disait qu'il l'aimait, c'était pour elle une divine surprise, et elle faisait une tête ravie, vivante. Maintenant, lorsqu'il lui disait ce sacré amour, elle accueillait cette information bien connue avec un sourire peint, un immobile sourire de mannequin de cire, tandis que son inconscient s'embêtait. Devenus protocole et politesses rituelles, les mots d'amour glissaient sur la toile cirée de l'habitude.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 807

[ monotonie ] [ homme-femme ] [ ennui ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

… oh j'aime pas les hommes ne ne et puis quelle drôle d'idée quelle imbécillité de vouloir introduire ce cette ce cette chose chez quelqu'un d'autre chez quelqu'un qui n'en veut pas à qui ça fait mal c'est du joli les voluptés des romanciers est-ce qu'il y a vraiment des idiotes qui aiment cette horreur oh affreux son ahah canin sur moi comment est-ce que ça peut le captiver tellement et en même temps envie de rire quand il bouge sur moi tellement rouge affairé si occupé soucieux les sourcils froncés puis ce haha canin si intéressé est-ce que c'est si palpitant ce va-et-vient c'est c'est comique et puis ça manque de dignité oh il me fait mal cet imbécile et en même temps pitié de lui pauvre studieux qui bouge tellement là-dessus qui se donne tellement de peine et qui ne se doute pas que je le regarde que je le juge je ne veux pas l'humilier en moi-même mais je ne peux pas m'empêcher chaque fois de dire Didi Didi pour battre la mesure pour scander son va-et-vient...

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur

[ rapport sexuel ]

 

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amoureuse

Elle s’assit, ôta ses souliers qui serraient trop, remua ses orteils, soupira d’aise, bâilla. Ouf, vacances et bon débarras, dit-elle. Plus besoin de faire la charmante puisque le monsieur n’est pas là, oui, enfin le type, le bonhomme, le lustucru, oui parfaitement, mon cher, c’est de vous qu’il s’agit. Pardon, mon chéri, c’est seulement pour rire, mais c’est peut-être aussi parce que je suis trop votre esclave quand vous êtes là, c’est pour me venger, vous comprenez, pour vous montrer que je ne me laisse pas faire, pour garder mon self respect, mais n’empêche que tout de même c’est bien agréable d’être seule.

Elle se leva, fit des grimaces pour se décontracter, déambula. Exquis de marcher sans souliers, rien qu’avec les pieds, bien à plat, un peu pataude, exquis de remuer les orteils, de n’être plus tout le temps sublime et Cléopâtre et redoutable de beauté. Chic, on allait manger maintenant ! Parce que, mon chéri, je regrette, mais je meurs de faim. Tout de même, j’ai un corps. Vous le savez d’ailleurs, sourit-elle, et elle s’en fut, désinvolte. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 491

[ sacrilège ] [ repos ] [ naturelle ] [ fin de la comédie ]

 
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caméléon

- […] (Avec l’index, elle lui effleura la joue). Pourquoi tu fais ça ?

- Parce que tu es mignon.

- Ah bon, dit-il, vaguement vexé.

Être mignon ne lui plaisait qu’à demi. Il préférait être l’homme catégorique, la pipe au bec et les yeux froids, un dur à cuire. Pour montrer qu’il n’était pas si mignon que cela, il tendit son menton en avant. Cette pose d’homme décidé à vivre dangereusement, il la prenait devant sa femme chaque fois qu’il y pensait. Mais il n’y pensait pas souvent.

(Si l’homme fort, sacrément viril et casse-cou, était l’idéal habituel d’Adrien Deume, il en avait d’autres, tout différents, archétypes contradictoires et interchangeables. Tel jour, par exemple, ébloui par Huxley, il tâchait d’être le diplomate un peu efféminé, de courtoisie légèrement glacée, très mondain, un chef-d’œuvre de civilisation, quitte à muer le lendemain, après avoir lu la biographie d’un grand écrivain. Il devenait alors, selon le cas, exubérant et force de la nature, ou sardonique et désabusé, ou tourmenté et vulnérable, mais toujours pour peu de temps, une heure ou deux. Puis il oubliait et redevenait ce qu’il était, un petit Deume.)

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 83-84

[ influençable ] [ apparences ] [ imitation ] [ sans caractère ] [ mimétisme ]

 
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couple

Après le dîner aux bougies, lui en smoking et elle en robe du soir, ils allaient au salon où ils admiraient, dans le cadre de la baie, les inutiles volutes de la mer. Tout comme au Royal, ils fumaient des cigarettes chères et s’entretenaient de sujets élevés, musique ou peinture ou beautés de nature. Il y avait parfois des silences. Alors, elle commentait les minuscules animaux de velours qu’ils avaient achetés à Cannes, les disposait mieux sur la table qui leur était réservée, les chérissait du regard. Notre petit monde, disait-elle en caressant le petit âne, son préféré. Eh oui, pensait-il, on a le social qu’on peut. Ou encore, elle lui demandait ce qu’il aimerait avoir pour les menus du lendemain. Ils en discutaient assez longuement car, sans s’en douter, elle était devenue gourmande. Ou bien elle se mettait au piano et chantait cependant qu’il écoutait, avec un vague sourire au ridicule de leur vie. Ou encore ils parlaient de littérature. C’était effrayant à quel point ils s’intéressaient à la littérature. Sombrement, il savourait la misère de leurs entretiens. L’art était un moyen de communication avec les autres, dans le social, une fraternisation. Dans une île déserte, pas d’art, pas de littérature.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 912

[ isolement ] [ ricanements intérieurs ] [ culture bouche-trou ] [ ennui ]

 
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femmes-par-homme

- Sans intérêt, répéta Solal. Et puis, une femme, pour quoi faire ? Leurs seins ? Des blagues, et toujours tombantes. Dans les journaux, toutes ces réclames pour ces instruments, ces porte-mamelles, ou comment les appelle-t-on, ces outils ?

- Des soutiens-gorge, monsieur.

- Toutes en portent ! Et c’est un abus de confiance ! […] Et puis elles sont si pitoyables avec leurs bibis de toquées, et leurs sautillements sur leurs hauts talons, et leurs derrières moulés, et leur animation lorsqu’elles parlent costumes entre elles ! […] Et si tu oses faire la moindre critique de sa nouvelle robe, elle devient agressive, tu es son ennemi, elle te regarde avec haine, ou encore elle sombre dans la neurasthénie de persécution et veut mourir. Donc plus de femmes, je n’en veux plus ! Et puis, il y a l’obligation de rester étendu auprès d’elles après ce que Michaël appelle la chose habituelle, et alors elles roucoulent avec sentiment et te caressent l’épaule, elles font toujours cela après, c’est leur manie, et elles attendent le sucre de récompense et que tu leur dises des joliesses reconnaissantes et comme quoi ce fut divin. Vraiment, elles pourraient me laisser cuver ma honte en paix. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 380-381

[ dégoût ] [ post-coïtal ] [ baise ] [ insupportables ] [ artificielles ] [ susceptibles ]

 

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juifs entre eux

Solal ayant proposé des rafraîchissements, Saltiel suggéra un petit café noir, si cela ne dérangeait pas trop. D’une voix enrouée, Salomon osa dire qu’il aimait bien le sirop de framboise, puis s’épongea le front, mort de honte. Michaël indiqua sa préférence pour deux jaunes d’œuf battus dans du cognac. Après avoir déposé sa résine sur le bras du fauteuil, Mattathias dit qu’il n’avait pas soif mais qu’il accepterait la contre-valeur d’une consommation à prendre plus tard, en ville.

- Quant à moi, Altesse, dit Mangeclous, un rien me suffirait, en toute humilité. Quelques tranches de jambon, qui est la partie pure et israélite du porc. Avec moutarde et pains mollets, si possible.

- N’écoute pas ces mal élevés ! s’écria Saltiel qui ne put se contenir plus longtemps. Ô maudits, ô grossiers, de quelles mères sans manières sortîtes-vous et où vous croyez-vous ? Dans un buffet de gare ou dans une taverne ? Sol, si tu leurs pardonnes, un café pour chacun et c’est tout ! (Les bras croisés et se sentant chez lui, il toisa les malappris l’un après l’autre.) Sirop de framboise, en vérité ! Jaunes d’œuf ! Contre-valeur ! Et cet autre infâme, véritable franc-maçon avec son jambon ! 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 281

[ caricature ] [ extravagants ]

 

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chatte

Elle aimait dormir avec moi. C'était un de ses buts de vie.

De la terrasse, où elle prenait un bain de soleil ou guettait un moineau avec de petits rictus de convoitise, dès qu'elle m'entendait m'étendre sur le canapé du salon, elle bondissait, entrait par la fenêtre ouverte, et ses griffes faisaient un petit bruit de grêle sur le parquet. Elle s'élançait sur ma poitrine, la foulait soigneusement de ses pattes alternées, pour bien préparer sa place. Lorsqu'elle avait terminé sa petite danse rituelle de pétrissage, née peut-être dans la forêt préhistorique où ses ancêtres étalaient un lit de feuilles sèches avant d'entrer dans le sommeil, elle s'étendait sur ma poitrine, s'installait, soudain longue et princière, parfaitement heureuse, et le petit moteur de sa gorge se mettait en marche, d'abord en première, puis en prise directe, et c'était le bonheur de la sieste ensemble. Elle mettait sa patte sur ma main pour bien savoir que j'étais là, et quand je lui disais qu'elle était gentille, elle enfonçait un peu ses griffes dans ma main sans me faire mal, juste ce qu'il fallait pour me remercier, pour me montrer qu'elle avait compris, pour me dire qu'on s'entendait bien, nous deux, qu'on était amis. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 427-428

[ homme-animal ] [ ronronnement ] [ relation ]

 

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couple

La reprendre ? Pas envie. Il ne pouvait tout de même pas tout le temps. D'ailleurs, sans qu'elle s'en doutât, elle prenait moins de plaisir à ces jonctions. Mais elle y tenait plus que jamais. Être désirée, c'était être aimée. C'était absurde, mais ainsi étaient-elles. Si un jour ou deux sans un de ces tests, sans une de ces épreuves barométriques, sans un de ces satanés examens, elle s'inquiétait. Bien sûr, trop noble et discrète pour aborder un tel sujet ou y faire la moindre allusion. Mais il devinait son malaise. Bref, obligation de vivre en passion, avec preuves rigides, sous peine de souffrance féminine. M’aime-t-il autant, et caetera. Douce et docile servante, terriblement exigeante. Pauvrette qui ne disait rien, qui attendait humblement, qui respectait son silence. Il fallait l’occuper. Mais à quoi ? Il ne pouvait tout de même pas la désirer à jet continu. Alors que faire pour remplir les heures jusqu’au dîner ? Si ce silence continuait, elle était capable de lui proposer une promenade. C’était sa manie de vouloir se promener avec lui par vent aigre. Quel plaisir trouvait-elle à mettre en silence un pied en avant, puis un autre pied, et à recommencer, toujours en silence, car il ne trouvait pas grand-chose à lui dire durant ces terribles exercices de pattes lentes en avant par vent aigre.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 808

[ homme-femme ] [ baise ] [ malentendu ] [ ennui ] [ épreuve ] [ passe-temps ] [ marcher ]

 

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relation platonique

[…] oui avec ma couronne parfois je loucherai je ferai des grimaces pour faire vrai pour la convaincre que je suis fou mais tout de suite après un bon sourire pour la rassurer oui ainsi fou et fils je pourrai l’aimer à fond sans avoir à faire l’amant le jeu animal de l’amant sans avoir à la cogner tamponner percuter emboutir oui exempté de devoir la dominer asservir par les télescopages des deux pauvres viandes en sueur oui libéré de la passion sans avoir à l’humilier sans humilier la pauvrette un fils n’a pas à coucher un fils n’a qu’à chérir oh chérir je m’en charge ô merveille plus besoin de m’évertuer à faire de chaque jour un premier jour d’amour un fils n’a pas à vomir des flammes ô merveille plus besoin de faire du prestige plus besoin d’êter l’amant impressionnant à regards filtrés plus besoin de faire le ténébreux le lointain ô merveille plus de farouches baisers à langueries où les deux partenaires font des têtes si crétines qu’ils mourraient de rire ou de honte s’ils pouvaient voir leurs expressions canines ô chérie chérie pouvoir enfin être tendre sans danger sans crainte que tu ne trouves monotone ma tendresse sans crainte que tu n’y voies un signe de faiblesse de cette faiblesse qu’elles méprisent folles adoratrices de la gorillerie […].

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 1019-1020

[ homme-femme ] [ mère-fils ] [ sexualité ] [ désir infantile ]

 

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