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couards

Les lâches meurent bien des fois avant leur mort ; les vaillants ne sentent qu'une fois la mort. De tous les prodiges dont j'ai jamais ouï parler, le plus étrange pour moi, c'est que les hommes aient peur, voyant que la mort est une fin nécessaire qui doit venir quand elle doit venir.

Auteur: Shakespeare William

Info: Jules César, acte 2, 1599

[ . ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pré-papier

Ce n’est pas à toi, le professeur d'hîstoire, que j'apprendrai que le mot livre vient du latin liber, qui désigne la pellicule située entre le bois de l'arbre et son écorce. Au temps des papyrus, les habitants des forêts européennes, qui n’étaient pas plus bêtes que les Égyptiens, avaient trouvé de quoi écrire avec cette pellicule prélevée sur le tronc du bouleau. Un arbre sacré ! Mais je n ai pas besoin de t'en raconter plus. Tu sais tout cela mieux que moi.

Xavier se trompait. Je connaissais un peu l'histoire du livre*, je savais que le passage des anciens rouleaux au volumen, le livre tel que nous le connaissons aujourd'hui, s'était produite aux alentours du IVe siècle, dans les derniers temps de l'Antiquité et de la Gaule romaine, mais j'ignorais cette affaire d'écorce de bouleau. Nous n'avions plus pour mission d'enseigner des choses aussi simples et aussi concrètes à nos élèves. Les manuels scolaires étaient emplis d'une matière atrocement cérébrale. Surtout ceux de géographie. C'était de la propagande pour l'unification du monde autour d'une morale planétaire, citoyenne et écoresponsable.

Auteur: Lapaque Sébastien

Info: Ce monde est tellement beau. * Le volumen est le rouleau qui a cédé la place au codex, le livre tel que nous le connaissons, au quatrième siècle.

[ étymologie ] [ support d'écriture ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

actualisation des enjeux psychanalytiques

La société postmoderne est ainsi [...] structurée par les enjeux du surmoi archaïque de la jouissance, et de son corollaire le moi-idéal de la puissance infantile. Les récits qui ordonnent le lien social prônent comme objectif idéal celui de la réalisation totale de la toute-puissance. Le sujet pris dans cette construction discursive se heurte alors, non aux effets de l’interdit qui s’origine toujours dans un grand Autre incarné qui empêche la jouissance, mais aux effets de l’impossible qui est le lot du réel vivant.

Les effets de ces transformations sont patents dans la clinique quotidienne. Les "états à la limite" et les troubles narcissiques sont devenus les formes classiques de l’expression de souffrance subjective. [...] A la différence des névroses classiques, ces souffrances sont l’expression d’une impossibilité pour le sujet de pouvoir situer le manque et le désir à une place fixe, de pouvoir construire une limite organisée au champ du désir dans son rapport aux autres. [...] C’est bien la limite du corps, en sa surface entre le dedans et le dehors ou dans la mort, qui semble aujourd’hui pour les sujets postmodernes devenir le seul lien possible pour tester, trouver, inscrire une limite.

La question qui sous-tend, en son fond, ces différentes formes d’expressions pathologiques liées aux changements de références idéales, est bien celle du repérage de la différence, de la construction des différenciations entre le sujet et l’objet, entre moi et l’autre. Qu’un ministre puisse rappeler en parlant du président de la République que "Moi c’est moi, et lui c’est lui" nous signale amplement cette panne dans le repérage des différences qui structure le rapport des sujets postmodernes entre eux : la différence n’est que narcissique, et non plus structurale.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 82-83

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

déni du père réel

Deux phénomènes en témoignent.

D’une part, la mise à l’écart, pour ne pas dire à l’index du père réel en tant qu’il fait de la mère l’objet de son désir. La place actuelle de l’homme dans le désir, telle qu’elle est articulée par les médias, pourrait être décrite comme "appendice du pénis" comme en témoignent les dernières enquêtes sur la sexualité des femmes célibataires made in USA qui, lorsqu’elles ne trouvent pas d’homme pour un acte sexuel, "s’en remettent à leur plus fidèle ami (les vibromasseurs se vendent ici comme des petits pains)". La sexualité est passée dans le registre de la consommation de masse et l’acte sexuel est lui-même traité, dans une bonne majorité des cas, comme un objet de plus-de-jouir nécessaire et consommable. L’homme est renvoyé à une position infantile d’objet du désir des femmes, ou à une position de père des enfants, mais il est de plus en plus rarement considéré comme porteur du phallus, comme détenteur de l’objet du désir. La dimension de l’avoir qui fait le côté masculin de la sexuation semble ne pas avoir de place, dans le discours social construit sur l’égalité des sexes et le féminisme post-moderne.

La deuxième forme de déni de la fonction paternelle [...] apparaît là, dans les us et coutumes modernes, autrement dit dans la mise en place d’une cellule familiale matricentrée dans laquelle la mère reste détentrice du phallus.

Ces deux aspects des transformations sociales (mise à "l’index" du père et familles matricentrées) si elles sont pour l’enfant prépubère perturbantes du fait que le Nom-du-Père est accroché au père de la mère plus qu’à son homme, n’empêchent pas une construction normalisée de la père-version infantile qui pose le phallus comme opérateur du désir. Il en va tout autrement pour le pubère car son passage par la découverte du féminin réactive la jouissance archaïque du lien à la mère, et le discours social ne vient pas borner ce retour.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 50-51

[ réel-symbolique-imaginaire ] [ rabaissement ] [ conséquences ] [ psychanalyse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieux

Mes arrière-grand-mères tricotaient et reprisaient toutes les chaussettes, ravaudaient le linge, récoltaient les simples, donnaient la main aux quatre lessives de l'année, s'occupaient des couvées et assuraient la permanence de la prière.

Mes arrière-grands-père faisaient et réparaient toute la vannerie et la sacherie de la maison, entretenaient, raccommodaient, remmanchaient les outils, aiguisaient les lames, régnaient sur le bûcher et avec les jeunes garçons, mes cousins et moi, approvisionnaient les feux.

Si je vous raconte cela, c'est pour vous montrer comment étaient alors réglés ce qu'on appelle maintenant les "Problèmes du troisième âge". On peut avoir intérêt à méditer là-dessus, en notre grandiose époque qui pratique si délibérément l'abandon officiel des enfants et des vieillards, tout en leur consacrant par ailleurs tant d'articles exhaustifs dans la presse, tant de discours à la tribune et tant de crédits pour réaliser à leur égard la ségrégation des âges avec les crèches, les écoles enfantines, les asiles et les maisons de retraite. Pour parler clair, je dirai qu'il n'y avait pas de "problème de l'enfance" ni du "troisième âge", parce que la famille assumait alors toutes ses responsabilités.

Auteur: Vincenot Henri

Info:

[ rôle social ] [ aïeux ]

 
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concrétisation

En un instant fracassant, l'avenir était arrivé.

Auteur: Grimwood Ken

Info: Replay

[ surprise ] [ modification ] [ choc ] [ changement ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

contrepet

Allez allez, dist elle, ie ne m'en soucie pas: laissez moy icy prier dieu.

Mais (dist il) *equivoquez sur A beau mont le vicomte.

Ie ne sçauroys, dist elle.

C'est (dist il) à beau con le vit monte. Et sur cella priez dieu qu'il me doint ce que vostre noble cueur desyre, & me donnez ces patenostres par grace?

Tenez, dit elle, et ne me tabustez plus

Auteur: Rabelais François

Info: Pantagruel, ch. XIV, Panurge est en train de courtiser une dame. *équivoquer" signifie ici "contrepéter", et non interpréter la formule en un autre possible sens

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

présent

Si les histoires m'ennuient, les instants m'éblouissent. Je préfère sans hésiter la nuit au matin, la lune au soleil, et mille fois mieux ce qui se passe ici et maintenant à ce qui aura lieu, ou a déjà eu lieu, ailleurs.

Auteur: Petrosyan Mariam

Info: La Maison dans laquelle

[ actuellement ] [ indicible ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

auberge espagnole

Pour s’endormir, il fallait un entraînement que je n’avais pas encore. Ici, on enjambait les dormeurs, on leur rampait dessus, on les utilisait comme supports pour poser des objets en tout genre – assiettes, cendriers, journaux, etc. Le magnétophone, comme trois des douze lampes murales, restait toujours allumé, et à n’importe quelle heure de la nuit, il y avait toujours quelqu’un qui fumait, lisait, buvait du café ou du thé, prenait une douche ou cherchait un slip propre, écoutait de la musique ou, tout simplement, se baladait. Quand on était habitué au couvre-feu des Faisans, instauré à vingt et une heures pétantes, ce nouveau régime n’était pas facile à supporter. Cependant, je faisais de mon mieux pour m’y adapter. Car vivre dans ce groupe méritait bien quelques efforts ; ici, chacun faisait ce qu’il voulait, quand il le voulait, et y consacrait tout le temps qu’il jugeait nécessaire. Il n’y avait même pas d’éducateur.

Auteur: Petrosyan Mariam

Info: La Maison dans laquelle

[ colocation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

attente

La foi que j’aime le mieux dit Dieu, c’est l’espérance.

La foi, ça ne m’étonne pas ça n’est pas étonnant.

J’éclate tellement dans ma création.

La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas, ça n’est pas étonnant.

Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.

Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne moi-même, ça c’est étonnant.

Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin, ça c’est étonnant et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce.

Et j’en suis étonné moi-même.

Quel ne faut-il pas que soient ma grâce et la force de ma grâce pour que cette petite espérance, vacillante au souffle du péché, tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle, soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure, invincible, immortelle et impossible à éteindre. 



 

Auteur: Péguy Charles

Info: Le Porche du mystère de la deuxième vertu, Nouvelle Revue Française, 1916, p 270

[ source innée ]

 
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Ajouté à la BD par miguel