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hommes-par-femmes

A l'époque, je me faisais constamment la remarque suivante : mon sentiment, le sentiment de toutes les femmes à l'égard des hommes, était en train de changer. Ils nous font pitié, nous apparaissent affaiblis, misérables. Le sexe faible. Chez les femmes, une espèce de déception collective couve en surface. Le monde nazi dominé par les hommes, glorifiant l'homme fort, vacille - et avec lui le mythe de l'"Homme". Dans les guerres d'antan, les hommes pouvaient se prévaloir du privilège de donner la mort et de la recevoir au nom de la patrie. Aujourd'hui, nous, les femmes, nous partageons ce privilège. Et cela nous transforme, nous confère plus d'aplomb. A la fin de cette guerre-ci, à côté des nombreuses défaites, il y aura la défaite des hommes en tant que sexe.

Auteur: Enzensberger Hans Magnus

Info: Une femme à Berlin : journal, p. 77

[ guerre ] [ responsables ]

 

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musique

Pendant cette promenade matinale, qui se prolongeait de dix heures à midi, le Dr Reichhardt chantait tout bas, et Quangel avait pris l'habitude de prêter l'oreille à ce qu'il fredonnait. Parfois, il se sentait devenir assez fort pour braver n'importe quelle épreuve, et Reichhardt disait alors : "Beethoven." Parfois, Quangel sentait une joie et une légèreté incompréhensibles et qu'il n'avait jamais connues auparavant, et Reichhardt disait : "Mozart." Puis les sons qui venaient de la bouche du musicien se faisaient graves et engendraient comme une douleur dans le coeur de Quangel; ou bien il se sentait reporté au temps de son enfance, quand il accompagnait sa mère à l'église : il avait encore toute la vie devant lui, et c'était pour accomplir une grande tâche : "Jean-Sébastien Bach", disait Reichhardt."

Auteur: Fallada Hans

Info: "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, page 477

[ humeur ]

 
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espérance

Dans son journal des "Années de Guerre" Vassili Grossman parle de la puissance de la bonté humaine qu'il a pu observer alors qu'il était correspondant sur le front. Il était à Stalingrad et il est allé jusqu'à Berlin. Il a dit que ce n'est pas l'humanité qui est impuissante face au mal, mais plutôt que c'est le mal qui est impuissant face à l'humanité. Parce qu'il est incapable d'écraser ce petit noyau de bonté, et je crois qu'il a raison. On sauve le monde en sauvant une personne à la fois. Ces gestes discrets de compassion, c'est ce qui fait de nous des humains. Ils peuvent faire émerger un nouveau récit. Ils définissent la résistance durant les périodes troubles, c'est une façon de semer les graines, qui nous permettront de nous relever.

Auteur: Hitchens Christopher

Info: in Trump et le coup d'État des multinationales de Fred Peabody

[ optimisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

christianisme

La Bible était, pour Trudel, une véritable découverte. Elle avait suivi les écoles hitlériennes sans jamais sentir le besoin d'une religion. Maintenant encore, lorsqu'elle découvrait la vie du Christ dans l'Evangile selon saint Matthieu, l'expression de "Fils de Dieu" ne représentait rien pour elle. Elle l'avoua au pasteur, qui se contenta de sourire doucement, assurant que cela n'avait guère d'importance pour l'instant. Qu'elle se contentât de penser à la façon dont Jésus-Christ avait vécu sur la terre, en aimant jusqu'à ses ennemis. Elle pouvait considérer les miracles comme elle le voudrait ; au besoin, comme de beaux contes ; l'essentiel était de comprendre qu'un être avait mené ici-bas une vie telle que, presque deux mille ans après, sa trace était encore rayonnante, preuve éternelle de la supériorité de l'amour sur la haine.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 487-488

[ croyance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

libération

La mort est aujourd’hui devant ma face comme la guérison que reçoit le malade sa première sortie après le temps des maux La mort est aujourd’hui devant ma face comme l’arôme de la myrrhe le repos sous la voile aux jours battus de vent La mort est aujourd’hui devant ma face comme un parfum de lotus en fleur comme la berge de l’ivresse où l’on repose La mort est aujourd’hui devant ma face comme un chemin de pluie après l’orage comme un retour au port sur la nef de combat La mort est aujourd’hui devant ma face comme le ciel purifié des nues comme un pays sans nom où se perd l’oiseleur La mort est aujourd’hui devant ma face pareille à ce désir de revoir sa demeure qui étreint l’homme longtemps captif et libre enfin

Auteur: anonyme ancienne Egypte

Info: Papyrus Berlin 3024, dit du Lebensmüde. Dialogue d’un homme avec son âme ba (ou Chants du désespéré) , Troisième chant . Traduction de Gustave Roud (in Cahiers Gustave Roud, n° 3, Lausanne et Carrouge 1982). D'après d’Adolf Erman

[ mourir ] [ poème ] [ délivrance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

affliction

Le temps s'arrête quand quelqu'un meurt. Bien sûr, qu'il s'arrête pour eux, peut-être, mais pour ceux en deuil le temps devient n'importe quoi. La mort vient trop vite. Elle oublie les marées, les jours qui s'allongent et diminuent, la lune. Elle déchire le calendrier. Vous n'êtes pas à votre bureau ou dans le métro ou à faire le repas pour les enfants. Vous observez des gens dans une salle d'attente de chirurgie, ou frissonnez à l'extérieur sur un balcon à fumer toute la nuit. Vous regardez l'espace, assis dans votre chambre d'enfant, une mappemonde sur le bureau... Le mauvais côté c'est que lorsque vous revenez à votre vie ordinaire et toutes ses routines, les marques du jour deviennent des mensonges insensés. Tout est suspect, combine pour nous endormir, pour nous ramener dans l'implacable placidité du temps.

Auteur: Berlin Lucia Brown

Info: A Manual for Cleaning Women: Selected Stories

[ mélancolie ]

 

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deuil

Le temps s'arrête lorsque une personne décède. Bien sûr, il s'arrête pour elle, peut-être, mais pour les personnes en deuil, il s'emballe. La mort arrive trop tôt. Elle ignore les marées, les jours qui s'allongent et se raccourcissent, la lune. Elle déchire le calendrier. On n'est pas à son bureau, ni dans le métro, ni en train de préparer le dîner pour les enfants. On lit People dans une salle d'attente de chirurgie, ou on grelotte sur un balcon en fumant toute la nuit. On regarde dans le vide, assis dans sa chambre d'enfant, la mapmonde sur le bureau... Le pire, c'est que lorsqu'on revient à la vie ordinaire, toutes les routines, les repères de la journée, apparaissent comme des mensonges insensés. Tout est suspect, une ruse pour nous bercer, nous faire basculer dans l'implacable placidité du temps.

Auteur: Berlin Lucia Brown

Info: Manuel pour les femmes de ménage : Histoires choisies

[ chronos ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pauvres

Si ce n'est pas une affaire d'argent, alors la lutte des classes est une réalité — depuis la chute du mur de Berlin on essaie de nous faire croire qu'elle relève de la paranoïa; depuis la réunification de la RFA et de la RDA le capitalisme est sans dehors, en apparence, sans ailleurs ou sans frontière; et au cours des vingt années qui ont suivi on ne nous a parlé que de la classe moyenne — qui aurait pris d'un côté aux grands bourgeois, et de l'autre aux prolétaires. Mais ce rêve doucereux n'a pas tenu le temps d'une génération; l'Allemagne de 2017 a 13 millions d'habitants sous le seuil de pauvreté, et seulement 2,5 millions de chômeurs — voici l'horizon du salarié européen : avoir un travail déclaré mais vivre tout de même sous le seuil de pauvreté.

Auteur: Bertina Arno

Info: Ceux qui trop supportent, p 102, Verticales

[ néolibéralisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dictature

De nombreux journaux et magazines disparurent des kiosques, mais ce qui advenait aux autres était beaucoup plus inquiétant. On ne les reconnaissait pas vraiment. C’est qu’on entretient avec un journal les mêmes rapports qu’avec un être humain ; on sent comment il réagira à certaines choses, ce qu’il dira et comment. S’il affirme brusquement le contraire de tout ce qu’il disait hier, s’il se renie complètement, si ses traits sont tout à fait déformés, on a l’impression irrésistible de se trouver dans une maison de fous. C’est ce qui se produisit. De vénérables feuilles acquises aux idées démocratiques et appréciées de l’élite intellectuelle comme le Berliner Tageblatt ou la Vossische Zeitung furent du jour au lendemain transformées en organes nazis. Leurs vieilles voix posées et réfléchies disaient les mêmes choses que vociféraient et éructaient l’Angriff ou le Vôlkischer Beobachter. […] 

Auteur: Haffner Sebastian

Info: Histoire d'un Allemand : Souvenirs 1914-1933

[ compromission médiatique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

critique

Si Sartre avait été un intellectuel critique de la trempe d’un Orwell, d’un Camus, d’un Koestler, et non pas une mouche du char parmi tant d’autres, il eût dit que tout communiste soutenant l’écrasement des ouvriers de Berlin (1953), ou de Budapest (1956), était un chien ; au lieu d’expliquer que les travailleurs hongrois n’étaient pas "mûrs" pour recevoir le "rapport Kroutchev". Il n’eût pas été coqueter avec Castro à Cuba pour en ramener des odes au communisme tropical. Il eût mis en garde l’intelligentsia et la jeunesse militante contre leur aspiration fanatique à la servitude (et au despotisme) au lieu de marivauder avec les maos, ses cadets de Normale Sup’. Lui qui n’avait pas résisté à grand-chose sous l’Occupation, il n’eût pas flatté leur goût de la violence ("révolutionnaire"). Enfin, il eût choisi sa liberté, il eût été existentialiste.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Alain Badiou nous attaque", page 35

[ théorie-pratique ] [ ignare ] [ idéal ] [ vacherie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson