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écrivains

(...) je me suis souvenu que la nuit précédente, quand nous n'étions plus que quelques uns, Ernesto San Epiphanio a dit qu'il existait une littérature hétérosexuelle, une homosexuelle et une bisexuelle. Les romans, en général, étaient, hétérosexuels, la poésie, par contre, était absolument homosexuelle et les nouvelles, j'en déduis qu'elles étaient bisexuelles, même s'il n'en a rien dit.
A l'intérieur de l'immense océan de la poésie il distinguait plusieurs courants : des pédérastes, des pédales, des pédoques, des folles, des sodomites, des papillons, des narcisses et des efféminés. Les deux courants majeurs, cependant, étaient celui des pédérastes et celui des pédales. Walt Withman, par exemple, était un poète pédéraste. Pablo Neruda un poète pédale. William Blake était un pédéraste, sans l'ombre d'un doute, et Octavio Paz une pédale. Borges était effeminé, c'est à dire qu'il pouvait soudain être pédéraste et, tout aussi soudainement, simplement asexuel. Ruben Dario était une folle, de fait la reine et le paradigme des folles.
- Dans notre langue, bien sûr, a-t'il précisé ; dans le divers et vaste monde, le paradigme est toujours Verlaine le généreux.
Une folle, selon San Epiphanio, était plus proche de l'asile d'aliéné de premier choix et des hallucinations dans la chair vive alors que les pédérastes et les pédales vaquaient de manière syncopée de l'éthique à l'esthétique et vice versa. Cernuda, le chef Cernuda, était un narcisse et en des occasions de grande amertume, un poète pédéraste, alors que Guillén, Aleixandre et Alberti pouvaient être respectivement considérés comme pédoque, sodomite et pédale.
Les poète du genre Carlos Pellicer étaient, en règle générale, des sodomites, alors que les poètes comme Tablada, Novo, Renato Leduc étaient des pédoques. De fait la poésie mexicaine manquait de pédérastes (...).

Auteur: Bolaño Roberto

Info: Les détectives sauvages, pp 122 et 123

[ comparaisons ] [ latinos ]

 

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dernières paroles

Longue et brune, la taille bien prise dans un tailleur noir de bonne coupe : Madame Pichon, à soixante-quatre ans, avait de l'allure et du charme. Il y a quelques mois, elle avait acheté un minuscule logement dans une cité du dix-huitième arrondissement de Paris. Elle y vivait seule. Deux fois divorcée, elle ne recevait pas de visite et ses deux enfants l'avaient semble-t-il oubliée. Ses voisins la connaissaient peu. Au début, on la voyait parfois faire ses courses. Puis plus rien. Elle était partie, peut-être. Personne ne s'est ému lorsque, répondant à une petite annonce, elle avait participé à une émission d'Anne Gaillard consacrée à la solitude et diffusée le 27 septembre 1984. 

Ancien mannequin du couturier Jacques Fath, Marcelle Pichon avait été heureuse sans doute, il y bien longtemps. Mais elle crevait de solitude. Avec pudeur, elle l'avait dit devant les caméras de FR 3 : Le pire c'est de devoir rentrer chez moi et de ne pas m’entendre "Bonsoir chérie."

Personne ne dira plus jamais bonsoir a Marcelle Pichon. En septembre 1984, l'électricité de son studio est coupée. Les factures s’accumulent. Dans un cahier d'écolière, elle note : "J’ai de graves difficultés financières. Je suis lasse de la vie."  Elle ne s'alimente plus. Et du 23 septembre au 6 novembre, elle note les phases de son agonie : "Le jeûne, c’est la mort la plus horrible qui soit (...) Pour un bol de bouillon, une tranche de melon, une orange, on vendrait son âme. Une voisine, une fois, sonne à sa porte. Elle répond : "Fichez-moi la paix." Le mardi 6 novembre, une dernière annotation :

"Je ne peux plus me lever. Mes urines sont rouge sang. J’ai très mai aux reins." 

Auteur: Pichon Marcelle

Info: In Le Monde 27 août 1985. 10 mois plus tard on trouvera son corps momifié

[ suicide par inanition ] [ mourir de faim ] [ famine ]

 

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métamorphose

La période de la basse Antiquité et du haut Moyen Age, décisive pour la tradition de la culture livresque occidentale, est marquée par plusieurs phénomènes contradictoires.
Nous sommes, à l'origine, dans une époque de déconstruction, voire de destruction, qui voit la disparition des plus grandes bibliothèques et collections de livres et, avec elle, d'une grande partie de la culture de l'Antiquité classique. (...)
Cet effacement de la civilisation livresque ancienne s'est produit alors même qu'un nouveau paradigme émerge et s'impose, celui du christianisme. Originaires souvent d'Orient, les cadres de l'Eglise sont formés selon le cursus d'études traditionnel, dont ils conserveront le modèle à la fois comme projet et comme méthode. En Occident, d'abord dans les territoires byzantins, en Italie, puis en Gaule, non seulement les élites de l'Eglise catholique, à commencer par les évêques, sont des lettrés, membres des plus grandes familles, mais ils se substituent aux pouvoir traditionnels en voie de désagrégation. Même si les destructions de livres sont massives, le modèle de l'Eglise articulera ainsi la foi chrétienne avec la tradition de la culture antique, tandis que le pouvoir politique se pense lui-même comme fondamentalement chrétien. Lorsque Charlemagne et ses proches conseillers et collaborateurs procèdent à la renovation imperii de 800, ils affirment que l'héritage de l'Antiquité est désormais relevé par l'Occident, et qu'il s'accompagne d'une renaissance intellectuelle portée par l'écrit et par le livre. La société chrétienne s'organise ainsi autour du double pouvoir de l'empereur et du pape. (...)
Partout, des monarchies se mettent en place, liées à l'Eglise catholique, partout, le maillage de la hiérarchie ecclésiastique progresse, partout, des maisons religieuses s'établissent. Désormais, l'avenir du monde occidental sera lié au christianisme et se jouera, aussi dans les livres et dans les bibliothèques.

Auteur: Barbier Frédéric

Info: Histoire des bibliothèques: D'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles. Conclusion : un changement de climat

[ évolution ] [ littérature ] [ religion ]

 
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sciences anciennes

Robert consacrait énormément de temps à disséquer les noms, à chercher des substitutions simples qui feraient toute la différence entre un bipède et un quadrupède, et qui obligeraient ses pantins à exécuter des ordres élémentaires. Mais il ne leur trouvait pas de points communs. Il avait sur des bouts de parchemin soixante-douze petites lettres de l’alphabet hébraïque formant douze lignes de six caractères, et leur disposition était totalement arbitraire, pour autant qu’il pouvait en juger.

Robert Stratton et ses camarades de CM1 restaient assis sans faire le moindre bruit pendant que maître Trevelyan effectuait d’incessants allers et retours entre les rangées de bureaux. 

"Langdale, récitez-moi la doctrine des noms.

— Toute chose étant un reflet de Dieu, heu, tous…

— Épargnez-nous vos balbutiements, Langdale. Thorburn ?

— Toute chose étant un reflet de Dieu, tous les noms sont des reflets du nom divin.

— Et quel est le vrai nom d’un objet ?

— Celui qui est le reflet du nom divin de la même manière que l’objet est le reflet de Dieu.

— Quelles sont les propriétés d’un vrai nom ?

— Il apporte à l’objet qui le porte un reflet de la puissance divine.

— Exact. Halliwell, quelle est la doctrine des signatures ?"

La leçon de philosophie naturelle* se poursuivit jusqu’à midi, mais c’était un samedi et ils n’avaient pas cours l’après-midi. Maître Trevelyan les autorisa à se lever et les pensionnaires de l’école Cheltenham s’égaillèrent.

(...)

- Pourquoi s'obstinent-ils à appeler cela de la philosophie naturelle ? Ils devraient admettre qu'il s'agit d'un cours de théologie et renoncer à tous ces faux-semblants.

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone. Soixante-douze lettres, p 217-218. *Qui précède la philo moderne, post Galilée

[ signifiés ] [ phénétique ] [ langage ] [ apparences ] [ religion ] [ appellations ] [ réverbérations ]

 

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contentement

Des heures d'affilée, je restais étendu au soleil à ne rien faire, à ne penser à rien. Entretenir le vide dans l'esprit, c'est un exploit, et un exploit rudement salubre. Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérages, s'abandonner absolument, complètement, à la paresse, être absolument, complètement indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer. (...) Le corps se change en un instrument tout neuf, merveilleux ; on regarde les plantes, les pierres, les poissons, avec d'autres yeux ; on se demande où veulent en venir les gens en ce démenant au milieu de leurs activités frénétiques (...). Si seulement on pouvait éliminer la presse - quel grand pas en avant nous ferions, j'en suis sûr ! La presse engendre le mensonge, la haine, la cupidité, l'envie, la suspicion, la peur, la malice. Qu'avons-nous à faire de la vérité, telle que nous la servent les quotidiens ? Ce qu'il nous faut, c'est la paix, la solitude, le loisir. Si nous pouvions tous nous mettre en grève et renier sincèrement tout intérêt pour ce que fait le voisin, peut-être arriverions nous à signer un nouveau bail de vie, à apprendre à nous passer de téléphone, de radio et de journaux, de machines de toutes sortes, d'usines, de fabriques, de mines, d'explosifs, de cuirassés, de politiciens, d'hommes de loi, de conserves, de trucs et de machins, même de lames de rasoir, ou de cellophane, ou de cigarettes, ou d'argent. Rêve fumée, bien-sûr. Quand les gens se mettent en grève, ce n'est que pour réclamer de meilleurs conditions de travail, de meilleurs salaires, de meilleures chances de devenir autre choses que ce qu'ils sont.

Auteur: Miller Henry

Info: Dans "Le colosse de Maroussi"

[ état méditatif ] [ désaliénation ] [ simplicité volontaire ] [ laisser-aller ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

épuration littéraire

J'ai le souvenir, pour ma part, d'avoir eu connaissance du passé collaborationniste de Duras par une note en bas de page figurant dans la biographie de Gaston Gallimard, due à Pierre Assouline. C'était en 1984. Il y était fait allusion à l'existence de cette commission de la Propaganda Staffel où avait officié la jeune Marguerite Donnadieu, épouse Antelme, commission mise en place par un décret du maréchal, après la préalable aryanisation des maisons d'édition juives (Nathan, Calmann-Levy), puis prise en mains par les nazis. Son attribution : le contrôle du papier d'édition. Elle constituait ainsi un véritable organisme de censure qui épluchait les manuscrits reçus et avait la charge de distribuer le papier aux seuls "bons" éditeurs (entendons ceux qui avaient accepté, de leur plein gré, de retirer de la vente et ne plus publier les auteurs inscrits sur les listes dites "Otto" et "Bernhard", à savoir les auteurs juifs, communistes, ou ceux ayant eu par le passé une attitude critique à l'égard de l'Allemagne et de sa culture). " Marguerite, écrit Laure Adler dans la biographie qu'elle lui a consacrée, ne pouvait ignorer le degré de collaboration de cet organisme constamment surveillé par la Propaganda ". Paul Morand eut des responsabilités dans cette commission dirigée par un collaborateur notoire. Les noms de Ramon Fernandez, Brice Parain, Dionys Mascolo figurent dans la liste de la quarantaine de lecteurs accrédités par ladite commission. Quand à la secrétaire de celle-ci, c'était notre Marguerite Donnadieu-Antelme, qui deviendra plus tard l'intraitable résistante Marguerite Duras, l'impitoyable tortionnaire de collabos, puis la militante communiste (stalinienne, forcément stalinienne ?) pure et dure. Ne manquant pas d'aplomb, à la Libération, l'incorruptible communiste s'en prendra avec une farouche énergie à tous ces veaux de Français qui n'avaient pas ouvertement pris parti contre Pétain (...).

Auteur: Henric Jacques

Info: Politique

[ opportunisme ] [ vacherie ] [ ww2 ]

 

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métaphysique

Il n'y a en effet rien de plus présomptueux de la part de l'individu que de s'imaginer qu'en raison du fait qu'il conçoit quelque chose qui transcende la Divinité personnelle, il peut ne pas tenir compte de Dieu dans sa quête de la transcendance. (...) la grâce de Dieu est l'indispensable moyen d'atteindre la transcendance. Même si sur le plan discursif il semble y avoir là une contradiction - la grâce émanant du Dieu personnel donnant lieu à la réalisation de l'Essence qui transcende le Dieu personnel -, l'apparence de contradiction disparaît dès que l'on comprend le principe essentiel suivant : le Dieu personnel n'est rien d'autre que l'Essence divine s'affirmant ou se déterminant au niveau de l'Être ; c'est la seule et même Réalité qui s'exprime comme Divinité personnelle, quel que soit le moyen dialectique d'indiquer la relativité de ce niveau de l'Être face à l'Absolu surontologique. Ainsi, sous ce rapport, la "grâce de Dieu" n'est rien d'autre que l'attraction ontologique qu'exerce l'Essence transcendante sur la conscience la plus intime de l'individu ; le moyen par lequel le Dieu présent au-dedans est appelé à réaliser le Dieu présent au-dessus ; le processus par lequel l'immanence rejoint la transcendance.

Avant de pouvoir les dépasser, il faut ainsi donner son dû, au niveau approprié, à chacun des trois "objets" fondamentaux - la religion, l'individualité, le Dieu personnel - appelés à être transcendés. S'acquitter de ce triple dû signifie : suivre les préceptes de la religion, permettre à la vertu spirituelle de gouverner l'âme, avoir une soumission totale à Dieu conçu comme l'infiniment "Autre" et une foi illimitée en Lui. C'est seulement alors, et conformément aux moyens spécifiques et aux conditions qu'offre la Tradition, que l'on peut s'engager sérieusement sur la voie de la transcendance.

Auteur: Shah-Kazemi Reza

Info: Dans "Shankara, Ibn Arabi et Maître Eckhart'

[ théologie ] [ créateur-créature ] [ foi source ] [ humilité ] [ triade ]

 
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littérature

On a dit d'Homère qu'il était plus difficile de lui enlever un vers que d'arracher à Hercule sa massue. On peut en dire autant de Shakespeare. Le moindre trait de son génie porte une empreinte qui crie à tout le monde : "J'appartiens à Shakespeare!" Et malheur aux beautés étrangères qui ont le courage de se place à côté de celle-ci!
Il faut étudier Shakespeare et non le piller. Si nous avons du génie, il sera pour nous ce qu'est la chambre obscure pour le peintre de paysage : il faut y regarder pour apprendre comment la nature se projette sur une seule surface; mais il n'y faut rien prendre.
(...) Tout, jusqu'aux plus petites parties, dans Shakespeare, est taillé suivant les grandes proportions du drame historique; et celui-ci est à la tragédie dans le goût français à peu près comme une large fresque est à une miniature pour bague.
Qu'est-ce que cette dernière peut emprunter à l'autre, si ce n'est peut-être une tête, une seule figure, tout au plus un petit groupe, qu'il faut ensuite traiter comme un tout complet? Ainsi des pensées détachées de Shakespeare deviendraient des scènes entières; et des scènes qu'on lui emprunterait deviendraient des actes. Si l'on enlève la manche de l'habit d'un géant, et qu'on veuille en tirer parti pour un nain, il ne faut pas en faire une manche, mais un habit tout entier.
Et celui qui le ferait pourrait être en repos du côté de l'accusation de plagiat. Peu de gens reconnaîtraient dans le fil la toison d'or d'où il serait tiré. Et quant au petit nombre des connaisseurs, ils ne trahiraient pas l'artiste, sachant qu'un grain d'or peut être travaillé assez artistement pour que le mérite de la forme dépasse de beaucoup la valeur de la matière.

Auteur: Lessing Gotthold Ephraim

Info:

[ historique ]

 

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castrateurs

(...) Ceux qui font autorité dans un domaine ou dans un autre soulèvent deux problèmes.

D'abord, leurs résultats sont souvent décevants.

Ils sont environ un million d'économistes diplômés sur cette planète, et aucun n'a été capable de prévoir l'arrivée de la crise financière (...)

Aucun groupe d'experts n'a jamais essuyé d'échec aussi spectaculaire.

Le bilan du corps médical n'est guère meilleur : jusqu'en 1900, il était préférable de s'abstenir d'aller chez le médecin lorsqu'on était malade si l'on ne voulait pas voir son état s'aggraver (absence d'hygiène, saignées et autres pratiques nuisibles).

Mais ce premier problème n'est pas le plus grave. Que les spécialistes se trompent souvent ... après tout, l'erreur est humaine.

Non, le pire, c'est que nous n'osons presque plus penser par nous-mêmes en présence d'une figure d'autorité. (...)

Les experts veulent être reconnus. C'est pourquoi ils ont absolument besoin de signes distinctifs pour montrer qui ils sont. Les médecins et les chercheurs ont leur blouse blanche, les directeurs de banque leur costume-cravate.

La cravate n'est rien d'autre qu'un signe extérieur d'autorité. Les rois portent des couronnes. Les militaires des insignes. Et les plus hauts représentants de l'Eglise catholique ne sont pas en reste.

Aujourd'hui, il faudrait y ajouter le fait d'être invité à des talk-shows et de publier des best-sellers.

Chaque époque a ses icônes, ses symboles de prestige et d'autorité.

Les prêtres, les souverains, les guerriers, les papes, les philosophes et les poètes ont connu leur heure de gloire, puis ont laissé la place aux stars du rock, aux animateurs de télévision, aux fondateurs d'entreprise de la nouvelle économie basée sur Internet, aux gérants de fonds spéculatifs et aux présidents de banques centrales.

Auteur: Dobelli Rolf

Info: Arrêtez de vous tromper : 52 erreurs de jugement qu'il vaut mieux laisser aux autres...  Le biais d'autorité

[ modèles ] [ soumission ]

 

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consumérisme

Malgré le froid, la veille de Noël obligeait les gens à sortir de chez eux et vers une heure, pendant qu'il [le commissaire Morvan] marchait lentement en direction du restaurant (...) - il s'aperçut que le Burger King de la place était bondé. Des familles entières, encombrées d'enfants et de paquets, faisaient la queue aux caisses ou bien, installées à des tables aux bancs inamovibles, vissés au sol, mangeaient des menus identiques dans des assiettes et des gobelets de carton, profitant d'un court répit dans leur pénible course entre la reproduction et la consommation. Rigoureusement programmés de longue date par quatre ou cinq institutions fossilisées qui se complètent l'une l'autre - Banque, Ecole, Religion, Justice, Télévision - comme l'est un robot par le perfectionnisme obsessionnel de son constructeur, le plus insignifiant de leurs actes et la plus secrète de leurs pensées, à travers lesquels tous sont convaincus d'exprimer un individualisme farouche, se retrouvent, identiques et prévisibles, en chacun des inconnus qu'ils croisent dans la rue et qui, comme eux, se sont endettés en une semaine pour toute l'année qui va commencer en achetant, dans les mêmes grands magasins ou les mêmes chaînes de boutiques, les mêmes cadeaux qu'ils installeront au pied des mêmes arbres décorés de petites lumières, de neige artificielle et de guirlandes dorées, pour aller s'asseoir à des tables identiques et manger les mêmes aliments supposés exceptionnels qu'on pourra retrouver au même moment sur toutes les tables de l'Occident, desquelles ils se lèveront, passé minuit, se croyant réconciliés avec le monde opaque qui les a modelés, et emportant avec eux jusqu'à la mort - la même pour tous -, octroyées par le monde extérieur, les mêmes expériences qu'ils croient uniques et incommunicables, après avoir vécu les mêmes émotions et emmagasiné dans leur mémoire les mêmes souvenirs.

Auteur: Saer Juan José

Info: L'enquête

 

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