Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 133
Temps de recherche: 0.0502s

déclaration d'amour

- Je t'aime depuis que j'ai dix ans.
Il n'a pas réussi à dissimuler son trouble.
- Tu es le seul garçon auquel j'aie jamais pensé. Toute ma vie, il n'y a eu que toi. Tu m'as appris à danser et tu m'as sauvée le jour où j'avais nagé trop loin. Tu t'en souviens ? Tu es resté avec moi, tu m'as ramené au rivage. Tout le temps où on était dans l'eau tu répétais : "On y est presque", et j'y ai cru, parce que je croyais tout ce qui sortait de ta bouche. Comparé à toi, tout le monde est aussi insipide qu'un cracker, même Cam. Et j'ai horreur des crackers, tu le sais. Tu sais tout de moi, tout ; tu sais même que je t'aime.

Auteur: Han Jenny

Info: L'été où je suis devenue jolie

[ ado ]

 

Commentaires: 0

dénombrement

Une journée à compter sans penser, à peine distrait par la fontaine à eau, qui continue à exciter mes collègues. Je compte pour ne plus les entendre, je compte pour ne pas me laisser embarquer par les réminiscences chimériques, je compte pour attendre le coucher du soleil, je compte parce que c'est mon métier. En fin de journée, pour profiter de ma lancée, je compte les stations de métro : seize. Je compte le nombre de passagers dans mon wagon : trente-deux. Je compte le nombre de baguettes posées verticalement derrière la boulangère : quatorze. Je compte le nombre d'événements surprenants qui se sont produits depuis ce matin : zéro. Mon rêve était bien mieux que cette journée. Comme me le répétait mon grand-père, la réalité est un peu surfaite.

Auteur: Marchand Gilles

Info: Une bouche sans personne

[ marotte ] [ manie ] [ refuge. obsession ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

art pictural

Pour baser une composition sur un schéma inspiré du nombre d'or, sans avoir à se livrer à de savants calculs, il faut reporter sur le grand côté du rectangle formé par le châssis, la dimension du petit côté. En répétant l'opération à droite et à gauche, on obtient deux carrés qui se chevauchent. Si l'on trace les diagonales de ces carrés, après avoir tracé celles du grand rectangle, on obtient un jeu d'obliques qui dessine comme un filet idéal, dans lequel les formes naturelles, abandonnant leurs directions "naturelles" pour épouser celles ainsi définies, se prennent comme des oiseaux. On sent que les objets, soumis à l'emprise de ces tracés, nés du format même de la toile, sont solidaires les uns des autres par ce qu'il est convenu d'appeler le rythme.

Auteur: Lhote André

Info: Traité du paysage

[ Fibonacci ] [ technique ]

 

Commentaires: 0

idiome naturel

A cette époque, j'avais déjà acquis certaines convictions sur la littérature : elle "voulait dire" quelques chose, et cette signification était liée à la compétence linguistique, à cette "loi d'airain" que Chomsky définit comme "les intuitions du locuteur de langue maternelle". ("Toi, tu sais vraiment parler anglais", me répétait ma mère, admirative, lorsque nous discutions littérature). C'est sans doute la raison pour laquelle je me suis lancée dans les études de linguistique en entrant à la fac ; l'idée d'étudier la littérature ne m'effleurait même pas. Je croyais dur comme fer que l'inspiration et la matière première dont on tirait les meilleurs romans provenaient uniquement de la vie, pas de la  littérature.

Moi qui aspirais à devenir romancière, je devais donc veiller à ne pas lire de romans.

Auteur: Batuman Elif

Info:

[ pensée source ] [ écriture ] [ première main ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

travail

John Milton avait vraiment un boulot de merde. Tout le monde n'arrêtait pas de le lui dire. Les couvreurs qui goudronnaient les toitures en plein mois de juillet à Miami le lui disaient. Les vidangeurs de fosses septiques aussi. Et les types chargés de réparer les lignes à haute tension rompues par temps de pluie. Et les gars qui fouillent les petits recoins dans les aéroports. Et les membres de l'équipe qui accompagne les Harlem Globetrotters et doit faire semblant d'avoir une chance. Et l'acteur incarnant le personnage de Star Treck qui n'a aucune réplique à dire et qui doit descendre sur la planète hostile avec Kirk, Spock et Bones... Tous lui répétaient la même chose : "John, t'as vraiment un boulot de merde !"
John était professeur suppléant dans l'enseignement public.

Auteur: Dorsey Tim

Info: Triggerfish Twist

[ enseignement ] [ dénigrement ]

 

Commentaires: 0

fric

Ne pouvant dormir, possédé, presque heureux, je me disais qu'il n'y a rien de moins matériel que l'argent, puisque toute monnaie (disons par exemple une pièce de vingt centimes) est, rigoureusement, un répertoire des futures possibilités. L'argent est abstrait, répétais-je, l'argent est du temps à venir. Ce peut être un après-midi dans la banlieue, ce peut être de la musique de Brahms, des cartes, un jeu d'échecs, du café, les paroles d'Epictète qui enseignent le mépris de l'or; c'est un Protée plus versatile que celui de l'île de Pharos. C'est du temps imprévisible, temps de Bergson, non temps dur de l'Islam ou du Portique. Les déterministes nient qu'il y ait au monde un seul fait possible, id est un fait qui a pu se produire; une pièce de monnaie symbolise notre libre arbitre.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Le Zahir, in L’Aleph, L’imaginaire – Gallimard, p. 136

[ valeur ] [ outil ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par miguel

pragmatisme

- Il n'y a pas besoin d'amour, Gusti, répétait l'ami Koch. Il n'y a pas besoin d'amour, écoute-moi. Dans notre stupidité, c'est ça que nous attendons toujours. L'Amour. Etre aimé, elle est bien bonne ! Après des siècles de haine et d'errance, qu'on nous aime d'un coup. Aime ton prochain plus que toi-même ? Le prochain ! Hum ! oui, je comprends… mais même le prochain ne peut être aimé autant qu'on aime sa propre petite peau. Un mensonge. Jamais plus que soi ! Ce n'est pas possible. Et si c'est possible, c'est trop. Pourquoi nous aimer ? Sommes-nous meilleurs, plus beaux ? Parfaits ? Nous ne le sommes pas. Donc : qu'on nous laisse tranquilles. C'est tout, c'est tout ! Tu m'entends ? C'est tout ! Qu'on cesse de nous demander d'être meilleurs, plus beaux, parfaits. C'est tout ! Il n'y a pas besoin d'amour, Gusti.

Auteur: Manea Norman

Info: La tanière

[ espérance inutile ] [ espoir redondant ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

irréel

Je suis maintenant coutumière de ces moments où je cesse d'être quelque chose ou quelqu'un. La première fois, j'avais dix ans, je visitais les châteaux de la Loire avec ma mère. Tout à coup, tout ce qui nous entourait devint un rêve rêvé par d'autres auxquels j'avais rêvé mais qui étaient morts. La réalité de mes mains, du visage de ma mère, comme des tours, des fontaines et des jardins qui nous entouraient, avait une consistance à laquelle je ne pouvais plus croire. Les mots n'étaient d'aucun secours. Je tombais dans un puits sans parois. Cela se répéta. Une fois, pendant deux ans et demi. Ce fut un grand malheur. Puis j'appris à ne plus en faire une maladie. Je date même de ce moment l'émergence, en moi, d'une très bizarre car très étendue capacité à entendre les angoisses et la tristesse des autres.

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés"

[ dépression ] [ effondrement ] [ sensibilité ] [ psy ] [ sensation d'irréalité ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

chanson française

Il arrivait que l’on parle musique dans ma famille.
Mon cousin Jean-Jacques préférait Sylvie Vartan à Sheila parce qu’elle avait un plus beau cul.
Ma mère avait le béguin pour Julio Iglesias et Sacha Distel. En revanche, elle ne supportait pas Mireille Mathieu, maniérée et mal fagotée.
Mon père aimait bien Gilbert Bécaud. À chacune de ses apparitions télévisuelles, il répétait : " Il a toujours sa cravate à pois ! " ou alors : " Tiens, c’est rare de le voir sans sa cravate à pois ! "
Ma grand-mère détestait Johnny Hallyday : " Il ne chante pas, il gueule ! "
Mon grand-père, lui, ne comprenait pas cette génération de chanteurs " tous infoutus de passer à la télé sans qu’une ribambelle de nègres se dandine autour d’eux ".
Leurs avis s’harmonisent concernant le classique et l’opéra, regroupés sous le terme de grande musique : tous trouvaient ça chiant.

Auteur: Romand Éric

Info: Mon père, ma mère et Sheila, pp 18-19, Stock, 2017

[ vingtième siècle ] [ variétés ] [ musique ]

 

Commentaires: 0

mémoire

J'aurais pu être joyeux, j'aurais pu être heureux même, mais lorsque je me retrouvai seul, je fus tourmenté par une idée obsédante. Au début, ce ne fut qu'une sorte de jeu, je m'amusai avec cette idée. "Tout cela, me dis-je, a été si fugace et si beau ! C'est comme si tout n'avait été qu'un rêve." Et je répétai : "Comme si tout n'avait été qu'un rêve." Je me mis alors à réfléchir à l'infime différence qui sépare une réalité passée d'un rêve. Et si tout n'avait été qu'un rêve ? Je m'arrêtai : "Peut-être suis-je d'ailleurs encore en train de rêver. Tout cela - la neige qui recouvre la rue du village, la corneille, là-bas, sur la branche, le brouillard, les maisons, le soleil pâle de cette journée d'hiver -, tout cela n'est qu'un rêve, je vais me réveiller, là, tout de suite !"

Auteur: Perutz Leo

Info: La neige de saint Pierre

[ vie songe ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel