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écriture

Dans sa chambre, où il n'y a pas la moindre trace de son pays, de son passé, ni même de la saveur masochiste d'être un écrivain en exil, il fera l'amour avec les mots jusqu'au matin. D'ailleurs, depuis son arrivée dans cette ville, c'est la seule manière de le faire qu'il puisse pratiquer avec succès. Peut-être ne jouit-il pas, mais il ressent la joie passagère de l'union, de la fusion dans un corps familier. Il trouvera les mots à tâtons, ces vieux mots morts dont il n'a jamais plus besoin dans sa vie quotidienne. (...) Les mots turcs, comme des amantes fidèles, viendront à lui un par un, et sans établir de liens entre eux, sans s'ordonner pour former des phrases, indifférents les uns aux autres, chacun à son affaire, ils couleront en lui goutte à goutte dans la simplicité de la lumière du jour.

Auteur: Nedim Gürsel

Info: Le Dernier Tramway

[ artisanat ] [ littérature ]

 

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impersonnalité

...dans mon article de Janvier 1901, j'ai énuméré ainsi trois critères logiquement valables de l'objectivité ; premièrement, ce que l'on peut détruire à volonté, avec peu d'effort, comme un rêve éveillé ou un château de cartes, ne peut avoir d'existence très indépendante ; deuxièmement, que les questions auxquelles chacun adhère, lorsqu'elles sont présentées avec équité, ne peuvent être de la pure folie ; et troisièmement, s'il existe une notion sur laquelle on peut fonder des prédictions en succession infinie, toutes susceptibles d'être vérifiées ou réfutées, cette série de prédictions ne peut se poursuivre avec succès sans jamais échouer dans ce prolongement sans fin à moins que la notion soit suffisamment objective pour justifier ce succès. Ces trois critères proclament avec insistance la conformité approximative de la nature avec la loi ; et la conformité approximative est amplement suffisante pour prouver l'objectivité de certaines habitudes inhérentes à l'univers physique.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Consequences of Pragmaticism. MS [R] 289, 1905

[ universalité ] [ neutralité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

réception critique

Avec l’explication des névroses, je me sens plutôt seul ici. Ils me considèrent quasiment comme un monomane, et j’ai le net sentiment d’avoir touché à l’un des grands secrets de la nature. Il y a quelque chose de drôle dans l’écart existant entre l’appréciation que l’on a de son propre travail intellectuel et celle qu’en ont des personnes étrangères. Prends mon livre sur les diplégies, qui est une compilation faite avec un minimum d’intérêt et d’effort, presque dans un état d’esprit insouciant. Il a eu un énorme succès. La critique en dit les choses les plus belles, les articles français en particulier fourmillent de commentaires élogieux. [...] Et pour ces choses qui sont vraiment bonnes, comme l’aphasie, les représentations de contrainte, dont la parution est imminente, comme l’étiologie et théorie des névroses à venir, je ne peux m’attendre à rien de mieux qu’à un échec respectable. Cela vous fait douter et vous rend un peu amer.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 21 mai 1894, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ psychanalyse ] [ incompréhension ] [ déception ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclic

Toute l'attention stratégique est donc à reporter à ce stade initial, en amont de l'"occasion", moment discriminant bien que non encore patent, qui fait imperceptiblement pencher la situation, et d'où découlera progressivement le succès. Là est le premier déclenchement, secret mais commandant l'autre, où se "tranche" de la façon la plus subtile ce qui fera ensuite tout basculer. En même temps que l'occasion se dédouble, la notion de "crise" (krisis au sens de "décision") est donc elle-même à repenser. Car le moment critique ne correspond plus au stade de la manifestation (cf. dans la médecine hippocratique où la crise est le moment où la maladie se "juge"), mais se déplace en amont jusqu'au stade le plus infime - celui de l'amorce - où commence à s'opérer le clivage et qui est "décisif". Il n'est plus lié au spectaculaire, comme dans l'action théâtrale, mais au plus discret. Mais sait-on le détecter, on peut alors prévoir l'évolution et la gérer; et la "crise" peut être désamorcée.

Auteur: Jullien François

Info: Traité de l'efficacité

[ effet papillon ] [ bascule ]

 

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occident

C'est d'abord au port de Séville que débarque l'essentiel des produits d'Amérique. L'espagnol Nicolas Monardès, à la fois négociant et médecin, en dresse la liste en 1565 dans un traité qui connaît immédiatement un vif succès. Il fait ainsi découvrir à l'Europe l'ananas, le maïs, la cacahuète, la tomate d'abord nommée pomme d'or, car elle est jaune, puis le chocolat qui fera fureur à partir de 1600 et le tabac, d'abord considéré comme un médicament y compris contre les migraines, l'asthme et les épidémies de peste ! Les épices d'Extrême-Orient (150 000 tonnes débarquées à Lisbonne au cours du XVIe siècle) sont, elles aussi, pourvues de vertus curatives : le clou de girofle soulage la douleur, le gingembre stimule le sang et la digestion. Quant au sucre qui arrive des Antilles dès 1570, il est en fait originaire d'Inde, et cultivé en Espagne depuis 1400. Lors de son deuxième voyage vers l'Amérique en 1493, Christophe Colomb emporte quelques plants de canne à sucre et l'implante avec succès sur les îles.

Auteur: Coppin Brigitte

Info: Les produits du nouveau monde

[ historique ] [ nourriture ] [ nord-sud ]

 

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télécommunication

La simplification des mouvements utiles avait apporté du reste, dans le monde scientifique, beaucoup de calme et d’ordre. Aucun bruit au dehors, des villes silencieuses avec de très rares passants et sans canalisations apparentes, tout se faisant par impression à distance, sans nulle difficulté.

Il n’était pas jusqu’au plaisir ancien du théâtre que l’on ne pratiquât à domicile, sans se déranger, par simple suggestion collective. On avait même remplacé, dans la plupart des cas, les représentations par de simples impressions de représentation donnant l’illusion du plaisir et du succès.

Les informations, les nouvelles, les découvertes importantes, les recommandations collectives, en vue de tel ou tel besoin, tout cela se faisait également par suggestion, sans perte de temps, sans déplacement intermédiaire désormais inutile et sans objet.

Le seul défaut de ce groupement social excessif fut de détruire, petit à petit, toute initiative individuelle, toute volonté, toute activité indépendante, et, en supprimant les individualités, de développer progressivement, sans que personne y prît garde, la toute-puissance absolue du Grand Laboratoire Central.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 247

[ dématérialisation ] [ réseau virtuel ] [ conséquences ] [ science-fiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

introspection

A Khelm, en Pologne, vivait autrefois un Fou véritablement insensé. Chaque matin, quand il se levait, c'était pour lui tout un problème de retrouver ses vêtements et de se rhabiller - à telle enseigne que, le soir, il hésitait à se déshabiller pour se coucher !
Mais voilà qu'une nuit, se sentant intérieurement plus fort que d'habitude, il prit un bout de papier sur lequel il nota, l'un après l'autre, l'emplacement de chacun des vêtements qu'il enlevait : ici, le chapeau ; là, le pantalon ; puis la veste, etc. Au matin il se leva, très content de lui, et prit sa liste en main. "Voici le pantalon", et il l'enfila. "Voici ma chemise", il la glissa sur son dos. "Et maintenant, ma veste ; enfin, mon chapeau !...", et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il soit entièrement habillé. "Oui, mais moi ? se demanda-t-il soudain. "Où suis-je donc resté ?"
Le pauvre bougre se chercha sans succès. Il fouilla partout sans pouvoir se retrouver !
- Ainsi de nous, ajouta le Sage.

Auteur: Szajkowski Zosa Yehoshua Frydman

Info: extrait du shtetl Kartuz-Bereze, Contes des sages du Ghetto, Seuil, p. 48

[ absurde ] [ humour ] [ folie ]

 

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deuxième guerre mondiale

Il s’installe alors dans une grande brasserie de l’Alexanderplatz, y boit un verre et obtient de manger sans timbres de ravitaillement. Cela se passe en 1940 ; le pillage des peuples vaincus a commencé, le peuple allemand n’a pas à supporter de grandes privations. En fait, on peut encore avoir presque tout, et à des prix qui ne sont pas encore exorbitants. Et quant à la guerre elle-même, elle se fait à l’étranger, loin de Berlin. Bien sûr, des avions anglais survolent la ville de temps à autre et lâchent quelques bombes. Le lendemain, la population fait de longues promenades pour aller voir les destructions. La plupart rient et disent :

- S’ils veulent en finir comme ça avec nous, il leur faudra cent ans. Auparavant, nous aurons rayé leurs villes de la surface de la terre.

Ainsi raisonne la foule ; et, à présent que la France a demandé l’armistice, le nombre de ceux qui tiennent ce langage a considérablement augmenté. La plupart des gens courent après le succès. Un homme comme Otto Quangel, qui se décide à quitter les rangs au moment où tout va bien, est une exception.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 126-127

[ révolte intérieure ] [ insouciance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

divertissement

Certain sociologues à vocation critique sont tentés de voir dans cette littérature de série et surtout dans ses formes les plus modernistes l'expression d'un vaste complot de la bourgeoisie, c'est-à-dire une manière particulièrement subtile de fournir un nouvel opium au peuple pour le faire tenir tranquille. Il faut cependant observer que la grande majorité des producteurs de cette littérature sont eux-mêmes d'origine populaire. Il s'agit en général d'anciens boursiers qui ont "réussi" parce qu'ils avaient le "don du baratin" et qui connaissent leur public populaire comme seuls le connaissent ceux qui en sont issus. Si complot il y a, il est parfaitement diabolique puisqu'il faudrait supposer que "les autres" auraient entraîné les plus brillants sujets des classes populaires à devenir, par intérêt ou inconscience, les agents de l'abrutissement de leur propre classe d'origine. En fait, dans leurs mémoire, les auteurs de cette littérature populaire insistent toujours sur leur "sentiment d'appartenance au peuple".
(...) Ce serait surestimer la technique de la plupart de ces professionnels que de les croire capables de doser lucidement les ingrédients qui font leur succès. En fait, les écrivains à guimauve croient à leurs fadaises au moins autant que leurs lecteurs.

Auteur: Hoggart Richard

Info: La culture du pauvre

[ distraction ] [ sociologie ]

 

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beauté

Les choses tristes, douloureuses, plus belles pour l'esprit, y trouvant plus de prolongements, que les choses gaies, heureuses. Le mot soir plus beau que le mot matin, le mot nuit que le mot jour, le mot automne que le mot été, le mot adieu que le mot bonjour, le malheur plus beau que le bonheur, la solitude plus belle que la famille, la société, le groupement, la mélancolie plus belle que la gaieté, la mort que la naissance. À talent égal, l'échec plus beau que le succès. Le grand talent restant ignoré plus beau que l'auteur à grands tirages, adoré du public et célébré chaque jour. Un écrivain de grand talent mourant dans la pauvreté plus beau que l'écrivain mourant millionnaire. L'homme, la femme, qui ont aimé, ont été aimés, finissant leur vie dans une chambre au dernier étage, n'ayant pour fortune et pour compagnie que leurs souvenirs, plus beau que le grand-père entouré de ses petits-enfants et que la douairière encore fêtée dans son aisance. D'où cela vient-il, qui se trouve chez chacun de nous à des degrés différents ? Y a-t-il au fond de nous, plus ou moins, un désenchantement, une mélancolie qui se satisfont là, - et qu'il faut détester et rejeter comme un poison.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Propos d'un jour/Oeuvres/Mercure de France 1988 <p.338>

 

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