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AUGUSTE.
On assure que le langage des animaux est perceptible aux chevaliers errants, seigneur ?

LE CHEVALIER, bafouillant légèrement.
Pas dans le sens où tu l’entends... Évidemment, ils nous parlent. Chaque animal sauvage étant pour le chevalier un symbole, son rugissement ou son appel devient une phrase symbolique qui s’inscrit en lettres de feu sur notre esprit. Ils écrivent, si tu veux, les animaux, plutôt qu’ils ne parlent. Mais ça n’est pas varié. Chaque espèce ne vous dit qu’une phrase, et de loin, et parfois avec un accent terrible... Le cerf, sur la pureté, le sanglier sur le dédain des biens de la terre... Et c’est d’ailleurs toujours le vieux mâle qui vous parle. Il y a derrière lui de petites faonnes ravissantes, des amours de petites laies... Non, c’est toujours le dix cors ou le solitaire qui vous sermonne.

Auteur: Giraudoux Jean

Info: In "Ondine" - disponible sur Gallica

[ voix de la nature ] [ déception ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

topologie

La science de la géométrie est d'un usage indispensable et une référence constante pour tous ceux qui étudient les lois de la nature, car les relations de l'espace avec les nombres sont l'alphabet avec lequel ces lois s'écrivent. Mais au-delà de ces qualités présentées par la géométrie, cette dernière a une valeur bien particulière pour tous ceux qui souhaitent comprendre les fondements de la connaissance humaine et les méthodes par lesquelles elle s'acquiert. En effet, l'étudiant en géométrie acquiert, avec un degré de perspicacité et de clarté que le lecteur non mathématicien peut difficilement imaginer, la conviction qu'il existe des vérités nécessaires, dont beaucoup ont un caractère très complexe et frappant, et que quelques-unes de ces vérités les plus simples et les plus évidentes que l'esprit de l'homme est capable d'appréhender, peuvent, par déduction systématique, conduire aux résultats les plus distants et les plus inattendus.

Auteur: Whewell William

Info: The Philosophy of the Inductive Sciences Part 1, Bk. 2, chap. 4, sect. 8 (1868)

[ équations universelles ] [ fractales ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prévoyance

Ces livres qu'écrivent des gens bien-pensants, pour nous expliquer que ce qu'ils appellent "la réussite" consiste à envoyer promener notre jeunesse et à sacrifier notre âge mûr, de façon à avoir les moyens, arrivés à quatre-vingts ans, de passer notre vieillesse à faire la foire, m'agacent prodigieusement. Nous économisons toute notre vie pour investir notre or dans Dieu sait quel attrape-nigaud ; or, à force d'épargner et de tirer des plans sur la comète, nous sommes devenus mesquins, étroits d'esprit, durs. Nous remettons la cueillette des roses à demain, parce qu'aujourd'hui tout notre temps est pris à travailler, à faire des affaires, à tramer des manigances. Mais hélas ! quand vient demain, les roses sont fanées ; d'ailleurs, nous nous en fichons de ces roses qui ne servent à rien et n'ont pour ainsi dire aucune valeur marchande ; quand vient demain, ce sont plutôt les choux gras qui nous intéressent.

Auteur: Jérôme K. Jérôme

Info: Arrière-pensées d'un paresseux, 1898, Arléa 1998 <p.164>

[ tiédeur ]

 

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écrivaine-sur-écrivain

Nous savons tous très clairement qu'écrire nous sauve. Du moins, tous ceux d'entre nous qui se voient forcés d'assembler des mots afin de pouvoir supporter la peur des nuits et la vacuité des matins.

"On dirait que les écrivains ont perdu le nord, ils écrivent pour se faire connaître, et pas parce qu'ils sont au bord du désespoir " a dit Charles Bukowski dans une phase mémorable. C'est curieux, car Bukowski m'a toujours paru antipathique et ses livres ne me plaisent pas, mais à la lecture de ses lettres et notes biographiques recompilées sous le titre " Sur l'écriture ", j'ai découvert un type catastrophique mais authentique, brillant et attachant. Oui, sans doute qu'il y a des écrivains professionnels qui font des romans comme on fabrique des chaussures, mais ils me semblent peu nombreux. Je dirais que, pour la plupart, que nous soyons bons ou mauvais, l'écriture est un squelette exogène qui nous maintient debout. 

Auteur: Montero Rosa

Info: Le danger de ne pas être folle. Contre la peur. p 138

[ écrire ] [ survie ] [ motivation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

homosexualité

Devant les urinoirs, un couple d'hommes, dans la pénombre, faisait l'amour debout, en silence. Ils n'avaient même pas pris la peine de se déshabiller complètement, ils s'étaient contentés de laisser glisser leur pantalon sur leurs cuisses et je fixais stupidement ces fesses blanchâtres qui s'agitaient mécaniquement, sans la moindre frénésie, sans la moindre joie apparente, et qui s'agiteraient encore des heures et des heures, et pourquoi pas, jusqu'à la fin des temps peut-être. [...] Je ne m'étais jamais aussi bien rendu compte que ce soir à quel point les gestes de l'amour, sous toutes leurs formes, me faisaient horreur. Ces gesticulations de suppliciés, ces soubresauts de corps tétanisés. Vraiment. Notre misère, notre solitude. La dernière fête des condamnés à mort. Mais qui donc nous viendra en aide ? Ils appellent ça le plaisir. Il y en a qui écrivent des livres entiers là-dessus. Mais qui donc nous viendra en aide ? Qui donc aura pitié de nous ?

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: Jérôme : L'enfance de Jérôme Bauche

[ désespoir ]

 

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femmes-hommes

En un sens, maintenant, le cumul des deux situations, transfuge social et femme, me confère de la force, de l'intrépidité, dirais-je, face à une société, une critique littéraire qui "surveillent" toujours ce que font et ce qu'écrivent les femmes. Remarquez qu'on désigne encore et toujours les écrivaines par leur sexe et groupées : "les femmes, aujourd'hui, osent écrire le sexe", "sont plus nombreuses à écrire que les hommes" -ce qui est faux-, etc. On ne lit pas, on n'entend pas "les hommes, aujourd'hui, publient des livres comme ci ou comme ça" ou encore "les hommes ont obtenu tous les grands prix de l'automne" (ce qui arrive). Il y a, à l'intérieur du champ littéraire, comme ailleurs, une lutte des sexes et je vois la mise en avant d'une "écriture féminine" ou de l'audace de l'écriture des femmes comme une énième stratégie inconsciente des hommes devant l'accès de celles-ci en nombre plus grand à la littérature, pour les en écarter en restant les détenteurs de "la littérature", sans adjectif, elle.

Auteur: Ernaux Annie

Info: L'écriture comme un couteau, entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Stock, janvier 2003, pp. 104-105

[ écriture ]

 

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création

Ce que j'aime dans l'écriture, c'est plutôt la rêverie qui la précède. L'écriture en soi, non, ce n'est pas très agréable. Il faut matérialiser la rêverie sur la page, donc sortir de la rêverie. Parfois, je me demande comment font les autres ? Comment font ces auteurs qui, comme Flaubert le faisait au XIXe siècle, écrivent et réécrivent, refondent, reconstruisent, condensent à partir du premier jet dont il ne reste finalement rien ou presque rien dans la version finale du livre ? Ça me semble assez effrayant. Personnellement, je me contente d'apporter des corrections sur un premier jet, qui ressemble à un dessin qui aurait été fait d'un seul trait. Ces corrections sont à la fois nombreuses et légères, comme une accumulation d'actes de microchirurgie. Oui, il faut trancher dans le vif comme le chirurgien, être assez froid vis-à-vis de son propre texte pour le corriger, supprimer, alléger. Il suffit parfois de rayer deux ou trois mots sur une page pour que tout change. Mais tout ça, c'est la cuisine de l'écrivain, c'est assez ennuyeux pour les autres.

Auteur: Modiano Patrick

Info: Entretien Télérama N° 3377, octobre 2014

[ écrire ]

 

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humour

Parce que la chair est triste et que sa liseuse est en panne, Michel [Houellebecq] fait tourner une machine de blanc et se met à son nouveau livre : l'histoire de Vincent et Pascal, deux écrivaillons fatigués avec lesquels il s'est lié d'amitié dans un bordel de Bangkok, un soir où ils se sont retrouvés tous les trois par hasard dans la même mineure. [...] Michel veut être "Romain Gary à l'envers" et signer sous son nom des livres qu'il n'a pas écrits. Vincent et Pascal acceptent de rédiger le prochain faux Houellebecq : l'histoire d'un type qui a vendu à Google un système de localisation par satellite du point G de toutes les femmes de la planète. Pendant qu'ils écrivent le livre de Michel, celui-ci écrit l'histoire de Vincent et Pascal écrivant sur lui tout en se faisant sucer convenablement par sa femme de ménage marocaine devant le "13 heures" d'Elise Lucet pour changer de Jean-Pierre Pernaut. Tandis qu'il se branle devant "Questions pour un champion", Michel se fait assassiner par une Femen. Au "Grand Journal", la polémique fait rage.

Auteur: Fioretto Pascal

Info: Concentré de best-sellers. Pastiches, p. 167

[ littérature ] [ parisianisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

philosophe-sur-philosophe

Je ne suis pas un marchand d'espérance ni de mensonges. Et je déteste les positiveurs, que je trouve bien plus désespérants que moi. Je ne m'appelle pas Onfray-Sponville, ni Comte-Spongieux, ni Maffesoli-Spontex. On me reproche souvent d'être "négatif", mais ce qui pourrait m'affliger, moi, ce sont les camelots de l'espoir qui écrivent que tout va bien dans leur style d'enterrement. La face en celluloïd d'un Alain Duhamel, par exemple, et les propos optimistes qui en sortent, seraient propres à donner l'immédiate envie de se trancher les veines, si on n'y opposait justement une espérance d'airain. C'est ce monde qui est désespérant, pas moi, et ce qui est encore plus désespérant c'est de nier qu'il le soit. Tout, absolument tout est foutu, et d'innombrables salauds s'engraissent en racontant que l'aurore point. Que faire, me demandez-vous ? Si je ne peux pas répondre pour les autres, je peux dire ce que, moi, je fais. Quand un monde humain s'approche du précipice au-delà duquel plus rien ne va avoir de sens ni de contours, le seul moyen de le faire connaître, d'en faire ressortir le ridicule infernal et d'en inspirer le dégoût est de le mettre entre guillemets.

Auteur: Muray Philippe

Info: Festivus Festivus, p. 54

[ vacheries ] [ niaiseries ] [ philosophes ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

école

La multiplication des manuels et des cours oraux dans notre enseignement est l'un des plus sûrs indices de notre décadence littéraire. On dit railleusement que ceux qui sont impuissants à aider leurs élèves dans la lecture des ouvrages transcendants écrivent des manuels, ou, du moins, utilisent les manuels écrits par leurs collègues afin de suppléer à leur incompétence. On pourrait définir un manuel : une invention pédagogique pour faire entrer quelque chose dans la tête de ceux qui ne savent pas suffisamment lire pour apprendre plus activement. Les causeries qui se donnent habituellement en classe ne valent pas mieux. Quand les maîtres ne savent plus comment s'y prendre pour lire en commun avec leurs élèves, ils leur adressent une causerie. Les manuels et les vulgarisations de toutes sortes sont écrits pour ceux qui ne savent pas lire ou qui cherchent dans la lecture que des renseignements. En tant que maîtres inanimés, ces livres s'assimilent aux répétiteurs de second ordre qui les ont écrits. Animé ou non, le répétiteur s'efforce d'inculquer des connaissances à ses élèves sans exiger d'eux une activité trop grande ou trop industrieuse. L'art d'enseigner de ces répétiteurs est celui qui exige le moins, chez l'étudiant, de l'art d'apprendre. Ils saturent l'esprit au lieu de l'éclairer. Leur succès se mesure aux capacités d'absorption [sic] de l'éponge.

Auteur: Adler Mortimer J.

Info: Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle, p.72, Le Club des Grands Auteurs, 1964

[ pléthore ] [ ennui ]

 

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