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décor

Je croyais connaître le désert mais j’en découvre la complexité. Il est ocre, rouge, orangé, pâlot ou profond, il est illuminé par le soleil et terni par la nuit, il est bas, haut, plat, il est sablonneux ou couvert de caillasses, ses plis se resserrent pour former d’énormes collines, il se déchire, s’ouvre en deux, et de longues crevasses le nervurent avant de se refermer comme des plaies.

Auteur: Pavlenko Marie

Info: Et le désert disparaîtra

[ paysage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lobby pharmaceutique

Normalement, le vaccin est une substance qui immunise contre telle ou telle maladie. Être immunisé empêche la contamination. Lorsque nous avons été vaccinés, par exemple, contre la poliomyélite, nous savions que cela nous mettrait à l’abri de la maladie. Personne n’a eu la fantaisie de nous dire que nous pouvions, tout de même, contracter une demi-poliomyélite.

Le vaccin contre le Covid, affirmait-on il y a un an, était la panacée. Le monde allait être sauvé grâce aux génies qui ont réussi à préparer en quelques mois ce que de nombreux chercheurs n’ont réussi à obtenir en trente ans de travail acharné : un vaccin à ARN messager.

Cependant, on a vite compris que le miracle a la vie très courte. Que faire ? Accuser les laboratoires de charlatanisme ? Certes, non. Plutôt proclamer qu’une deuxième dose était nécessaire afin d’augmenter, de stabiliser l’action de la première dose. On nous dit que ce "rappel" est une banalité, car il en faut un pour la plupart des vaccins. L’opinion publique a fait sienne cette idée, oubliant que, pour les vrais vaccins, le rappel, quand il est nécessaire, est administré 10 ou 15 ans après la première inoculation. Il a été dit également que le vaccin anti-grippal nécessitait des rappels tous les ans, refusant de voir et de comprendre que, dans le cas de la grippe, ce ne sont pas des rappels, mais de nouveaux vaccins préparés contre des souches qui sont différents d’un hiver à l’autre.

En moins d’un an, la troisième dose, vouée à "booster" les deux autres, est devenue quasi obligatoire. Nos maîtres commencent à parler de la quatrième inoculation. Et toujours eux reconnaissent désormais que leur "vaccin" ne protège ni contre la contamination ni contre la transmission. Pour eux, il est normal de tomber malade quand on a été "vacciné". De nouveau, la question a dû être posée : que faire ? Laisser les laboratoires tomber dans le discrédit ? Perdre des milliards ? Non. Ils ont trouvé une formule révolutionnaire : le "vaccin" ne protège pas contre la maladie, mais l’empêche d’évoluer vers les formes graves. Ce n’est donc pas un vaccin, mais un atténuateur préventif. Que même cela ne soit pas vrai - puisqu’il y a des vaccinés en réanimation - n’a aucune importance. Pour le moment.

Nous sommes donc, après vaccination, susceptibles de développer un demi-Covid. C’est, du moins, la version officielle. Et elle n’a même pas l’apparence du sérieux.

Si les précédents variants de la maladie étaient plus ou moins et pour très peu de temps gênés par le "vaccin", il n’a semble-t-il presque pas d’effet sur le variant omicron. C’est la raison pour laquelle le patron de BioNTech promet de fournir en mars prochain un autre "vaccin", dont il dit d’emblée qu’il sera administré en trois doses.

Ainsi, le monde continuera à recevoir le premier "vaccin" - 5e, 6e dose, etc. - auquel s’ajouteront les inoculations - au moins trois - du deuxième "vaccin". On passera donc notre temps à nous faire injecter les potions de Pfizer&BioNTech, qui, eux, continueront à accumuler des milliards prélevés sur nos impôts.

La vie devient vraiment très intéressante.

Auteur: Portocala Radu

Info: Publication facebook du 09.12.2021

[ narratif hygiéniste ] [ covidisme ] [ discours illogique ] [ mensonges d'état ] [ sanitarisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

détachement

Dès le lendemain matin, je me mis à faire les petites annonces ; il fallait plutôt chercher dans les quartiers sud, pour le travail de Valérie. Une semaine plus tard, j’avais trouvé : c’était un grand quatre-pièces au trentième étage de la tour Opale, près de la porte de Choisy. Je n’avais jamais eu, auparavant, de belle vue sur Paris ; je ne l’avais jamais tellement recherché non plus, à vrai dire. Au moment du déménagement, je pris conscience que je ne tenais à rien de ce qui se trouvait dans mon appartement. J’aurais pu en tirer une certaine joie, ressentir quelque chose qui s’apparente à l’ivresse de l’indépendance ; j’en fus au contraire légèrement effrayé. Ainsi, j’avais pu vivre quarante ans sans établir le moindre contact un tant soi peu personnel avec un objet. J’avais en tout et pour tout deux costumes, que je portais à tour de rôle. Des livres, oui, j’avais des livres ; mais j’aurais pu facilement les racheter, aucun d’entre eux n’avait quoi que ce soit de précieux ni de rare. Plusieurs femmes avaient croisé mon chemin ; je n’en conservais aucune photo, ni aucune lettre. Je n’avais pas non plus de photos de moi : ce que j’avais pu être à quinze, vingt ou trente ans, je n’en gardais aucun souvenir. Pas non plus de papiers véritablement personnels : mon identité tenait en quelques dossiers, aisément contenus dans une chemise cartonnée de format usuel. Il est faux de prétendre que les êtres humains sont uniques, qu’ils portent en eux une singularité irremplaçable ; en ce qui me concerne, en tout cas, je ne percevais aucune trace de cette singularité. C’est en vain, le plus souvent, qu’on s’épuise à distinguer des destins individuels, des caractères. En somme, l’idée d’unicité de la personne humaine n’est qu’une pompeuse absurdité. On se souvient de sa propre vie, écrit quelque part Schopenhauer, un peu plus que d’un roman qu’on aurait lu par le passé. Oui, c’est cela : un peu plus seulement.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ vie morne ] [ terne existence ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

femmes-par-homme

C’est vraiment rare, maintenant, les femmes qui éprouvent du plaisir, et qui ont envie d’en donner. Séduire une femme qu’on ne connaît pas, baiser avec elle, c’est surtout devenu une source de vexations et de problèmes. Quand on considère les conversations fastidieuses qu’il faut subir pour amener une nana dans son lit, et que la fille s’avérera dans la plupart des cas une amante décevante, qui vous fera chier avec ses problèmes, vous parlera de ses anciens mecs – en vous donnant, au passage, l’impression de ne pas être tout à fait à la hauteur – et qu’il faudra impérativement passer avec elle au moins le reste de la nuit, on conçoit que les hommes puissent préférer s’éviter beaucoup de soucis en payant une petite somme. Dès qu’ils ont un peu d’âge et d’expérience, ils préfèrent éviter l’amour ; ils trouvent plus simple d’aller voir les putes. Enfin pas les putes en Occident, ça n’en vaut pas la peine, ce sont de vrais débris humains, et de toute façon pendant l’année ils n’ont pas le temps, ils travaillent trop. Donc, la plupart ne font rien ; et certains, de temps en temps, se paient un petit peu de tourisme sexuel. Et encore, ça, c’est dans le meilleur des cas : aller voir une pute, c’est encore maintenir un petit contact humain. Il y a aussi tous ceux qui trouvent plus simple de se branler sur Internet, ou en regardant des pornos. Une fois que la bite a craché son petit jet, on est bien tranquille.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme, p. 153

[ pensée-d'homme ] [ libido ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

aseptisé

Après les formalités d’enregistrement, j’errai dans le centre commercial. Bien que le hall de l’aéroport soit entièrement couvert, les boutiques affectaient la forme de huttes, avec des montants en teck et un toit de palmes. L’assortiment de produits mêlait les standards internationaux (foulards Hermès, parfums Yves Saint Laurent, sacs Vuitton) aux productions locales (coquillages, bibelots, cravates de soie thaïe) ; tous les articles étaient repérés par des codes barre. En somme, les boutiques de l’aéroport constituaient encore un espace de vie nationale, mais de vie nationale sécurisée, affaiblie, pleinement adaptée aux standards de la consommation mondiale. Pour le voyageur en fin de parcours il s’agissait d’un espace intermédiaire, à la fois moins intéressant et moins effrayant que le reste du pays. J’avais l’intuition que, de plus en plus, l’ensemble du monde tendrait à ressembler à un aéroport.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme, p. 138

[ mondialisation ] [ standardisation ] [ tourisme industriel ]

 
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fiction rationalisante

[...] toute pensée qui justifie notre état devrait nous être a priori suspecte.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 214

[ cohérence ] [ justification ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

confort

Trop d’hommes confondent foi et bonheur, ce bonheur élémentaire que donne un état de tranquillité spirituelle qu’ils prennent pour la paix. Ils croient trouver la vérité quand ils se sont seulement fabriqués une "raison de vivre", c’est-à-dire une raison pour vivre. Ils ont fait de la puissance terrible qui doit faire éclater notre médiocre existence le tranquillisant qui l’endort. Ils sont à l’arrivée au départ, ils ont atteint la fin dont une vie n’est que le chemin. Ils ont la vérité ; ils croient connaître l’extase des bienheureux, alors que leur béatitude est celle du cerveau – ou du ventre – plein. Si certains esprits ont la passion du vrai, ceux-là ont celle du bien.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 211

[ satisfaction ] [ vérité-agréable ] [ confusion ]

 

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mensonges

L’homme justifié n’est plus seul, il est sauvé de la mort parce qu’il est dans l’ordre. Il n’est plus libre. Mais s’il n’y a plus de liberté, vivre n’a plus de sens. Comment faire ? Comment satisfaire notre exigence et notre faiblesse ? – Tout simplement en justifiant le refus de la liberté en son nom. En qualifiant l’évolution ou l’histoire – la nécessité – de liberté ; en peuplant un monde impersonnel de personnages, en nous donnant la comédie de la liberté à défaut de la vivre. La justification qui s’en réclame clôt le monstrueux édifice. Le ciel s’est enfin réconcilié avec la terre, et celui qui les opposait est rentré dans le rang. En lui règne une paix souveraine, ou le silence du tombeau. C’est ainsi que, l’esprit étant détruit par l’esprit, l’homme peut enfin supporter d’être restitué au néant.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, pages 208-209

[ justifications ] [ abdication ] [ conformisme ]

 

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trickster

L’homme libre vient nous voler bien plus que notre portefeuille : notre paix, et en échange il nous offre du vent.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 204

[ remise en question ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Un franc-tireur comme Bernanos doit à ses côtés conformistes d’être devenu célèbre. Le public de droite s’est reconnu dans son nationalisme et son catholicisme même si celui-ci n’était pas exactement le sien, il allait à la messe et tout est là. Puis la gauche, longtemps réticente, a découvert la valeur du juge de Franco et de Pétain. Et tous ont admiré l’artiste : le fauve pittoresque dont les rugissements chatouillent les oreilles en même temps qu’ils les déchirent. S’il n’avait pas été catholique, chauvin, antifranquiste et littérateur, Bernanos ne serait probablement qu’un écrivain comme les autres. Et quand il s’est avisé d’attaquer trop tôt la société industrielle, son style a perdu soudain de sa force. Une censure inconsciente efface les mots qui ne sont pas écrits d’avance.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 199

[ jugement des contemporains ] [ multiples facettes ] [ sélection discriminante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson