En 1898 on confia une mission en Afrique Centrale aux capitaines Paul Voulet et Julien Chanoine - officiers qui s'étaient illustrés lors de la conquête de l'empire Mosi (Burkina Faso) en réprimant sauvagement l'insurrection de Samos. Cette fois, ils étaient chargés d'opérer la jonction de leur colonne sur le lac Tchad avec deux autres missions, l'une partie d'Algérie, l'autre du Moyen-Congo. Désobéissant aux consignes données par le Secrétaire d'État aux colonies, Lebon, les deux officiers dévièrent de leur route initiale et entreprirent de massacrer les habitants des villages qui refusaient de leur fournir vivres et porteurs. Les tueries auxquelles se livrèrent ces militaires contrastaient à ce point avec les méthodes utilisées pour la conquête du Soudan français (Mali et Bénin) ou la Côte d'Ivoire que Paris envoya pour les arrêter le lieutenant-colonel Klobb. Voulet qui rêvait de se tailler un empire en Afrique Centrale, fit tuer Klobb le 14 juillet 1899 avant d'être, lui et son complice Chanoine, abattu par leurs hommes. L'affaire provoqua de nombreuses interpellations à la Chambre et fut minutieusement relatée par un député de l'Hérault, Vigne d'Octon, auteur de plusieurs pamphlets anticolonialistes. L'affaire connu un rebondissement quand en 1923, un jeune administrateur colonial, Robert Delavignette, commandant de cercle à Tessaoua au Niger, fit ouvrir les tombes supposées des deux officiers. Celles-ci étaient vides. La légende dit qu'ils auraient bénéficié d'un gentleman's agreement : Ils auraient été laissés en vie à condition de finir leur jours auprès des Touaregs, l'administration ayant parfois recours à eux pour mater certaines insurrections, comme celle qui menaça Agadez et Zinder en 1916-1917. Cette atroce équipée est à la source du roman de Joseph Conrad "Au coeur des ténèbres" ainsi que du personnage de Kurt dans "Apocalypse now".