inspiration
Quand vous venaient les vers que vous notiez et qui semblaient toujours tomber de la cime des grands arbres, qui les avaient reçus des étoiles, on ne les modelait pas comme l’argile qu’on ramasse. Peut-être les modelait-on, mais le miracle n’était pas ce modèle, c’était l’inspiration et on ne savait pas qui nous en faisait don.
Auteur:
Wiechert Ernst
Années: 1887 - 1950
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Dans "Missa sine nomine", page 347
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transcendance
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supra-individuelle
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inexprimable
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poésie
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mystère
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cauchemar
J’étais dur et froid, j’étais un pont, j’étais tendu au-dessus d’un ravin. Mes orteils d’un côté, mes doigts crispés de l’autre, je m’étais encastré solidement dans l’argile croulante. Les pans de mon habit flottaient à mes côtés. Loin au-dessous grondait le torrent glacé. Aucun touriste ne s’égarait vers ces hauteurs inaccessibles ; le pont n’était encore mentionné sur aucune carte. Aussi je restais tendu et j’attendais ; je ne pouvais faire autre chose qu’attendre. À moins de tomber, aucun pont, une fois en place, ne peut cesser d’être un pont.
Auteur:
Kafka Franz
Années: 1883 - 1924
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Tchékoslovaquie
Info:
Récits posthumes, cité par André Breton dans son Anthologie de l'humour noir
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déréliction
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destin
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impasse
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aqua simplex
L’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l’argile ; elles ont été neige sur la froide montagne, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots ; le soleil, dans sa course journalière, les a fait resplendir des reflets les plus éclatants ; la pâle lumière de la lune les a vaguement irisées ; la foudre en a fait de l’hydrogène et de l’oxygène, puis d’un nouveau choc a fait ruisseler en eau ces éléments primitifs. Tous les agents de l’atmosphère et de l’espace, toutes les forces cosmiques ont travaillé de concert à modifier incessamment l’aspect et la position de la gouttelette imperceptible ; elle aussi est un monde comme les astres énormes qui roulent dans les cieux, et son orbite se développe de cycle en cycle par un mouvement sans repos. Toutefois notre regard n’est point assez vaste pour embrasser dans son ensemble le circuit de la goutte, et nous nous bornons à la suivre dans ses détours et ses chutes depuis son apparition dans la source jusqu’à son mélange avec l’eau du grand fleuve ou de l’océan.
Auteur:
Reclus Elisée
Années: 1830 - 1905
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: géographe anarchiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Histoire d'un ruisseau. Chapitre I, La Source
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polymorphe
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multi-usage
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pluridisciplinaire
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combinable
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origine légendaire
Lorsque le niveau de l’eau se mit à s’élever, tous les poissons remontèrent à la surface, gonflés, déjà morts ou en train d’agoniser en se convulsant. Le peuple des rives du lac regarda son garde-manger disparaître en l’espace de quelques jours – l’inondation ne semblait pas vouloir s’arrêter. L’un des anciens de la tribu remarqua que l’eau avait pris un goût salé. Bientôt, elle vint lécher les fragiles fondations des huttes en bois : il n’y avait rien d’autre à faire que de fuir devant ce déferlement, en emportant tout ce qu’on pouvait. Des réfugiés apeurés des tribus de l’Est rapportèrent avoir entendu un épouvantable grondement. Ceux qui s’attardèrent furent noyés. En quelques semaines, le niveau de l’eau s’éleva de 120 mètres. Ceux qui firent partie de cette diaspora désespérée fuirent vers l’ouest, le long de la vallée du Danube, ou le sud-est, au pied du Caucase. D’autres traversèrent les terres sauvages, loin à l’est, pour finalement trouver refuge autour d’un lac qui se trouvait alors entre les monts Tian et le plateau tibétain. Une poignée de tribus, plus chanceuses ou plus audacieuses, franchirent les monts du Taurus pour arriver dans les plaines connues aujourd’hui sous le nom de Mésopotamie. Dans tous les lieux où les survivants finirent par s’installer, l’effroyable inondation devint un événement capital qui servit à mettre en garde et à terroriser les générations suivantes, un événement si profondément traumatique qu’on se le raconta pendant plusieurs millénaires, transmettant son souvenir à l’oral avant de l’immortaliser dans l’argile. Aujourd’hui encore, les guslars, ces rhapsodes des Balkans, continuent de le chanter. Ce fut, d’après Ryan et Pitman, le vrai Déluge, l’événement historique qui a inspiré l’épisode biblique. Le Déluge résulta de l’inondation d’un immense lac d’eau douce qui devint, en quelques semaines, la mer Noire. Elle est noire parce que, quelques mètres sous sa surface, la vie disparaît – à cause du manque d’oxygène – et que son fond est recouvert d’une vase sombre et fétide où seules les bactéries peuvent se développer. Les poissons ne prospèrent que dans la couche supérieure des eaux, au-dessus de profondeurs où ils étoufferaient en quelques secondes. La transformation de ce lac en une mer, la plus mystérieuse de toutes, a eu lieu lorsque les Dardanelles furent percées il y a plus de 7 000 ans. La Méditerranée se déversa à travers un canyon en direction des terres en contrebas lorsqu’une barrière de terre céda. C’était la conséquence de la montée du niveau de l’eau à la fin de la dernière ère glaciaire. Une catastrophe comparable à la rupture d’une digue géante, un déferlement équivalant à 400 chutes du Niagara.
Auteur:
Fortey Richard
Années: 1946
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: paléontologue, historien de la nature, écrivain, présentateur de télévision
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Books.fr, https://www.books.fr/une-autre-histoire-du-deluge-2/
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traumatisme
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catastrophe naturelle
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géographie
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genèse
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