apparition
Elle, d’une douce voix inarticulée
Pas plus syllabique que celle de l’océan : "Je suis ici depuis des années
Cognant aux portes fermées de ton esprit ... – Allez-vous-en, dit-il,
Je ne crois à rien." Elle dit "Autrefois tu voulais comprendre,
Tu voulais connaître la vérité à propos des choses,
Et si cette... immense implantation de terre et d’étoiles,
De chair, d’esprit et de temps et ainsi de suite, avait un sens.
Mais maintenant tu t’es perdu dans la passion. – Mmh ?
pas du tout. La passion ?
Froide comme une carpe. Si je n’étais...
Qui êtes-vous, au fait ? – Mara, répondit-elle,
mais quand il
La regarda à nouveau elle avait disparu, et il lui semblait
Ne s’être parlé qu’à lui-même. "Mmh. Mara. Si c’est un nom,
Que veut-il dire ?
Si je me mets à entendre des voix et avoir des visions... Ah ?
Quel affreux symptôme. Je dois me reprendre en main,
Ne plus trop penser, et être froid comme un serpent. Mais elle avait raison :
Vivre sans savoir n’est pas suffisant. Qui connaît
Tout ? Alors vivre n’est pas suffisant. Alors nous trimons,
Aveugles, aveugles, aveugles."
Auteur:
Jeffers Robinson
Années: 1887 - 1962
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, poète
Continent – Pays: Amérique - Etats-Unis
Info:
Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, page 38
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ange
]
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pression de la vérité
]
couple
"Pourquoi me détestes-tu Bruce ?
Pourquoi me laisses-tu seule nuit et jour ?
Qu’est-ce que j’ai fait ? – Mmh ? dit-il. Non. Rien. Je lis ici,
Et je vais écouter les nouvelles à minuit. – Les nouvelles,
Répondit-elle,
Sales et sanglantes et qu’est-ce que ça peut faire ?
Je peux rester ici ?" Elle lui sourit et s’assit sur le lit,
Sur le matelas nu. Il dit "Euh... Écoute, Fawn.
Comme tu dis : sang, mensonges et saleté, imbécilités et pourritures,
C’est les nouvelles.
Et si l’on regarde dans nos cœurs... hein ? ... la même soupe infernale.
Tout ce qui est bon est mutilé ; toute chose mauvaise
A de larges mains, un cœur solide et des ailes de faucon. Bon,
Je ne comprends pas ça et j’ai besoin de l’étudier." Fawn le fixa,
Ressentant un mépris extraordinaire
Derrière son regard calme et son doux masque ovale,
Et dit "Que lisais-tu, mon chéri ? – Quoi ? dit-il, Un livre.
Je l’ai eu à la fac, je ne l’ai jamais lu."
Il alluma la radio et dit "Un professeur allemand
Qui pense que cette esclave sanglante et torturée appelée Histoire
A des habitudes bien réglées. Des vagues, tu vois, de longues vagues, des vagues distinctes de civilisation
Qui vont et viennent comme la mer ; et avec la même sorte de ...vie,
arts, politiques, et ainsi de suite
A la même intensité pour chaque vague, tu peux le prévoir.
En ce moment
Nous sommes au creux de la vague." Fawn l’entendit vaguement
à travers les grésillements
Et le bavardage de l’animateur radio quand l’heure changea,
Et, naturellement, n’y comprit rien ni ne s’y intéressa,
Mais elle vit son excitation.
Il y avait désormais trois courants parallèles
D’action humaine dans cette haute caverne
Au toit de bardeaux tutoyant les étoiles nébuleuses.
Auteur:
Jeffers Robinson
Années: 1887 - 1962
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, poète
Continent – Pays: Amérique - Etats-Unis
Info:
Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", Préface, trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 44-45
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incompréhension
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incompatible
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solitude
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