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illumination

Christopher ne se souvenait plus quel jour on était. Il ne savait pas non plus quelle heure. C'était un moment gris, mais il n'y avait rien de mat dans ce gris. C'était comme une cendre de perle chatoyante, une couleur moirée reflétée par l'eau et l'air diaprés. Il vivait un moment cramoisi, tranchant, comme un écureuil gris atteint par balles, saignant à l'intérieur et sur sa peau. Oui, il y avait cet agréable toucher de la mort sur les choses. Vies jaillissantes et bouillonnement de cadavres entremêlées.

Auteur: Lafferty Raphaël Aloysius

Info: Ringing Changes

[ littérature ] [ perdu ]

 

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enfance

Au pied du jardin, je me le rappelle, coulait le Robec. C'était une rivière tantôt bleu d'encre, tantôt vert bouteille, tantôt moirée d'ocre ou veinée de pourpre, au gré des teinturiers de Darmétal qui déversaient leurs cuves en son cours supérieur. Le Robec fut le lieu des premières joies et la plus constante compagnie d'un enfant solitaire. Cet enfant savait organiser des régates dont il était le starter, le participant multiple, le juge-arbitre enfin. On pouvait faire des embarcations concurrentes dans du papier journal, ou plus simplement entreprendre une course de feuilles de lierre.

Auteur: Queval Jean

Info: Venu de Rouen

[ nostalgie ] [ littérature ]

 

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regard

Il y avait surtout les yeux, des yeux immenses, illimités, dont personne n’avait jamais pu faire le tour. Bleus, sans doute, comme il convenait, mais d’un bleu occulte, extra-terrestre, que la convoitise, au télescope d’écailles, avait absurdement réputés gris clair. Or, c’était toute une palette de ciels inconnus, même en Occident, et jusque sous les pattes glacées de l’Ourse polaire où, du moins, ne sévit pas l’ignoble intensité d’azur perruquier des ciels d’Orient.Suivant les divers états de son âme, les yeux de l’incroyable fille, partant, quelquefois, d’une sorte de bleu consterné d’iris lactescent, éclataient, une minute, du cobalt pur des illusions généreuses, s’injectaient passionnément d’écarlate, de rouge de cuivre, de points d’or, passaient ensuite au réséda de l’espérance, pour s’atténuer aussitôt dans une résignation de gris lavande, et s’éteindre enfin, pour de bon, dans l’ardoise de la sécurité.

Mais, le plus touchant, c’était, aux heures de l’extase sans frémissement, de l’inagitation absolue familière aux contemplatifs, un crépuscule de lune diamanté de pleurs, inexprimable et divin, qui se levait tout à coup, au fond de ces yeux étrangers, et dont nulle chimie de peinturier n’eût été capable de fixer la plus lointaine impression. Un double gouffre pâle et translucide, une insurrection de clartés dans les profondeurs, par-dessous les ondes, moirées d’oubli, d’un recueillement inaccessible !…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 250-251

[ description ] [ nuances ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

incarnations

Où qu’elle jette le regard dans la gigantesque fabrique il y avait un spécimen particulier d’être vivant, immobile dans un espace à sa taille en train d’être traité. A y regarder avec attention, il y avait certaines espèces qu’elle ne reconnaissait pas. Des êtres pas morts mais figés. Avec une intense activité autour. Des robots insectoïdes tout ronds, suintant une musique moirée qui passait du vert au violet sans qu'on comprenne comment, s'occupaient de chaque corps. Elle comprit que les être bizarres procédaient au "réglage" de ce qui était pour eux des machines organiques vivantes. Les insectes arrondis aux reflets changeants introduisaient dans chaque modèle la quantité de stress-énergie correspondant à ses paramètres de vie : taille, type d'environnement, nombre de membres, etc... Avant de procéder à d'infinis réglages de manière à ce que le "prototype" soit adapté à son biotope. Elle comprenait très bien que chacun était vérifié et adapté un grand nombre de fois durant son existence. Alors elle réalisa qu’une voix lui expliquait tout. Non pas sa propre intelligence mais une parole, ou un son, elle ne savait… qui commentait les scènes comme dans un documentaire télé multidimensionnel. La voix expliquait que les êtres traités n’étaient que des "conditionnements momentanés", bouts d’âme convertis en matière avec autonomie afin de créer le réel dans lequel elle vivait. La voix expliqua aussi qu'Eva avait dû quitter le stade émotionnel parce qu'il le fallait pour pouvoir atteindre ce niveau de compréhension. Puis elle se vit elle-même, allongée dans la capsule jaune clair du MP qui l'avait tant de fois transportée d'un bout à l'autre de la planète. Sauf qu’elle était morte, comme placée dans un cercueil.

Auteur: Mg

Info: Trio B, tome 3 - août 2013

[ science-fiction ] [ niveau de réalité différent ] [ synesthésie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

urbanisme festif

Bien entendu, il n’y a pas davantage de plage, aujourd’hui, sur les bords de la Seine qu’il n’y en avait huit jours avant. L’important est de vérifier si les gens vont accepter d’y croire. Car tout cela n’a rien de futile. Ça s’appelle un programme. […] Contrairement à ce que l’on imagine, Paris n’est pas une enclave pittoresque où résisteraient les derniers adeptes du Parti du progrès universel et pluriel en difficulté. C’est un laboratoire. C’est un terrain d’expérience qui a l’avenir devant lui. Le maire nourrit d’amples ambitions. […] "Il faudra, déclare-t-il, qu’on puisse encore dire du bien dans trente ans de ce que nous décidons maintenant" (mais pourquoi faudrait-il attendre si longtemps pour en dire du mal ?). Ses grands projets se résument à couvrir tout ce que la sensibilité exquise de la modernité ne veut plus voir : périphériques, parkings, hangars de stockage, entrepôts du service municipal des Pompes funèbres. En gros, le réel. Delanoë le fourre sous dalle. Et, par-dessus, il plante tout ce qui fait rêver : murs d’escalade, squats d’artistes, promenades vertes, multiplexes créatifs, lieux d’éducation aux arts de la rue, espaces d’initiation à la musique hip-hop.

Et parasols.

Car il s’agit aussi de réconcilier le Parisien avec son fleuve. Il paraît que jusqu’alors le Parisien tournait le dos à la Seine, ses eaux noires moirées de mazout et ses courants d’air. De temps en temps, il s’accoudait aux parapets pour regarder un suicidé en train de gagner le large avec nonchalance. C’est tout ce qu’il avait comme distraction. Quel chemin parcouru depuis. Maintenant il peut bronzer en bordure de concept et s’initier à la fabrication des nœuds marins dans une station balnéaire non figurative où tout est stylisé, le sable, les pelouses, les oriflammes, les nœuds marins, les murs d’escalade, sa propre personne. Exactement comme dans un quartier piétonnier. Transformer les berges de la Seine en quartier piétonnier idéal, voilà l’exploit des plagistes de la Mairie de Paris. Je le sais, j’étais sur place le dimanche de l’ouverture du concept.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 450

[ virtualisation ] [ refoulement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

aqua simplex

Pour un esprit, venu d'ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l'eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L'eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l'évanouissement et de l'inexistence qu'elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu'elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l'ombre et le sable. Le cadran solaire, le sablier, la clepsydre jettent un pont entre le temps et la matière impalpable de l'ombre, du sable et de l'eau. Plus solide que l'ombre, plus subtile que le sable, l'eau n'a ni odeur, ni saveur, ni couleur, ni forme. Elle n'a pas de taille. Elle n'a pas de goût. Elle a toujours tendance à s'en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant. Elle n'est pas ce qu'on peut imaginer de plus proche du néant: l'ombre, bien sûr, mais aussi l'air sont plus si l'on ose dire - inexistants que l'eau.
Ce qu'il y a de merveilleux dans l'eau, c'est elle est un peu là, et même beaucoup, mais avec une délicatesse de sentiment assez rare, avec une exquise discrétion. Un peu à la façon de l'intelligence chez les hommes, elle s'adapte à tout et à n'importe quoi. Elle prend la forme que vous voulez : elle est carrée dans un bassin, elle est oblongue dans un canal, elle est ronde dans un puits ou dans une casserole. Elle est bleue, verte ou noire, ou parfois turquoise ou moirée, ou tout à fait transparente et déjà presque absente. Elle est chaude ou froide, à la température du corps, ou bouillante jusqu'à s'évaporer, ou déjà sur le point de geler et de se changer en glace. Tantôt vous l'avalez et l'eau est dans votre corps; et tantôt vous vous plongez en elle et c'est votre corps qui est dans l'eau. Elle dort, elle bouge, elle change, elle court avec les ruisseaux, elle gronde dans les torrents, elle s'étale dans les lacs ou dans les océans et des vagues la font frémir, la tempête la bouleverse, des courants la parcourent, elle rugit et se calme. Elle est à l'image des sentiments et des passions de l'âme.
Ce serait une erreur que de prêter à l'eau, à cause de sa finesse et de sa transparence, une fragilité dont elle est loin. Rien de plus résistant que cette eau si docile et toujours si prête à s'évanouir. Là où les outils les plus puissants ne parviennent pas à atteindre, elle pénètre sans difficulté. Elle use les roches les plus dures. Elle creuse les vallées, elle isole les pierres témoins, elle transforme en îles des châteaux et des régions entières.
Elle est douce, fraîche, légère, lustrale, bénite, quotidienne, de vie, de rose, de fleur d'oranger, de cour, de toilette ou de table, thermale ou minérale, de Cologne ou de Seltz. Elle peut aussi être lourde, saumâtre, meurtrière et cruelle. Sa puissance est redoutable. Ses colères sont célèbres. Elle porte les navires qui n'existent que par elle, et elle leur inflige des naufrages qui font verser des larmes aux veuves de marins.
Lorsqu'elle se présente sous forme de mur, lorsqu'elle s'avance, selon la formule des poètes et des rescapés, à la vitesse d'un cheval au galop, lorsqu'elle s'abat sur les côtes et sur les villes, elle fait surgir du passé les vieilles terreurs ancestrales.
Aussi vieille que la terre, ou plus vieille, plus largement répandue à la surface de la planète, complice des algues, des nénuphars, du plancton et du sel, fière de ses origines, consciente des services qu'elle a rendus à l'homme dont elle a longtemps abrité et nourri les ancêtres, puisque durant trois milliards et demi d'années tout ce qui vit est sous l'eau, elle considère toute matière autre qu'elle-même avec une sorte de dédain. Comme la lumière, elle est nécessaire à la vie. Supprimez l'eau, c'est le désert, la ruine, la fin de tout, la mort. II n'y a pas d'eau sur la Lune. Aussi peut-on assurer que ses paysages sont lunaires.

Auteur: Ormesson Jean d’

Info: Presque rien sur presque tout

[ littérature ]

 

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