théorie de la connaissance
Quant à la "philosophie de l’action", loin de déprécier ou "d’ébrécher la raison au profit d’un pragmatisme religieux", elle a eu pour constant objet d’intégrer et de hiérarchiser toutes les formes de la vie intellectuelle, de réserver et de délimiter la place et la part de la pensée discursive, d’en montrer à la fois le rôle utile ou nécessaire et les lacunes ou les déficiences normales, de déterminer méthodiquement les ressources ultérieures d’une intelligence qui ne s’enrichit pas seulement per notiones mais encore et surtout per actum, connaturalitatem et unionem, de réagir en même temps contre un rationalisme exclusif et indigent, contre un intuitionnisme prématuré et illusoire, contre un pragmatisme ambigu et sans vérité. Jeter aux "philosophes de l’action" ce nom même (dont au reste ils ne se servent pas) pour leur signifier qu’ils trahissent la pensée et la raison, c’est vraiment trop oublier que la Pensée de la Pensée est aussi l’Acte pur, et que l’intelligence est essentiellement vie et lumière.
Auteur:
Blondel Maurice
Années: 1861 - 1949
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Revue du clergé français, 1919
[
réfutation
]
[
clarification
]
[
intelligence-raison
]
[
résumé
]
théorie de la connaissance
En nous, l’acte d’intellection n’est pas la substance même de l’intellect : aussi le verbe qui procède en nous selon l’opération intellectuelle, n’a pas la même nature que son principe ; et par suite il ne vérifie pas proprement et complètement la notion de génération. Mais l’acte d’intellection divine est la substance même du sujet connaissant on l’a montré plus haut ; aussi le Verbe y procède comme un subsistant de même nature. Et pour cette raison, c’est au sens propre qu’on le dit "engendré" et "Fils". De là vient que l’Écriture, pour désigner la procession de la Sagesse divine, fait appel à des notions propres à la génération des vivants, celles de "conception", d’"enfantement". Ainsi le livre des Proverbes (8, 24) fait dire à la Sagesse divine : "Les abîmes n’existaient pas encore, et j’étais déjà conçue. J’étais enfantée avant les collines." Mais pour notre intellect, nous usons seulement du terme "conception", pour autant que le verbe de notre intellect soutient avec la chose connue un rapport de similitude, et non d’identité de nature.
Auteur:
Saint Thomas d'Aquin
Années: 1225 - 1274
Epoque – Courant religieux: moyen âge
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe et théologien
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Somme théologique, I, q.27, a.2, ad.2
[
naturel-surnaturel
]
[
logos
]
[
Dieu
]
[
christianisme
]
[
terminologie
]
[
distinction
]
théorie de la connaissance
Qu’est-ce donc que la transmission du savoir et comment s’effectue-t-elle ?
Nous dirons, avec Aristote, qu’elle consiste dans la communication d’une forme intelligible à une intelligence, l’intelligence "prenant la forme" de tout ce qu’elle reçoit en elle, ou, en d’autres termes, étant informée par cet intelligible. La communication didactique est réussie lorsque la forme intelligible est reçue. Et elle est reçue lorsqu’elle est saisie intellectivement, c’est-à-dire lorsque son sens s’unit à l’intelligence comme l’acte propre de l’intelligence réceptrice.
Autrement dit, la forme intelligible est reçue – ô paradoxe ! – lorsqu’elle est produite. C’est ce qu’on appelle concevoir : ici la passivité s’unit à l’activité, l’extériorité – la forme vient du dehors – à l’intériorité – elle est engendrée par l’intelligence comprenante qui se comprend elle-même dans l’acte par lequel elle saisit l’intelligible. Prodigieux miracle, noble illumination ! Sous l’effet de l’acte didactique, l’intelligence s’éveille à sa propre fécondité : elle ne perçoit que ce qu’elle conçoit. Il n’y a pas d’acte plus intime et plus profond que celui-là, puisque c’est chaque fois l’intelligence tout entière, jusqu’à son essence la plus intérieure, qui est engagée dans chaque acte de compréhension. Et c’est pourquoi nul ne peut le faire à la place de personne, et aucun signe extérieur ne peut prouver qu’il a bien été accompli. La saisie intellectuelle est donc, par essence, souverainement libre ; elle échappe d’elle-même à toute détermination extérieure ; elle est inaccessible, inaliénable, improductible.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2023, pages 127-128
[
singulière
]
[
grâce
]