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éloge

Les modèles de pouvoirs corrompus, et donc corrupteurs, surtout par l'exemple qu'ils donnent, sont très nombreux. L'inverse, c'est à dire d'élogieux rapports sur des gouvernants exemplaires, avec gratitude en retour, est plus rare. Je pense que c'est parce que c'est considéré comme normal. Par conséquent, on le relève rarement. Sauf aux obsèques bien sûr.

Auteur: Mg

Info: 29 avril 2013

[ funèbre ] [ pouvoir ]

 

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femme-par-homme

Parmi les flammes secrètes et les pointes aiguës d'une bile répandue, qui brûle, qui tranche, qui détruit tout ce qui est sensible dans le corps, son âme conserve une tranquillité si admirable, que vous diriez que tout ce que la maladie ôte à la force de son corps, la Grâce l'ajoute à la force de son âme.

Auteur: Mascaron Jules

Info: Recueil des oraisons funèbres prononcées, Oraison d'Henriette d'Angleterre

[ éloge ] [ fortitude ]

 

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deuil

Au cimetière, Marcel Pagnol dit un dernier adieu à son ami (Raimu). "Tu vas jouer ce soir dans trente salles et des foules vont rire et pleurer. Tu exerces toujours ton art, tu continues à faire ton métier, et je peux mesurer aujourd'hui la reconnaissance que nous devons à la lampe magique, qui rallume les génies éteints, qui refait danser les danseuses mortes et qui rend à notre tendresse le sourire des amis perdus..."

Auteur: Villers Claude

Info: Les Grandes stars du cinéma

[ éloge funèbre ]

 

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éloge

Mario Ramos est mort. Il était somptueusement scrupuleux dans son travail pour les enfants. Il y a à peine huit jours nous parlions tous les deux. De sa difficulté d'être dans la justesse et dans l'honnêteté pour faire ses livres. C'était un souci pour lui. Une préoccupation forte. Je me demandais s'il s'était jamais vu sourire. Ça se voyait qu'il ne pouvait pas être autre que lui-même, le faiseur de miracles de papier et de couleur. Ses livres sont communicatifs. Ça passe de lui aux enfants. Bien sûr en traversant ses mondes, ses douleurs, ses bonheurs. Accostant en fin de contes sur des continents dont il était le seul guide, dans sa main la main de milliers d'enfants. Il avait peur de ne pas être à la hauteur des enfants. C'est la seule fois où on s'est vus. Et là, pour cette peur, c'est mon ami de mon village. Il y en a tant qui se baissent vers les enfants. Lui connaissait ce secret: s'élever jusqu'à eux.

Auteur: Ponti Claude

Info:

[ funèbre ]

 

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écrivain-sur-écrivain

On ne choisit pas ses parents. On choisit au contraire ses compagnons de route. J'étais lié à Italo (Calvino) par un lien à la fois subtil et profond [...]. Nous ne nous sommes jamais parlé longuement ; nous n'en avions pas besoin [...]. Je le ressentais comme un frère, plus comme un frère aîné, bien qu'il ait été mon cadet de quatre ans. Contrairement à moi, il était du métier : il l'avait dans le sang [...]. D'autres choses nous liaient également. Fils d'un homme de science, cas isolé sur la scène de la littérature italienne, il avait faim de science, il la cultivait, il s'en nourrissait en dilettante critique, et ses livres les plus mûrs en étaient nourris. Nature et science étaient pour lui une seule et même chose [...]. Il a mieux réussi que moi, armé comme il l'était d'une culture vaste et variée, et de la fréquentation des plus grands intellectuels de notre temps [...]. Sa disparition si précoce laisse un vide plein d'angoisse [...]

Auteur: Levi Primo

Info: In Anissimov M., Primo Levi ou la tragédie d'un optimiste, op. cit., p. 685.

[ éloge funèbre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

éloge

Son cœur était d'une profondeur insondable, il connaissait depuis longtemps l'humilité, la patience, le sacrifice. Sa petite maison au milieu des roses était d'une simplicité austère ; il connaissait l'inutilité du luxe, la joie de posséder peu. La modestie avec laquelle il portait sa renommée scientifique m'a souvent rappelé les arbres qui se courbent sous le poids des fruits mûrs ; c'est l'arbre stérile qui lève la tête haut dans une vantardise vide.

J'étais à New York lorsque, en 1926, mon cher ami est décédé. En larmes, j'ai pensé : "Oh, je marcherais volontiers jusqu'à Santa Rosa pour l'apercevoir encore une fois". M'enfermant à l'écart des secrétaires et des visiteurs, j'ai passé les vingt-quatre heures suivantes dans l'isolement...

Son nom est désormais entré dans le patrimoine du langage courant. Le Webster's New International Dictionary définit le verbe "burbank" comme un verbe transitif : Croiser ou greffer (une plante). D'où, au sens figuré, l'amélioration (d'un processus ou d'une institution) en sélectionnant les bonnes caractéristiques et en rejetant les mauvaises, ou en ajoutant de bonnes caractéristiques.

Bien-aimé Burbank, me suis-je écrié après avoir lu la définition, ton nom même est maintenant synonyme de bonté !

Auteur: Paramahansa Yogananda

Info: Autobiographie d'un Yogi. (à propos de la mort de son ami, l'éminent botaniste du 20ème siècle, Luther Burbank}

[ funèbre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

reconnaissance

Le savoir et la connaissance ne sauraient faire bon ménage a dit un sage.
Je sais, chère Solrun, qu'il t'était, tout comme à bien d'autres, de plus en plus difficile d'affronter une des douloureuses épreuves de la vie. Cette épreuve-là ne pouvait s'accorder avec ton innocence naturelle et ta foi dans le bien. Solrun, tu n'étais pas forte, dans le sens où tu n'es pas parvenue à résister aux tentations qui, l'espace de quelques instants, donnent l'illusion d'une existence plus supportable. Mais tu étais plus forte que la plupart des gens quand il s'agissait d'atteindre le plus louable des objectifs, celui de faire don de ta personne afin de rendre les autres heureux et de leur insuffler ton énergie. Un jour est venu où tu ne pouvais plus donner, pas parce que tu n'avais plus rien à offrir mais parce que parce que ta générosité était mal interprétée et abusée.
Et, bien que la connaissance des hommes que t'a enseignée la vie ait fini par avoir raison de toi, le lieu dans lequel tu as élu domicile au fond de mon coeur est illuminé par la joie et la gratitude que tu m'aies permis de te connaitre. Tu continueras d'occuper cet espace pour toujours dans mon coeur. Je pourrai revenir puiser force et énergie dans les souvenirs que j'ai avec toi.

Auteur: Thorarinsson Arni

Info: Le temps de la sorcière, p 316

[ éloge ] [ deuil ] [ funèbre ] [ suicide ]

 

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éloge funèbre

Roland Jaccard a mis fin à ses jours hier, lundi 20 septembre. Nombre de ses amis ont reçu un courriel matinal indiquant qu’il était sur le point de partir, qu’il tirait sa révérence. Pour moi, c’était à 8h09. Avec pour objet "Une leçon de dandysme helvétique" et les phrases suivantes dans le corps du texte : "Tu es un des seuls à m’avoir compris! Amitiés vives !"

Roland m’a fait beaucoup d’honneur. Nous n’étions peut-être pas beaucoup à l’avoir compris, mais il y en avait tout de même quelques-uns. À l’avoir compris et à l’avoir aimé. J’ai trainé un vilain pressentiment, toute la matinée, mais j’étais face à des étudiants et je me suis promis de l’appeler dès la pause de midi. Deux coups de téléphone de Gil Mihaely puis d’Elisabeth Lévy m’ont indiqué que c’était devenu inutile.

J’ai été sidéré mais pas surpris. Sidéré parce que, tout de même, la mort d’un ami, d’une de ces amitiés littéraires transformée en affection réciproque avec le temps, c’est une espèce de bloc d’abîme au creux de l’âme et des tripes, un bloc d’abîme que connaissent tous ceux qui apprennent la disparition brutale d’un être cher. 

Mais je n’ai pas été surpris : qui connaissait Roland savait que le suicide était chez lui un thème récurrent, une obsession, une porte de sortie presque rassurante. Le suicide est cette liberté terrible des stoïciens, et il y avait du stoïcien chez Roland au-delà de son hédonisme élégant, résumé ainsi par Marc-Aurèle dans Pensées pour moi-même : "Il y a trop de fumée ici, je m’en vais". Le suicide, Roland connaissait : en leur temps son père et son grand-père avaient eux aussi choisi la nuit. Il écrivait dans "Les Carnets de mon père", un de ses "Billets du vaurien" qu’il donnait chaque semaine à Causeur : "Soyons francs : nous avons aimé vivre une fois, mais nous n’aimerions pas recommencer. C’était aussi l’opinion de mon père." C’est à 80 ans que son père avait tiré sa révérence. Roland a écrit et dit, souvent, qu’il n’avait pas l’intention de le dépasser en âge. Et de fait, il allait avoir 80 ans, le 22 septembre. Quand vous aimez quelqu’un, vous ne l’écoutez pas, ou vous ne voulez pas le croire. C’est oublier que derrière la désinvolture de Roland, derrière son élégante et éternelle dégaine d’adolescent filiforme, il était d’une terrible rigueur. Il n’épargnait personne de ses sarcasmes et surtout pas lui-même. Mais on se rassure comme on peut, quand on aime. Après tout, un de ses maîtres et amis, Cioran, n’avait-il pas dans toute son œuvre parlé du suicide comme seule solution rationnelle à l’horreur du monde sans jamais passer à l’acte ? 

Non, décidément, malheureux comme les pierres mais pas surpris : lundi 13 septembre, après des mois d’absence puisqu’il avait décidé de revenir vivre dans sa ville natale, à Lausanne, depuis le début de la crise sanitaire, il était apparu à une réunion de rédaction suivie d’un pot célébrant le départ d’un des nôtres. Il paraît évident, maintenant, qu’il était venu nous dire au revoir ou plus précisément, car là encore on méconnait trop souvent à quel point celui qui faisait profession de cynisme aimait l’amitié, il avait voulu passer un peu de temps avec nous une dernière fois. De quoi ai-je parlé avec Roland pour ce qui était, sans que je le sache, une ultime rencontre ? Je ne sais pas pourquoi, j’ai du mal à m’en souvenir. Je voudrais vous dire qu’il avait donné des indices implicites, ce ne serait pas vrai. Il avait son flegme habituel, son sourire oriental, son exquise courtoisie d’homme qui a perdu depuis longtemps toute illusion mais qui n’en fait pas un drame, courtoisie héritée de cette civilisation naufragée de la Mitteleuropa à laquelle avait appartenu sa mère autrichienne.

Je voudrais tout de même souligner, maintenant, son importance dans le paysage intellectuel français. Il a écrit des livres essentiels sur la psychanalyse avec laquelle il entretenait des rapports ambigus comme avec tout le reste, notamment L’exil intérieur en 1975. Il y disait d’une autre manière, ce que Debord avait cerné dans La Société du Spectacle : l’impossibilité dans le monde moderne pour les êtres de rencontrer d’autres êtres, et pire encore l’impossibilité pour l’homme de coïncider avec lui-même. Il a été aussi une des plus belles plumes du Monde comme critique des essais et surtout un éditeur hors pair aux PUF où sa collection, "Perspectives critiques", présente un catalogue de rêve. On lui doit la découverte d’André Comte-Sponville mais il a aussi publié Clément Rosset ou Marcel Conche et a assuré, à travers plusieurs autres auteurs, les noces de la philosophie et de la littérature : on y trouve ainsi les inclassables et tellement talentueux Romain Slocombe et Frédéric Pajak.

Après, d’autres le réduiront sans doute à une légende qu’il a malicieusement entretenue dans ses journaux intimes dont le monumental Le Monde d’avant (1983-1988) paru au début de l’année dont nous avons rendu compte dans Causeur. Son amitié, jamais reniée, avec Matzneff malgré les brouilles, son goût pour les jeunes filles qui ressemblaient à son idole, Louise Brooks, ou qui venait de l’Empire du Levant. Sa manière de jauger et de juger les hommes à la manière dont ils jouaient au ping-pong et aux échecs. Une de ses grandes tristesses fut d’ailleurs la fermeture pour rénovation du Lutétia, où on pouvait le trouver tous les dimanches dans les salons où il vous mettait très rapidement échec et mat. 

Au-delà de son refus de la postérité, celle qui consiste à avoir des enfants comme celle qui nous fait survivre à notre propre mort en étant encore lu dans vingt ou trente ans, le nihiliste Roland était un homme étonnamment soucieux de transmettre. Il refusait de l’admettre, il disait que je le taquinais, mais pourtant il suffit d’ouvrir un de ses livres pour avoir envie de lire les auteurs dont il parle : Cioran, bien sûr mais aussi son cher Amiel ou encore Paul Nizon. J’en oublie, forcément.

Je ne sais pas où est Roland désormais. Il se riait de mon communisme comme de mon catholicisme qui revient avec l’âge. Il n’empêche, je suis content d’avoir ses livres dans ma bibliothèque. Je vais le relire. C’est encore la meilleure des prières en même temps que le plus beau des hommages que je peux lui rendre. Le plus consolant aussi, car nous allons être un certain nombre, à Causeur et ailleurs, à avoir besoin d’être consolé.

Auteur: Leroy Jérôme

Info: Causeur, 21 sept 2021

[ eulogie ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 
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