Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 40
Temps de recherche: 0.042s

plénitude

A peine rosée dans les lointains, de part et d'autre de leur champ de vision, la plage disparaissait en un vaste éblouissement. Sur l'Atlantique, bleu délavé, de longs rouleaux déferlaient avec lenteur dans un bruit de torrent. Quelques jangadas tirées haut sur la grève, de rares baigneurs éparpillés, rien ne venait entacher leur impression de se trouver ailleurs, au bout du monde, dans une de ces parenthèses ou l'esprit, miraculeusement amnésique et apaisé, se réconcilie soudain avec lui-même.
- Tu vois, disait Moéma, je pourrais rester comme ça toute ma vie. Vrai, toute ma putain de vie à regarder les vagues, un verre à la main...

Auteur: Blas de Roblès Jean-Marie

Info: Là ou les tigres sont chez eux, Médicis 2008

[ océan ] [ bien-être ] [ littérature ]

 

Commentaires: 0

déprime

L'année amère et froide touche à sa fin. En robe de coton je cherche le soleil sous le porche. Le verger du sud est nu, sans feuilles. Les branches pourrissent en tas dans le jardin du nord. Je bois ma coupe jusqu'à la lie. Et quand je regarde dans la cuisine, aucune fumée ne s'élève de l'âtre ! Livres et poèmes gisent éparpillés à coté de ma chaise. Déjà la lumière meurt, et je n'aurai pas le temps de lire. Ma vie ne ressemble pas à l'agonie de Ch'en, ou Confucius faillit mourir de faim. Mais parfois d'amers reproches me font souffrir. Puis, pour calmer mon désespoir, puissé-je me souvenir que les sages ont jadis souffert de la même mélancolie.

Auteur: Tao Qian Tao Yuanming Yuang ming

Info: cité par Kerouac dans, Vanité de Duluoz

[ vieillesse ]

 

Commentaires: 0

illumination

J’étais seul sous le soleil, seul dans un champ à ciel ouvert, seul avec la mort physique, celle qu’on ne peut méconnaître.
Ce n’était pas juste cette forme immobile au bord de la route, ni le sang séché sur sa fourrure : des choses comme ça, j’en avais déjà vu. C’était autre chose – une réalité nouvelle, qui tenait aux tons bleutés, luisants, inouïs de ces entrailles débraillées, arrachées du plus profond du corps, éparpillées dans une lumière qui ne leur était pas naturelle. Le regard fixe, pétrifié devant ça au grand jour, j’éprouvai, pour la première fois peut-être, une absolue solitude. Et moi qui adorais la solitude à cet âge, je sus que ça, c’était la mort, la solitude la plus radicale.

Auteur: Haines John Meade

Info: Vingt-cinq ans de solitude : Mémoires du Grand Nord

[ cadavre ]

 

Commentaires: 0

femmes-hommes

Devant le site de Jublains, l’après-midi, un car à deux étages (immatriculé en Allemagne) attendait le retour des touristes éparpillés dans l’enceinte romaine. Cette présence attestait de la dignité de l’endroit. Claire en fut ravie ; elle se pencha sur les pièces en bronze et en or (dûment étiquetées et classifiées) avec le sentiment de remplir une mission civilisatrice. Par à-coups, elle jetait un œil sur les touristes allemands, sans doute des retraités qui, comme les enfants, écoutaient la guide développer une façon de cours sur la numismatique. Les femmes approuvaient d’un mouvement de tête, de bas en haut et de haut en bas, les yeux plissés, pleines d’intérêt pour ce qu’on leur apprenait ; les hommes, dans l’ensemble, avaient plutôt l’air de se faire chier.

Auteur: Patrice Jean

Info: l’homme surnuméraire

[ au musée ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

canevas

- C'est un jeune type qui a été engagé pour éliminer la baronne. Une histoire tordue pour toucher un héritage colossal. Le type est entré et il a zigouillé la vieille. En quittant le hall, il n'a pas vu le molosse qui gambadait dans le jardin. Un chien dressé pour l'attaque. Particulièrement violent comme cerbère. Un Amstaff avec le kit complet : dent jaunâtres aiguisées comme des couteaux et bave à gogo. Il a réduit le gaillard en charpie. Sérieusement, je pense qu'il a éparpillé les restes sur deux ou trois ares. Il y avait des morceaux d'intestins à travers tout le jardin.
- C'est répugnant ! bredouille Lise d'un air dégoûté.
- C'est clair que ça change de "Belle et sébastien" ou de "Lassie", lance Edgard avec flegme.

Auteur: Ernotte Frédéric

Info: C'est dans la boîte

[ animal domestique ] [ méchant ] [ humour ]

 

Commentaires: 0

chef d'oeuvre

Dans les temps troublés, les gens retournent presque parfois de la musique élevée et complexe aux simples mélodies (qui en réalité sont bien plus élevés et chargées de sens que la musique élevée), mais ils passent toujours à coté faute d'être suffisamment simples. La simplicité (jamais je ne serais obligé d'expliquer ces choses-là à une machine intelligente, mais il faut toujours mettre les points sur les i même pour une personne intelligente) n'implique pas une pauvreté dans le contenu ou le détail ; elle implique une unicité. C'est la complexité (cette division, cet échec de compréhension) qui est privée de détails de substance. Ramassez les morceaux éparpillés partout de n'importe quelle complexité et réunissez-les (car ils sont incapables de se réunir seuls) ; vous serez surpris de constater leur légèreté.

Auteur: Lafferty Raphaël Aloysius

Info: Autobiographie d'une machine ktistèque

[ harmonie ] [ beauté consensuelle ]

 

Commentaires: 0

mariage

"Vivre dans la République islamique, c'est comme coucher avec un homme qui te dégoûte", ai-je dit à Bijan ce soir-là après le séminaire. Il m'avait trouvée en rentrant assise au salon dans mon fauteuil habituel, le dossier de Nassrin sur les genoux, ceux des autres éparpillés sur la table à côté d'un bol de glace au café en train de fondre. Il s'assit en face de moi et me dit : " Tu ne peux pas laisser cette phrase flotter comme ça dans l'air. Explique-toi clairement.
- Eh bien voilà : si tu es obligé de coucher avec quelqu'un qui te déplaît, tu fais le vide dans ta tête, tu prétends que tu es quelqu'un d'autre, tu veux oublier ton corps, tu le hais. C'est ce que nous faisons ici. Nous prétendons tout le temps être ailleurs, nous en rêvons, nous nous y préparons. Ça fait des heures que je réfléchis à ça. Je n'ai pas arrêté depuis que mes étudiantes sont parties."

Auteur: Nafisi Azar

Info: Lire Lolita à Téhéran

[ forcé ] [ pensée-de-femme ]

 

Commentaires: 0

nature

Plus le soleil s'élevait dans le ciel, plus ses contours devenaient flous. On eût dit qu'il se liquéfiait. Il répandait une lueur d'incendie qui gagnait peu à peu les cieux tout entiers. Telles des gouttes de soleil, tels de minuscules éclats de l'astre, les fleurs s'étaient tournées vers lui. Elles étaient à présent immobiles, comme engourdies, et l'on croyait entendre un soupir en prêtant l'oreille au murmure des montagnes, des forêts et du fleuve. N'était-ce pas le soupir des fleurs qui s'étaient redressées le matin même avec ardeur, s'offrant joyeusement au soleil, et qui attendaient maintenant leur déclin ? N'était-ce pas celui des herbes dont la vie consistait à croître en dépit du bétail, des fraîches nuits de gelée et des orages incessants ? Celui des forêts encore présentes ? Des pierres inertes, apparemment éparpillées au hasard, et pourtant animées en réalité d'une vie exigeante et haute en couleur ? Cette plainte n'émanait-elle pas de tout ce qui vivait ou semblait ne pas vivre, engagé cependant dans une âpre lutte pour l'existence ?

Auteur: Galsan Tschinag

Info: La Fin du chant

[ . ]

 

Commentaires: 0

armes de guerre

...Voici fuser et se balancer sur la zone bombardée un lourd paquet d’ouate verte qui se délaie en tous sens. Cette touche de couleur nettement disparate dans le tableau attire l’attention, et toutes nos faces de prisonniers encagés se tournent vers le hideux éclatement.
— C’est des gaz asphyxiants, probable. Préparons nos sacs à figure.
— Les cochons!
— Ça, c’est vraiment des moyens déloyaux, dit Farfadet.
— Des quoi? dit Barque, goguenard.
— Ben oui, des moyens pas propres, quoi, des gaz...
— Tu m’fais marrer, riposte Barque, avec tes moyens déloyaux et tes moyens loyaux... Quand on a vu des hommes défoncés, sciés en deux, ou séparés du haut en bas, fendus en gerbes, par l’obus ordinaire, des ventres sortis jusqu’au fond et éparpillés comme à la fourche, des crânes rentrés tout entiers dans l’poumon comme à coup de massue, ou, à la place de la tête, un p’tit cou d’où une confiture de groseille de cervelle tombe, tout autour, sur la poitrine et le dos. Quand on l’a vu et qu’on vient dire: "Ça, c’est des moyens propres, parlez-moi d’ça!"

Auteur: Barbusse Henri

Info: Le Feu (journal d'une escouade)

[ absurde ] [ gaz de combat ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

contemplative

Lorsqu'elle ne trouve pas l'amour, elle peut trouver la poésie. Parce qu'elle n'agit pas, elle observe, elle sent, elle enregistre ; une couleur, un sourire éveillent en elle des échos profonds ; son destin est hors d'elle, éparpillé dans les villes déjà construites, sur les visages des hommes déjà marqués par la vie, elle prend contact, elle savoure avec passion et pourtant d'une manière plus détachée, plus libre, que celle d'un jeune homme. Étant mal intégrée dans l'univers de l'humanité et ne pouvant guère s'y adapter, elle est capable, comme l'enfant, de le voir objectivement ; au lieu de s'intéresser uniquement à sa prise sur les choses, elle en cherche la signification ; elle en saisit les contours particuliers, les métamorphoses inattendues. Elle éprouve rarement une créativité audacieuse, et généralement elle manque de technique d'expression personnelle ; mais dans sa conversation, ses lettres, ses essais littéraires, ses croquis, elle manifeste une sensibilité originale. La jeune fille se jette dans les choses avec ardeur, parce qu'elle n'est pas encore privée de sa transcendance ; et le fait qu'elle n'accomplisse rien, qu'elle ne soit rien, ne rendra ses élans que plus passionnés. Vide et illimitée, elle cherche du dedans de son néant à atteindre le Tout.

Auteur: Beauvoir Simone de

Info: Le Deuxième Sexe

[ femmes-par-femme ] [ scrutant ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel