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musique

Le public a rouspété et c'est là qu'a surgi Rachmaninov. Peut-être était-ce la Sonate n°2 pour piano, mais aussi n'importe quel autre concerto ou prélude pour piano. Rapide. Intense. Parfaitement ordonné. Comme le souffle imparable d'un ouragan ou la mer en furie de Lía, ai-je pensé (et peut-être senti), et ensuite, [...] j'ai pensé que cette musique ressemblait pour de bon à un essaim turbulent de colombes, de perruches ou de cacatoès bleus de l'Amazone, un ciel gris plein de cacatoès bleus de l'Amazone volant, dociles et cacabant, avec une logique précise qui, de loin, paraît si chaotique, si téméraire, si pathétiquement fortuite.

Auteur: Halfon Eduardo

Info: La pirouette, p. 42

[ image ]

 

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émerveillement

Peut-être était-ce l'anticipation, ce moment suspendu par le retour à la maison, quand on est dans un taxi avec un étranger sur le point d'être transfiguré en amant, et qu'il y a un intervalle, comme en musique, lorsque l'accord du désir a été joué et les notes de son accomplissement pas encore; quand tout est suspendu dans l'attente alors que la neige tombe sur une ville dont la laideur est provisoirement effacée et que le taxi lui-même semble évoluer à l'intérieur d'un cercle magique de chaleur et de solidarité en rotation. Je pense alors que ce moment est magnifique: la neige, et tout le reste.

Auteur: Hayes Alfred

Info: In Love

[ rencontre ] [ plaisir ] [ femmes-hommes ]

 

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lecture

Choustrik siffla le garçon, comme un chien, il pointa un doigt sur une photo : c'était une nouvelle mode à Moscou, les menus avec des photos. Était-ce pour les gens complètement débiles qui ne savent plus lire, ou bien l'ère de l'homme visuel avait-elle vraiment commencé ? La composante verbale du monde ne cessait de se restreindre, les lions de Babylone, sculptés il y a quatre mille ans, par un ciseau rapide et impeccable, étaient usés par le temps impitoyable. L'écriture était à l'agonie, elle se contractait au niveau du SMS, du ahanement, de l'interjection. Qui de nos jours avait besoin de mots écrits ? Lui seulement et Malia.

Auteur: Stepnova Marina

Info: Leçons d'Italie

[ évolution ]

 

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paternité

C'est lorsque tu apprendras à marcher que je recevrai des démonstrations quotidiennes de l'asymétrie de notre relation. Tu seras sans cesse en train de courir quelque part, et chaque fois que tu te heurteras à un cadre de porte ou que tu t'écorcheras le genou, j'aurai l'impression que la douleur est la mienne. Ce sera comme si je faisais pousser un membre errant, une extension de moi-même dont les nerfs sensoriels signalent bien la douleur, mais dont les nerfs moteurs ne transmettent pas du tout mes ordres. C'est tellement injuste : je vais donner naissance à une poupée vaudou animée de moi-même. Je n'ai pas vu ça dans le contrat quand j'ai signé. Était-ce partie de l'accord ?

Auteur: Chiang Ted

Info: Stories of Your Life and Others

[ inquiétude ] [ maman ] [ enfants soucis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autodafé

On peut supposer que la proscription des "Cent Ecoles", qui se matérialisa par le fameux "brûlement des livres" (213 av. J.C.) fut, entre autres raisons, édictée pour supprimer les oeuvres écrites dans des graphies "corrompues", et empêcher ainsi la conservation d'écritures propres aux anciennes principautés, fondues dans l'empire de Qin. Peut-être était-ce le seul moyen d'imposer la nouvelle norme et de dévaluer toutes les autres formes. Selon D. Bodde : "Si cette hypothèse est exacte, le brûlement des livres -- qui ne réussit pas à plonger dans l'oubli les Classiques antérieurs -- fut pour l'essentiel un succès : un siècle et demi après, les lettrés Han avaient grand mal à déchiffrer les livres en écritures 'anciennes'."

Auteur: Alleton Viviane

Info: L'écriture Chinoise, p. 76

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

massacre

- Il ne faut pleurer sur aucune des choses qui arrivent aujourd’hui. 

- Il ne faut pas pleurer ?

- Non, petite. Pas sur le sang qui est répandu aujourd’hui.

- Il ne faut pas pleurer à cause de l’offense ? Il ne faut pas pleurer de douleur ?

- Si nous pleurons, nous acceptons. Il ne faut pas accepter.

- Les hommes sont tués, et il ne faut pas pleurer ?

- Si nous les pleurons, nous les perdons. Il ne faut pas les perdre.

- Et il ne faut pas pleurer ?

- Bien sûr que non ! Que faisons-nous, si nous pleurons ? Nous rendons inutile tout ce qui a été.

Était-ce cela, pleurer ?

Rendre inutile tout ce qui avait été ? Et quoi encore ? Effacer le sang répandu ? Rendre inutile la douleur même ? Était-ce cela ?

Auteur: Vittorini Elio

Info: Dans "Les hommes et les autres", éd. Gallimard, Paris, 1947, pages 121-122

[ aveu de défaite ] [ résistance ] [ viatique moral ] [ défini ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

menace

Il se reprit, lâcha la poignée et se retourna avec précaution. Ses articulations craquaient, il avait des jambes de plomb. Lentement, il revint sur ses pas jusqu'à la porte de la salle de bains.
Le rideau de douche, qu'il avait repoussé pour examiner la baignoire, était de nouveau tiré. C'étaient les anneaux qui en glissant sur la tringle d'acier avaient provoqué ce bruit métallique qui avait résonné à ses oreilles comme des ossements se tassant dans un caveau. Il regarda le rideau, bouche bée.
Quelque chose se dissimulait derrière, dans la baignoire.
C'était une forme indistincte, aux contours flous, qu'il devinait à travers le plastique. Ça pouvait être n'importe quoi. Peut-être n'était-ce qu'une illusion d'optique, provoquée par un jeu de lumière, ou l'ombre de la pomme de douche. Ou même une femme morte depuis longtemps, étendue dans son bain, une savonnette Lowila dans une de ses mains raidies, attendant la visite de son prochain amant.

Auteur: King Stephen

Info: Shining

[ rencontre ] [ peur ]

 

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souvenirs posthumes

Pour tous ceux dont l’ami est mort
Le plus poignant
C’est de penser comme ils allaient vivants –
A tel ou tel moment –
Leur costume, un dimanche,
Un style de Coiffure –
Une espièglerie connue d’eux seuls
Perdue, dans le Sépulcre –

Quelle chaleur ils montrèrent, tel jour,
On s’y croirait presque –
Tant cela semble proche –
Et maintenant – ils en sont à des Siècles –

Quel plaisir ils prenaient, à vos propos –
On voudrait toucher leur sourire
Et l’on plonge ses doigts dans le gel –
Quand était-ce – Au juste –

On avait invité des Gens à prendre le thé –
Des Connaissances – un petit nombre –
Et bavardé en intime avec cette Chose Grandiose
Qui ne se souvient pas de vous –

Au-delà des Saluts, et des Invitations –
Des Entretiens, et des Serments –
Au-delà de toutes Nos hypothèses –
Voilà – le Vif du Chagrin !

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 17, 509, traduction Claire Malroux

[ deuil ] [ présence mentale ] [ élégie collective ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mourir

La mort ne faisait pas souffrir. C'était la vie, cette atroce sensation d'étouffement : c'était le dernier coup que devait lui porter la vie. Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.

Auteur: London Jack

Info: Martin Eden

[ littérature ] [ disparaître ]

 

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portrait

Edevart, grand et fort, un beau gaillard calme par apathie. De temps en temps il hoche la tête, comme s’il s’était posé une question à laquelle il répondait non, mille pensées lui traversent l’esprit, mais il n’a pas le courage de les démêler. Il porte en lui une lésion interne, il se couche chaque soir et se lève chaque matin sans essayer de la guérir, tant il est devenu mou. Que lui est-il donc arrivé d’extraordinaire ?
Il a reçu un coup, c’est tout ce qu’on peut dire, un autre que lui s’en serait remis. Que diable, était-ce si terrible d’avoir senti s’effondrer les bases de sa vie ? Il pouvait continuer à vivre, comme vivent d’autres qui ont un jour quitté leur pays. Y a-t-il de quoi s’affliger à ce point parce qu’on est sans foyer ?
Oui, mille pensées lui traversent l’esprit et son état d’âme le fait souffrir, mais il est lourd et ignorant, il n’a pas le don de voir clair en soi.

Auteur: Hamsun Knut

Info: Dans "August le marin", trad. Marguerite Gay et Gerd de Mautort, Le livre de poche, 1999, page 1428

[ psychologique ] [ traumatisme ] [ tristesse ] [ vie opératoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson