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lecture

"Si ma vie avait dû s’arrêter à cet instant, je serais mort avec joie", s’exclama Dostoïevski.
Ainsi, ces mots ont fait leur lit dans mon cœur alors que j’avais à peine quinze ans. Ils ont épousé mon âme, ils l’ont entourée de milles attentions. Alors, dans des rendez-vous amoureux et passionnés, j’ai retrouvé Dostoïevski pendant des nuits entières, cachée sous mes draps avec pour seule lumière une lampe de poche. Dans ses romans que j’effeuillais selon l’ordre des pages et le désordre des passages, grâce à ses mots, guidée par son art si particulier de l’ellipse et de la parabole, je vérifiais que la douleur n’est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude. Dostoïevski, à force d’exposer les cœurs désespérés d’éternité, me montrait jusqu’où peut aller l’amour de la vie dans les êtres profonds, nés pour la souffrance ; cet amour-là porte à tous les excès, que l’on appelle ailleurs des crimes selon le droit.

Auteur: Grimaud Hélène

Info: Variations sauvages

[ guide ] [ éloge ]

 

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flemme

De toutes les passions celle qui est la plus inconnue à nous-mêmes, c'est la paresse ; elle est la plus ardente et la plus maligne de toutes, quoique sa violence soit insensible, et que les dommages qu'elle cause soient très cachés ; si nous considérons attentivement son pouvoir, nous verrons qu'elle se rend en toutes rencontres maîtresse de nos sentiments, de nos intérêts et de nos plaisirs ; c'est la rémore qui a la force d'arrêter les plus grands vaisseaux, c'est une bonace plus dangereuse aux plus importantes affaires que les écueils, et que les plus grandes tempêtes ; le repos de la paresse est un charme secret de l'âme qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites et les plus opiniâtres résolutions ; pour donner enfin la véritable idée de cette passion, il faut dire que la paresse est comme une béatitude de l'âme, qui console de toutes ses pertes, et qui lui tient lieu de tous les biens.

Auteur: La Rochefoucauld François de

Info: Maximes, Garnier 1967, MS 54 p.147

[ éloge ]

 

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économie

Quelle théorie pouvons-nous utiliser pour nous sortir rapidement et de manière fiable de la crise imminente ? User de la nouvelle "théorie classique" des fluctuations débutée à Chicago dans les années 1970 - théorie dans laquelle les modèles de "gestion des risques" sont intégrés - est impensable, puisqu'elle est précisément une théorie mise à mal par l'effondrement des prix des actifs. Les pensées de certains se sont tournés vers John Maynard Keynes. Ses vues sur l'incertitude et la spéculation étaient profondes. Pourtant, sa théorie de l'emploi reste problématique et les solutions politiques "keynésiennes" sont discutables au mieux... A la fin de sa vie Keynes a écrit sur les "machins modernistes, ayant mal évolués, vers l'aigre et le stupide". Il a déclaré à son ami Friedrich Hayek qu'il avait l'intention de réexaminer sa théorie dans son prochain livre. Il aurait alors évolué. L'admiration que nous avons tous pour les contributions fabuleuses de Keynes ne doit pas nous empêcher à aller de l'avant.

Auteur: Phelps Edmund

Info: Keynes had no sure cure for slumps in: The Financial Times. Columbia University, November 4, 2008

[ éloge ]

 

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oisiveté

Aujourd'hui, je lis, je dors, j'écoute les concerts à la radio, je flâne dans Paris, je bavarde avec les gens, je vais au cinéma, je fais la sieste, je nourris les chats du quartier et quand je n'ai plus un rond, je me faufile entre les mailles du filet ou je vais bosser. Le minimum vital. Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. Le scandale, ce n'est pas l'exploitation, c'est notre connerie. Ces contraintes qu'on s'impose pour avoir le superflu et l'inutile. Le pire, c'est les pigeons qui triment pour des prunes. Le problème, ce n'est pas les patrons, c'est le fric qui nous rend esclaves. Le jour de la grande bifurcation, celui qui a eu raison, ce n'est pas le couillon qui est descendu de l'arbre pour devenir sapiens, c'est le singe qui a continué à cueillir les fruits en se grattant le ventre. Les hommes n'ont rien compris à l'Évolution. Celui qui travaille est le roi des cons.

Auteur: Guenassia Jean-Michel

Info: Le club des incorrigibles optimistes

[ éloge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

C'est un lettré ultra-raffiné. Il est descendu jusqu'à la racine des auteurs du XVIIe siècle et du XIXe. Il écrit le Michelet comme Michelet et fera du Bossuet tant qu'on voudra. Cependant il peut assister poliment, ainsi qu'un écolier bien sage, à la dispute absurde de deux ignorants sur les mérites réciproques de Bossuet et de Michelet, jouissant même de l'excès de leur sottise. Car il a le sens de la caricature, de la déformation des individus par les tics, les travers et les circonstances. Il y a en lui de la vision de La Bruyère et de celle de Meredith, obscurcie par un brouillard de puérilité qui tient à la persistance inouïe de souvenirs d'enfance. Je le devine hanté par lui-même, parcouru de mille ruisselets venus de son ascendance et de sa prime jeunesse. S'il arrive à se guider, contenir, ordonner au point de vue littéraire, il écrira un beau matin, en marge de la vie, quelque chose d'étonnant. Ce n'est pas l'étoffe qui lui manque.

Auteur: Daudet Léon

Info: Dans "Souvenirs littéraires", à propos de Marcel Proust

[ éloge ] [ style ] [ sensibilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie antique

Prenez garde seulement que le plus grand défaut qu'on reproche à lui [Sénèque] ou à son style tourne au profit de ses lecteurs ; sans doute il est trop recherché, trop sentencieux ; sans doute il vise trop à ne rien dire comme les autres ; mais avec ses tournures originales, avec ses traits inattendus, il pénètre profondément les esprits,
"Et de tout ce qu'il dit laisse un long souvenir."
Je ne connais pas d'auteur (Tacite peut-être excepté) qu'on se rappelle davantage. A ne considérer que le fond des choses, il a des morceaux inestimables ; ses épîtres sont un trésor de morale et de bonne philosophie. Il y a telle de ces épîtres que Bourdaloue ou Massillon auraient pu réciter en chaire avec quelques légers changements : ses questions naturelles sont sans contredit le morceau le plus précieux que l'antiquité nous ait laissé dans ce genre : il a fait un beau traité sur la Providence qui n'avait point encore de nom à Rome du temps de Cicéron.

Auteur: Maistre Joseph de

Info: A propos de Sénèque, dans "Les soirées de Saint Petersbourg", Neuvième entretien, 1836, pages 160-161

[ éloge ] [ critiques ] [ exhaustivité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portrait moral

Si le monde retrouve un jour la tradition de l’humanisme et parvient à vaincre la détérioration de la culture occidentale, à la fois sous sa forme soviétique et sous sa forme capitaliste, il s’apercevra, en effet, que Marx ne fut ni un fanatique ni un opportuniste et qu’il représente l’épanouissement de l’humanité occidentale. Qu’il eut un sens intransigeant de la vérité et ne se laissa jamais leurrer par la surface trompeuse des choses. Qu’il eut un courage et une intégrité intarissables, le souci profond de l’homme et de son avenir. Qu’il fut peu sensible à la vanité et à la soif du pouvoir. Par sa vitalité, il exerça une action stimulante sur tout ce qu’il touchait. Il représente la tradition occidentale dans ce qu’elle a de meilleur : la foi dans la raison et le progrès de l’homme. En réalité, Marx correspond exactement à l’homme tel qu’il l’a conçu : celui qui est intensément et qui possède peu. Celui qui est riche parce qu’il a besoin de son semblable.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La conception de l'homme chez Marx" pages 108-109

[ éloge ] [ incarnation des idées ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture théatrale

Si nous modifions notre façon de comprendre la plus grande pièce de Shakespeare, nous modifions aussi notre conception de Shakespeare. Le mythe romantique du génie littéraire, créant sans effort des chefs-d'oeuvre insondables, ne tient plus devant un Shakespeare dont la grandeur naît du travail autant que du talent. On préfère présenter ici un portrait plus humble de Shakespeare, écrivain qui se connaissait, connaissait son public et savait ce qui marchait. Quand il vit qu'il lui fallait bouleverser le premier état de sa pièce, il le fit sans hésiter. Il n'avait pas écrit Hamlet pour son plaisir. Si tel avait été le cas, il se serait contenté du héros complexe de sa première version. Seul un écrivain extraordinaire, de premier ordre, a pu créer ce premier jet ; et seul un écrivain plus grand encore a été capable de sacrifier des parties de ce premier jet pour mieux montrer "le visage même de l'époque". Shakespeare n'écrivait pas "depuis une autre planète", selon les mots de Coleridge : il écrivait pour le Globe...

Auteur: Shapiro James S.

Info: 1599 : A Year in the Life of William Shakespeare, p. 357

[ dramaturgie ] [ éloge ] [ travail ] [ gagne-pain ] [ ajustement ] [ rewriting ]

 

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écrivain-sur-écrivain

On ne choisit pas ses parents. On choisit au contraire ses compagnons de route. J'étais lié à Italo (Calvino) par un lien à la fois subtil et profond [...]. Nous ne nous sommes jamais parlé longuement ; nous n'en avions pas besoin [...]. Je le ressentais comme un frère, plus comme un frère aîné, bien qu'il ait été mon cadet de quatre ans. Contrairement à moi, il était du métier : il l'avait dans le sang [...]. D'autres choses nous liaient également. Fils d'un homme de science, cas isolé sur la scène de la littérature italienne, il avait faim de science, il la cultivait, il s'en nourrissait en dilettante critique, et ses livres les plus mûrs en étaient nourris. Nature et science étaient pour lui une seule et même chose [...]. Il a mieux réussi que moi, armé comme il l'était d'une culture vaste et variée, et de la fréquentation des plus grands intellectuels de notre temps [...]. Sa disparition si précoce laisse un vide plein d'angoisse [...]

Auteur: Levi Primo

Info: In Anissimov M., Primo Levi ou la tragédie d'un optimiste, op. cit., p. 685.

[ éloge funèbre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poète

Lorsqu'il souriait, il lui semblait que pour amener ce sourire sur ses lèvres, il lui avait fallu au préalable, péniblement, l'extraire du plus profond d'une caverne rocheuse. (...) Alors qu'en lui l'homme désespérait, que son être saignait de mille blessures douloureuses, son art s'élevait comme un danseur richement paré, très haut, et là où Hölderlin sentait qu'il sombrait, sa musique et ses vers enchantaient. Il chantait la destruction et l'anéantissement de sa vie sur l'instrument de la langue qu'il parlait, dans de merveilleuses mélodies dorées. Il demandait justice pour son droit et son bonheur en miettes comme seuls demandent les rois, avec une fierté, une hauteur sans égale dans toute la littérature.

Les mains d'un pouvoir fatal l'arrachèrent au monde et à ses dimensions trop étriqués pour lui, et le jetèrent par-dessus le bord du saisissable, dans la folie, et il sombra comme un géant dans ses abîmes désirables et bienfaisantes, inondés de lumière, riche en feux follets, afin d'y somnoler pour toujours, dans une douce distraction et dans l'opaque.

Auteur: Walser Robert

Info: Hölderlin

[ éloge ] [ contraste ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson