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émancipation

Quand vous serez certain de votre vocation, tenez-vous-y ferme, rompez sans hésitation avec tout ce qui prétend vous en détourner: règles mondaines, conformité aux usages de votre classe, pressions familiales. Brisez déterminément les chaînes des faux devoirs avec quoi la société espère vous entraver et, tel qu’Antoine ceux des Égyptiens à la veille de la bataille d’Actium, incendiez vos vaisseaux.

Car, ne vous y trompez pas, ce sera une bataille, et une rude. Un combat en vue duquel vous devrez bronzer votre cœur; vous forger une âme de guerrier.

La rupture, c’est l’éveil, la tension, le renouvellement. La douleur, certes, mais aussi l’aventure.

Vive l’aventure, mon cher filleul! Vive les passions! Vive l’inconnu! Vive le terrible !

Auteur: Matzneff Gabriel

Info: De la rupture, page 103

[ conseil ] [ parole-d'aîné ] [ libération ] [ absolutisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

audition

A chaque nouvelle voix que j'entendais, j'avais envie d'ouvrir les yeux pour voir à qui elle appartenait. Ce désir était presque irrésistible. Dès qu'on entend quelqu'un parler, on s'en imagine l'apparence. On absorbe en quelques secondes toutes sortes d'informations caractéristiques : le sexe, l'âge approximatif, la classe sociale, le lieu d'origine et jusqu'à la couleur de la peau. Quand on dispose de la vue, on a le réflexe naturel de jeter un coup d'oeil pour comparer cette image mentale avec la réalité. Le plus souvent, elles correspondent assez bien, mais on peut aussi se tromper de façon étonnante : professeurs d'université qui s'expriment comme des chauffeurs de poids lourds, petites filles qui se révèlent être de vieilles femmes, Noirs qui sont, en fait, blancs.

Auteur: Auster Paul

Info: Moon Palace, Actes Sud 1990, p. 168

[ écouter ] [ erreur d'appréciation ] [ adéquation corps parole ]

 

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adieux

Il se redressa et cala son dos avant d'écrire sur une page blanche :

Novembre 1868. Je m'appelle Edward Morgan, j'ai vingt ans. Je voyageais avec un groupe de Crows amicaux quand nous avons été attaqués par des Cheyennes. J'ai été séparé des autres et, en traversant un ruisseau, mon cheval est tombé sur moi, brisant sa jambe et la mienne. J'ai fait de mon mieux. Veuillez prévenir...

Il raya les deux derniers mots. Ils étaient trop brutaux. Il s'était apprêté à écrire : Veuillez prévenir Mlle Victoria Willis qu'Edward Morgan ne pourra pas rentrer pour l'épouser parce qu'il est mort de faim et de froid sous les racines d'un arbre quelque part dans le Territoire du Montana. Non, il pouvait procéder avec plus de douceur.

Auteur: Dorothy Marie Johnson

Info: La Colline des potences

[ au revoir ] [ dernières paroles ]

 

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chaîne du discours

Seulement, admettre l’existence de l’inconscient, c’est dire que, même si sa conscience s’en détourne, la modulation dont je parle, la phrase avec toute sa complexité, n’en continue pas moins. Il n’y a autre sens possible à donner à l’inconscient freudien que ce sens-là. [...]

Puisqu’on cherche les fonctions du moi comme tel, disons que l’une de ses occupations est précisément de ne pas être empoisonné de cette phrase qui continue toujours à circuler, et ne demande qu’à resurgir sous milles formes plus ou moins camouflées et dérangeantes. En d’autres termes, la phrase évangélique ils ont des oreilles pour ne point entendre est à prendre au pied de la lettre. C'est une fonction du moi que nous n'avons pas perpétuellement à entendre cette articulation qui organise nos actions comme des actions parlées.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, pages 181-182

[ défini ] [ parole perpétuelle ] [ filtrage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

Chez mes parents, nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L’appel quotidien de mon père C’est l’heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi Comment il parle l’autre, pour qui il se prend. Ca y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie.
Parler philosophie, c’était parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches. Parler comme ceux-là qui ont la chance de faire des études secondaires et supérieures et, donc d’étudier la philosophie. Les autres enfants, ceux qui dînent, c’est vrai, boivent des bières parfois, regardent la télévision et jouent au football. Mais ceux qui jouent au football, boivent des bières et regardent la télévision ne vont pas au théâtre.

Auteur: Édouard Louis

Info: En finir avec Eddy Bellegueule

[ ségrégatif ] [ sociologie ] [ paroles ] [ discriminatoires ]

 

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grands initiés

Chez S. [saint] Justin, patron chrétien des philosophes, martyr de la foi, apparaît l’idée majeure que, si la raison peut trouver en elle-même les vérités que le Christ révélera, c’est parce que la lumière qui est en elle est une émanation du Verbe divin : chaque intelligence humaine a été "ensemencée" par le Logos éternel. C’est la fameuse théorie du Logos spermatikos, du "Logos qui ensemence" [...]. [...] On rencontre cependant, chez Justin, une idée, celle d’une "révélation" particulière accordée à certains hommes privilégiés. Il ne s’agit donc plus seulement de l’ensemencement par le Verbe de toute intelligence, y compris celle des laboureurs et des artisans, mais d’une sorte de grâce donnée à quelques-uns [...]. [...] Qui sont ces "hommes sacrés" à qui fut "envoyée" à l’origine, la philosophie ? Selon Daniélou – que nous suivons – il ne peut guère s’agir que de sages non hébreux.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 66-67

[ parole ] [ naturel-surnaturel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

résistance politique

Et cette présence du Tout-Autre est une des nécessités les plus fondamentales de notre société, de notre temps, en fonction des totalitarismes multiples, des fermetures des relations humaines, de la glaciation, qui caractérisent ce monde technicien étatisé. Si notre société récupératrice est totalitaire, seule la proclamation d’un Tout Autre radical, et au travers de cette proclamation l’intervention de ce Tout Autre, inassimilable, incommensurable, inutilisable peuvent produire une ouverture, une débâcle de la banquise, un jeu dans les rouages, un espace non comblé. Mais ceci ne peut pas provenir d’une quelconque force interne, intrinsèque au système : elle serait aussitôt réintégrée. Et ceci ne peut s’effectuer qu’au travers d’une parole car seule la parole est libre. Mais une parole vive, non pas la langue de plomb, et la parole ne peut rester vive que si elle est écho, retour, réponse, question, de l’autre Parole, qui est par nature essence et vérité, indépendance et genèse, autoproductrice – autocéphale – autonome.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 174-175

[ Éternel ] [ logos ] [ dieu ] [ liberté ] [ parole pleine-parole vide ]

 

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évolution

- (ET) […] Devrait se poser la question quiconque parmi vous qui contemple un de ces match [de football] lors d’une de vos grandes concentrations sportives. Il peut y avoir des hominoïdes très divers, issus de cinq continents différents, jouer les uns avec – ou contre – les autres. Poser la question, c’est y répondre. Oui, il y a une unité, un sens à toutes ces morphologies distinctes et identiques à la fois, qui partagent ensemble la même flamme alors qu’il ne s’agit que de propulser une mappemonde de peau cousue, dans un rectangle clos par un vulgaire filet de pêche.

- C’est limite asile psychiatrique ton histoire.

- (ET) Pas du tout.

- Et quelle serait donc la finalité à long terme ?

- (ET) La matière crée l'esprit, qui crée la mémoire et par conséquent le temps. Ce temps émergé est créateur de l’âme. L’âme du bas du corps humain n’est pas assez développée.

Auteur: Gaichel Millar

Info: Dans "Pensées d'ailleurs", page 20

[ communion ] [ parole d'outre espace. science-fiction ]

 

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sens dévoyé

Car celui qui use des mots pour toucher autrui se heurte en eux à une société qui tend à imposer son ordre avec son langage. En prétendant m’exprimer ainsi personnellement sur la liberté, je me heurterai constamment à une sourde résistance qui pèsera sur le sens que j’essaye de lui rendre. Il est donc nécessaire, dès le niveau du langage, de commencer par où commence tout acte libre, par la prise de conscience de la détermination. Pour retrouver le sens originel du terme, je dois soumettre à l’exorcisme de la conscience le contenu fallacieux, produit de l’inconscient collectif d’une époque. Acte de liberté, ce combat ne pourra jamais être livré une fois pour toutes.

La crise du langage reflète celle de la société. La puissance qui tend à vider ce terme de liberté de son contenu est celle d’un monde qui tend à la détruire – soit que le plus grand nombre n’éprouve plus dans sa vie ce qu’il veut dire, soit que pour quelques-uns la menace rende la liberté si vraie qu’elle en devient indicible.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, pages 32-33

[ parole creuse ] [ élagage signifiant ] [ sémantique désamorcée ]

 
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agonie

J'avais tout juste quatorze ans, et mon grand-père - pas le politique, l'autre - était en train de mourir. Il y avait un bruit qui venait de sa bouche et qui était différent toute autre chose. Pas même un gémissement parce que ce n'était pas de la douleur, pas comme mot qui pourrait avoir été difficile à énoncer, non. Il n'avait pas perdu la parole, mais, tout simplement, il n'avait rien à dire, rien à communiquer, aucun message réel, personne à qui parler, et n'était intéressé par quiconque, il était simplement seul avec le bruit qu'il émettait, un bruit, un "ahhhh" qui était seulement interrompu quand il devait prendre son souffle. Je l'observerais, hypnotisé, et je n'ai jamais oublié, parce que, bien que j'aie été seulement un enfant, quelque chose me sembla clair : c'était une existence en tant que telle, confrontée comme telle ; et cette confrontation, je l'ai compris, s'appelait ennui. L'ennui de mon grand-père s'exprimait par ce bruit, par ce "ahhhh", parce que sans cet "ahhhh" le temps sans fin l'aurait écrasé, et la seule arme que mon grand-père avait contre le temps était ce "ahhhh" faible qui n'en finissait pas.

Auteur: Kundera Milan

Info: identité, p. 74

[ dernière paroles ]

 

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