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parc humain

Sept millions de personnes ne pouvaient plus circuler librement, vivaient comme des animaux tatoués, comme des packs de lait à puce passive, géolocalisés jusque dans leur cuisine, se faisaient dicter là où était leur place et à quel moment c'était leur place, se faisaient interdire l'entrée d'un cinéma parce qu'ils étaient censés être identifiables, parce que leur compte était à découvert, parce que... […]

Mais, mais, mais...j'entendais les bouches normées : si le système ne nous fait aucun mal, si sa raison d'être ne consiste qu'à gérer les déplacements et à les gérer pour le bien de tous, alors pourquoi blesser au nom de sa douceur ? Question spécieuse. Face à une aliénation des menues doses douces et continues, il n'était de rupture que brutale.

Ou sinon, se résigner, mettre un casque virtuel sur la tête, s'éclater loin du monde, dire : "c'est comme ça, je n'y peux rien, je juge que tout est bien, amen...

Auteur: Damasio Alain

Info: La zone du dehors, 2007

[ dressage ] [ bonnes intentions hypocrites ] [ technologies lénifiantes ] [ infantilisation ] [ domestication ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portraits

Giacometti pensait que la peinture pouvait être un moyen infini de connaître l'homme et la nature. C'est pourquoi il s'était remis au sujet, au visage après sa période surréaliste. André Breton ne lui pardonna jamais ce qu'il estimait être une trahison. Giacometti persista.
(...) Giacometti avait quelque chose de religieux, de profondément sacré dans sa démarche. Cela me touchait extrêmement. "Tout le monde sait ce qu'est une tête", lui avait dit Breton, balayant d'un revers de sa main les dessins de Giacometti. Et Alberto avait répondu avec une humilité émouvante : "Moi, non, je ne sais pas !" Et pourtant ses dessins atteignent à des vérités profondes, il a su tirer de ses modèles la grâce des instants, des climats. Il conjuguait à la fois la rigueur sublime des Anciens et l'émotion vive d'un moment. À la fois le passage et l'éternité. Comment un homme comme André Breton pouvait-il être étranger à une telle intensité ?

Auteur: Vircondelet Alain

Info: Mémoires de Balthus

[ art pictural ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

Europe

Quiconque s'intéresse à l'art occidental a besoin de deux mondes de référence : le monde gréco-latin et la Bible.

L'histoire de la peinture, celle de l' "iconographie", science des représentations par l'image, est faite de personnages, d'histoires, de symboles, longuement repris et remaniés.

Il faut dire que ces mythes, ces histoires, sont riches !

(...) Il en va de même pour la psychanalyse, qui fait un recours massif aux mythes, aux personnages, aux motifs, du complexe d'Œdipe au narcissisme.

Il n'est guère qu'en musique que l'héritage antique n'a pas alimenté la culture moderne, du fait de la révolution qui conduisit de la musique modale à la musique tonale et au développement de la polyphonie (mot grec) vers la fin du Moyen-Age. (...)

Les arts, peinture, sculpture, architecture et littérature, sont profondément irrigués par ces sources, au point qu'on ne sait plus très bien ce qui y est ou non "antique".

Auteur: Rey Alain

Info: De la nécessité du grec et du latin

[ historique ] [ beaux-arts ] [ corpus linguistiques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

guerre

Je veux dire ici quelque chose que l'on ne discutera point ; c'est qu'il faut se défier beaucoup des opinions et des sentiments de l'élite au sujet de la guerre. Pourquoi ? Parce que l'élite trouve trop d'avantages dans cet ordre resserré que la guerre impose. Qu'un banquier, un chef d'industrie, et même un inventeur ambitieux y trouvent occasion de dominer, cela est connu. Mais il faut dire que tous ceux qui exercent un pouvoir retrouvent en cet état violent l'importance et la majesté, idoles presque oubliées aux temps heureux de la paix. Le jeu de la force a des suites effrayantes ; le simple citoyen en fait le compte, et considère comme évident pour tous que la guerre est le plus grand des maux ; d'où il conclut trop vite que tout homme, à toute place, s'efforce contre la guerre, et que, donc, si la guerre vient, c'est qu'on ne pouvait y échapper. Idée funeste, qui frappe de stérilité tous les sentiments pacifiques.

Auteur: Alain

Info: Mars ou la guerre jugée, Les Passions et la Sagesse, Pléiade, nrf 1960 <p.603>

[ manipulation ]

 

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sciences

Qu'un garçon ne fasse voir aucune aptitude pour les mathématiques, cela avertit qu'il faut lui enseigner obstinément et ingénieusement. S'il ne comprend pas ce qui est le plus simple, que comprendra-t-il jamais ? Évidemment, le plus facile est de s'en tenir à ce jugement sommaire, que l'on entend encore trop : " Ce garçon n'est pas intelligent. " Mais ce n'est point permis. Tout au contraire, c'est la faute capitale à l'égard de l'homme, et c'est l'injustice essentielle, de le renvoyer ainsi parmi les bêtes, sans avoir employé tout l'esprit que l'on a, et toute la chaleur d'amitié dont on est capable, à rendre à la vie ces parties gelées. Si l'art d'instruire ne prend pour fin que d'éclairer les génies, il faut en rire, car les génies bondissent au premier appel, et percent la broussaille. Mais ceux qui s'accrochent partout et se trompent sur tout, ceux qui sont sujets à perdre courage et à désespérer de leur esprit, c'est ceux-là qu'il faut aider.

Auteur: Alain

Info: Propos sur l'éducation, p.48, P.U.F 1969

[ théorique ]

 

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musique

Dans son album, Bitter Tears, il (Johnny Cash) choisira de placer plusieurs chansons de Peter La Farge, dont "The ballad of Hira Hayes", qui sera classé N°3 dans les charts country. Qui était Hira Hayes ? Un indien Pima, qui engagé dans les Marines pendant la seconde guerre mondiale, s'était illustré à Iwo Jima. C'est lui qui avec quatre autres marines et un marin, avait hissé le drapeau américain sur l'île conquise au prix de sanglants sacrifices. La photo de cet exploit fit le tour du monde. Nommé caporal, Hira Hayes avait été accueilli comme un héros à son retour aux Etats-Unis. Et puis, (comme ses camarades d'ailleurs) oublié. Et même, estimera t'il, discriminé, chômeur, sans domicile fixe, tombé dans l'alcoolisme, il mourra à l'âge de 32 ans, son corps sera retrouvé dans un fossé. Johnny Cash, servi par La Farge, va mettre toutes ses tripes dans la triste ballade de ce soldat passé à la trappe. La chanson sera largement boycottée par les radios.

Auteur: Sanders Alain Potier

Info: Les couleurs de l'homme en noir. Johnny Cash

[ anecdote ] [ guerre ] [ trajectoire humaine ]

 

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science-fiction

Cette vision, indiscutable pour lui, antérieure même à toute raison, était que la littérature, comme tout art authentique, ne pouvait être que puissance de vie. Donc que le Livre, s'il existait, ne pouvait qu'incarner, avec la plus féroce intensité, la vie - et plus profondément qu'incarner, mot presque statique, la faire fulgurer, siffler, se découdre comme une peau, pour libérer, par éclat - par écart et petit bond, salto, vague haute déferlée, rouleau ou ressac - une coulée de sang pur, d'un rouge d'encre longue, que rien ne pouvait faire sécher, ni vent ni temps, ni le soleil au zénith. Rien, puisque le rythme capturé-relancé à chaque lecture, à chaque attaque de glotte placée au premier mot du premier vers, redéfroissait la totalité de la surface physique du son, lâchait au souffle toute la violence articulatoire des phonèmes briquetés et découplait, sur la page, la masse d'abord compacte des lettres aboutées, pour lui déplier à mesure, comme on offre à un enfant une plage, l'espace où s'architecture l'épars.

Auteur: Damasio Alain

Info: El Levir

[ écriture ] [ charnelle ] [ interprétée ]

 

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volonté

Ainsi d'un homme qui cède à la peur, je ne dirai jamais qu'il a choisi de céder à la peur. Car il n'est pas difficile de céder à la peur ; il est inutile de le vouloir ; la peur tire continuellement ; il n'y a qu'à la laisser faire. Comme pour dormir le matin, il suffit de s'abandonner. Le paresseux ne choisit point la paresse ; la paresse se passe très bien d'être choisie. La gourmandise de même, et la luxure, et tous les péchés ; cela va tout seul. L'automobile, au tournant, ira dans le ravin ; elle ira toute seule dans le ravin. Dès que l'homme ne se dirige plus, les forces extérieures le reprennent. Et si j'écris n'importe quoi, ce sera une sottise. Le bavard qui se lance, ou qui seulement s'endort, ira de sottise en sottise. Ce que les anciens, hommes de jeux et de sports, avaient très bien vu, disant que la force gouvernante ou est directement bonne et que nul n'est méchant volontairement.

Auteur: Alain

Info: Propos I

 

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rigoler

Le rire est directement contraire à cette forcenée attention à soi, qui est le fond du sérieux. Le rire secoue tout le corps comme un vêtement, laissant chaque partie s'ébattre à sa guise. Par essence le rire est un abandon de gouvernement, et le premier remède contre cet absurde gouvernement qui noue et paralyse. Le rire rétablit les échanges en déliant ; il aère, nettoie et repose. Quoi de mieux ? Mais le rire a ceci de mauvais qu'il attaque le sérieux en son centre et menace de le détrôner. Et c'est un scandale, pour celui qui s'est fait de belles raisons d'être triste, que toutes ces raisons se perdent soudain par cette négation de toute attitude qu'est le rire. "Ne prétendez point" se ramène à ceci : "ne tendez point". Mais on veut prétendre. Ainsi le rire est comme une violence, et une tentative de vous faire sauter comme un nourrisson. Il faut toutes les précautions de l'art comique pour que le rire soit vainqueur. Mais aussi ce triomphe est beau.

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, Gallimard 1960p.173>

[ décoincer ] [ désinhiber ]

 

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libre arbitre

Ainsi d'un homme qui cède à la peur, je ne dirai jamais qu'il a choisi de céder à la peur. Car il n'est pas difficile de céder à la peur ; il est inutile de le vouloir ; la peur tire continuellement ; il n'y a qu'à la laisser faire. Comme pour dormir le matin, il suffit de s'abandonner. Le paresseux ne choisit point la paresse ; la paresse se passe très bien d'être choisie. La gourmandise de même, et la luxure, et tous les péchés ; cela va tout seul. L'automobile, au tournant, ira dans le ravin ; elle ira toute seule dans le ravin. Dès que l'homme ne se dirige plus, les forces extérieures le reprennent. Et si j'écris n'importe quoi, ce sera une sottise. Le bavard qui se lance, ou qui seulement s'endort, ira de sottise en sottise. Ce que les anciens, hommes de jeux et de sports, avaient très bien vu, disant que la force gouvernante ou le vouloir est directement bonne et que nul n'est méchant volontairement.

Auteur: Alain

Info: Propos I, la Pléiade, Gallimard 1956 <30 mai 1922 p.410>

 

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