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paliers

Vivre devrait ressembler selon moi à un acte de transcendance, à une progression étape par étape. Il faut traverser les espaces les uns après les autres en les laissant chacun derrière soi comme le musicien qui écrit, joue, achève puis abandonne les uns après les autres les thèmes et les tempi, sans jamais de lassitude, de repos, toujours vif, pleinement présent. J'ai découvert l'existence de ces étapes, de ces espaces en analysant l'expérience de l'éveil à la nouveauté. J'ai noté par exemple que les instants qui marquent la conclusion d'une période de notre vie ont une tonalité un peu terne, semblent porter en eux le désir de la fin qui incitent à passer à autre chose, à s'éveiller, à prendre un nouveau départ.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Eloge de la vieillesse

[ cénesthésie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

intensité

Il y avait bien longtemps, depuis l'âge de douze ans, que Klingsor avait affaire au problème des dix existences. Enfant, il jouait avec des camarades, aux gendarmes et aux voleurs ; chaque voleur disposait de dix vies ; il en perdait une chaque fois qu'il se faisait attraper ou qu'il était atteint par un javelot. Quand il ne restait que six ou trois vies, ou même une seule, on pouvait encore se tirer d'affaire et se libérer, mais avec la dixième, on risquait de tout perdre. Lui, Klingsor, avait mis son point d'honneur à foncer à travers tous les périls en conservant ses dix existences et il s'était qualifié de lâche lorsque, arrivé au but, il ne lui restait plus que neuf ou sept vies.

Auteur: Hesse Hermann

Info: In "Le dernier été de Klingsor", éd. Calmann-Lévy, p. 236 - trad. Edmond Beaujon

[ audace ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

réverbérations

J’ai soudain réalisé que dans le langage, ou en tout cas dans l’esprit du ‘Jeu des perles de verre’, tout élément était significatif du tout, chaque symbole ou combinaison de symboles ne menait pas à des exemples, expérimentations et preuves uniques, mais au centre, au mystère et au plus profond du cœur du monde, à la connaissance originelle.
Je réalisai à en ce moment éclatant que chaque transition de majeur à mineur dans une sonate, chaque transformation d’un mythe ou d’un culte religieux, chaque formulation classique ou artistique, quand elle est perçue par un esprit véritablement méditatif, n’était rien d’autre qu’une voie directe vers le cœur du mystère cosmique où, dans l’alternance entre inhalation et expiration, entre ciel et terre, entre Yin et Yang, la sacralité est créée à jamais.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le jeu des perles de verre

[ échos ] [ tao ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

action

L'enjeu de l'éveil, c'était, semblait-il, non la vérité et la connaissance, mais la réalité, le fait de la vivre et de l'affronter. L'éveil ne vous faisait pas pénétrer près du noyau des choses, plus près de la vérité. Ce qu'on saisissait, ce qu'on accomplissait ou qu'on subissait dans cette opération, ce n'était que la prise de position du moi vis-à-vis de l'état momentané de ces choses. On ne découvrait pas des lois, mais des décisions, on ne pénétrait pas dans le coeur du monde, mais dans le coeur de sa propre personne. C'était aussi pour cela que ce qu'on connaissait alors était si peu communicable, si singulièrement rebelle à la parole et à la formulation. Il semblait qu'exprimer ces régions de la vie ne fît pas partie des objectifs de langage.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le jeu des perles de verre, Calmann-Lévy

 

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physionomie

[…] et Kamala avait approché son visage du sien. Il avait alors lu, avec une impressionnante clarté, sous ses yeux et aux deux coins de sa bouche, cette écriture fatidique faite de lignes très fines et de légères brisures, qui le fit songer à l’automne et à la vieillesse, comme lorsque lui-même, Siddhartha, qui atteignait la quarantaine, avait découvert ses cheveux blancs dans sa chevelure noire. Kamala portait sur son visage des traces de lassitude, de cette lassitude qu’on éprouve à marcher vers un but éloigné et sans joie, lassitude et commencement de flétrissure, angoisse encore dissimulée, qu’on n’ose s’avouer, dont on ne se rend peut-être pas encore compte soi-même et qui s’appelle la peur de vieillir, la peur de cet automne de la vie, la peur de devoir mourir un jour.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Siddhartha

[ fatiguée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

adolescence

Je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations ; une rage contre cette existence en demi-teinte, plate, uniforme et stérile ; une envie furieuse de détruire quelque chose, un grand magasin, par exemple, une cathédrale, ou moi-même ; une envie de commettre des actes absurdes et téméraires, d'arracher leur perruque à quelques idoles vénérées, de munir deux ou trois écoliers rebelles du billet tellement désiré qui leur permettrait de partir pour Hambourg, de séduire une petite jeune fille ou de tordre le cou à quelques représentants de l'ordre bourgeois. Car rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer généreusement le médiocre, le normal, le passable.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le Loup des steppes

[ exister ] [ pulsion ] [ révolte ]

 

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individuation

La vraie mission de chaque homme était celle-ci: parvenir à soi-même. Qu'il finisse poète ou fou, prophète ou malfaiteur, ce n'était pas son affaire; oui, c'était en fin de compte dérisoire; l'important, c'était de trouver sa propre destinée, non une destinée quelconque, et de la vivre entièrement. Tout le reste était demi-mesure, échappatoire, fuit dans le prototype de la masse et peur de son propre moi. L'idée nouvelle, terrible et sacrée, se présenta à mon esprit, tant de fois pressentie, peut-être souvent exprimée déjà, mais vécue seulement en ce moment même. J'étais un essai de la nature, un essai dans l'incertain, qui, peut-être, aboutirait à quelque chose de nouveau, peut-être à rien; laisser se réaliser cet essai du sein de l'Inconscient, sentir en moi sa volonté, la faire entièrement mienne, c'est là ma seule, mon unique mission.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Demian

[ existence ] [ singularité ] [ floraison ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Chaque livre que nous lisons dérègle notre boussole intérieure, chaque esprit étranger nus montre de combien de points de vue divers on peut considérer le monde. Et puis, lentement, les oscillations s'atténuent, l'aiguille revient à sa position accoutumée, correspondant pour chacun de nous à sa personnalité. C'est ce que j'ai éprouvé dans une pause entre deux périodes de lectures. On peut certes beaucoup lire -- et un ami des livres qui vit en solitaire consomme les ouvrages et les opinions comme quelqu'un qui vit en société consomme les êtres humains -- on s'étonne souvent de la quantité que l'on peut en supporter. Mais le moment vient où il faut rejeter tout cela, aller courir un moment par la forêt, respirer le temps qu'il fait, les fleurs, les brouillards et les vents et se retrouver à ce point tranquille d'où le monde redevient unité.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Critiques posthumes

[ corps-esprit ] [ équilibre ]

 

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limitation

L'être humain ne dispose pas d'une grande capacité de penser ; même le plus intellectuel et le plus cultivé des hommes voit le monde et sa propre personne à travers un prisme de formules très naïves, simplificatrices, qui travestissent la réalité.  Car c'est, à ce qu'il paraît, un besoin inné et obligatoire de tous les êtres de se représenter leur moi comme une unité. Aussi fréquemment, aussi profondément que soit ébranlée cette illusion, elle se reforme et se consolide toujours immédiatement...

Réfléchir une heure ; rentrer en soi-même pendant un moment et se demander quelle part on prend personnellement au règne du désordre et de la méchanceté dans le monde, quel est le poids de notre responsabilité ; cela, vois-tu, personne n'en a envie ! Voilà pourquoi tout continuera comme avant ; voilà pourquoi jour après jour, des milliers et des milliers d'hommes préparent avec zèle la prochaine guerre…

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le loup des steppes

[ intelligence ] [ introspection difficile ]

 

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espèce transitoire

Nous, les porteurs du signe, pouvions à bon droit passer aux yeux du monde pour étranges, insensés et dangereux. Nous étions des hommes éveillés ou en train de s'éveiller et nous aspirions à le devenir toujours plus complètement, tandis que les efforts des autres, leur recherche du bonheur, consistaient uniquement à adapter leurs opinions, leurs idéaux, leurs devoirs, leur vie et leur bonheur à ceux du troupeau. Chez eux, aussi, il y avait effort, force et grandeur. Mais alors que, selon notre conception, nous, les porteurs du signe, nous incarnions la volonté de la nature dirigée vers l'avenir, le nouveau, l'individuel, eux, s'étaient fixé comme but le maintien du passé. Pour eux, l'humanité - qu'ils aimaient comme nous l'aimions - représentait quelque chose d'achevé qui devait être conservé et protégé. Selon nous, l'humanité représentait un avenir lointain vers lequel nous étions " En Marche ", dont l'image n'était connue de personne et les lois écrites nulle part.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Demian, p 194

[ utopie ] [ progressisme éclairé ] [ quête ] [ ouverture ] [ cladogénèse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel