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anecdote

En 1536 tandis que l'armée de François Ier ravageait le midi de la France pour couper les vivres à Charles-Quint, la famine et l'épidémie désolaient les soldats.
Un jeune empirique provençal arriva au camp, se prétendant possesseur d'un merveilleux secret pour guérir toutes les maladies. On le crut, il empocha joyeusement force pistoles, et fit avec ses onguents un effroyable massacre de tous les malheureux qui se confièrent à lui, si bien que, averti par la clameur universelle, le connétable de Montmorency ordonna de le pendre, sans autre forme de procès. Comme on le menait à la potence, il fut rencontré par le dauphin Henri, à qui il demanda merci, avec accompagnement de grimaces et de lazzi qui disposèrent favorablement le prince. Celui-ci lui accorda sa grâce, et le charlatan, troquant sa robe de docteur contre celle de fou de cour, qui lui allait beaucoup mieux, devint le célèbre Brusquet.

Auteur: Fournel François-Victor

Info:

[ fou du roi ]

 

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femmes-hommes

Quand un garçon naît au Pakistan, c'est l'occasion de grandes réjouissances. On tire des coups de feu en l'air. On dépose des cadeaux dans le berceau du bébé. Et on inscrit le prénom du garçon dans l'arbre généalogique de la famille. Mais quand c'est une fille, personne ne vient rendre visite aux parents, et les femmes éprouvent simplement de la sympathie pour la mère.
Mon père n'accordait aucune attention à ces coutumes. J'ai vu mon prénom - écrit à l'encre bleue brillante - juste là, au milieu des prénoms masculins de notre arbre généalogique. Le premier prénom féminin en trois cents ans !
Toute mon enfance, il m'a chanté une chanson sur ma fameuse homonyme pachtoune : " O Malalai de Mainwand fredonnait-il, lève-toi encore pour faire comprendre le chant de l'honneur aux Pachtounes, Tes paroles poétiques font se retourner les mondes, Je t'en prie, lève-toi encore une fois."

Auteur: Yousafzai Malala

Info: Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans

[ Islam ] [ papa ] [ gratitude ]

 

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déclic

Ignacio Abel s'obstine à pratiquer une lucidité rétrospective plus inutile encore pour le soulager de ses remords que pour corriger le passé. Il aurait voulu savoir à quel moment le désastre était devenu inévitable, quand ce qui est monstrueux avait commencé à paraître normal, était graduellement devenu aussi insignifiant que les actes les plus banals de la vie ; quand les mots qui encourageaient le crime, à qui personne n'accordait de crédit parce qu'ils se répétaient avec monotonie et n'étaient rien de plus que des mots, s'étaient transformés en crimes ; quand les crimes étaient devenus habituels au point de faire désormais partie de la vie publique normale. Aujourd'hui l'armée est le point d'appui et la colonne vertébrale de la patrie. Quand la guerre civile éclatera, nous n'accepterons pas d'être éliminés comme des lâches en tendant le cou à l'ennemi. Il existe un instant précis, unique, un point au-delà duquel le retour est impossible.


Auteur: Muñoz Molina Antonio

Info: Dans la grande nuit des temps, p 263

[ point de bascule ] [ amorce ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

littérature

Au lieu de se parler.
Au lieu de cela elle regarda, pour la première fois, la couleur exacte de ses yeux. Bleus. Pas le ciel. Pas la mer. Pas les chansons ou les poèmes. Un bleu lointain. Rendu lointain par sa clarté et la finesse des cils trop droits, un bleu rentré, un bleu de presque rien, un bleu qui allait mal avec l'arrogance du cigare, la force supposée d'un homme qui fume le cigare, l'assurance joyeuse d'un homme qui essuie la pluie avec sa manche, un bleu qui s'accordait à sa façon de marcher, sa façon de boiter, sa façon de le cacher, un bleu de maladresses, un bleu trop clair presque inavouable, un bleu qui ne voulait pas, ne pouvait pas être comme les autres bleus - un signe de bonne santé, de beauté facile, elle regarda la couleur exacte le bleu exact, comment s'appellerait-il sur une palette, à la surface de l'eau, à l'encre d'un stylo, ce bleu, comment ferait-on pour le nommer ?

Auteur: Olmi Véronique

Info: La pluie ne change rien au désir

[ regard ] [ visage ]

 

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progressisme éclairé

La tradition représente la façon dont notre culture se constitue. Comme je l'explique dans les pages qui suivent, nous sommes issus d'une tradition de "culture libre" - non pas "libre" comme dans "free beer" (pour emprunter une phrase du fondateur du mouvement des logiciels libres), mais "libre" comme dans "liberté d'expression", "marchés libres", "libre-échange", "libre entreprise", "libre arbitre" et "élections libres". Une culture libre soutient et protège les créateurs et les innovateurs. Elle le fait directement en accordant des droits de propriété intellectuelle. Mais elle le fait indirectement en garantissant la portée de ces droits, afin que les créateurs et innovateurs qui suivent puissent demeurer pareillement libres du contrôle du passé. Une culture libre n'est pas une culture sans propriété, tout comme un marché libre n'est pas un marché où on peut faire n'importe quoi. L'opposé d'une culture libre est une "culture de ce qui est permis" au sein de laquelle les créateurs ne peuvent créer qu'avec l'autorisation  des puissants ou autres créateurs du passé. 

Auteur: Lessig Lawrence

Info: Free Culture: The Nature and Future of Creativity The Nature and Future of Creativity

[ législation culturelle ] [ droits d'auteurs ] [ propriété intellectuelle ] [ conservatisme carcan ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

foyer

Oui, c'était bien là ma mère. Tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, comme si je ne rentrais pas tout juste de la guerre, comme si le monde n'était pas en ruine, la monarchie détruite, comme si notre vieille patrie continuait d'exister avec ses lois multiples incompréhensibles, mais immuables, ses us et coutumes, ses tendances, ses habitudes, ses vertus et ses vices. Dans la maison maternelle, on se levait à sept heures même après quatre nuits blanches. J'étais arrivé aux environs de minuit, la pendule de la cheminée, avec son visage de jeune fille las et délicat, frappa trois coups. Trois heures de tendre épanchements suffisaient à ma mère. Lui suffisaient-elles ? En tout cas, elle ne s'accorda pas un quart d'heure de plus. Elle avait raison. Je m'endormis bientôt, dans la pensée consolante de me trouver chez nous. Au milieu d'une patrie détruite, je m'endormais dans une forteresse inexpugnable. De sa vieille canne noire, ma veille maman écartait de moi tout ce qui aurait pu me troubler.

Auteur: Roth Joseph

Info: La crypte des Capucins

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

psychotique

Si possible, je vois trois fois la mère d’un schizophrène avant de rencontrer le patient lui-même. Pendant la première consultation, j’écoute. Dans presque tous les cas, les mères parlent de leurs enfants, et surtout de l’enfant malade. Pendant la deuxième consultation, j’essaie d’élaborer la relation de la mère à ses propres parents. Je n’ai pratiquement jamais vu de mère de schizophrène qui n’ait pas été attachée profondément à ses propres parents. Lewis B. Hill disait en 1957, lors d’une présentation de malade que je faisais à Shephard-Pratt-Hospital, que la schizophrénie apparaît dans la troisième génération de mères obsédées. [...] Pendant la troisième consultation, j’essaie de saisir la constellation spécifique qui s’est produite au moment de la conception de l’enfant. Il s’agit d’élaborer quel rôle les parents accordaient à cet enfant à venir, et quelle place ils lui réservaient dans la famille. Très souvent, on reste dans le vide car de telles mères sont tout à fait incapables de reconnaître leur enfant comme un être séparé d’elles-mêmes ; ainsi de telles mères répondent-elles à côté.

Auteur: Pankow Gisela

Info: "Structure familiale et psychose", éditions Flammarion, 2004, page 98

[ entretiens préliminaires ] [ explication ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

emprise

Les enfants ont besoin d'amour et de tendresse. Ils en ont physiquement besoin. Il y a malheureusement des adultes qui vont interpréter (perversement) ce besoin de tendresse comme une demande sexuelle. Le langage de la tendresse, celui de l'enfant, est reçu par ces adultes là comme un langage érotique, parce que pour l'adulte, l'amour est "Eros", et même amour génital. Pour l'enfant en revanche, même si ses pulsions le travaillent intensément, produisant des effets de grâce dans ses gestes, une irradiation séductrice du regard, de mystérieuses anticipations charnelles de l'amoureuse ou de l'amoureux qu'il sera plus tard, c'est précisément à l'abri de l'amour tendre qu'il sollicite...

Cette confusion (qui évoque le charmeur) aboutit à des situations où, incapable de protester, l'enfant va se laisser abuser par l'adulte. Et, pour conserver la part de tendresse qui vient de l'adulte, il va endosser la culpabilité de l'adulte abuseur et s'identifier à ce qu'il veut en accordant ses désirs aux désirs de son agresseur, voire en les devançant avec un zèle docile qui passera à tort pour du consentement.

 

Auteur: Ferenczi Sándor

Info: correspondance avec Freud, citée par Sarah Chiche dans l'histoire érotique de la psychanalyse

[ inceste ] [ imposture ] [ pédophilie ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

comparaison

Plusieurs clés s'offrent à nous pour déchiffrer le destin de Raspoutine, et tout d'abord la "clé religieuse". Le Sibérien revenait souvent sur un moment très précis de la christianisation de la Russie, en 988. En ce temps-là, Vladimir, le plus grand prince de la Russie éternelle, avait fait venir auprès de lui des représentants des principaux cultes, afin de choisir sa religion. Connu pour son épicurisme, il avait été tenté par le paradis de Mahomet, mais rebuté par l'interdiction de s'enivrer, qui ne s'accordait pas avec la tradition russe ! Intéressé par le judaïsme, il refusa la circoncision. Quant aux catholiques, leur soumission à Rome l'irritait au plus haut point. En revanche, la religion orthodoxe qui lui présenta un moine gréco-bulgare le séduisit pour la "beauté de ses rites". Ses messagers envoyés à Constantinople lui décrivirent ainsi leur éblouissement : "Nous ne savions pas si nous nous trouvions au paradis ou sur terre. Car sur terre, nous n'avions jamais rencontré une telle splendeur !"
De plus, l'orthodoxie était une foi tolérante qui n'interdisait ni de boire, ni de manger, ni d'aimer, ni de guerroyer, ni de conquérir de nouvelles terres.

Auteur: Fédorovski Vladimir

Info: Le roman de Raspoutine, La cité : les vieux-croyants, p 179

[ religions ]

 

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cadavre

Pendant ses heures de service, lorsqu'il se lassait de contempler le café de loin, Abdullah tournait ses regards vers les lances des deux sentinelles qui montaient la garde jour et nuit devant la niche. Mais c'était un spectacle fort monotone, et il n'y accordait d'attention qu'aux moments où la place était déserte. En revanche, lorsque celle-ci se remplissait de monde, il trouvait intéressant de suivre des yeux le mouvement des prunelles des badauds ou des touristes confrontés pour la première fois avec la tête. Il savait bien que la vision d'une tête tranchée n'était pas un spectacle habituel pour personne, et pourtant, lui semblait-il, la terreur et l'émoi qui se lisaient sur les visages des spectateurs dépassaient les limites de l'imaginable. Il avait le sentiment que ce qui les impressionnait le plus, c'étaient les yeux et cela non pas tant parce que c'était des yeux de mort, mais parce que comme tout le monde, ils avaient l'habitude de ne voir les yeux d'un homme que comme une partie de son corps. Et c'était peut-être précisément cette absence de corps, se disait Abdullah, qui faisait paraître les yeux de la tête tranchée plus grands et plus importants qu'ils ne l'étaient en réalité.

Auteur: Kadaré Ismaïl

Info: La niche de la honte

[ physionomie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel