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camp de concentration

Qu'on offre à quelques individus réduits en esclavage une position privilégiée, certains avantages et de bonnes chances de survie, en exigeant d'eux en contrepartie qu'ils trahissent la solidarité naturelle qui les lie à leurs camarades : il se trouvera toujours quelqu'un Pour accepter. Cet individu échappera à la loi commune et deviendra intouchable? Il sera donc d'autant plus haïssable et haï que son pouvoir gagnera en importance. Qu'on lui confie le commandement d'une poignée de malheureux, avec droit de vie et de mort sur eux, et aussitôt il se montrera cruel et tyrannique, parce qu'il comprendra que s'il ne l'était pas assez, on n'aurait pas de mal à trouver quelqu'un pour le remplacer. Il arrivera en outre que, ne pouvant assouvir contre les oppresseurs la haine qu'il a accumulée, il s'en libérera de façon irrationnelle sur les opprimés, et ne s'estimera satisfait que lorsqu'il aura fait payer à ses subordonnés l'affront infligé par ses supérieurs.

Auteur: Levi Primo

Info: Si c'est un homme

[ pouvoir ] [ manipulation ] [ mécanisme hiérarchique ]

 

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instant de la mort

Chez le vivant, le sens rétroactif favorise l’émergence de facultés physio-psychiques supérieures, libératrices, payées au prix du sacrifice de fonctions inférieures. Chez le mort, le sens récapitulatif facilite l’émergence de phénomènes improbables, néguentropiques ou - mieux - syntropiques, qualifiés de prodiges ou de miracles, comme dans les procès de canonisation. C’est au moment de la syncope mortelle, point d’équilibre fragile entre la biostase réversible et la thanatose irréversible, que se récapitulent dans le microcosme non seulement la totalité de l’information cosmobio-anthropogénétique inconsciente mais encore toute celle qui s’est accumulée dans la mémoire personnelle depuis son embryomorphose. Le maximum d’entropie coïncide alors avec le maximum d’intégration de l’information. […] Si des phénomènes d’improbabilité syntropique* peuvent surgir du sein de la probabilité entropique, l’hypothèse de Helmholtz suivant laquelle "les phénomènes de la vie pourraient bien échapper, en partie du moins, au second principe de la thermodynamique" deviendrait consistante. Dès lors, la voie de l’improbabilité pourrait se faire jour vers l’infini.

Auteur: Lobrichon Guy

Info: Dictionnaire de l'extraordinaire chrétien. *contraire de l'entropie, qui se complexifie

[ pic existentiel ] [ vie après la mort ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

limitation

Afin que la survie biologique soit possible, l'esprit libre doit être canalisé par la valve réductrice du cerveau et du système nerveux. Ce qui en ressort à l'autre extrémité est un minuscule filet du type de conscience qui nous aidera à rester en vie à la surface de cette planète particulière. Pour formuler et exprimer le contenu de cette conscience réduite, l'homme a inventé et élaboré à l'infini des systèmes de symboles et des philosophies implicites que nous appelons les langues. Chaque individu est à la fois bénéficiaire et victime du système linguistique dans lequel il est né - bénéficiaire dans la mesure où la langue lui donne accès aux archives accumulées via l'expérience des autres, victime dans la mesure où elle le conforte dans la croyance que cette conscience réduite est la seule conscience et, d'une certaine manière, elle altère son sens de la réalité, de sorte qu'il n'est que trop apte à prendre ses concepts pour des données, ses mots pour des choses réelles. 

Auteur: Huxley Aldous

Info: The Doors of Perception & Heaven and Hell

[ linguistique ] [ raison restrictive ] [ pensée délimitée ] [ symboles ] [ sémiotique ] [ sémantique ] [ illusion ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

enracinement

Ecoutez les bruits qui nous sont familiers et qui montent du village voisin, martelage de la forge, piétinement du troupeau, raclement de la chaîne sur la mangeoire, mélopées de l’école, causeries du foyer, son de la cloche, et je ne fais pas fi du tintement des verres au cabaret, ou, dans le midi, du choc des quilles renversées par la boule sur la promenade. Tous ces bruits, d’inégale importance, montent, se réunissent, se confondent. C’est la rumeur du village français animant les mirabelliers de Lorraine, les pommiers de Normandie, les oliviers de Provence. Et qui de nous ne l’aimerait ! Tout y est vrai, crée par le temps, chargé de sens. C’est l’harmonie, la somme des expériences accumulées par les générations. L’individu y trouve sa nourriture complète. Toutes les parties de l’âme y sont cultivées, menées quasi au point de la perfection, juste assez loin de la barbarie, sans aller à ces raffinements qui ne tardent pas à débiliter une race. […] Mais certains veulent détruire l’église.

Auteur: Barrès Maurice

Info: La grande pitié des églises de France, pp.109-110

[ religion ] [ simplicité ] [ décor sonore ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réincarnation

Le Cent-Têtes est un poisson créé par le karma de quelques paroles, par leur répercussion posthume dans le temps. Une des biographies chinoises du Bouddha rapporte que celui-ci rencontra quelques pêcheurs qui tiraient sur un filet. Au bout d’efÏorts infinis, ils amenèrent sur la rive un énorme poisson, avec une tête de singe, une autre de chien, une autre de cheval, une autre de renard, une autre de porc, une autre de tigre et ainsi jusqu’au nombre de cent. Le Bouddha lui demanda :

— N’es-tu pas Kapila?

— Je suis Kapila, répondirent les Cent-Têtes avant de mourir.

Le Bouddha expliqua à ses disciples qu’en une incarnation antérieure, Kapila était un brahmane qui s’était fait moine et qu’il avait dépassé tout le monde dans l’intelligence des textes sacrés. Quelquefois, ses compagnons se trompaient et Kapila leur disait "tête de singe, tête de chien", etc. Quand il mourut, le karma de ces invectives accumulées le fit renaître monstre aquatique, accablé par toutes les têtes qu’il avait attribuées a ses compagnons.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Le livre des êtres imaginaires

[ fausse légende ] [ humour ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cauchemar

Une brume d’un bleu pastel délicat stagne, accumulée au fond des vertigineuses tranchées qui s’ouvrent entre les parois verticales et parallèles des hautes façades, comme coupées au couteau dans une unique matière d’un brun noir. Elle enveloppe dans une transparence veloutée le flot docile des voitures semblable à quelque migration d’insectes. Précédées par les pinceaux de leurs phares, eux-mêmes veloutés, elles viennent s’accumuler aux croisements, s’immobilisent, repartent, s’égrènent, s’immobilisent de nouveau dans une sorte d’irréel silence, comme si le grondement qui s’élève de l’énorme ville, uniforme, étale pour ainsi dire, recouvrait ou plutôt absorbait indistinctement les millions de bruits confondus dans une unique et formidable rumeur, vaguement inquiétante, déchirée de loin en loin par le sporadique hululement de sirènes (police, ambulances, pompiers ?), croissant, s’exaspérant, strident, décroissant, mourant. Comme des cris de folles, d’oiseaux exotiques, ou les cornes de navires en perdition. Comme si la ville elle-même criait. Comme si, par intervalles, l’étincelant et orgueilleux amoncellement de cubes et de tours agonisait sans fin dans une sorte de diamantine apothéose, relançait de moment en moment vers le ciel opaque de longs signaux d’alarme, d’angoisse.

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes

[ irréalité ] [ léviathan ] [ sonorité ] [ trafic ] [ obscurité ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

vieillir

Ce matin, Jorge se réveilla vieux. Après avoir cru si longtemps être un homme vivant, il découvre à présent qu'il n'est qu'un homme mortel. Jorge supporte aujourd'hui toutes les années qu'il a accumulées sur les épaules, un poids qui le pousse vers le bas, dans une lutte qui oppose les jambes et le temps. Jorge aimerait se souvenir du sentiment de rage pour la ressentir, sinon la rage au moins la révolte, ou la peur ou l'effroi. Il devra se contenter d'une légère mélancolie, un vague mal être comme le froid dans les os et le souvenir d'avoir été meilleur.

Il y a des hommes tristes et des hommes joyeux et il y a aussi de vieux hommes. L'âge est une soupe froide d'émotions anciennes, des saveurs et des arômes qui surgissent au hasard dans la mémoire des vieux. Le temps use tout ce qu'il effleure, pierres et corps, il arrondit les angles de toute chose comme s'il en combattait les formes. Le temps nous mâche doucement pour que la mort nous trouve tendre et docile. La mort aussi est une vieille dame aux dents fragiles d'avoir tant rongé.

Auteur: Camarneiro Nuno

Info: Les hommes n'appartiennent pas au ciel

[ résignation ]

 

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femme-par-homme

Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise  l’époque moderne. 

Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. Et on mène ensuite, évidemment, une vie de torchon ; en vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. On jalouse les jeunes, et de ce fait on les hait. Cette haine, condamnée à rester inavouable, s’envenime et devient de plus en plus ardente ; puis elle s’amortit.



 

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Extension du domaine de la lutte, Éditions Maurice Nadeau, 1994

[ pessimisme ] [ blasée ] [ désillusionnée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

équilibre

L'eutrapélie désigne la vertu qui consiste à s'accorder une légitime détente. L'eutrapélie est une vertu, c'est-à-dire une capacité à bien agir. Pour Thomas [d'Aquin], une vertu est toujours un moyen terme entre ces deux extrêmes que sont d'une part une exagération et d'autre part un manque (de là vient la locution latine in medio stat virtus, "la vertu se tient au milieu"). Ce moyen terme ne signifie pas une moyenne statistique ou un compromis médiocre, mais un optimum, la meilleure façon d'exercer nos capacités : par exemple, la vertu de courage est le juste milieu entre deux "vices", la couardise et la témérité ; la vertu de générosité est le juste milieu entre avarice et prodigalité ; etc. L'eutrapélie constitue quant à elle un cas particulier de cette grande vertu "cardinale" qu'est la tempérance, conçue comme la capacité à être modéré, à user sur le mode du ni trop ni trop peu des bonnes choses de la vie (la boisson, la nourriture, le sexe, le rire, etc.). C'est le juste milieu entre la paresse et l'agitation permanente, et elle consiste donc à accorder à l'esprit crispé, fatigué par le travail, la détente qui lui permet de ne pas se briser sous la tension accumulée.

Auteur: Moreau Denis

Info: Comment peut-on être catholique ?

[ pondération ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

classiques et poncifs

Dans le second chapitre de sa Rhétorique (II, 21, 1394a 24), Aristote emploie le terme gnômé pour les énoncés brefs destinés à la citation. La gnômé y est définie comme une formule exprimant "non pas les particuliers […] mais le général ; et non toute espèce de généralité mais seulement celles qui ont pour objet des actions […]." Les formes gnomiques désignent aujourd’hui les seules formules sentencieuses signées : maximes ou sentences (de maxima sententia, traduction latine de gnômé), et apophtegmes (paroles mémorables de personnages illustres) ; les énoncés parémiques (du gr. paroimia : "proverbe") et les formes apparentées (dictons et adages), créations anonymes, collectives, populaires, fruits de l’expérience accumulée de génération en génération par les usagers de la langue, véhiculant ce que l’on a l’habitude d’appeler "la sagesse des nations", présentent les mêmes caractéristiques sémantiques et grammaticales. Du point de vue linguistique,

-  l’énoncé gnomique, la maxime ou sentence :

Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie.

et sa variante parémique, le proverbe : 

Les bons comptes font les bons amis

sont des unités de discours achevées, constituées par des phrases autonomes du point de vue grammatical et référentiel. Du point de vue sémantique, ce sont des assertions se donnant pour universellement vraies. Ce type d’énoncé prétend donc à la généricité (par défaut) et emprunte, du point de vue linguistique, la structure des énoncés génériques exprimant des lois scientifiques.

Auteur: Schapira Charlotte

Info: Langages 2008/1 (n° 169), p 57

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ généralisations idiomatiques ] [ onomasiologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel