Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 17
Temps de recherche: 0.0285s

nocturne

Le bateau avançait doucement sur l'Ienisseï. La nuit était claire, les ponts vides et humides. Petrovitch se tenait à la proue, son veston claquait au vent. La silhouette ondulée de la rive, l'air frais de la nuit, la vitre bien astiquée du ciel et son ruban velouté de nuages qui flamboyaient au nord, tout semblait confluer dans ce vent moelleux qui sentait les feuilles de jeune saule et les merisiers en fleur. Petrovitch se tenait à l'avant, droit, maigre, et regardait s'approcher Bakhta. Le vent faisait flotter ses cheveux sur son crâne dégarni.

Auteur: Tarkovski Mikhaïl

Info: Le temps gelé

[ ambiance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

conteur

...chaque fois que l'on raconte un conte de fée, la nuit s'installe. Quels que soient le lieu, l'heure, la saison, la narration d'un conte fait toujours se déployer au-dessus de ceux qui l'écoutent un ciel constellé d'étoiles où vient luire une lune blanche. Quand l'histoire tire à sa fin, la pièce est parfois emplie des lueurs de l'aube, à moins qu'il n'y demeure un éclat d'étoile ou une effilochée de nuages issue d'un ciel d'orage. Et ce qui est ainsi laissé derrière, c'est le don qui va être utilisé, le don qui va servir à faire de l'âme.

Auteur: Pinkola Estés Clarissa

Info: Femmes qui courent avec les loups

[ ambiance ]

 

Commentaires: 0

gare maritime

Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires […] servent à entretenir dans l’âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n’a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s’enrichir.

Auteur: Baudelaire Charles

Info:

[ agitation portuaire ] [ ambiance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

paupérisation

Le monde du turf a changé. Voilà quarante ans, même les perdants se fendaient la gueule. Les bars ne désemplissaient pas. C’est désormais un autre public, une autre ville, une autre société. On ne jette plus l’argent par les fenêtres, on ne plaisante plus avec l’argent, on ne croit plus aux rentrées d’argent. L’univers tout entier agonise. Dans ses vêtements usés. La bouche amère, la peau flétrie. Il faut que l’argent rapporte. Vous voulez de l’argent ? Cinq dollars de l’heure. L’argent occupe toutes les conversations. Argent des chômeurs et des travailleurs clandestins. Argent des voleurs à la tire, des cambrioleurs, argent des déshérités. Le fond de l’air est gris. Et les queues s’allongent indéfiniment. On a appris aux pauvres à piétiner sur place. Et les pauvres en perdent le goût de vivre.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau", trad. Gérard Guégan page 212

[ ambiance ] [ gravité ] [ évolution ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivaine

Flannery O’Connor. La voilà, regardons-la sur la photo où elle apparaît en pied dans la torpeur du Sud américain. Elle a l’air d’osciller sur le perron, appuyée à ses béquilles comme sur deux élytres fragiles retournées. Elle vit encore, pas pour longtemps, un peu en oblique sur l’image, dans la poussière étouffante du coton. Milledgeville, Géorgie. Glycines. Lianes emmêlées. Marais. Champs de maïs. La plaie encore ouverte de la guerre de Sécession. Les Noirs, la brousse sombres, les Blancs racistes… Approchons-nous des dernières marches. La bouche stylisée en cœur. Les yeux brillés sur l’objectif. C’est un coléoptère extraordinaire, avec ses cannes mandibules branchues. Un lucane qui vient de tomber dans la chaleur d’une nuit d’été. Tout au bord de sa propre mort, on dirait la Parque inflexible du Sud qu’un Goya aurait fait le voyage pour lui tirer le portrait.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 199

[ évocations ] [ ambiance ]

 
Commentaires: 7
Ajouté à la BD par Coli Masson

vertes années

C’est vrai, je n’ai jamais repensé à mon enfance. À présent cependant, elle se trouve soudain à nouveau devant moi, et je suis à nouveau un enfant. Mon père est là à nouveau, son pas lourd résonne, comme jadis, revenant à la maison, il apporte la sécurité, la tranquillité et la protection avec lui. Ma mère est là à nouveau ; elle s’empresse laborieusement à travers les chambres, sans cesse en activité, sans cesse à se soucier de ses enfants et de sa maison. Et dans la cuisine les domestiques travaillent, ils nettoient et rangent et cuisinent les merveilleux gâteaux de fête. L’odeur du gâteau remplit à nouveau la maison, cette odeur, dans laquelle toute l’enfance est celée. Je roule à nouveau, comme jadis, dans les rues hivernales, je me plonge profondément dans les sièges mous de la voiture, autour de moi règnent le tourbillon des flocons de neige, le tintement des grelots et le bruit de l’agitation de la rue. À ma droite et à ma gauche cependant se trouvent mes parents qui m’entourent de leur amour et de leur protection. Tout cela est là à nouveau, mais ce ne sont pas que des souvenirs isolés ou des images, au contraire ils forment un tout, une seule sensation, une seule odeur…

Auteur: Flinker Robert

Info: Le Voyageur

[ souvenir ] [ ambiance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

taudis

Le malheur est une larve accroupie dans les lieux humides. Les deux bannis de la Joie crurent flotter dans des limbes de viscosité et de crépuscule. Le feu le plus ardent ne parvenait pas à sécher les murs, plus froids à l’intérieur qu’au dehors, comme dans les cachots ou les sépulcres, et sur lesquels pourrissait un papier horrible.

D’une petite cave haineuse que n’avait certainement jamais élue la générosité d’aucun vin, parurent monter, au commencement de la nuit, des choses noires, des fourmis de ténèbres qui se répandaient dans les fentes et le long des joints d’un géographique parquet.

L’évidence d’une saleté monstrueuse éclata. Cette maison, illusoirement lessivée de quelques seaux d’eau, quand elle attendait des visiteurs, était, en réalité, gluante, à peu près partout, d’on ne savait quels sédiments redoutables qu’il aurait fallu racler avec un labeur sans fin. La Gorgone du vomissement était accroupie dans la cuisine, que l’incendie seul eût été capable de purifier. Dès la première heure, il avait fallu installer un fourneau dans une autre pièce. Au fond du jardin, de quel jardin ! persévérait un amas de détritus effrayants que le propriétaire avait promis de faire enlever et qui ne devait jamais disparaître.

Enfin, tout à coup, l’abomination. Une odeur indéfinissable, tenant le milieu entre le remugle d’un souterrain approvisionné de charognes et la touffeur alcaline d’une fosse d’aisances, vint sournoisement attaquer la muqueuse des locataires au désespoir.

Cette odeur ne sortait pas précisément des latrines, à peu près impraticables, d’ailleurs, ni d’aucun autre point déterminé. Elle rampait dans l’étroit espace et s’y déroulait à la manière d’un ruban de fumée, décrivant des cercles, des oves, des spirales, des lacets. Elle ondulait autour des meubles, montait au plafond, redescendait le long des portes, s’évadait dans l’escalier, rôdait d’une chambre à l’autre, laissant partout comme une buée de putréfaction et d’ordure.

Quelquefois elle semblait disparaître. Alors on la retrouvait au jardin, dans ce jardin des bords du Cocyte, clos d’un mur de bagne capable d’inspirer la monomanie de l’évasion à un derviche bancal devenu équarrisseur de chameaux atteints de la peste.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 294-295

[ ambiance odorifique ] [ puanteur ] [ description ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson