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oenologie

Encore un vénérable fort bon vieux vin blanc suisse. 1995.
Bravo Domaine Jean-René Germanier.

Aspect, jaune vieil or très évolué, gras, limpide, bouchon remarquable, à peine imbibé. Nez, très évolué, mais noble, impression safranée, léger boisé, fruits jaunes, agrumes, poires, melon, une certaine complexité, voire de la profondeur. Bouche, attaque assez ample, sèche, un beau gras, de la concentration, encore pas mal de vivacité, la finale est ample, complexe, étonnamment fraîche et ponctuée d'une très fine amertume. Un très beau blanc mature, mais qui donne encore beaucoup de plaisir à table avec des mets en sauce ou crémé, des vieux fromages. L'aspect laissait craindre le pire et 23 ans pour un blanc suisse, ce n'était pas gagné d'avance, mais j'ai eu bcp de plaisir à table avec ce vénérable flacon, le vieillissement de la petite arvine étant par ailleurs sujet à controverse. Mais est-ce le pinot blanc qui lui a permis de si bien tenir ?

Auteur: Kaufmann Hervé

Info:

[ éloge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exister

Autrefois, Luca avait eu un très grand amour-propre et il avait été au nombre des meilleurs élèves. A présent, au contraire, dès le premier mois de cours, il était parmi les derniers. Sous cette avalanche de reproches et de mauvaises notes, il éprouvait une particulière satisfaction, car il lui semblait que ces reproches étaient, en réalité, des éloges, et ces mauvaises notes de bonnes notes pour la conduite qu'il avait désormais décidé d'avoir. Mais, en même temps, il ne pouvait s'empêcher de se sentir envahi par une profonde amertume à la pensée que sa condition d'écolier empirait de jour en jour et allait bientôt devenir incurable. Souvent, il se demandait pourquoi diable il se comportait de la sorte, et il s'apercevait qu'il ne pouvait trouver d'autre motif qu'une sorte de point d'honneur obscur, aride, ingrat, entièrement négatif et pourtant presque insoutenable. "Pourquoi est-ce que je fais cela ?" se demandait-il. En attendant, au milieu de ces contradictions, le temps passait.

Auteur: Moravia Alberto

Info: La Désobéissance

[ révolte adolescente ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inégalités sociales

Les vacances sont un sujet épineux. Laetitia n’a pas de maison de campagne, ses parents habitent comme elle à Paris ; elle a bien un frère en Picardie mais il ne les invite jamais. Elle se débrouille pour emmener son fils en vacances deux ou trois semaines par an, et depuis peu il profite aussi des maisons de famille de ses copains de promo. Brandon ne se trouve pas à plaindre, mais il a du mal à endurer les questions saisonnières des bourgeois à ce sujet : où pars-tu en février ? à Pâques ? cet été ? à la Toussaint, à Noël ? À chaque fois il se retient de répondre : où trouves-tu l’argent pour partir tous les deux mois ? qu’est-ce qui te fait penser que tout le monde a le même train de vie ? pourquoi m’agiter tes plaisirs à la figure ? Il ne veut pas faire subir son amertume à Margaux, alors il élude ; et elle, plus subtile que ses copains, n’insiste pas.

Auteur: Gault Vanessa

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[ rapports humains ] [ délicatesse ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

fin de vie

SCHIBEUGEN  - Oui. C'est le petit espoir qui vous reste. L'épuisement. Ce qui vous guérira, en fin de compte, ce sera une incommensurable lassitude. Vous vieillirez, vous vous étiolerez, et avec la faiblesse viendra le repos. Certes, vous n'aurez pas la force de vous réjouir, mais pas celle non plus de crier, de protester ou de souffrir. Une douce sérénité vous enveloppera. Vous serez calme, calme, juste un petit moignon de vie déchue, repliée sur elle-même et bien ordonnée. Une épaisse couche de cendres recouvrira vos amours passées, présentes, inachevées, inaccessibles, et qui, de toute façon, vous auront renvoyés à votre solitude. Ensuite, doucement, très doucement, sans sursaut ni amertume, vous commencerez un jour à agoniser. Plus rien ne vous intéressera, ni l'agitation ambiante, ni Dieu, ni l'espoir, ni le sens à donner à votre vie. Il vous restera juste assez de force pour tourner vers l'avenir un regard fermé, un regard qui lui aussi se brouillera peu à peu. Jusqu'à ce que vous mouriez. Oui, misez sur l'épuisement.

Auteur: Hanokh Levin

Info: Théâtre choisi I : Comédies. Kroum l'Ectoplasme, pp 105-106

[ fatigue ] [ agonie ] [ extinction ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

plante hallucinogène

Le bocal contenant le peyotl était là, sur le plancher, près de la chaise. Je me baissai, saisis au hasard un des boutons et le plaçai dans ma bouche. Il avait un goût de moisi. De mes dents, je le coupai en deux puis entrepris de mâcher l’une des moitiés. Une amertume forte et âcre m’envahit et m’engourdit presque aussitôt la bouche. L’amertume persistait et augmentait au fur et à mesure que je mâchais, activant ma salivation d’une manière incroyable. Mes parois buccales et mes gencives me donnaient l’impression d’avoir mangé quelque chose de très salé, du poisson ou de la viande séchée, qui obligerait à une longue mastication. Un peu plus tard je commençai à mâcher la seconde moitié dont je ne goûtai même plus la saveur amère. Le peyotl avait une consistance granuleuse, un peu comme une orange très fibreuse ou de la canne à sucre, et j’ignorai si je devais l’avaler ou le cracher. A ce moment notre hôte se leva et nous invita tous à gagner le porche.

Auteur: Castaneda Carlos

Info: Dans "L'herbe du diable et La petite fumée", trad. de Marcel Kahn et Nicole Ménant avec la collaboration de Henri Sylvestre, éditions du Soleil noir, Paris, 1972, pages 43-44

[ dégustation ] [ expérience psychédélique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cuisine

En Provence, la bouillabaisse borgne est la bouillabaisse du pauvre. L'oeuf remplace la rascasse et la vive, le roucaou, la galinette, rouge et barbue, les merveilleux petits poissons de roche qui passent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Ou le saint-pierre dont la tête est plus grosse que le corps, ou le loup, si tendre.
Pour cette bouillabaisse, il suffit d'un oignon et d'un poireau qu'on fait transpirer jusqu'à la transparence, une tomate, quelques gousses d'ail, safran et bouquet garni, un brin de fenouil (rien de plus parfumé que le fenouil sauvage), et surtout ne pas oublier l'écorce d'orange roussie qui confère un très discret arrière-goût d'amertume, légèrement caramélisé. On ajoute l'eau, on laisse cuire avec quelques pommes de terre -- de celles qui savent se tenir à table.
Tout à la fin, on poche dans ce bouillon un oeuf par personne. Dans mon assiette j'aime crever l'oeuf : la fusion du liquide safrané et du jaune onctueux est un régal. Je m'amuse à penser que cet oeil doré cerné de blanc est à l'origine de ce qualificatif de borgne.

Auteur: Pujade-Renaud Claude

Info: Sous les mets les mots, p 62

[ recette ]

 

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expérience de pensée

Le pardon est impossible parce qu’il est impossible de ne plus en vouloir à quelqu’un par le simple truchement d’une décision. […]
Ce qui est possible, en revanche, c’est de comprendre. C’est une opération dingue que seuls les Sans Roi, les voyants et les acteurs connaissent vraiment. C’est entrer dans la logique de l’autre : revivre ses angoisses, ses incertitudes, ses joies, repasser en détail chaque instant qui précède ses prises de décision. C’est avoir peur à sa place, honte à sa place, croire à des sornettes à sa place, être dingue à sa place. C’est voir le monde à travers ses yeux et goûter les fruits de son amertume par sa bouche. Il faut le vivre comme le profiler vit les crimes du serial killer : s’infliger jusqu’aux flashs aveuglants, jusqu’aux signes équivoques et aux tentations. Il faut avoir l’impression que tout autre geste était alors impossible pour celui qui a agi. C’est un comportement à la fois animal et froid : dans un état de détachement total, il faut se déplacer dans l’appareil nerveux de l’autre et décrypter son fonctionnement.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Sycomore sickamour", page 98

[ conscience ] [ altérité ] [ empathie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sincérité

Début septembre, le père avait loué un petit utilitaire pour l'installer dans sa studette. Ils avaient fait la route ensemble, pour une fois qu'ils se trouvaient seuls. Son père lui avait parlé de la vie, de sa jeunesse. Il lui avait même raconté de vieilles histoires de coeur. À un moment, Steph lui avait demandé s'il aimait toujours sa mère.

- Plus tellement.

II avait dit ça sans amertume et Steph l'avait adoré d'en finir pour quelques secondes avec les faux-semblants. Elle s'était sentie considérée. En revanche, elle s'était bien gardée de lui demander pourquoi ils restaient ensemble, ou ce genre de questions débiles. Être adulte, c'était précisément savoir qu'il existait d'autres forces que le grand amour et toutes ces foutaises qui remplissaient les magazines, aller bien, vivre ses passions, réussir comme des malades. Il y avait aussi le temps, la mort, la guerre inlassable que vous faisait la vie. Le couple, c'était ce canot de sauvetage sur le rebord de l'abîme. Le père et sa fille n'en avaient pas dit plus. Dans l'habitacle, lui se disait qu'il était fier, et Steph se sentait grande.

Auteur: Mathieu Nicolas

Info: Leurs enfants après eux, Pages 326-327, Actes Sud, 2018

[ parents-enfants ]

 

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écriture

Le papier blanc, miroir implacable

restitue seulement ce que tu étais.



Le papier blanc parle avec ta voix

ta propre voix

non pas celle qui te plaît ;

ta musique est la vie

celle que tu as gaspillée.

Tu peux la regagner si tu le veux

si tu te fixes cette chose indifférente

qui te jette en arrière

à ton point de départ.



Tu as voyagé, tu as vu

beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.

Tu as touché morts et vivants

tu as ressenti la douleur de l'adolescent

et le gémissement de la femme,

l'amertume de la verte enfance -

tout ce que tu as ressenti s'écroule

si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.

Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,

l'éclosion de la jeunesse

le juste naufrage des ans.



Ta vie est ce que tu as donné

ce vide est ce que tu as donné

le papier blanc.

Auteur: Séféris Georges Giorgos Seferiadis

Info: Poèmes 1933-1955 - Trois poèmes secrets, Solstice d'été

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclarations d'amour

Je sais ce qu'à mon coeur coûtera votre vue ;
Mais qui cherche à mourir doit chercher ce qui tue.
Madame, l'heure approche, et demain votre foi
Vous fait de m'oublier une éternelle loi :
Je n'ai plus que ce jour, que ce moment de vie.
Pardonnez à l'amour qui vous la sacrifie,
Et souffrez qu'un soupir exhale à vos genoux,
Pour ma dernière joie, une âme toute à vous.
Eurydice.
Et la mienne, seigneur, la jugez-vous si forte,
Que vous ne craigniez point que ce moment l'emporte,
Que ce même soupir qui tranchera vos jours
Ne tranche aussi des miens le déplorable cours ?
Vivez, seigneur, vivez, afin que je languisse,
Qu'à vos feux ma langueur rende longtemps justice.
Le trépas à vos yeux me semblerait trop doux,
Et je n'ai pas encore assez souffert pour vous.
Je veux qu'un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu'il me fasse à longs traits goûter son amertume ;
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.
Mais pardonneriez-vous l'aveu d'une faiblesse
À cette douloureuse et fatale tendresse ?
Vous pourriez-vous, seigneur, résoudre à soulager
Un malheur si pressant par un bonheur léger ?

Auteur: Corneille Pierre

Info: Suréna 1,3

 

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